En rappel à M. Peillon et aux candidats à la présidentielle de 2017

Note du 8 juillet 2012 mise en avant le 16 .12 2016 et précisée (!) le 21.12.2016

Ou quand M. Peillon,
[
candidat in extremis à la Primaire du PS « hollandais » 
pour être élu président de la République en 2017 , mais plus sûrement pour affaiblir (toujours selon la méthode « hollandaise »)  M. Valls], 
était ministre refondateur de l’Éducation nationale, en 2012.

 Le dossier  adressé  à M. Peillon et au « comité de pilotage »  ♦ n’a  reçu aucune réponse ni par courrier,  ni a fortiori, par le vote d’une loi  juste … M. Peillon  n’ayant retenu dans sa refondation factice de l’école primaire, que le péri-scolaire sous le  nom de « rythmes scolaires (sic) » à la charge des municipalités,   Mme Vallaud-Belkacem  s’étant chargée  de ruiner les contenus des programmes du collège. 

« Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale,

En ce temps de « Refondation de l’École de la République », exercice obligé à chaque nouveau gouvernement depuis la première consultation nationale organisée par M. Savary – premier ministre de l’Éducation nationale de M. Mitterrand en 1981 et après les passages au ministère de MM. Lang et Jospin, on souhaite que cette énième concertation soit utile pour en finir avec le « toujours moins d’école »,  pour en finir avec une formation où un professeur frais émoulu de l’IUFM de Créteil, ne déclarerait  plus «hyper réac la morale !» quand la violence est partout.
Il est temps de retrouver  le sens fondamental de la  mission d’enseignant et suivant l’exemple de nos admirables instituteurs de la laïque  depuis la fin du XIX ème siècle : donner les moyens de  la langue française et des sciences à l’éveil de l’intelligence  de tou(te)s les futur(e)s citoyen(ne)s.

Sous la III ème République, l’école primaire publique était ouverte cinq jours par semaine et 223 jours par an, elle n’ouvre plus que quatre jours par semaine et 140 jours par an [soit l’équivalent d’une année scolaire en moins]-  laissant les élèves devant la télévision, les jeux vidéo, les sites glauques de la toile, les publicités incessantes etcC’est cette carence d’école qui constitue désormais le véritable « handicap socio-culturel ».

Il y a cinq ans,  j’ai écrit une lettre au président Sarkozy. Comme elle me semble toujours d’actualité, je la verse au dossier des membres du « comité de pilotage » qui se chargeront du rapport « Refondons l’École »  à remettre en octobre 2012.
     L’Histoire de l’école publique et laïque s’écrit, mais sa plume est  paresseuse quand il s’agit de  faire progresser du  XX ème au  XXI ème siècle, les droits au savoir du peuple. »
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         Extraits d’une lettre* adressée à M. Sarkozy, Président de la République, lundi 1er octobre 2007

« Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous écrire avec une totale liberté de ton, hors langue de bois (…)

 Comme il faut parler franc  « l’avenir de nos enfants  » n’est pas seulement entre les mains de chacun d’entre nous, éducateurs , il est aussi et surtout … entre les mains des décideurs politiques, représentants de la Nation tout entière.

Ce qui me fait dire que tous les dysfonctionnements observés actuellement sont les effets d’une volonté politique aveugle aux problèmes de démocratisation, délibérément laxiste et se dotant d’incompétences multiformes à tous les niveaux de l’institution.

Comme je suppose que les enfants de ministres et de présidents sont accueillis, la plupart du temps dans l’enseignement privé catholique, tel M. Luc Ferry qui s’en était expliqué un jour, d’un ton badin, sur une chaîne de télévision publique, on comprend aisément que le signal d’alarme ne s’allume jamais dans leurs bureaux. Et pourtant…

Votre belle définition de notre mission :  « Aider l’intelligence, la sensibilité à s’épanouir, à trouver leur chemin, quoi de plus grand et de plus beau en effet ? Mais quoi de plus difficile aussi ? » fera l’unanimité. La nuance que j’apporterai sera pour   « Eduquer c’est chercher à concilier deux mouvements contraires  » car je ne vois rien de contradictoire entre  « celui qui porte à aider chaque enfant à trouver sa propre voie et celui qui pousse à lui inculquer ce que soi-même on croit juste, beau et vrai.

