L’école primaire, les parents, et le programme du soir

11 février 2011

Pour l’immense majorité d’entre nous, l’école primaire de la République, l’école pour tous, date d’un peu plus d’un siècle.
Pour les familles nobles, puissantes et riches, cet enseignement a une histoire pluri-millénaire, tant il était évident pour elles, que l’éducation dès le plus jeune âge, assurait la pérennité de leur pouvoir sur le peuple illettré.

Ainsi apparaît dans toute sa vérité l’importance capitale que revêt pour les 3-11 ans la première école. Les parents d’aujourd’hui savent-ils que dans ce domaine précis leur rôle et leur sens de la responsabilité sont  irremplaçables ? Et surtout savent-ils, que contrairement à ce que l’on distille depuis une quarantaine d’années, point n’est besoin d’être gosse de riche pour réussir les apprentissages fondamentaux et surtout apprendre, comprendre et aimer lire ?

J’en veux pour preuve l’obtention du Certificat de fin d’études primaires  pour les enfants de paysans, d’ouvriers et d’employés, dès la fin du XIX ème siècle. Si l’arrêt brutal de la scolarité gratuite à 12 ans laissait tant de jeunes sur leur faim de culture et de savoirs – [car c’est là que surgissait l’inégalité socio-économique face  à la poursuite des études payantes au collège et au lycée – et à la nécessité impérieuse d’apporter un salaire de plus à la famille] –  ils avaient déjà  un capital solide de connaissances que beaucoup firent fructifier.
J’en veux pour preuve aussi mes petites élèves algériennes du bidonville de Nanterre qui, à l’école toute neuve des Pâquerettes, avaient un aussi bon niveau en lecture et en rédaction que celles de l’école annexe des Batignolles.

Depuis les premiers écoliers en sarrau noir jusqu’aux petites élèves de Nanterre ;  de la III ème  République (223 jours d’école) au début de la V ème République (188 jours d’école), l’école était ouverte cinq jours par semaine soit 30 heures. On avait alors tout  le temps nécessaire pour bien  apprendre 😉    … et du départ de la maison à 7 h30, au retour à 19 h, je n’ai pas le souvenir d’avoir été fatiguée.

Depuis 1969, le nombre de jours d’école n’a cessé de diminuer, du fait du pouvoir politique qu’il soit de droite ou de gauche. L’école primaire n’ouvre désormais que 140 jours  par an,  et  l’on pleure des larmes de crocodile sur la fatigue des enfants,  et sur la mauvaise répartition de leurs  225 jours de vacances. Si l’on ajoute que 25 % des élèves de collège ne comprennent pas ce qu’ils lisent, je pense que la France a  tellement malmené son école primaire qu’elle  mérite le bonnet d’âne.

D’ailleurs, comme on n’arrête pas la sottise, les solutions affluent en 2011 : les uns, étonnés de voir les enfants bâiller à 9h, proposent de commencer l’école à 11h, ou  de  remplacer les cours de la matinée par « un sas anxiolytique » (sic),  et ceux de l’après-midi  par le sport, d’autres encore sont pour le tout  ludique afin d’éviter à  l’enfant l’effort de l’apprentissage etc.

L’école primaire tant aimée  a été tellement malmenée que les parents ne savent même plus qu’elle est décisive pour leur enfant.
Alors, ils  en oublient les principes simples qui doivent régler les rythmes de vie de leurs enfants à la maison,  et cèdent à tous leurs caprices. Depuis une vingtaine d’années, la télévision trône dans la chambre des petits. Les parents ne se soucient pas des effets à court, moyen et long terme de cette vilaine nounou sotte et braillarde qui abrutit leurs enfants jusqu’à ce qu’ils en perdent la capacité  intellectuelle de se concentrer sur une page de lecture, ou de fixer leur attention sur un exercice à faire.

