L’école primaire, les parents, et le programme du soir

11 février 2011

Pour l’immense majorité d’entre nous, l’école primaire de la République, l’école pour tous, date d’un peu plus d’un siècle.
Pour les familles nobles, puissantes et riches, cet enseignement a une histoire pluri-millénaire, tant il était évident pour elles, que l’éducation dès le plus jeune âge, assurait la pérennité de leur pouvoir sur le peuple illettré.

Ainsi apparaît dans toute sa vérité l’importance capitale que revêt pour les 3-11 ans la première école. Les parents d’aujourd’hui savent-ils que dans ce domaine précis leur rôle et leur sens de la responsabilité sont  irremplaçables ? Et surtout savent-ils, que contrairement à ce que l’on distille depuis une quarantaine d’années, point n’est besoin d’être gosse de riche pour réussir les apprentissages fondamentaux et surtout apprendre, comprendre et aimer lire ?

J’en veux pour preuve l’obtention du Certificat de fin d’études primaires  pour les enfants de paysans, d’ouvriers et d’employés, dès la fin du XIX ème siècle. Si l’arrêt brutal de la scolarité gratuite à 12 ans laissait tant de jeunes sur leur faim de culture et de savoirs – [car c’est là que surgissait l’inégalité socio-économique face  à la poursuite des études payantes au collège et au lycée – et à la nécessité impérieuse d’apporter un salaire de plus à la famille] –  ils avaient déjà  un capital solide de connaissances que beaucoup firent fructifier.
J’en veux pour preuve aussi mes petites élèves algériennes du bidonville de Nanterre qui, à l’école toute neuve des Pâquerettes, avaient un aussi bon niveau en lecture et en rédaction que celles de l’école annexe des Batignolles.

Depuis les premiers écoliers en sarrau noir jusqu’aux petites élèves de Nanterre ;  de la III ème  République (223 jours d’école) au début de la V ème République (188 jours d’école), l’école était ouverte cinq jours par semaine soit 30 heures. On avait alors tout  le temps nécessaire pour bien  apprendre 😉    … et du départ de la maison à 7 h30, au retour à 19 h, je n’ai pas le souvenir d’avoir été fatiguée.

Depuis 1969, le nombre de jours d’école n’a cessé de diminuer, du fait du pouvoir politique qu’il soit de droite ou de gauche. L’école primaire n’ouvre désormais que 140 jours  par an,  et  l’on pleure des larmes de crocodile sur la fatigue des enfants,  et sur la mauvaise répartition de leurs  225 jours de vacances. Si l’on ajoute que 25 % des élèves de collège ne comprennent pas ce qu’ils lisent, je pense que la France a  tellement malmené son école primaire qu’elle  mérite le bonnet d’âne.

D’ailleurs, comme on n’arrête pas la sottise, les solutions affluent en 2011 : les uns, étonnés de voir les enfants bâiller à 9h, proposent de commencer l’école à 11h, ou  de  remplacer les cours de la matinée par « un sas anxiolytique » (sic),  et ceux de l’après-midi  par le sport, d’autres encore sont pour le tout  ludique afin d’éviter à  l’enfant l’effort de l’apprentissage etc.

L’école primaire tant aimée  a été tellement malmenée que les parents ne savent même plus qu’elle est décisive pour leur enfant.
Alors, ils  en oublient les principes simples qui doivent régler les rythmes de vie de leurs enfants à la maison,  et cèdent à tous leurs caprices. Depuis une vingtaine d’années, la télévision trône dans la chambre des petits. Les parents ne se soucient pas des effets à court, moyen et long terme de cette vilaine nounou sotte et braillarde qui abrutit leurs enfants jusqu’à ce qu’ils en perdent la capacité  intellectuelle de se concentrer sur une page de lecture, ou de fixer leur attention sur un exercice à faire.

Sans attendre qu’une énième commission propose les bonnes (ou les moins bonnes) solutions pour  la semaine à l’école primaire, les parents  seraient bien inspirés d’ôter prestement  la télévision de la chambre des petits,  de limiter l’usage des jeux vidéo et surtout, de veiller au précieux sommeil qui garantit  croissance, santé et  équilibre :  12 à 10 heures par nuit pour les 3-5 ans  – 10 à 9 heures pour les 6-12 ans … et le lendemain, de préparer le petit-déjeuner sans les faire passer par l’abominable case criarde de la télévision du matin.

Arrivés bien éveillés et  bien reposés à l’école, leurs chers enfants seraient ravis de retrouver  leur classe,  et les apprentissages s ‘effectueraient  facilement avec – en plus –  beaucoup de mémoire disponible … à condition bien sûr,  que leurs petits camarades aient eux aussi bien dormi, et  soient calmes, intéressés et attentifs aux multiples découvertes de la journée.

Comme quoi, ce sont aussi les parents qui peuvent montrer l’importance qu’ils accordent à  l’école primaire en changeant  le programme  du soir à la maison,  afin que les enfants puissent retrouver dans le temps d’école,  le plaisir d’apprendre et de cultiver la vivacité de leur intelligence …  au lieu de les laisser se rassoter et s’épuiser jusqu’à minuit, devant une télévision vulgaire et violente.

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