D’autant plus qu’il s’agit là, pour notre société d’un véritable enjeu vital de transmission de valeurs universelles, pour aider les jeunes à se construire, et à construire leur propre vie  hors du champ exclusif de la tyrannie de la culture commerciale (1).

Lorsque vous abordez  « notre modèle d’école républicaine  qui brasse toutes les origines, toutes les classes sociales, toutes les croyances », il me semble que vous embellissez le tableau, car les classes moyennes et moyennes supérieures ont depuis ces dernières décennies largement opté pour l’enseignement privé.

Sachant que les classes aisées n’avaient bien évidemment pas attendu Jules Ferry pour doter leurs enfants d’une éducation aussi soignée que possible,  « notre modèle d’école républicaine »   fut créé  pour les enfants du peuple, les fils de paysans, d’ouvriers et d’employés, afin de les sortir d’un analphabétisme incompatible avec l’essor du développement industriel et commercial de l’époque. Il s’agissait de fournir au patronat une main d’œuvre qualifiée, plus performante.

Ainsi  « notre modèle d’école républicaine …s’est affaibli », je dirais même qu’ il est bel et bien en panne, on se demande même s’il faut parler de  « modèle ».
♦ Comment notre école qui avait réussi une si belle ébauche d’accès aux savoirs fondamentaux pour tous, a-t-elle pu ensuite faillir à sa mission d’approfondissement des savoirs au collège ? … Q
uand on sait combien pour les couches privilégiées, ce parcours d’études jusqu’à 16 ans est simple et banal depuis des siècles.

La  conclusion que vous tirez de cet   « affaiblissement »  est  la suppression de la carte scolaire. Cela ne servira qu’à satisfaire les parents qui cherchent à fuir le   « modèle d’école républicaine » de leur quartier. C’est dire si dans certains quartiers ce modèle a perdu la cote ! Elle facilitera encore davantage la formation dans l’enseignement public de parcours scolaires d’excellence qui seraient l’apanage des seuls beaux et bons quartiers de centre ville. Ces   « bonnes écoles  » mériteraient le nom de  « zone où l’éducation est vraiment prioritaire – ZEVP « , car contrairement à leurs jumelles de banlieues et d’arrondissements  « modestes », elles correspondent parfaitement au  « modèle d’école républicaine », celui qui peut éduquer tous ses élèves jusqu’au meilleur niveau. C’est pourquoi je persiste à dire que cette mesure n’a aucun effet sur le fonctionnement pédagogique de l’école ni sur la réussite scolaire pour tous.

La réforme du collège – dit   « unique »(?)  ne devrait en aucun cas apparaître comme un   renoncement aux perspectives généreuses et démocratiques qu’avait ouvert le Plan Langevin – Wallon à la Libération.

 Ce serait désastreux car ce serait se suffire de fausses évidences pour en tirer de mauvaises conclusions. On retrouve là dans vos propos les trop fameuses   « différences de rythmes…de formes d’intelligence ».
De l’évidence qu’ aucun enfant n’est pareil à un autre, on a depuis ces quatre dernières décennies, voulu nous faire croire qu’en fait, certains étaient surtout  « moins doués », et d’étonnants psychosociologues ont voulu nous convaincre que c’était – toujours- les enfants des classes « modestes  » ; cette discrimination étant accompagnée de théorisations plus   « savantes »   les unes que les autre qui conditionnèrent toujours plus les esprits.

Ainsi c’était prouvé, l’échec des collégiens était bien dû à leur faible intelligence et/ou à la « classe socioculturelle » de leurs parents, non au collège et/ou à l’école primaire laquelle, de circulaires en décrets ministériels inadéquats avait été écartée stupidement de sa mission primordiale d’enseignement des savoirs fondamentaux.