Sans attendre qu’une énième commission propose les bonnes (ou les moins bonnes) solutions pour  la semaine à l’école primaire, les parents  seraient bien inspirés d’ôter prestement  la télévision de la chambre des petits,  de limiter l’usage des jeux vidéo et surtout, de veiller au précieux sommeil qui garantit  croissance, santé et  équilibre :  12 à 10 heures par nuit pour les 3-5 ans  – 10 à 9 heures pour les 6-12 ans … et le lendemain, de préparer le petit-déjeuner sans les faire passer par l’abominable case criarde de la télévision du matin.

Arrivés bien éveillés et  bien reposés à l’école, leurs chers enfants seraient ravis de retrouver  leur classe,  et les apprentissages s ‘effectueraient  facilement avec – en plus –  beaucoup de mémoire disponible … à condition bien sûr,  que leurs petits camarades aient eux aussi bien dormi, et  soient calmes, intéressés et attentifs aux multiples découvertes de la journée.

Comme quoi, ce sont aussi les parents qui peuvent montrer l’importance qu’ils accordent à  l’école primaire en changeant  le programme  du soir à la maison,  afin que les enfants puissent retrouver dans le temps d’école,  le plaisir d’apprendre et de cultiver la vivacité de leur intelligence …  au lieu de les laisser se rassoter et s’épuiser jusqu’à minuit, devant une télévision vulgaire et violente.

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L’école primaire selon les exigences des pouvoirs religieux

    Note complétée le 25 mai 2012     

En cette période où l’on reprend la réflexion sur la semaine de 4 jours, il faut rester lucide, et considérer l’impact des enjeux de  pouvoir  (religieux et communautariste – politique- médiatique – financier – économique et syndical) sur le fonctionnement de notre école publique et laïque. Il faut discerner l’étroitesse d’esprit, les égoïsmes et la démagogie  qui ont imposé, depuis une quarantaine d’années,  le rétrécissement de la semaine scolaire avec le rallongement ad libitum  des vacances,  jusqu’ à 225 jours par an pour les 3-11 ans.

Malgré l’optimisme que l’on voudrait afficher, il apparaît que cette lourdeur aux couleurs de l’indifférence (voire de la satisfaction devant la médiocrité culturelle qui nivelle par le bas) des classes dirigeantes privilégiées, s’interposera une nouvelle fois, et mettra son veto sur toute volonté de  redonner aux plus jeunes du temps pour les apprentissages scolaires,  l’étude de notre belle  langue française,  le goût de la lecture, de la culture littéraire et scientifique.

Commençons  par  les égoïsmes communautaristes des pouvoirs religieux.

La mission d’information créée par la Commission des affaires culturelles et de l’éducation  sur les rythmes de vie scolaire en avril 2010 a déposé son rapport en décembre 2010 à l’Assemblée nationale*.
Les député(e)s de la mission ont reçu pour une audition le 8 juin 2010, Monseigneur Antoine Hérouard, secrétaire général de la Conférence des évêques de France**, et organisé une table ronde le 10 juin 2010, avec les représentants des confessions juive, musulmane et protestante : M. Charles Sulman, vice-président du Consistoire central des Israélites de France ; M. Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, Madame Isabeau Beigbeder, membre du Conseil scolaire de la Fédération protestante de France.

Que pensent-ils d’une réhabilitation de la semaine à 4 jours 1/2 ou à 5 jours – bref que pensent-ils de la semaine scolaire continue ?

♣ Monseigneur Hérouard pose, comme un coin immuable dans la semaine, la confiscation définitive du mercredi matin. C’est pour lui, le temps du catéchisme –  symbole pour l’église catholique de la liberté d’expression religieuse ; le catéchisme qui concerne 25% d’enfants du CE1 au CM2.
Et  dans un raisonnement en boucle, il ajoute que justement, le mercredi matin, les dames catéchistes « qui sont souvent des mères » ne travaillent pas. Pour Mgr Hérouard, « une organisation de la semaine scolaire sur quatre jours et demi serait susceptible de « reléguer » l’exercice de cette liberté dans le domaine privé, la réduisant à un choix personnel entre diverses formes d’occupation » ; car insiste-t-il « si le choix – évident pour des enfants – devait être fait entre le football et la catéchèse, cette liberté fondamentale deviendrait « illusoire ». 
♦♦♦ Exigence des évêques  : En clair, Mgr Hérouard prescrit la vacance du mercredi matin,  pour ne pas laisser le choix  aux garçons – afin de garantir les vocations de séminaristes et  la pérennité de sa catéchèse.                            

