ou comment ne plus avoir le mot en français sur le bout de la langue …
♠Tout d’abord, il y avait eu la première semaine, dite «La Semaine de la Langue française et de la Francophonie » du 14 mars au 22 mars 2015.
Annoncée par la note de service du ministère de l’Éducation nationale n°2014-117 du 9 septembre 2014 qui informait le monde enseignant des buts de cette semaine, organisée autour du 20 mars 2015, journée internationale de la francophonie.
Pour Mme Vallaud-Belkacem, nul doute que ladite semaine devait « stimuler l’appropriation de la langue française » et qu’avec les dix mots de l’opération nationale (sic) « dis-moi dix mots », à savoir « amalgame, bravo, cibler, grigri, inuit, kermesse, kitsch, sérendipité, wiki, et zénitude » les enseignants auraient « les outils de sensibilisation à la langue française « !
Je commencerai bien par le mot sensibilisation de la ministre. Avant son utilisation massive par l’administration pour en faire – par contresens – un mot gentil donc magique, le mot en médecine signifie « déclencher une manifestation pathologique dans l’organisme ».
L’administration kitsch de la ministre présuppose que l’apprentissage de la langue française serait synonyme de déplaisir ou de malaise ! Depuis des décennies, on pense (sic) rue de Grenelle que ni les enseignants ni les enfants ne savent plus faire l’effort d’enseigner ou d’apprendre, alors on dit qu’il faut juste les sensibiliser avec des mots dont le choix saugrenu constitue un amalgame peu évocateur de la beauté de la langue française – les mauvaises langues diront que le français est le dernier souci de la ministre et de son cabinet.
En effet, dites-moi comment – aller chercher wiki ( vite en Hawaïen) un grigri chez les Inuits ou cibler la sérendipité dans la zénitude pour qu’à la kermesse, devant l’amalgame un peu kitsch, on crie bravo– , pourrait donner le goût et l’envie de s’exprimer en français ?
Mais la ministre persiste dans sa sensibilisation avec « des projets artistiques et littéraires développés dans le cadre de l’opération »dix mots » en donnant comme exemple le «slam» (mot inconnu à la Délégation générale à la langue française) permettant à chacun de s’exprimer librement autour des dix mots susdits, à l’occasion de tournois ou de scènes ouvertes. »
On aura compris que la belle expression improvisation poétique* n’était pas dans le vocabulaire de la ministre ! Elle lui préfère pour ladite semaine le mot anglais slam qui signifie tout en délicatesse claquement ; c’est aussi la seconde syllabe de i-slam, ce qui n’est pas non plus une explication pour nommer un projet poétique. Ainsi, rue de Grenelle, la paresse francophone le dispute à la négligence, voire à l’absurdité.
Enfin, si nous approchions la loupe
du mot sérendipité, c’est la copie francisée de serendipity qui signifie un hasard heureux , une découverte fortuite, si bien que nos cousins québécois l’ont traduit fort intelligemment par fortuité (joli mot utilisé entre autres par Beaumarchais) ; reste à savoir si Mme la ministre et son cabinet connaissent le sens du mot fortuit ?
et du mot zénitude ? En voilà un mot bien franchouillard issu de la beaufitude ou de la bobofitude ; on croirait entendre Mme Ségolème Royal, candidate à la Présidence de la République en 2007, dire sa « bravitude » sur la Grande Muraille de Chine ! Ce mot composé de zen défiguré par le suffixe tude est aussi laid qu’ inutile puisque l’on a depuis longtemps comme outil de langage et de pensée dans la langue française, le merveilleux mot sérénité !
♠♠ Et puis il y eut la seconde semaine à partir de la catastrophe aérienne du 24 mars 2015.
Là, on a bien compris que l’unique «Journée de la langue française dans les médias audiovisuels du 16 mars 2015 » était définitivement oubliée par les journalistes et autres chroniqueurs qui allaient crachouiller, crachoter, postillonner, bref, nous cracher dans les oreilles, à chaque bulletin d’information, le mot crash dont l’équivalent français bien connu est écrasement .
Des centaines de fois, on aura entendu et lu ce mot crash qui finissait par donner envie de vomir tellement ceux qui le prononcent montraient leur arrogance, leur indifférence et leur muflerie devant l’événement tragique. Je n’insiste pas sur l’expression vulgaire que tous claironnaient fièrement : l’avion s’est crashé (alors que cette expression est formellement proscrite par la Délégation générale à la langue française). Là encore, il fallait retrouver nos cousins québécois pour lire et entendre écrasement ou l’avion s’est écrasé **- les mots simples en français.
Ce mois de mars 2015 aura vu l’écrasement de l’A320 et ses 150 morts dans les Alpes françaises mais aussi l’écrasement délibéré de l’usage de la langue française nivelée par le bas par la volonté des ministères de l’Éducation nationale et de la Culture et du CSA et des médias publics et privés.
Après le claquement du «slam», l’écrasement du «crash» !
Deux femmes à l’Éducation et à la Culture ne font pas forcément le Printemps de la Langue française.
Leur « sensibilisation » nous fait mal ! À l’aide !
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* mais qui pourrait encore dire qu’avec « le slam » , il serait question de poésie ? Re(lire) la note sur le gagnant d’un concours de « Arte WebSlam » !
** Ainsi on pouvait lire sur francetvinfo.fr/faits-divers/crash-d-un-a320 / Retrouvez ici l’intégralité de notre live #CRASH / à prononcer en français « anglaisé ridicule » sans état d’âme : notre live hashtag crash en crachant une dent !
Comme c’est original ! Succès garanti !
Alors que sur tvanouvelles.ca/ on lisait : Écrasement A320 Une boîte noire retrouvée / Écrasement en France L’appareil avait subi une grande révision à l’été 2013 /Écrasement d’un Airbus A320. En état de choc, Haltern pleure ses 16 étudiants /Écrasement A320. Les proches de victimes en larmes à Barcelone /Écrasement d’un Airbus. Germanwings est bien notée pour la sécurité/Écrasement d’avion en France. Les recherches s’annoncent difficiles/ Alpes françaises 150 morts dans l’écrasement d’un Airbus A320 / etc.
idem sur ici.radio-canada.ca/nouvelles
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Apostille
J’écrivais déjà le 31.12.2012 « En guise de conclusion navrée, l’ambition culturelle du quinquennat de M. Hollande sera-t-elle de gaver la jeunesse de la culture vulgaire des ignorants de la langue française et autres haineux violents ? … juste pour faire plaisir aux bourgeois [ précieux ridicules anglaisés] de Paris ? »
♠ Fin 2014, M. Hollande marqua encore son attachement à la culture (avec un tout petit c) en offrant un souper de gala, – à nos frais et chez nous, à l’Élysée- à l’équipe du tournage d’une série télévisée dont faisaient partie Julie Gayet, sa favorite et Didier Morville alias Joey Starr, le violent qui nous donne dans ses «raps» ( en français scie – rabâchage – répétition – gargouillis – refrain banal – vocifération – rengaine – couplet ressassé) des leçons de morale politique apprises (?) à la centrale de Fleury-Mérogis. Rien de tel pour le PS qu’un passage en prison pour se refaire une virginité ! M. Morville , bientôt conseiller ou chef de cabinet de Mme Taubira ?
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