On a vu poindre insidieusement l’ombre de la régression démocratique avec l’invention du nom dévalorisant de  « massification ». Parler d’enseignement secondaire en France revient depuis quelques années à gloser sans fin sur la   « massification » dans le collège -dit unique. Cela ferait rire s’il ne s’agissait de  « nos enfants  » et de l’avenir de notre société.

Faut-il donc continuer à instiller le doute sur  l’intelligence des élèves, en déclarant que tous nos collégiens ne peuvent suivre un cursus secondaire ? Que nous n’atteignions pas tous le niveau de savoirs d’un(e) astronome… ou d’un(e) biologiste, je le conçois aisément, mais dire que le niveau de 3ème de collège – à condition que l’on sache lire et que l’on ait envie d’apprendre – n’est pas accessible à tous, serait une véritable imposture éducative et morale.  

En tant que Président de la V ème République, vous avez là un véritable défi à relever : faire que l’enseignement secondaire public égale en qualité celui dispensé dans les collèges   « privilégiés « , dans ces lieux où   « la culture humaniste[ ne] s’étiole [pas] et où   « la culture scientifique [ne] régresse [pas] ».
 
Il s’agit bien pour ce « temps de la refondation  » de ne plus se tromper d’objectif et de donner la même vraie culture générale à tous les adolescents de notre pays, et non pas seulement au petit nombre. Il s’agit d’avancer dans la conquête citoyenne des droits à l’égalité, de faire enfin, plus et mieux que les pionniers de la III ème.

L’avenir de l’enseignement public ne saurait en effet se satisfaire du simple accueil  « charitable » ponctuel et forcément partial de quelques lycéens de banlieues à l’Institut des Sciences Politiques de Paris.

Ce  « temps de la refondation » devrait, il me semble, avoir pour base la formation des professeurs et l’excellence de leur travail … car enfin, jusqu’à quand voudra-t-on nous faire croire que pour faire un bon professeur, il suffirait d’un an avec des formateurs, éminents universitaires certes, mais qui n’ont jamais enseigné aux 3-16 ans, alors que pour faire un bon artisan, il faut de trois à cinq ans avec des maîtres qui excellent dans leurs métiers ?
Une vraie formation de l’apprenti-professeur devrait se faire sur une période d’au moins deux ans, en alternance théorie-pratique, sachant que le plus précieux savoir-faire sera acquis en présence des élèves, avec l’exemple et les conseils de l’enseignant-maître d’apprentissage, lequel donnera de plus en plus d’initiatives à l’apprenti durant la seconde année. On ne leur demandera pas de faire le Tour de France comme aux Compagnons, mais  le tour des écoles de la ville et/ou du canton sera des plus enrichissants.
C’est ainsi que celle ou celui qui a enseigné en centre ville enseignera de la même façon, avec la même attente exigeante, dans une école rurale ou une école de banlieue.
Les cinq premières années d’enseignement devraient permettre aux professeurs débutants de retrouver régulièrement leurs tuteurs pour se perfectionner, venir à bout de leurs difficultés et se cultiver encore et toujours.

La nouvelle fraîche de la suppression du samedi matin me conforte dans ce que j’avais repéré … comme étant la tendance lourde   « au toujours moins d’école ». Avec la mauvaise foi qui n’appartient qu’au discours officiel, on dit que cela améliore les rythmes scolaires des élèves alors que l’emploi du temps scolaire sur quatre jours est particulièrement bousculé.

La diminution du temps scolaire pour les élèves est lourde de conséquences et n’exonère en rien les présidents, les ministres et les enseignants de leurs responsabilités éducatives et culturelles pour le plus grand nombre – c’est-à-dire pour tous ceux qui remplaceront l’école par la télévision, les jeux vidéo et le grignotage, le mercredi et le samedi.
Pour ceux-là, au manque d’école s’ajoutera le manque de temps forts d’acquisition culturelle et artistique : fréquentation des bibliothèques, des médiathèques, des musées, des ateliers d’artisans, des entreprises aux techniques innovantes, des lieux de recherche scientifique, fréquentation des écoles de musique, d’arts plastiques, de théâtre et de danse,  rencontres avec les élus, les sorties au théâtre, au concert,  l’apprentissage   « vivant » de langues dans des activités ludiques (jeux de société – chansons), culturelles (théâtre), ou sportives, les échanges avec les jeunes européens etc.