♣ M. Moussaoui présente un enseignement musulman concernant les 6-15 ans et durant de trois à cinq heures par semaine. « S’il dure plus de deux heures, il peut avoir lieu le mercredi et le samedi ou le dimanche. (…)  Ceci explique que les familles rigoristes tiennent beaucoup au mercredi, surtout dans le primaire » ; auxquelles on ajoutera « la majorité des familles musulmanes qui sont attachées au week-end de deux jours » Et M. Moussaoui rappelle aux députés «  quelques demandes de certains membres (sic) de la communauté musulmane pour que les élèves soient libérés pour la prière communautaire du vendredi 12h-13h30 l’hiver ; 13h-14h l’été. ***»

♣ Pour les protestants et les juifs, l’enseignement religieux n’interfère pas avec  la semaine continue, les premiers avec « l’école dominicale » pour les 7-15 ans,  et les seconds  avec « l’enseignement dit le « Talmud Torah »  le dimanche de 9h à 12h pour les 7-13 ans.»  ;  leurs deux religions ne mettent pas d’obstacle à une réflexion nationale.

Il reste que d’inquiétantes questions sont posées  :

♣ Combien les exigences de M. Moussaoui et de Mgr Hérouard, concernant l’école laïque,  pèseront-elles dans les délibérations des députés et dans les décisions gouvernementales ?

           Et sachant que le principe laïque est de tenir les élèves de  l’école primaire publique hors des communautarismes religieux, pour créer une égalité fraternelle entre eux :
♦ Pourquoi l’école laïque devrait-elle s’interdire de travailler le mercredi et/ou le samedi matin  ?
♦ Pourquoi devrait- elle se soumettre aux volontés des représentants de dieu(x) et de leurs dogmes ?
♦ Sommes-nous toujours dans l’Ancien Régime : «  au bon plaisir »  des  évêques, et de surcroît  « aux ordres » des imams ?

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* Rapport d’information présenté par MM. Xavier Breton et Yves Durand – députés. Les extraits du rapport sont « entre guillemets » et les mots des intervenants en italique .
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Direction nationale de l’Enseignement privé catholique aux frais de la République . Mgr Antoine Hérouard est «l’autre mininistre cultuel» de l’Éducation nationale,« l’Éminence grise » de l’actuel ministre, Vincent Peillon.
*** Exigence des imams :  suppression du mercredi matin plus suppression du samedi matin plus suppression du vendredi après-midi, ce qui équivaudrait à trois jours et demi d’école par semaine.  Décidément pour eux, il y aura  toujours trop de notre école laïque !

Chers amis de Respect mag

Suite de « La petite tribu des haineux » du 10 octobre 2010 

12 octobre 2010  /   note mise en avant le 12 octobre 2019            

 

Chères amies, chers amis,

 

Le ton de votre tribune (1) intitulée « La cité du mâle  » Arte racole sur le dos des banlieues  » n’est pas des plus respectueux mais je pense que c’est votre mode habituel de communication -un peu rude, quand vous voulez marquer votre agacement.

 

En effet,  Arte vous a déjà forcément déplu avec son film  « La journée de la jupe » (2),  ses 2,2 millions de téléspectateurs,  sa meilleure audience en 2009. C’est ce que vous nommez un de ses « quelques sujets douteux « .

Quant à  Daniel Leconte, n’est-ce-pas lui, qui en 2008, a réalisé le film  » C’est dur d’être aimé par des cons  » sur le procès intenté  par La Mosquée de Paris, le Conseil français du culte musulman, l’Union des organisations islamiques de France et la Ligue islamique mondiale contre Philippe Val  et Charlie Hebdo ?  Vous dites d’ailleurs de lui avec finesse qu’il   » n’en est pas à sa première caricature  » !

