Nouvelles de l’été 1435 à Saint-Denis

11 juillet 2015


Dans le Journal d’un bourgeois de Paris (1) … Pendant la guerre de Cent ans …

temps de toutes les misères, temps de guerre, de peste, de famine et de mort… à Paris, comme à Saint-Denis, comme partout en France.
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Bref résumé de l’histoire jusqu’en 1435 :

La France et l’Angleterre sont en guerre depuis 1337.

Les Armagnacs, princes et seigneurs de France :  Berry – Armagnac – Anjou – Orléans – Bourbon – Alençon – Foix – Comminges  se battent pour le roi Charles VII  contre les Anglo-bourguignons.

Les Anglais veulent instaurer la double monarchie avec le jeune roi Henri VI (neveu de Charles VII)  sacré roi d’Angleterre à Westminster et roi de France à Paris.
Ils se sont alliés au duc de Bourgogne, Philippe III  (cousin  et beau-frère de Charles VII).

♦ Mais cette alliance est rompue par le traité d’Arras, par lequel Philippe III reconnaît la légitimité de Charles VII,  le 21 septembre 1435.

 


 

Journal d’un bourgeois de Paris

 

« [669]… de nuit, entre le darrain♦ jour de mai et le premier jour de juin après minuit, fut prise la ville de Saint-Denis◊ par les Armagnacs, dont tant de mal s’ensuivit que la ville de Paris fut si assiégée que de nulle part n’y pouvait venir nuls biens par rivière ni par autre part. (…)

[670] Après, vers la fin d’août, vint grande foison d’Anglais, c’est à savoir, le sire de Huillebit◊, le sire d’Escalle◊, le sire de ◊Stafford et son neveu le bâtard de Saint-Pol◊, et plusieurs seigneurs d’Angleterre.

Et la darraine♦ semaine d’août assiégèrent ceux qui dedans Saint-Denis étaient et leur ôtèrent la rivière qu’on nomme Croult◊, et à faire leur logis dépecèrent les maisons de Saint-Ouen, d’Aubervilliers, de la Chapelle, bref de tous les villages d’entour, qu’il n’y demeura ni huis ni fenêtre, ni treillis de fer, ni quelque chose qu’on pût emporter ; ni n’y demeura aux champs, depuis qu’ils y furent logés, fèves ni pois, ni quelque autre chose, et s’il avait encore des biens sur terre, mais nulle chose n’y demeura, et coupaient les vignes atout le grain◊ et en couvraient leurs logis, et quand ils étaient un peu à séjour, ils allaient piller tous les villages d’entour Saint-Denis.

Quand ceux qui dedans Saint-Denis étaient se virent ainsi enclos, si issaient♦ souvent sur eux et en tuaient très grande foison, et quand dedans étaient, ils les tuaient par canons grands et petits, et espécialment par petits canons longs qu’ils appelaient couleuvres◊, et qui en était frappé à peine pouvait-il échapper sans mort.

Item♦, lendemain de la Nativité Notre-Dame, levèrent un assaut à ceux de Saint-Denis, mais tant bien se défendirent qu’ils tuèrent grande foison d’Anglais et de bien gros chevaliers et autres ; et fut tué le neveu du sire de Facetost◊ (…)

Item, cette année, fît le plus bel août, et bon blé en foison.

Item, cette année, les mûriers ne portèrent nulles mûres, mais il fut tant de pêches qu’on n’en vit oncques mais tant, car on avait le cent de très belles pour deux deniers parisis ou deux tournois, ou pour moins.

Item, il ne fut nulles amandes.

Item, encore était le conseil◊ à Arras, et on n’en oyait♦ nulle nouvelle à Paris en celui temps.

Item, le duc de Bedford qui avait été régent de France depuis la mort du roi d’Angleterre Henry, était trépassé à Rouen le 14ème jour de septembre, jour Sainte-Croix.