Je suis en plein accord avec votre conclusion : « A nous de reprendre le fil qui court depuis l’humanisme de la Renaissance jusqu’à l’école de Jules Ferry en passant par le projet des Lumières. »
A cette nuance près que  « le fait religieux » , s’il est abordé en histoire des civilisations, a une place telle dans notre histoire nationale – la monarchie de Droit Divin, les guerres de religion, l’Inquisition et ses bûchers jusqu’aux privilèges du clergé avant la Révolution de 1789  etc.– que l’on ne peut dans une perspective laïque chèrement acquise, le survaloriser.
Si d’après vous,  « le spirituel, le sacré accompagnent de toute éternité l’aventure humaine. S’ils sont aux sources de toutes les civilisations », je pense que les dieux sont les fruits de l’imagination créatrice de mythes d’Homo sapiens, et que notre humanité aurait un bien plus bel avenir, si ces dieux n’empêchaient pas la fraternité… 

En vous remerciant de l’attention … je vous prie de croire, Monsieur le Président … »

Michèle Pacory-Poncet

 * en réponse à sa « lettre aux éducateurs » de septembre 2007
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  ♦   9 août 2012 /  Le service du courrier du Ministère de l’Éducation nationale n’a pas trouvé le cabinet de M. Peillon  et  son  «comité de pilotage de la  Refondation de l’École de la République».
Il a refusé mes lettres adressées à Mme  Mons
  sociologue et à M. Christian Forestier IGEN et me les a retournées copieusement chiffonnées comme sorties de la poubelle.
L’histoire ne  dit pas si le
 service  susdit a remis les lettres à Mme Colombani journaliste au magazine Elle  et à M. Bonneau président de la région Centre — ou si elles sont simplement passées à  la choucrouteuse… Je penche pour la deuxième solution

Voir la fine étude de Dominique PASQUIER : Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité Autrement février 2005  / Voir aussi l’excellent travail de Catherine ROBERT professeur de philosophie au lycée Le Corbusier d’Aubervilliers qui fait de la culture un vrai festin pour ses élèves…

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note du 8 juillet 2012

Pour encourager nos futur(e)s bachelier(ière)s

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… ou les conseils de Claude Lévi-Strauss pour réussir votre dissertation

Toutes celles et  tous ceux qui, dans leur bel âge, sont engagé(e)s dans  cette  précieuse initiation à la pensée philosophique  dispensée uniquement dans la classe terminale de l’enseignement secondaire, feront leur miel de ce que Claude Lévi-Strauss,  à l’esprit aussi aiguisé que le verbe, narra dans  la deuxième partie (Feuilles de route) de son livre Tristes tropiques  avec une belle franchise, une modestie déconcertante, une lucidité exemplaire, sur sa formation universitaire de professeur de philosophie… et sur ce qui s’ensuivit.

p. 52 « Je préparais l’agrégation de philosophie vers quoi m’avait poussé moins une vocation véritable que la répugnance éprouvée au contact des autres études dont j’avais tâté jusque- là. (…)
Là, j’ai commencé à apprendre que tout problème, grave ou futile, peut être liquidé par l’application d’une méthode, toujours identique, qui consiste à opposer deux vues traditionnelles de la question ; à introduire la première par les justifications du sens commun, puis à les détruire au moyen de la seconde ; enfin à les renvoyer dos à dos grâce à une troisième qui révèle le caractère également partiel des deux autres, ramenées par des artifices de vocabulaire aux aspects complémentaires d’une même réalité : forme et fond, contenant et contenu, être et paraître, continu et discontinu, essence et existence, etc. Ces exercices deviennent vite verbaux, fondés sur un art du calembour qui prend la place de la réflexion ; les assonances entre les termes, les homophonies et les ambiguïtés fournissant progressivement la matière de ces coups de théâtre spéculatifs à l’ingéniosité desquels se reconnaissent les bons travaux philosophiques.» (…)