 

Bref,  Daniel Leconte, Arte, un  Théma intitulé   » Pourquoi tant de haine ?  » , un documentaire  » La cité du mâle  » de Cathy Sanchez, sur  l’évolution  des  raisonnements et des comportements des jeunes gens  depuis la mort de Sohane en 2002 à Vitry, brûlée vive par Jamel,  ne vous ont  inspiré  que des jugements négatifs.

♠ Il  ne s’agirait là pour vous  que d’ «  une erreur de point de vue – une faute professionnelle – une manipulation de l’idéologue qui se veut journaliste d’investigation ».

 

Le film qui donne à voir et  à écouter Charhazad qui a survécu au même supplice que Sohane, elle fut brûlée vive par Amer en 2005 à Neuilly-sur-Marne, ne serait pour vous qu’une « arme de désinformation massive qui [peut] contribuer à détruire la société française (sic) «  ?
Et vous criez : «  Halte au feu
(sic)! Halte aux faiseurs de haine(re sic) !  » à  la réalisatrice et au producteur !

 

Alors vous, vous  qui vous   proclamez seuls  » acteurs médiatiques et sociaux des quartiers populaires (sic) »  et qui dites  »  » Place au dialogue «  (re sic) :

Avez-vous  donné dans vos magazines et vos radios la parole aux jeunes filles maltraitées et à leurs mères ?

Avez-vous suivi la marche silencieuse de soutien à Charhazad souffrant le martyre, en novembre 2005, comme des centaines de personnes accompagnant sa famille ? Avez-vous entendu le frère, la mère et le père de Charhazad demandant que les violences faites aux jeunes filles cessent ?

Avez-vous  suivi les procès de leurs bourreaux pour vos lecteurs et vos auditeurs ?

Leur avez-vous parlé de la stèle à la mémoire de Sohane, cité Balzac à Vitry-sur-Seine ?

Avez-vous recueilli les propos des professionnels, médecins, assistants sociaux,
enseignants, éducateurs, qui travaillent dans ce secteur  ?

Conseillez-vous aux jeunes filles et aux femmes victimes de violences le site http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/  ?

Allez-vous donner la parole dans vos médias à Malika Sorel, elle est membre du Haut conseil à l’intégration, ingénieur de l’Ecole polytechnique d’Alger et diplômée de Sciences-politiques ?  Elle a publié « Le puzzle de l’intégration – les pièces qui vous manquent » Ed. Mille et une nuits. Une lecture intéressante pour tous.

 

                

 

Et pour finir, laissez-moi m’interroger sur ce que signifie le mot respect pour vous.

♠ Nul n’a dit
dans le documentaire ni dans votre tribune :
Sohane total respect !
Charhazad
total respect !
J’en conclus que les victimes ne les intéressent pas, ne vous intéressent pas, ne méritent  ni leur respect,  ni votre respect : ces jeunes filles  ayant «  péché  » et  ayant été  « punies  » par  leur « ami » (sic)  au nom de la justice  d’un code ancestral fondé sur un dogme islamique.

 Alors votre mot respect qui ne respecte pas les victimes n’est pas le même mot pour moi que le respect citoyen, celui qui reconnaît à toutes les jeunes filles la même liberté,  la même égalité des droits à la vie et à l’épanouissement, la même dignité, le même droit à la justice qu’aux   « mâles » qui ont eux,  le même devoir civique de  devenir à leur tour des citoyens  respectueux de la loi républicaine. 

 

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1 Respect Mag   Urbain, social et métissé  Citations  Rue89 6.10.10 / tribune  rédigée à l’initiative de l’association Presse & Cité avec Charly Carré, coordinatrice du Marseille Bondy Blog ; Marc Cheb Sun ♠, directeur de la rédaction de Respect Mag ; Rokhaya Diallo, présidente des Indivisibles ; Moïse Gomis, directeur de Radio HDR ; Bruno Laforestrie, directeur de Radio Générations 88,2 FM ; Farid Mebarki, président de Presse & Cité ; Erwan Ruty, directeur de Ressources Urbaines, l’agence de presse des quartiers ; Raphaël Yem, rédacteur en chef de Fumigène magazine.

