Mahmoud Darwich

22 avril 2010
L’ 18.03.2021
Les deux références mises en lien, le 22 avril 2010, ayant disparu,
j’ai  (re)trouvé le poète grâce à l’article de Ritta Baddoura
de septembre 2008 dans cette page de  L’Orient Littéraire,
supplément mensuel de L’Orient-Le Jour [Publication libanaise francophone].

 

 Mahmoud  Darwich        

        « Ne t’excuse pas ». Actes Sud, 2006
traduit de l’arabe -Palestine- par Elias Sanbar  –   

 

Rien que la lumière

 

Je n’ai arrêté mon cheval
que pour cueillir une rose rouge
dans le jardin d’une Cananéenne
qui a séduit mon cheval
et s’est retranchée dans la lumière :
“N’entre pas, ne sors pas…”
Je ne suis pas entré et je ne suis pas sorti.
Elle a dit : Me vois-tu ?
J’ai murmuré : Il me manque, pour le savoir,
l’écart
entre le voyageur et le chemin,
le chanteur et les chants…
Telle une lettre de l’alphabet,

Jéricho s’est assise dans son nom
et j’ai trébuché dans le mien
à la croisée des sens…
Je suis ce que je serai demain.
Je n’ai arrêté mon cheval
que pour cueillir une rose rouge
dans le jardin d’une Cananéenne
qui a séduit mon cheval
et je suis reparti en quête de mon lieu,
plus haut et plus loin,
encore plus haut, encore plus loin,
que mon temps …

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Un jour viendra

 

Un autre jour viendra, féminin,
à la métaphore transparente, accompli,
adamantin, nuptial, ensoleillé,
fluide, sympathique. Personne n’aura
une envie de suicide ou de migration,
et tout, hors du passé, sera naturel, vrai,
conforme à ses attributs premiers.
Comme si le temps
dormait en vacances…
« Prolonge le beau temps de ta parure.
Ensoleille-toi à l’astre de tes seins de soie
et attends la bonne nouvelle. Ensuite,
nous grandirons. Nous avons du temps
pour grandir après ce jour… »
Un autre jour viendra, féminin,
au signe chantant, au salut
et au verbe azuréens.
Tout est féminin hors du passé.
L’eau coule des mamelles de la pierre.
Pas de poussière, pas de sécheresse,
pas de perte,
et les colombes font la sieste dans un char
abandonné, quand elles ne trouvent pas
un petit nid
dans le lit des amants…
 

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Cf. le film de Simone Bitton  : « Et la terre, comme la langue »

 Mort du poète le 9 août 2008  loin…
très loin…de son village natal d’Al Birwa,  l’un des 450 villages disparus de Palestine…

In Memoriam Mahmoud Darwich

                                                                     

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