comment aborder sereinement le concours d’agrégation… et le métier de professeur de philosophie

p.54 « D’habitude, le concours d’agrégation est considéré comme une épreuve inhumaine au terme de laquelle, pour peu qu’on le veuille, on gagne définitivement le repos. Pour moi, c’était le contraire. Reçu à mon premier concours, cadet de ma promotion, j’avais sans fatigue remporté ce rallye à travers les doctrines, les théories et les hypothèses. Mais c’est ensuite que mon supplice allait commencer [ après avoir passé au lycée de Mont-de-Marsan une année heureuse à élaborer mon cours en même temps que j’enseignais, je découvris avec horreur dès la rentrée suivante, à Laon où j’avais été nommé, que tout le reste de ma vie consisterait à le répéter. Or,  mon esprit présente cette particularité, qui est sans doute une infirmité, qu’il m’est difficile de le fixer deux fois sur le même objet.] (…)»

puis le métier d’ethnographe

p.55 « Aujourd’hui, je me demande parfois si l’ethnographie ne m’a pas appelé, sans que je m’en doute, en raison d’une affinité de structure entre les civilisations qu’elle étudie et celle de ma propre pensée. les aptitudes me manquent pour garder sagement en culture un domaine dont, année après année, je recueillerais les moissons : j’ai l’intelligence néolithique. Pareille aux feux de brousse indigènes, elle embrase des sols parfois inexplorés ; elle les féconde peut-être pour en tirer hâtivement quelques récoltes, et laisse derrière elle un territoire dévasté. »

             Loin des sophistes, des bavards et des arrogants, Claude Lévi-Strauss savait parler vrai, y compris sur lui-même.
Quel bel exemple pour encourager toutes les jeunes et fertiles intelligences !

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* Tristes tropiques (écrit en quatre mois en 1954) [VI.- Comment on devient ethnographe]   Plon 1955 réédition 2010 Terre Humaine / Poche (fondée et dirigée par Jean Malaurie)

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            Appendice poétique  …  pour  étude de style    

Au chapitre VII Le Coucher de soleil  (Feuilles de route), vous trouverez huit pages écrites en italique et en bateau   – ébauche d’un premier roman qu’il n’écrira pas – et dont voici un extrait p. 73 : «… le ciel passe du rose au vert, mais c’est parce que je n’ai pas pris garde que certains nuages sont devenus rouge vif, et font ainsi par contraste, paraître vert un ciel qui était bien rose, mais d’une nuance si pâle qu’elle ne peut plus lutter avec la valeur suraiguë de la nouvelle teinte que pourtant  je n’avais pas remarquée, le passage du doré au rouge s’accompagnant d’une surprise moindre que celui du rose au vert… »

Et vu par Charles Baudelaire   Le Coucher du soleil romantique  (Les Fleurs du mal Les Épaves 1866 nrf Poésie/Gallimard )

Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son bonjour !
– Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu’un rêve !

Je me souviens !… J’ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son œil comme un cœur qui palpite…
– Courons vers l’horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !

Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ;
L’irrésistible Nuit établit son empire,
Noire, humide, funeste et pleine de frissons ;

Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage,
Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage,
Des crapauds imprévus et de froids limaçons.

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Les Bobus des médias 2011-2012

     Note complétée le 30 mai 2012    

Palmarès des médias français bredouillant le Bobu

   Définition du BOBU par L’ingénue :
Langue française devenue jargon quotidien des Bobos des médias

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           ♦ Dans la catégorie  Presse / journaux quotidiens et magazines  – papier et sites

Le  premier prix est décerné

                    au journal Le Monde  / Le Monde.fr
« Déluge de crash » du 29 juillet 2011« le site de CHARLIE HEBDO a été hacké » du 2 novembre 2011

« … son côté girl next door» du 1er février 2012

Pour la typographie erronée de l’écran du monde.fr, rubrique Votre avis :  suppression  de l’apostrophe  – du œ (c  ur) etc.