Item, les Armagnacs de Saint-Denis prirent le dimanche 24 septembre l’an 1435 trêves◊, et cette propre nuit, ceux de leur parti prirent le pont de Meulan◊, dont ceux qui étaient dedans Saint-Denis, quand on cuida♦ traiter avec eux, furent pires que devant ; et convint à eux de traiter, par ainsi qu’ils s’en iraient à tout ce qu’ils voudraient ou pourraient emporter sans nul contredit de nullui, et ainsi leur fut accordé par les seigneurs qui tenaient le siège.
Et se partirent le jour Sainte-Aure◊, 4ème jour d’octobre, tout moquant des Anglais, en disant : « Recommandez-nous aux rois◊ qui sont enterrés en l’abbaye de Saint-Denis et à tous nos compagnons, capitaines, et autres qui là-dedans sont enterrés. »(…)

Item, (…) et les Anglais étaient dans Saint-Denis qui pillaient la ville sans rien y laisser à leur pouvoir ; ainsi fut la ville de Saint-Denis détruite, et quand ils eurent tout pillé, si firent abattre les portes et les murs, et en firent une ville champêtre◊, et tant comme le siège dura, il n’était semaine que l’évêque de Thérouanne, qui était chancelier, ne coucha en l’ost♦ une fois ou deux, et fit faire en l’île de Saint-Denis une petite forteresse tout environnée de grands fossés très profonds.

Item, la reine de France, Isabeau, femme de feu Charles le VIème, trépassa en l’hôtel de Saint-Pol le samedi 24 ème jour de septembre l’an 1435, (…)

[681] Item, aussitôt que le pont de Meulan fut pris, tout enchérit à Paris, sinon le vin, mais le blé qu’on avait pour vingt sols parisis monta tantôt après à deux francs ; fromage, beurre, huile, pain, tout enchérit ainsi de près de la moitié ou du tiers ; et la chair et saindoux quatre blancs la chopine. »
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* D’après le Journal d’un bourgeois de Paris de 1405 à 1449 .
Texte original et intégral présenté et commenté par Colette Beaune.
Le Livre de Poche ( collection Lettres gothiques) 1990

« Si l’orthographe a été modernisée, la grammaire et la syntaxe n’ont pas été touchées » ; et c’est ainsi que l’on découvre combien cette langue française, six siècles après,  nous reste familière et agréable à lire.
L’auteur est anonyme mais c’est un personnage important ; un clerc de l’Université de Paris, un docteur en théologie qui appartient au chapitre de Notre-Dame. Il est hostile à Charles VII et favorable,  comme ses pairs, au duc de Bourgogne et aux Anglais.
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♦ Précieux glossaire  et ◊ commentaires   de Colette Beaune :

darrain : dernier
darraine : dernière
issaient : sortaient
Item : de même.
couleuvres :  couleuvrine. Ce sont des pièces d’artillerie légères et mobiles.   L’artillerie fut utilisée massivement dans les dernières batailles de la guerre de Cent ans.
oyait : verbe ouïr.
cuida : verbe croire.
ost : armée

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Prise de la ville de Saint-Denis par Dunois, Bâtard d’Orléans et Jean Foucaut, capitaine de Lagny. Cette opération permit aux Armagnacs d’intercepter tous les convois de vivres à destination de la capitale.
Huillebit :  Robert de Willoughby, illustre capitaine anglais, que Bedford avait fait comte de Vendôme(1424) et comte de Beaumont-sur-Oise (1431). Il était gouverneur de Pontoise avant d’être chargé de la défense de Paris.
Escalle : Thomas Lord Scales.
Stafford : Humphrey, comte de Stafford.
Jean de Luxembourg, Bâtard de Saint-Pol et seigneur de Haubourdin, participa à la reprise de Saint-Denis par les Anglais.
Le Croult, petit affluent de la Seine, est utilisé pour amener de l’eau dans les fossés de l’enceinte urbaine.
atout le grain : avec les raisins.
Facetost : neveu de Sir John Falstaff ; Sir John Harling, fils de Cecily, demi-sœur de Falstaff.
Conseil : le Traité d’Arras fut signé le 21 septembre entre Charles VII et Philippe III.
trêves : en général on promet de se rendre à une date fixée d’avance si l’on n’est pas secouru entre- temps. Sainte-Aure : c’était la fin du délai convenu, ils n’avaient pas été secourus.
Le pont de Meulan fut pris le 24 septembre par le Sire de Rambouillet contre la garnison anglaise commandée par Richard Merbury qui dut évacuer la place.
Recommandez-nous aux rois : la fonction de Saint-Denis comme lieu de mémoire et comme lieu sacré est ici  revendiquée par les Armagnacs qui disent que les Anglais n’y ont aucun droit.
Ville champêtre :  ville ouverte.
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7 janvier – 7 juillet 2015