2 La Journée de la jupe  / film de Jean-Paul Lilienfeld / 2009.

par L’ingénue Revoir « la journée de la jupe », l’excellent film de J.P. Lilienfeld
note du 25.03.2009 / complétée le 3.06.2014.

par L’ingénue  C’est dur d’être aimé par des cons
23.09.2008.

 » Pourquoi tant de haine ? «  , un documentaire  » La cité du mâle  » de Cathy Sanchez

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La petite tribu des haineux

7 octobre 2010 / note complétée  le 10.10.10

« Femmes : pourquoi tant de haine ? »

Ce documentaire « Femmes : pourquoi tant de haine ? » (1) de Cathy Sanchez, enfin programmé sur Arte,  nous a permis de voir en un plan rapproché, la petite tribu des haineux de la  bonne ville de Vitry- sur- Seine, en Île -de-France.

Ils sont là, ces jeunes gens, assis sur une marche devant l’immeuble ; ils sont là,  en uniforme obligatoire, la casquette et les brillants rivés dans les oreilles comme des bourgeoises.
Ils ont 18 ans et plus. Qu’ont-ils retenu de leur scolarité jusqu’à 16 ans ?
Qu’ont-ils fait de tout ce temps si précieux d’apprentissages de savoirs que la loi républicaine  a octroyé  – après luttes et révolutions au XIX ème siècle – à eux, comme à nous, enfants de salariés, enfants du peuple ?

Ce que nous entendons de leur raisonnement, des actes qu’ils revendiquent et des crimes qu’ils justifient, laisse à penser que leur intelligence est restée en friche par l’absence de réflexion,  d’ouverture d’esprit,  et d’éducation civique ; que leur langage est réduit à une logorrhée pornographique  compulsive, quelques lamentables expressions ordurières qu’ils réservent – comme des crachats –  aux jeunes filles de leur âge.

La petite tribu des haineux se serre les coudes. Leur avis sur la mort de Sohane brûlée vive est unanime :   « Qu’elle crève, qu’elle aille en enfer ! » dit l’un,  en menaçant de gifler une dame qui a une pensée émue pour la jeune fille. Rachid, le meilleur ami de Jamel  l’assassin, dit« C’est pas un criminel, c’est une crème », puisque, dira  un autre :  « L’être humain, c’est l’homme, pas la femme. « ♠ 

Les haineux en sont convaincus :  l’assassin Jamel ira au paradis, la victime Sohane continuera de brûler en enfer.  Le dogme monothéiste du péché – pour les jeunes filles uniquement – est omniprésent, et la petite tribu des haineux veille à infliger les châtiments réglementaires.

Pour les haineux, tout est permis. Ils ont tous les droits de violence ordinaire sur leurs sœurs,  » leurs » meufs ; ils les giflent, les battent, les menottent, les  » saignent »,  les défigurent etc., c’est non seulement autorisé mais encouragé par le laxisme familial.

Ce qui est interdit concerne exclusivement  les jeunes filles : elles n’ont pas le droit de s’habiller normalement. Pour elles la mode obligatoire,  c’est la mode  des haineux :  » à la bonhomme  » (sic).

Ce qui est interdit aux  jeunes filles, c’est aussi de devenir  intelligentes,  cultivées, (sur)diplômées, valorisées par un travail passionnant. Alors les haineux, tout au long de la scolarité feront tout pour perturber les classes, les cours ; ils agresseront, insulteront les professeurs etc.  pour diminuer toujours plus les chances de réussites et décourager les meilleur(e)s, celles et ceux qui ont envie d’apprendre,  de comprendre, et sûrement de lutter pour échapper aux mécanismes tribaux.

