Faire la figue

5 mars 2018

La Chauve-souris et les deux belettes     Jean de La Fontaine

Une chauve-souris donna tête baissée,
Dans un nid de belette : et sitôt qu’elle y fut,
L’autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.

Quoi ? Vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire ?
N’êtes-vous pas souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l’êtes, ou bien je ne suis pas belette.

Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n’est pas ma profession.

Moi, souris ? Des méchants vous ont dit ces nouvelles :
Grâce à l’auteur de l’univers,
Je suis oiseau : voyez mes ailes :
Vive la gent qui fend les airs.
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien, qu’on lui donne
Liberté de se retirer.

Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer
Chez une autre belette aux oiseaux ennemie.
La voilà derechef en danger de sa vie.
La dame du logis, avec son long museau,
S’en allait la croquer en qualité d’oiseau,
Quand elle protesta qu’on lui faisait outrage.

Moi, pour telle passer ! Vous n’y regardez pas.
Qui fait l’oiseau ? C’est le plumage.
Je suis souris : vive les rats ;
Jupiter confonde les chats.
Par cette adroite répartie
Elle sauva deux fois sa vie.

Plusieurs se sont trouvés qui d’écharpe changeant,
Aux dangers, ainsi qu’elle, ont souvent fait la figue (1).
Le sage dit, selon les gens,
Vive le Roi, vive la Ligue.

Jean de La Fontaine
Livre second   Fable V
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1 Faire la figue à quelqu’un (1210) « se moquer »  Cf. Dictionnaire historique de la langue française Le Robert sous la direction d’Alain Rey Tome 1 –  p. 895.

5 mars 2018
À son tour,  Jean d’Ormesson fit la figue à E. Macron, ministre des Finances guignant (2) la présidence, en le comparant à la chauve-souris de la fable.
En 2018, les plus lucides ont compris qu’avec son « je vous aime farouchement » électoral, le président Macron nous a fait la figue.
Et il continue, car  il a  derrière lui tous les girondins, tout le marais et tous les monarchistes,  grâce à sa devise :
Vive le riche,  vive le pauvre  !

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2 Guigner
– 1640- Guetter avec convoitise
– Le Grand Robert tome III p.1613.
Former quelque dessein sur quelque personne, sur quelque chose.
Guigner une héritière, un héritage.
« Jupin, qui du ciel toujours guigne
Quelque femelle en droite ligne (… ) Scarron – Littré tome III p. 2895.
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Le Guinéen Tierno Monénembo, Grand Prix de la Francophonie 2017

4 décembre 2017

Saluons et félicitons l’écrivain guinéen, Tierno Monénembo,  lauréat du Grand Prix de la Francophonie 2017, décerné par l’Académie française pour son œuvre littéraire et théâtrale.
Il a déjà reçu « le grand prix littéraire d’Afrique noire pour Les écailles du ciel (1986), le prix Tropiques pour L’aîné des orphelins (2000), le prix Renaudot pour Le roi de Kahel (2008), le prix Amadhou Kourouma et le prix du roman métis pour Le terroriste noir (2012) » (1).

Son dernier livre Bled  est paru en 2016 aux éditions du Seuil -(comme les autres)- avec cette présentation de l’éditeur :
« Algérie, années 80. Une jeune fille court éperdument à travers la rocaille, son bébé dans les bras. Seule, sans protection, ses chances de survie sont minces, quand la population mâle à l’unisson se déchaîne contre «la pécheresse». Il n’y a pas longtemps, elle vivait paisiblement avec Papa Hassan et Maman Asma. Tout cela est si loin. Chassée du village de la tribu, Zoubida aura beau déployer une énergie surhumaine pour défendre sa vie et celle de son enfant, elle finira par tomber dans les griffes du terrible Mounir, en un lieu hors du temps qui paraît être tout à la fois prison, harem et lupanar. La violence, ici, est plus archaïque que politique, car elle jaillit des entrailles de la société. Et n’en est que plus inquiétante. Mais, avec l’énergie d’un romancier amoureux de la vie et de tous ses plaisirs, Tierno Monénembo nous offre le plus beau portrait qui soit : celui d’une jeune Algérienne dont l’intelligence et le courage, face à l’obscurantisme, rayonnent comme un soleil. » 

                                         Tierno Monénembo, ici dans le studio de RFI.  RFI/Fanny Renard

 

1  Source :  RFI Les Voix du monde/ Littérature sans frontières / Catherine Fruchon-Toussaint  3 décembre 2017

Ah ! Le président Macron et « sa Première dame » !