Note du 7 juillet 2015 – Six mois après le massacre de CHARLIE HEBDO
Mise en avant le 21 novembre 2015  – ♠ ajout du 31 juillet 2017

7 jours après les massacres  du 13 novembre 2015, à Paris et à Saint-Denis ( 130 morts – 350 blessés) commandités par l’État islamique (financé par le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie) et perpétrés par les haschischins  (assassins) djihadistes suivants :

Omar Ismaïl Mostefai  –  Salah Abdeslam  –  Ahmad Al-Mohammad  –  Brahim Abdeslam  –  Bilal Hadji  –  Sami Aminour  –  Abdelhamid Abaaoud  – Hasna Aït-Boulhacen   –   Fabien Clain (complice de Mohamed Merah dès 2012 et porte-parole de l’État islamique).

(source : Francetvinfo.fr)
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Le Journal des survivants "Tout est pardonné"

Le Journal des survivants
« Tout est pardonné »

Manuel Valls a ouvert la première réunion de l’instance de dialogue avec l’Islam de France le lundi 15 juin 2015. Elle aura pour objectif de mettre en mouvement et de construire l’Islam de France en réfléchissant, entre autres, à la formation des imams et au financement des mosquées.” ( discours hors sujet du Premier ministre dans la période que nous traversons depuis le 7 janvier 2015).

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Voilà ce qu’un ministre de la République aurait dû dire :

Au nom de l’esprit de liberté et de fraternité laïque du 11 janvier 2015,
Messieurs
de l’Union des organisations islamiques de France et du Conseil français
du culte musulman,

Qu’attendez-vous pour regarder en face l’inhumanité de la charia fondamentaliste, quand il s’agit de notre paix et de notre liberté à tous ?

Qu’attendez-vous pour condamner  vigoureusement dans vos prêches, vos sites et réseaux sociaux, vos conférences, vos congrès,  la folie meurtrière des intégristes et brandir contre les assassins la menace de l’enfer (au lieu du paradis aux 72 vierges)  de votre dieu  ?

Qu’attendez-vous
  depuis des décennies, pour interdire dans vos lieux de prières comme dans nos prisons – où ils représentent 65 % des prisonniers – le prosélytisme meurtrier des frères musulmans et de leur chef Tariq Ramadan ?

Qu’attendez-vous
 pour faire taire les vociférations des salafistes qui attisent la haine de la France dans l’esprit des jeunes et des plus faibles ?

Qu’attendez-vous
  pour comprendre que la France n’est ni le Maroc ni l’Arabie saoudite,  et pour
proclamer devant les millions de musulmans que vous devez être, toutes et tous, des musulman(e)s laïques obéissant à nos lois françaises ?

Qu’attendez-vous pour lutter contre la radicalisation qui se hurle dans les lieux de prières comme dans les prières de rue, depuis des années, jusqu’à ce que vos croyant(e)s défilent impunément le 13 juillet 2014, cagoulés ou en burqas, sur les Champs Élysées, en portant les drapeaux de l’État islamique, aux cris de « djihad résistance » et « égorgez les juifs ?

Qu’attendez-vous
  pour interdire
 à vos imams fondamentalistes  d’asséner à leurs publics d’hommes, des versets sur le devoir religieux de l’homme d’opprimer, de maltraiter, d’enfermer ou d’affubler de voiles, les femmes et les jeunes filles  en France, /comme partout dans le monde ?

Qu’attendez-vous pour vous dresser à nos côtés contre les criminels d’Al Qaïda et de l’État islamique, contre les djihadistes, afin de démanteler leurs réseaux criminels en France ?

Qu’attendez-vous Messieurs, pour diffuser auprès de vos jeunes un vrai message de paix, de fraternité et de respect des autres (qui ont le droit imprescriptible d’être athée, agnostique, ou d’une autre religion que la vôtre),  car,
Messieurs, puisque vous l’ignorez encore,  la France revendique la fraternité dans la laïcité.


Le temps est venu pour vous, MM. les représentants des organisations islamiquesde cesser de nous accuser d’ « islamophobie », alors que, comme des dizaines de pays musulmans,  la France est menacée de mort par un calife néo-hitlérien.