♦♦♦

Mention spéciale

pour le clin d’œil à M. Strauss- Kahn des lecteurs  du monde.fr le 11 novembre 2011 :

« L’article qu’ils ont le plus « aimé » sur facebook était  : « La taxe sur les nuitées en hôtel de luxe supprimée. » 


Le  second prix ex-æquo est décerné

au journal  Le Figaro.fr 

Pour «  l’opening partie LV »  –  « les people sont-ils fashion compatibles ?  Yvan A  et Charlotte G – pas facile quand on est deux people unis  » et  «  kitchen week » «  mass mode par Karl L » et « un dressing noir et blanc » « la robe ultra glam »  du 27 septembre 2011

 au journal Libération.fr 

Pour libéfood (beurk) et «  la prochaine slutwalk  française (sic) n’a pas de dresscode » du 27 septembre 2011

                

          ♦ Dans la catégorie  Radio/ service public / émissions et sites

Le  premier prix  ex-æquo est décerné

♦  à Radio France :  France Culture / France Culture.fr/ France Inter

♦  Pour l’impossibilité de neutralité politique qui est respect de l’auditeur : on notera la prégnance de l’opinion à 90% PS des journalistes et des  présentateurs ; avec pour effet secondaire et navrant, la saturation pendant six mois en 2011 des ondes du service public, par  l’affaire américaine des tribulations sexuelles de M. Strauss-Kahn – le  candidat favori des Primaires PS.

   ♦  Pour  le laxisme « tankiste -de think tank », ravageur pour la langue française, des producteurs de France Culture.
De quelle culture s’agit-il quand ils nous abreuvent « de main stream, de work in progress, de coach et de coaching, de gore, de design, de designer et de designer’s day, de think tank, de relooking, de casting, de crash, de fight club, de pitch, de performer, de podcast et de podcaster,  de timing, de show room, de trash, de people, de live, de buzz, de tweet, de chat, de talk show » …etc.   jusqu’à la nausée ?

    ♦ Pour France Inter avec «Zi artist a buzzé» et « slice les poireaux» etc.

                                          Me
ntion spéciale

 Pour le rédacteur de « Au fil des ondes » du 17.01.2012, sur le site,  qui se félicite du « record historique d’audience pour France Culture : 1,9%  d’audience cumulée selon Catch up (sic)  Médiamétrie » et ajoute élégamment :
« France Culture c’est la radio durable…  avec des podcasts de plus en plus téléchargés » 
                   
 
          ♦ Dans la catégorie  Télévision / avec nos redevances / émissions et sites ♦
     ♦ Pour le mot live figé sur l’écran de  chaque  spectacle en direct,   pour le très médiocre ARTE webSlam 2008-2010, et pour l’écran d’accueil du site surabondant en expressions bobues.
La  rédaction de la chaîne franco-allemande  titillée par le  « politiquement correct façon bobo-tendance Californie» s’oblige à distordre  et/ou à supprimer le français.
Si Arte affiche dans son rapport d’activité 2011 : « La créativité pour mot d’ordre », on constate que cela n’est pas dans le domaine de la communication avec le public français qui paie la redevance, ni dans la promotion de la francophonie.
Aucune créativité donc  pour Arte on-screen et Arte off-screen  :   les mots de son internet  sont formatés banalement en webisodes/ webséries/  webfictions/ webdocus / webslam / chats etc.

 ⇒         Ainsi, comme c’est déjà visible et audible dans tous les autres médias,  on voit disparaître la finesse  d’esprit, l’élégance et  la richesse d’un patrimoine linguistique qui a inventé pendant des siècles avec la pensée des humanistes, la philosophie des Lumières et la volonté d’un peuple,  la liberté de conscience et la libération de l’obscurantisme religieux.

Le  second prix ex-æquo  est décerné

à  France Télévisions  et à  France 5

♦ Pour le nom du site qui serait dédié à la culture (?) : culturebox et son inévitable rubrique live – où l’on trouve encore des reliquats de live de 2009 (Ce soir ou jamais de  M. Taddeï… avec Orelsan qu’il présente comme « la coqueluche du rap français»(sic ) … Inutile d’y chercher Juliette –  un extrait de Tartuffe ou  une sonate de violoncelle  !
   ♦ Pour l’utilisation des mots newsletters / e-mail  / prime /   débrief / et   chat
et pour les titres  phonétiques des émissions  C à vous avec  le live  / C à dire / C dans l’air / C l’info avec la bio express  / C politique  /   Comment ca (sic) va bien. 

