avec Sénèque Lettres à Lucilius
64-65 après J.-C.
Lettre 13 – Livre deuxième
Oui, mon cher Lucilius, nous nous rendons d’emblée à l’opinion. Nous ne faisons pas la critique des raisons qui nous portent à craindre ; nous ne les épluchons pas. (…) Je ne sais comment, les faussetés affolent davantage. La vérité, en effet, porte avec elle sa mesure ; tout ce qui se fonde sur une incertitude est livré à la conjecture et aux fantaisies d’un esprit démonté. Voilà pourquoi, parmi les diverses formes de la peur, il n’en est pas de plus désastreuse, de plus incoercible, que les peurs paniques. Dans les cas ordinaires, la réflexion est en défaut ; ici, l’intelligence est absente.
Interrogeons donc soigneusement la réalité. Il est vraisemblable qu’un malheur se produira ? Vraisemblable n’est pas pour cela vérité. Combien d’événements arrivés auxquels on ne s’attendait pas ! Combien d’événements attendus qui ne se sont nulle part montrés ! Même s’il doit se produire, que gagne-t-on à courir au-devant de sa douleur ? Tu n’auras que trop vite à te douloir quand il sera venu. En attendant, escompte un avenir meilleur. Qu’est-ce que tu y gagneras ? Du temps.
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avec … Gaston Bachelard en 1949
» Mais les jours de ma gentillesse, on apportait le gaufrier. Il écrasait de son rectangle le feu d’épines, rouge comme le dard des glaïeuls. Et déjà la gaufre était dans mon tablier, plus chaude aux doigts qu’aux lèvres. Alors oui, je mangeais du feu, je mangeais son or, son odeur et jusqu’à son pétillement tandis que la gaufre brûlante craquait sous mes dents.
Et c’est toujours ainsi, par une sorte de plaisir de luxe, comme dessert, que le feu prouve son humanité. Il ne se borne pas à cuire, il croustille. Il dore la galette.
Il matérialise la fête des hommes. Aussi haut qu’on puisse remonter, la valeur gastronomique prime la valeur alimentaire et c’est dans la joie et non pas dans la peine que l’homme a trouvé son esprit. »
Gaston Bachelard La psychanalyse du feu chapitre II .1 Feu et rêverie
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Un peu de sagesse
avec … Confucius (- 551 – 479)
XIV.34. ” Quelqu’un dit : ” Rendre le bien pour le mal : qu’en pensez-vous ?
Le Maître dit : » Que rendrez-vous pour le bien ? Rendez la justice pour le mal, et le bien pour le bien. »
XVII.2. « Le maître dit : » La nature rapproche, la coutume sépare. »
Les Entretiens de Confucius Gallimard Folio