La République française et ses citoyens libres et laïques exigent que vous cessiez votre double langage, car votre  harcèlement idéologique contre nous et nos valeurs laïques,  révèle votre lâche complicité avec le calife de Bagdad, donc avec les futurs massacreurs qu’il commande.

Dans cette instance de dialogue,  manifestez votre respect de nos lois républicaines, signez notre Charte de la laïcité.

L’histoire écoute, disait Victor Hugo ; elle vous jugera.
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28 juin 2015

Après
 
l’attentat djihadiste à Sousse (38 morts) de ce vendredi 26 juin du ramadan 2015, le gouvernement tunisien a décidé de fermer plus de 80 mosquées suspectées de radicalisation des croyants.

Et en France
, après l’attentat et l’égorgement d’un homme dont la tête a été accrochée au grillage de l’usine à Saint-Quentin (Isère) ce même vendredi 26 juin, que vont décider les organisations islamiques ?

Vont-elles toujours exiger les 2000 mosquées à  livrer aux  intégristes ou vont-elles commencer – avec la justice française- par exclure et expulser 2000  d’entre eux ?
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23 mai 2015

De 2012 à 2014, avec M. Rachid Zouhhad, directeur du département- techniques de commercialisation de l’IUT de Saint-Denis, les six cents étudiant(e)s ont vu leur cursus universitaire se dégrader et leur avenir compromis. Quand il fut démis de ses fonctions, suite aux dysfonctionnements graves relevés dans le rapport de deux inspecteurs généraux de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche (IGAENR), se sont déchaînées depuis février 2014 des violences intolérables (menaces de mort – agression…) contre M. Samuel Mayol, actuel directeur. Ce sont désormais avec lui, depuis le 17 mai 2015, six autres personnes de l’IUT qui sont menacées de mort ; cinq d’entre elles ont fait valoir leur droit de retrait.

En attendant que les organisations islamiques signent la charte de la laïcité et du respect des personnes à l’IUT, Mme Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale et M. Valls, premier ministre,  vont-ils enfin assumer leur mission de   défense des personnels et des étudiant(e)s de l’IUT  afin que tous puissent travailler et étudier dans le calme et la sécurité que doit la République  à ses établissements scolaires ? Ou bien le département de Seine-Saint-Denis est-il déjà – depuis 2012- Outre- République laïque ?
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15 mai 2015

Le harcèlement djihadiste continue sa monstrueuse besogne. Les menaces de mort comme celles reçues depuis des années par les journalistes de CHARLIE HEBDO  persistent, s’amplifient, gagnent en cruauté et en sauvagerie.  Zineb El Rhazoui en témoigne sur BFMTV.
♠ M. Lasfar , M. Boubakeur,
combien de temps laisserez-vous terroriser cette jeune femme et sa famille ? Qu’attendez-vous pour les rassurer, les protéger ? Mais quelles valeurs morales sont les vôtres  ? Oserez-vous longtemps prétendre faussement respecter  nos principes de fraternité et de laïcité ?
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À quand la signature de la Charte de la Laïcité, MM. Lasfar et Boubakeur de l’Union des Organisation islamiques de France et du Conseil français du culte musulman ? Ou bien l’envoyé spécial des frères musulmans, Tariq Ramadan, est-il  votre conseiller en djihad , votre unique maître à penser ?

Écoutez-le,  écoutez M. Ramadan chanter pour le djihad en France  / 31 juillet 2017 – compte You tube clôturé pour cette vidéo djihadiste de T. Ramadan/afin que « son dieu frappe les ennemis de sa religion» [nous, les laïques républicains et non islamistes] dans notre pays !  C’est pour cela qu’il était au rendez-vous du Bourget au congrès de l’UOIF du 3 au 6 avril 2015 avec vous, MM.Lasfar et Boubakeur.

Grand choix de burqas à la mode de Ryad. Voilà la future femme française rêvée par l’UOIF et Tariq Ramadan ! Ils sont à des années- lumière de notre République !