22.24 août 2017

En cet été tragique d’attentats et d’incendies djihadistes,  le nouveau président nous inflige sa dame sur tous les écrans … sur LCI (1)  on a dit  que ce serait son « joker » (2) ; c’est-à-dire pour le dictionnaire, sa « carte à jouer à laquelle il  est libre d’attribuer la valeur qu’il désire. »
Et c’est vrai qu’en ce début de mandat, il apparaît  comme un gai luron prompt à jouer de son pouvoir.

Ainsi, pour illustrer son exemplaire moralisation de la vie politique, le président Macron … joue à octroyer au bon peuple une « Première dame de France »  … avec l’étiquette « charte de transparence » !

Nous saurons donc tous que l’autre étiquette sur les vêtements de la dame vient du milliardaire Bernard Arnault qui l’habille gratis en Dior ! 

Bref, avec  la dame de l’humble Macron,  nous allons vivre pendant cinq ans, un vrai conte de fées,  à suivre jour après jour, dans Elle et Paris-Match de Lagardère et dans tous les autres médias de masse dont les patrons et « mécènes du couple » feront leurs une, leurs affiches et leurs choux gras !  Et la dame peut compter aussi sur la com(munication) de l’équipe des chères féministes – dont Sibeth Ndiaye (3) de sa cour -en-marche » avec laquelle elle avait déjà  lancé « le truc Macron ».

♠ Hélas donc ! Notre fidèle et aimant serviteur Macron (4) ne s’intéresse,  ni  à la paix publique ni  à la vraie vie des Français …   il préfère jouer sa  dame.

…  mais jusqu’à quand,  pourra-t-elle  servir de « joker » au- mal- élu- à- 20 %?

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1 LCI groupe TF1 Bouygues

2 1912, in Höfler ; mot anglais, « farceur » de to joke « plaisanter »
Jeu. Carte à jouer à laquelle le détenteur est libre d’attribuer la valeur qu’il désire.  Le grand Robert Tome IV p. 496.

3  Sibeth Ndiaye, celle qui  a osé dire « la meuf est dead »  à la presse, en guise de marque de respect envers Simone Veil (Cf. « Simone Veil sur la Shoah : Nous n’avons pas parlé parce qu’on n’a pas voulu nous écouter » -France Culture 30.06.2017).


4. Macaron Ier était en campagne devant la pyramide 13-14 mai 2017

Fin de son discours  le 7 mai 2017 :
(…)
« je vous servirai
je vous servirai avec humilité avec force
je vous servirai au nom de notre devise liberté égalité fraternité//////
je vous servirai dans la fidélité de la confiance que vous m’avez donnée
je vous servirai avec amour vive la République vive la France »

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Hollande, la reine et la flaque d’huile …

3 avril 2017  –   13 avril 2017  (relire Utilité du Beau de V. Hugo)

 

… ou comment l’ « art contemporain«  a fait « rigoler » un président et sa compagnie royale …

F. Hollande et la reine Sonja de Norvège devant l'art contemporain

… et comment, chaque jour, depuis sa déclaration de non-candidature à un second mandat, et encore plus, depuis l’article du 25 janvier 2016 du Canard enchaîné, F. Hollande  « rigole  » et suit le précepte Carpe diem  du poète latin Horace – sous la forme d’un « après moi le déluge avec Macron ! « 

Bref, comme on dit chez nous, il en profite !