 

En fait, les haineux ont tout simplement la rage de ne plus pouvoir asservir celles qui leur deviennent tellement supérieures. Et de cela les preuves affluent. Une de ces jeunes filles, Fadela Amara, est maintenant ministre , c’est pour les haineux une gifle, certes symbolique, mais cependant magistrale.
Ils apprendront à leurs dépens que les jeunes filles en France ont la loi républicaine avec elles, et qu’il serait temps qu’ils le comprennent.

Qu’ils oublient leurs pensées automatiques d’un autre âge sur leur toute- puissance sexiste. Elle n’est pas écrite sur leur casquette.  Elle n’est inscrite nulle part dans nos lois françaises.

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1  » La cité du mâle  »  Arte  / 29.09.10.  Théma : « Femmes : pourquoi tant de haine ? »

♦ Sur le vif ♦  Témoignage

Commentaire laissé sur Arte.tv, le 4.10.10 par dobby :

«  Professionnel dans le quartier où  Sohane a été brûlée vive, je n’ai pas vu ce reportage ;  mais tous les jours je vois sa stèle à côté du centre social Balzac, actuellement elle est fleurie.
J’aimerais que ce reportage soit rediffusé pour faire comprendre aux gens que les filles sont victimes et pouvoir échanger avec ces mères inquiètes pour leurs filles.
C’est important pour nous, travaillant là- bas, de se rendre compte de la dureté des dires et des propos tenus, afin de faire changer les choses. « 

 

Pour lutter contre les violences faites aux femmes, le site du secrétariat d’État à la famille  http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/ a été réaménagé pour permettre de repérer l’association d’aide la plus proche ; pour rassurer les victimes un logiciel permet en outre d’effacer toute trace de passage sur le site. /Le Monde 8.10.10.

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La  » loi du mâle  » n’est pas la loi républicaine

 

    note du 10 septembre 2010 complétée le 29 septembre 2010                

En marge de la future programmation sur Arte du documentaire, le 29 septembre 2010 à 21h35 « La cité du mâle * », j’ai lu avec intérêt les commentaires ** de deux lycéens de terminale, Julie et Amid /pseudonymes/ à Vitry-sur-Seine, auxquels on l’a présenté en avant-première.
Les propos de Julie et d’Amid permettent de saisir  -sur le vif- le fonctionnement  de ce que nous appellerons « la loi – ou code d’honneur – du mâle ».

On s’aperçoit vite que Julie a tellement été formatée mentalement par ce code, tout au long de sa scolarité dans la mixité du collège et du lycée, qu’elle est incapable d’en discerner la vulgarité, l’injustice et la cruauté ; elle utilise d’ailleurs comme Amid,  le terme de « chienne » pour désigner une jeune fille.

Amid a sa géographie personnelle de Vitry ; et il assure que Paris et Vitry sont « deux mondes différents, on n’appartient pas au même monde… je sais que chez nous  [à Vitry]… » Amid définit précisément comment Vitry est son territoire, où vit sa communauté, et dans sa logique, chez lui , à Vitry,  la loi, c’est définitivement la loi du mâle, dictée par la force du traditionalisme des coutumes et de la religion et qui  l’emporte, depuis des décennies, sur les valeurs de la République.

Dans un entretien, Malika Sorel *** explique courageusement la réalité sociologique  : « Du fait de l’importance des flux migratoires, il était hautement prévisible, en raison même du fonctionnement de ces populations, qu’elles reformeraient leurs sociétés d’origine sur la base de leurs propres normes collectives. »

On apprend que chez Amid, à Vitry-sur-Seine »,  il existerait un  monde de mâles dit « des mecs de banlieue »  qui aurait le pouvoir absolu sur  des jeunes filles dites « des meufs de banlieue ».
Chez Amid,  le sujet de conversation est en permanence :   « Savoir si la fille l’a déjà fait ou pas. »  Cette obsession de l’acte sexuel, accompli par une jeune fille  s’inscrit dans  la coutume  qui veut qu’elle soit vierge à son mariage, et que cela conditionne l’honneur du mari et des familles.