 Ryad-en Seine-Saint-Denis. Congrès de l'UOIF (Frères musulmans) 6 avril 2015

Le Bourget ou  Ryad-en -Seine-Saint-Denis ? Congrès de l’UOIF (Frères musulmans)  6 avril 2015 / photo C. Chanbraud  le Monde.fr

Et c’est encore M. Lasfar qui apporte, le 16 juin 2015,  le soutien de l’UOIF à Mohamed Morsi, président égyptien du parti islamique et conservateur des Frères musulmans, au nom  « des valeurs de la liberté et la démocratie (?) »,  alors que c’est le peuple égyptien et ses partis laïques qui s’est insurgé, dès le 30 juin 2012, contre l’islamisation du pouvoir par Morsi, usurpateur du Printemps arabe égyptien.

♠ Et l’appel au djihad en France contre les chrétiens et les juifs, ne serait-ce pas du racisme ? Il me semble MM. Hollande et Valls,  que vous avez déjà oublié les paroles des tueurs de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015,  et que vous êtes bien sourds quand Tariq Ramadan chante l’appel au djihad !

Votre nouveau plan d’État a une grave lacune car il oublie  la haine des djihadistes et de l’État islamique envers la France.

Voyez Amar Lasfar, hilare,  le 6 avril 2015 ! Le recteur  des piscines pour femmes voilées et  de la mosquée de Lille fêtait le troisième mois de la semaine djihadiste sanglante du 7 au 9 janvier 2015, en commandant à la République française laïque, en chœur avec  Dalil Boubakeur « 2000 mosquées cathédrales» ! 
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Je suis Charlie

 En  mémoire

Du massacre à Paris par les frères Kouachi, djihadistes de la mosquée Adda’wa (Paris 19 ème – imam :  Larbi Kerchat)

le 7 janvier 2015

Des dessinateurs de CHARLIE HEBDO : CHARB  CABU  WOLINSKI  TIGNOUS  HONORÉ,  des collaborateurs  Mustapha OURRAD, Elsa CAYAT, Frédéric BOISSEAU, du journaliste Bernard MARIS, de l’invité Michel RENAUD, des policiers Franck BRINSOLARO  Ahmed MERABET. ______________________________________


Note mise en avant du bloc le 21 novembre 2015 

Le serment du Jeu de Paume – 20 juin 1789

20 juin 2015 – 21 octobre 2018


XVIIIème siècle
Château de Versailles 
juin 1789

Il avait fallu trouver un nom qui assurerait au Tiers État sa légitimité, « le caractère national des Communes » face aux privilégiés.

Lisons dans le tome 1 La Constituante  1789-1791  de Jean Jaurès (1) :

« Au fond, la motion de Sieyès proclamait le droit souverain du Tiers État : seul, malgré l’absence des autres ordres, il avait pu vérifier les mandats des députés, et, au contraire, la vérification à laquelle les autres ordres avaient procédé séparément était nulle.

Il y avait un ordre qui portait en lui la Nation, c’était le Tiers ; et les autres,  s’ils ne se rattachaient pas au Tiers, n’étaient que néant.

Les Communes hésitèrent encore pendant les séances du 15 et du 16 juin : mais dépassant en clairvoyance et en courage leurs chefs les plus renommés, elles comprirent qu’elles ne se sauveraient que par la netteté dans l’audace et, sur la motion de Legrand, député du Berry, elles décidèrent enfin, le 17 juin, que «la seule dénomination qui leur convenait était celle d’Assemblée nationale».

Le même jour, l’Assemblée, avec une décision admirable, fait acte de souveraineté. Elle déclare que tous les impôts existants sont illégalement perçus, mais qu’elle leur donne une légalité provisoire seulement « jusqu’au jour de la première séparation de cette Assemblée, de quelque cause qu’elle puisse provenir ».
Ainsi, tout acte de violence contre l’Assemblée faisait tomber du coup la légalité de l’impôt et constituait tous les citoyens à l’état de légitime résistance. (…)
Jamais plus admirable combinaison d’habileté et d’audace, de sagesse et d’héroïsme n’illustra l’action humaine. (…)
Soulevé au-dessus de ses craintes par l’audace du Tiers, le bas clergé, (par 149 voix contre 137) le 19 juin, décide de se réunir au Tiers pour la vérification commune.
(…) Bouleversés, le cardinal de la Rochefoucauld et l’archevêque de Paris courent à Marly où était le roi ; et là, le coup d’État royal est décidé.