Nul doute que pour lui, la vie est belle : l’élimination de ses deux (ex)ministres de la Primaire du PS est achevée : B. Hamon minoritaire, n’a plus qu’à pleurer dans les bras de J.L. Mélenchon pendant que M. Valls  tombe dans ceux de E. Macron. Vraiment Hollande « a fait du bon boulot », comme dirait son (ex)ministre des Affaires étrangères, L. Fabius en parlant du « Front Al-Nosra » en Syrie.
Persuadé d’avoir éreinté définitivement F. Fillon, le joyeux drille en CDD,  savoure déjà ce qu’il pense être sa plus belle réussite de secrétaire du PS : devenir le secrétaire général adjoint du président Macron… D’ailleurs tous les instituts de sondage le lui ont prédit !

Alors, à Tours, le 10 mars 2017 , dans le CCC OD [Centre de Création Contemporaine Olivier Debré],  c’est « dans la dernière salle, la nef, là où est installée « La Chambre d’huile » de Per Barclay » (à côté du président mais tourné vers Mme Azoulay)-, que «  le président et la reine ont le plus ri.
Au bord de cette mer d’huile (sic) noire dans laquelle la nef se reflète (…), à la reine qui se penche à son tour, F. Hollande lance en rigolant : « Je vous tiens ! » (1)

Enfin, on sait à quoi sert  l’ « art contemporain » en France (2) !

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1 Une visite ultra-privée 11.03.2017 Delphine Coutier – Photo Guillaume Souvant /La Nouvelle République du Centre-ouest

2 lire  L’Imposture de l’art contemporain Aude de Kerros / Eyrolles 2016
………………………..
Autre exemple d’ « art contemporain »  :    » l’artiste contemporain » Poincheval en poule couveuse [un plagiat de Toine, une nouvelle réjouissante de Guy de Maupassant]

Lu sur le site du nouvelobs.com 20.04.2017 :
« Abraham Poincheval, coutumier des performances extrêmes (comme Toine et la poule !) , était très heureux, il n’en espérait pas tant. Il a vraiment réussi », a commenté  avec son « tweet » le porte-parole du centre d’art contemporain du Palais de Tokyo (Paris) :
Palais de Tokyo

@PalaisdeTokyo

Les poussins d’#AbrahamPoincheval sont à présent tous nés et en route vers une ferme en Normandie où ils couleront des jours heureux !  »

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François Fillon face à la fureur médiatique

 

Mercredi 23 novembre 2016

Il y a 105 ans, le 6 avril 1911, Jean Jaurès, à la tribune de la Chambre des députés relevait : « l’influence formidable qu’exerce nécessairement sur l’opinion, une presse qui donne à la même heure, le même son de cloche, discrédite ou exalte, et pousse toute l’opinion comme un troupeau dans le même chemin. »(♦)

Et cette semaine, avant le second tour de la Primaire de la droite et du centre, résonne encore comme un écho à cette déclaration.

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Sauf que la création médiatique d’Alain Juppé (1) ne l’a pas mis en tête du premier tour !

Il n’a obtenu que 28,6 % au premier tour, (pour 44,1 % à François Fillon), sachant que « près d’un électeur sur deux qui a voté pour Alain Juppé provient de la gauche et du centre ». (2),

Alors depuis lundi matin,  la rage  des médias (secteurs public et privé confondus (sic) devant la première place de François Fillon, gronde, enfle, éclate, sur toutes les radios, tous les plateaux de télévision, sur les sites et dans les journaux de la presse quotidienne.

Dirigé depuis l’Élysée par son chef,  F. Hollande, le chœur médiatique accompagnera  avec force tambours et trompettes son  ténor Alain Juppé, jusqu’au 27 novembre 2016.
Cependant,  serait-ce l’émotion ou le désarroi ? Alain Juppé semble avoir perdu, vis-à- vis de son rival, son calme et sa courtoisie, c’est-à-dire la marque de l’élégance en politique.
Prépare-t-il ainsi le débat de jeudi ?  Pourtant, il ne gagnera guère à cultiver seulement  l’agressivité ou l’arrogance.