                                   ♦♦♦

Mention spéciale

♦ Pour le présentateur  David Pujadas du journal de France 2 le 10.01.2012 : « A l’époque des  SMS, à quoi sert l’Académie française ?» 

♦ Pour la présentatrice Alessandra Sublet de C à vous (France 5) qui, de temps en temps, fait parler ses invités la bouche pleine, sans  jamais leur poser les bonnes questions, et annonce   le  « laïve »  de  Juliette qui,  pour notre plus grand plaisir, est bien présente et vive pour chanter les bobos (de France Télévisions et les autres)  réclamant « un cocktail  Picon oignon goudron … mais bio »  le 2 janvier 2012 !

Rubrique télévisions commerciales
♦ Pour  la présentatrice Laurence Ferrari du journal   de TF1 qui,   sur le plateau ( où les invités comme les journalistes sont toujours surexcités comme des puces) de canal +  le 21 décembre 2011, vante « la coulitude   /coolitude » séduisante  du président Obama.
Comme les Bobus s’adorent entre eux, on lit sur libération.fr du 29 mai 2012 que « cette petite punk de Ferrari » quittant TF1  ira rejoindre Direct 8 ( racheté par canal +) pour un « talk show » dans lequel elle brillera autant que sa collègue de France 5.

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Le  premier prix  est décerné 

                            à  Arte

Pour  « de l’importance du storytelling … une étude en partie crowdsourcée »  du 25 mars 2011

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Le mauvais goût du « ARTE WebSlam »

           

Cela serait dommage de finir 2011 sur le mauvais goût du « ARTE  WebSlam » 😉

Heureusement, après  « ARTE  WebSlam » nous attend le régal de la poésie, comme après le « rap * » il nous reste quelques belles chansons à écouter, et après les graffitis,  il nous reste encore des œuvres d’art à admirer.
Slam, rap et graffitis** qui nous viennent d’Outre Atlantique ont été récupérés côté français par les  médias commerciaux qui en tirent d’énormes profits , mais ce drôle de paquet cadeau n’offre guère  la culture de  l’intelligence et de la sensibilité , « le supplément d’âme ».

Par un hasard curieux, en ce jour de Saint Sylvestre, j’ai  donc découvert sur Arte.tv  le texte d’un gagnant***  du « ARTE   WebSlam » 2008-2010,  qui s’intitulait Le prince charmant. 
              Par ma barbe ! disent l’ingénue et le poireau,  mais quel était alors le niveau des textes des perdants  ?   😉

Les fautes d’orthographe, de grammaire, les erreurs de syntaxe le disputent aux expressions grosssières … bref, ce prince charmant n’a guère de charme. Il faut dire aussi qu’il recherche une « meuf  pour la sortir de je ne sais pas quel merde (sic) dans laquelle elle s’est mise (resic)» … et trouve quelques rimes fameuses  :   avant  charmant / main –  nain /  gentleman – âne /   dulcinée – recalé /  clubbing – parking /  discothèque –  baskets / etc.

Pour faire passer ce  mauvais goût du «ARTE WebSlam »,  j’ai trouvé  par un autre hasard curieux  les mots du plaisir, de l’ivresse, de la jeunesse et de l’amour, dans une poésie toute simple   … Mais un doute me taraude : le jury  2008-2010 du « ARTE   WebSlam » aurait-il retenu ce candidat 😉 ?

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 Il s’agit de  … Victor Hugo,  Volume de vers. La Poésie de la rue  ( Reliquat des Chansons des rues et des bois)

            LES TUILERIES
 Chanson des deux barbares 

Nous sommes deux drôles,
Aux larges épaules,
Deux joyeux bandits,
Sachant rire et battre,
Mangeant comme quatre,
Buvant comme dix.

Quand, vidant les litres,
Nous cognons aux vitres
De l’estaminet,
Le bourgeois difforme
Tremble en uniforme
Sous son gros bonnet.