Le lendemain 20 juin à 9 heures du matin, quand Bailly, président de l’Assemblée nationale, et les deux secrétaires se présentent à la porte de l’entrée principale (2), ils la trouvent gardée par des soldats ! L’officier de garde dit qu’il avait ordre d’empêcher l’entrée de la salle à cause des préparatifs qui s’y faisaient pour une séance royale.

Le président proteste et déclare « la séance tenante ». (…)
Les députés, sous la pluie battante cherchent une enceinte, où ils puissent délibérer. Un local assez vaste servait pour le jeu de paume : c’était une grande salle vitrée, dont les murs étaient coupés à mi-hauteur par des galeries en bois.

C’est là que s’installe la Nation, et c’est là que tous les députés, sauf un, Martin Dauch, font sur la proposition de Mounier, le serment de ne se séparer que quand la Constitution sera faite.

C’est le grand légiste Target qui a rédigé le texte : « L’Assemblée nationale, considérant qu’appelée à fixer la Constitution du royaume, opérer la régénération de l’ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu’elle continue ses délibérations dans quelque lieu qu’elle soit forcée de s’établir, et qu’enfin, partout où ses membres sont réunis, là est l’Assemblée nationale.
« Arrête que tous les membres prêteront, à l’instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable ».

Ainsi, tous les élus du Tiers, à cette heure de grand péril, se lient les uns envers les autres et tous ensemble à la Nation d’une chaîne sacrée. Ils peuvent affronter la séance royale annoncée pour le 22 juin et le coup d’État ; ils portent en eux la double majesté de la Nation et du serment.

Le lendemain, 21 juin étant un dimanche, l’Assemblée ne siégea point ce jour- là. »…
(…)
Le vent de la Révolution commençait à souffler en tempête quand le roi, mené par les princes et le haut clergé, tenta de lui opposer son coup d’État du 23″.

……………………… la Révolution était en marche…

C’était dans la salle du jeu de paume……………..

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Pendant ce temps-là, le 15 juin 1789, le marquis de Ferrières (3), député de la noblesse, écrivait à sa femme pour lui dire … son ennui  !
« (…) dans le fond, c’est un triste métier que nous faisons. Il y a peu d’espoir que les Ordres se réunissent. On ne conçoit rien à la conduite de la Cour ; à celle de Necker. Plus je vais, et moins je connais même les membres qui composent notre chambre. Il y a trois brouillons qui mènent tout ; ce qui est certain, c’est qu’ils agissent d’après une impulsion étrangère (sic). (…)
Le Roi est à Marly : les uns disent pour quatre jours, les autres pour trois semaines. Cela rend Versailles encore plus ennuyeux. »(…)

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XXIème siècle
Château de Versailles 
juin 2015

Je suppose que c’est le même ennui que celui du marquis qui saisissait Catherine Pégard, présidente de Versailles depuis 2011, quand elle entrait dans la salle du jeu de paume.
Mais elle savait, en choisissant Anish Kapoor pour l’été 2015,  qu’en poussant la porte, il aurait une idée qui lui plairait (sic) : il eut celle de  reprendre son « Shooting into the corner » de 2009.
Et, parole de présidente, il paraît que cela « nous entraîne  dans une histoire cachée  » du 20 juin 1789 à Versailles.

C’est ainsi que « l’élite culturelle du ministère (sic) « , au temps des milliardaires Arnault, Pinault et leurs consorts, sous la mandature de F. Hollande, voudrait masquer la vérité historique de cette journée du serment de l’ Assemblée nationale.
… La Révolution de 1789 n’a plus la cote au « château » présidentiel.
Les pseudo génies de l’art contemporain hautement spéculatif, comme Anish Kapoor, sont leurs serviteurs zélés, avec leurs aberrations industrielles lourdingues, scatologiques et/ou pornographiques, que je nommerais Laids-Arts.

 

Salle du jeu de paume juin 2015 A. Kapoor

Photo Le Figaro.fr

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1 Jean Jaurès  Histoire socialiste de la Révolution française   Tome 1 La Constituante  1789-1791  pp.380-387    –  Éditions sociales

2 Salle des Menus Plaisirs du roi
Depuis 1987, l’Hôtel des Menus Plaisirs accueille  le Centre de Musique Baroque de Versailles (associé à l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles) qui a organisé, en 2014,  le fabuleux 250 ème anniversaire de Rameau (1683-1764).