♠ Dans la perspective des six mois à venir d’une campagne électorale dont  nous venons d’avoir un aperçu, on se permettra ces quelques mots :
Mesdames et Messieurs les journalistes,  nous vous lisons, nous vous écoutons, nous vous regardons exercer votre métier. Mais restez dignes  ! Cessez  de  vous croire supérieur(e)s  car ce n’est pas vous que l’on veut entendre !  Cessez  de couper la parole à celui ou celle qui répond à votre question (3) !
Pour dire comme Molière,  le procédé est assez vulgaire et bien « du dernier bourgeois » !

Le  débat de  demain nous éclairera sur la suite. Et cela devrait servir de leçon. En effet, il  serait souhaitable que la confiscation médiatique de l’espace de réflexion collective au profit d’un seul, telle qu’elle aura été pratiquée, lors de la mandature présidentielle de F. Hollande, à des fins électoralistes, devienne pour la formation des futur(e)s journalistes, un magistral cas d’école, au profit de la liberté de pensée des citoyens.

Citoyens libres, nous voyons, nous entendons les médias tendre leur piège (4) avec leurs grosses ficelles, pour l’élection  du futur candidat de la droite et du centre à la présidence de la République, nous serons peut-être encore nombreux à nous en méfier.

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Lundi 28 novembre 2016


27 novembre 2016 :  Second tour de la Primaire de la droite et du centre
François Fillon a devancé Alain Juppé …. et dès potron-minet, le 28 novembre 2016, le premier éditorial de RTL  s’intitule bizarrement : « Le week-end de la mort … à droite (?) comme à gauche » !
Nous attendons simplement les programmes de « La grande Primaire de la gauche  » en janvier 2017, avec son champion, M. Hollande, président sortant ♠, puis le vainqueur aux côtés de MM. Macron, Mélenchon et Bayrou (?).. pour le premier tour des Présidentielles de 2017 … qui j’espère ne sera pas non plus un week-end de la mort …mais bel et bien celui de la démocratie vivante.

M. Hollande a déclaré forfait le 1er décembre 2016.
Le Point commence à publier « les sondages » qui donnent M. Valls gagnant, et son numéro 2308 du 1er décembre 2016 donne le pari perdant pour  « Fillon contre tous ». … on a bien compris : contre tous les médias.

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♦ Histoire de la France contemporaine Coordination Jean Elleinstein / Éditions Sociales – Livre Club Diderot / Tome IV p.268.

1 Alain Juppé, une création médiatique

2   21.11.2016  Sondage pour LCP Public sénat Harris Interactive :
 Sans la participation des électeurs de gauche, François Fillon aurait probablement remporté la primaire dès le premier tour
Jean-Daniel Lévy (directeur du département politique & opinion d’Harris Interactive.) :
« Près d’un électeur sur deux qui a voté pour Alain Juppé provient effectivement de la gauche et du centre, ce qui n’est pas négligeable. Si cet électorat ne s’était pas déplacé pour voter pour le maire de Bordeaux, il aurait donc probablement réalisé un score deux fois inférieur. Mathématiquement si les électeurs de gauche ne s’étaient pas déplacés, François Fillon aurait pu gagner dès le premier tour. »

3 On remarque que les dames sont aussi déchaînées et féroces que les messieurs dans ce parasitage des réponses ; tout cela pour troubler l’orateur et pour empêcher l’auditeur de suivre la logique et le sérieux des propos.

(Re)lire La Déclaration des droits et des devoirs du journaliste ou Charte de Munich 1971.
Dans la Déclaration des devoirs, on relève dans le point 9 :
« Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste. »
et dans le point 10 :

 » (…) le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre ».

Petite remarque : Dans le Préambule,  ne faudrait-il pas revoir l’utilisation du verbe procéder -intransitif ou transitif indirect- et écrire: C’est du droit du public de connaître les faits et les opinions que procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes ?

Clin d’œil sur le graffiti d’un étudiant en rupture de Sorbonne en 1968, crachant sur le droit de vote et notre liberté citoyenne : « élection piège à c♦♦s ! »

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