Cette obsession fondamentale des mecs de banlieue déclenche chez eux la suspicion,  qui engendre à son tour la méfiance et une haine instinctive  des meufs.
C
ette obsession est le fondement de la loi du mâle ; elle légalise  leurs contrôles permanents de la  »  bonne  » tenue vestimentaire des jeunes filles –  avec notamment l’interdiction de la jupe -, la  surveillance monomaniaque de leur allées et venues etc.  avec pour seul et unique but : les humilier et les soumettre à la loi du mâle.C’est  au nom des traditions ancestrales et religieuses qui veulent des femmes sans droits, soumises aux maris, que «  des mecs de banlieue »  s’autoproclament  »  juges suprêmes « , et que « leur  tribunal-  selon- le- code- d’honneur -du -mâle »  a tout prévu pour infliger  » aux meufs de banlieue   » des maltraitances, des viols en réunion, des  exécutions par étranglement, égorgement, par le feu ou la lapidation.

Chez « les mecs de banlieue »  où la normalité ancestrale pour les hommes est de n’être pas vierges quand ils se marient, tous les mecs de banlieue  l’ont  « déjà fait »  et selon leur vocabulaire, c’était forcément  avec des chiennes, des traînées ou des putes…mais cela n’a pas souillé « leur idéal de pureté ».
Les mecs de banlieue  ne pensent pas être devenus des chiens ou des prostitués ; selon la loi du mâle, leur honneur et celui de leur famille est toujours intact.
Evidemment, il serait inconcevable, toujours selon la loi du mâle, que la jeune fille, elle, dise qu’elle se sente souillée d’épouser un mec de banlieue pas vierge,  que son honneur et son « idéal de pureté »  sont bafoués.

              On l’aura compris la loi du mâle condamne définitivement la femme à l’inégalité, à l’infériorité et à la soumission. Mais en France,  la loi du mâle est  hors-la-loi ; elle n’est pas tolérable auprès de la loi républicaine de l’égalité des droits et des devoirs entre les hommes et les femmes.

Il y eut cette année le débat sur l’identité nationale où il fut si difficile de faire valoir la force et la valeur de nos idéaux républicains, suivi du débat sur l’interdiction de la burqa et de la nécessité d’une loi pour redonner le droit à la dignité et à l’égalité de la femme citoyenne  en France.

Il y aura encore beaucoup à réfléchir avec les élus, les familles, et les enseignants sur ce qui demeure notre devoir impératif pour un futur démocratique : la formation intellectuelle,♦ culturelle et citoyenne de  notre jeunesse.
Pour cela nous devons être fiers de nos idéaux, et il se peut, si nous sommes déterminés que nous arrivions à faire comprendre aux mecs des banlieues qu’ils habitent en France.
Avec nous, ils ont comme nous, les mêmes droits, mais aussi comme nous, les mêmes devoirs citoyens, dont celui de respecter la dignité et l’égalité des femmes.

 

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* Documentaire de Cathy Sanchez Arte  /.  Théma : « Femmes : pourquoi tant de haine ? »

**  Entretien de Chloé Leprince pour Rue89 /31.08.10./ citations d’Amid en italique.

*** Dans son entretien avec David Garzon (Arte.tv). Malika Sorel est membre du Haut conseil à l’intégration, ingénieur de l’Ecole polytechnique d’Alger et diplômée de Sciences-politiques. Elle a publié « Le puzzle de l’intégration – les pièces qui vous manquent » Ed. Mille et une nuits.

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NB ♦ L’école, le collège et le lycée sont les endroits idéaux pour  partager les trésors de notre patrimoine culturel  avec celles et ceux qui en sont privés, et qui ne peuvent écouter que du rap et ne voir que des graffitis  ;  il y a une autre culture après le hip-hop ! Les élèves ont tellement besoin de leurs professeurs pour  conquérir leur droit à la culture, s’éveiller à  cette beauté, en découvrir toute la richesse.