3 Le marquis de Ferrières Correspondance inédite 1789, 1790, 1791  pp. 68-69 publiée et annotée par Henri Carré, Armand  Colin, 1932.  Les Classiques de la Révolution française sous la direction d’Albert Mathiez.
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par L’ingénue  21.10.2018
J’ai revu et réécrit les sept dernières lignes.

M. Hollande, sa République, son vieux corset et … son changement

  Note du 2 juin 2015 – complétée le 18 décembre 2015  (mise en résonance de trois discours « socialistes »)

…  C’était le 27 mai 2015, l’heure était grave et devant le Panthéon, le président Hollande compara solennellement  la République à un vieux corset !

On le sait, le président a “des plumes” qui lui écrivent ses discours – admettons, mais devant le Panthéon, pour rendre hommage à quatre Résistants,  était-il obligé de dire une idiotie pareille ?

Certes, c’était la fin de son discours ; l’homme avait marché et il voulait aller souper – voire se divertir- promptement ; mais quand même, avant de quitter Geneviève de Gaulle Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay et de s’exclamer  » Vive la République et vive le France »,  devait-il nous dire que « La République n’est pas figée. Ce n’est pas un corset dont il faudrait régulièrement recoudre les boutons » ?

Était-ce vraiment une bonne idée ? Était-ce vraiment la bonne définition négative de surcroît de notre République ?

D’autant plus que chacun sait, hormis un président « dilettante et désinvolte » (1), que le corset se lace ou s’agrafe avec des crochets…

Qu’importe ! Lui président, tout ignorant  qu’il soit de la République, de la France… et des corsets, se croyait le meilleur…  et cela lui suffisait.
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     En 1848, au club socialiste des Acacias, un autre orateur se croyait aussi fin et  lyrique : « les asticots, c’est nous ! »            

En cette fin d’année 1848 qui voit l’élection de Louis Bonaparte comme président de la République, Victor Hugo* est attentif et écoute avec intérêt le  » peuple des faubourgs « , le  » peuple de la banlieue « , les gamins de Paris  et les hommes politiques. C’est ainsi qu’il note :

«  Je suis entré l’autre jour, rue Saint-Antoine, près l’église Saint-Paul, dans le club socialiste des Acacias, au moment où l’orateur prononçait cette phrase au milieu d’applaudissements frénétiques :
 » Il y a une vieille peau de lièvre mangée par les asticots. La peau de lièvre, c’est la société ; les asticots, c’est nous !  »
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1  Un peu de sociologie / Paris 4 mai 1968

* Œuvres complètes  Édition chronologique publiée sous la direction de Jean Massin Le Club français du livre Tome VII

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18 décembre 2015  /  Sur Boulevard Voltaire.fr  :

À propos du  discours électoral de M. Hollande – candidat à la présidence de la République en 2012 – intitulé :

Le changement, c’est maintenant !

 

Il y a 130 ans, le 19 mai 1885, Victor Hugo écrivait la dernière ligne

19 mai 2015

Le mardi 19 mai 1885, Victor Hugo quoique très affaibli depuis quelques jours, par une congestion pulmonaire, eut encore la force  d’écrire  une dernière ligne : « Aimer, c’est agir. »*
Et nous avons à la toute fin de sa vie, comme témoignage de l’affection qu’il portait à ses petits-enfants, alors adolescents, Georges (17 ans) et Jeanne (16 ans), le récit émouvant de Georges. **  :
« – Mes enfants, mes bien-aimés ! Il sortit de sous le drap sa main déjà toute maigre ; son vieil anneau d’or brillait à son doigt sur sa peau mate. Il nous fit un signe imperceptible, et quand nous fûmes agenouillés : – Tout près de moi… plus près encore… Il nous baisa d’un lent baiser avec des larmes aux lèvres.
Ses yeux nous riaient sous son beau front tranquille.
Le grand soleil de mai entrait par la fenêtre ouverte : il se blottit dans ses couvertures comme s’il eût eu très froid. Sa voix devint plus câline que jamais, et plus tendre.

– Soyez heureux… pensez à moi… aimez-moi… Ses yeux souriaient toujours. Encore une faible étreinte de ses mains lisses qui tremblent, un baiser de sa bouche brûlante.
– Mes chers petits ! Et le dernier regard de Papapa fut sa dernière bonté.  »
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Victor Hugo mourut le vendredi 22 mai 1885.  Ses funérailles nationales eurent lieu pendant deux jours :
Le 31 mai, tout un peuple défila et veilla devant le catafalque dressé sous l’Arc de triomphe et le cercueil, « surélevé de douze marches (…). À la base un grand médaillon de la République »…
et le 1er juin 1885, le cortège  suivant « le corbillard des pauvres, le corbillard demandé par le poète dans son testament … avec  pour tout ornement, deux petites couronnes de roses blanches apportées par Georges et Jeanne« , rejoignit le Panthéon en passant par les Champs-Élysées, les boulevards St-Germain et St-Michel et la rue Soufflot.  ***

  Autin, Capelle. Victor Hugo et son petit-fils Georges Hugo, dernière photographie prise en 1885. Paris, Maison de Victor Hugo.
Victor Hugo et son petit-fils Georges Hugo, dernière photographie prise en 1885.
Autin,Capelle. Paris, Maison de Victor Hugo.

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*  p. 1079 Tome XV-XVI/2  1870-1885 /Victor Hugo Œuvres complètes Édition chronologique publiée sous la direction de Jean Massin
**  p. 939 id. Georges Hugo Mon grand-père / « Nous l’appelions Papapa… La légende veut, – il nous entourait de légendes !-  qu’un matin d’autrefois à Hauteville-House (…) petit Georges entrât et dit : – Bonjour, Papapa !… » 
Florence janvier 1902
*** pp. 953-960 ib.
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Ouvrons L’Art d’être grand-père  (première édition 1877)
Dans la tourmente de l’exil à Guernesey  Jeanne fait son entrée Hauteville-House,
5 juillet 1870  
(Bibliothèque nationale de France /édition numérique)
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Quinze ans plus tôt, le 5 septembre 1870 -(la République avait été proclamée le 4 septembre et les Prussiens victorieux marchaient sur Paris)- Victor Hugo -(exilé depuis dix-neuf ans)- arrivait à Paris par le train de Bruxelles à dix heures du soir. Il s’adressa ainsi à la foule qui l’attendait à la gare du Nord :

Les paroles me manquent pour dire à quel point m’émeut l’inexprimable accueil que me fait le généreux peuple de Paris.
Citoyens, j’avais dit : le jour où la République rentrera, je rentrerai. Me voici.
Deux grandes choses m’appellent. La  première, la République. La seconde, le danger.
Je viens ici faire mon devoir.
Quel est mon devoir ?
C’est le vôtre, c’est celui de tous.
Défendre Paris, garder Paris.
Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde.
Paris est le centre même de l’humanité. Paris est la ville sacrée.
Qui attaque Paris attaque en masse tout le genre humain.
Paris est la capitale de la civilisation qui n’est ni un royaume, ni un empire, et qui est le genre humain tout entier dans son passé et dans son avenir. Et savez-vous pourquoi Paris est la ville de la civilisation ?
C’est parce que Paris est la ville de la révolution.
Qu’une telle ville, qu’un tel foyer de lumière, qu’un tel centre des esprits, des cœurs et des âmes, qu’un tel cerveau de la pensée universelle puisse être violé, brisé, pris d’assaut, par qui ? par une invasion sauvage ? cela ne se peut. Cela ne sera pas. Jamais, jamais, jamais !
Citoyens, Paris triomphera parce qu’il représente l’idée humaine et parce qu’il représente l’instinct populaire.
L’instinct du peuple est toujours d’accord avec l’idéal de la civilisation.
Paris triomphera, mais à une seule condition, c’est que vous, moi, nous tous qui sommes ici, nous ne serons qu’une seule âme ; c’est que nous ne serons qu’un seul soldat et un seul citoyen, un seul citoyen pour aimer Paris, un seul soldat pour le défendre.
À cette condition, d’une part la République une, d’autre part le peuple unanime, Paris triomphera.
Quant à moi, je vous remercie de vos acclamations, mais je les rapporte toutes à cette grande angoisse qui remue toutes les entrailles, la patrie en danger.
Je ne vous demande qu’une chose, l’union !
Par l’union, vous vaincrez.
Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles.
Serrons-nous tous autour de la République en face de l’invasion, et soyons frères. Nous vaincrons.
C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté.

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