Nous vivons. En somme,
On est honnête homme,
On n’est pas mouchard.
On va le dimanche
Avec Lise ou Blanche
Dîner chez Richard.

On les mène à Pâques,
Barrière Saint-Jacques,
Souper au Chat Vert,
On dévore, on aime,
On boit, on a même
Un plat de dessert !


La vie est diverse.
Nous bravons l’averse
Qui mouille nos peaux ;
Toujours en ribotes,
Ayant peu de bottes
Et point de chapeaux.

Nous avons l’ivresse,
L’amour, la jeunesse,
L’éclair dans les yeux,
Des poings effroyables ;
Nous sommes des diables,
Nous sommes des dieux !

Nos deux seigneuries
Vont aux Tuileries
Flâner volontiers,
Et dire des choses
Aux servantes roses
Sous les marronniers.

Sous les ombres vertes
Des rampes désertes
Nous errons le soir,
L’eau fuit, les toits fument,
Les lustres s’allument
Dans le château noir.

Notre âme recueille
Ce que dit la feuille
A la fin du jour,
L’air que chante un gnome,
Et, place Vendôme,
Le bruit du tambour.

Les blanches statues
Assez peu vêtues
Découvrent leur sein,
Et nous font des signes
Dont rêvent les cygnes
Sur le grand bassin.

……
La terrasse est brune.
Pendant que la lune
L’emplit de clarté,
D’ombre et de mensonges,
Nous faisons des songes
Pour la liberté.
                                             19 avril 1847
_____________________                      

* cf. la note  Larsen, une pensée trop « haschée », trop « rappée »

** cf. Sur les murs  l’ignorance
 ***  Laurent Étienne

Victor Hugo et Garibaldi – Mars -Avril 1871

Note publiée le 23 mars 2011 pour le 140 ème anniversaire de la Commune


   Bordeaux ASSEMBLÉE  NATIONALE – séance du 1er mars 1871

Présidence de M. Jules Grévy.
M. Le Président. La parole est à M. Victor Hugo (1).

 M. Victor Hugo.  « L’empire a commis deux parricides, le meurtre de la République en 1851, le meurtre de la France en 1871. Pendant dix-neuf ans, nous avons subi – pas en silence – l’éloge officiel et public de l’affreux régime tombé ; mais, au milieu des douleurs de cette discussion poignante, une stupeur nous était réservée, c’était d’entendre ici, dans cette assemblée, bégayer la défense de l’empire, devant le corps agonisant de la France assassinée. (…)

Messieurs, Paris en ce moment est sous le canon prussien ; rien n’est terminé et Paris attend ; et nous, ses représentants, qui avons pendant cinq mois vécu de la même vie que lui, nous avons le devoir de vous apporter sa pensée.

Depuis cinq mois, Paris combattant fait l’étonnement du monde ; Paris en cinq mois de République, a conquis plus d’honneur qu’il n’en avait perdu en dix-neuf ans d’empire.

Ces cinq mois de République ont été cinq mois d’héroïsme. Paris a fait face à toute l’Allemagne ; une ville a tenu en échec une invasion ; dix peuples coalisés, ce flot des hommes du nord qui, plusieurs fois déjà, a submergé la civilisation, Paris a combattu cela. Trois cent mille pères de familles se sont improvisés soldats. Ce grand peuple parisien a créé des bataillons, fondu des canons, élevé des barricades, creusé des mines, multiplié ses forteresses, gardé son rempart : et il a eu faim, et il a eu froid ; en même temps que tous les courages, il a eu toutes les souffrances. Les énumérer n’est pas inutile, l’histoire écoute.

Plus de bois, plus de charbon, plus de gaz, plus de feu, plus de pain ! Un hiver horrible, la Seine charriant quinze degrés de glace, la famine, le typhus, les épidémies, la dévastation, la mitraille, le bombardement. Paris, à l’heure qu’il est, est cloué sur sa croix et saigne aux quatre membres….»

 

           BordeauxASSEMBLÉE  NATIONALE – séance du 8 mars 1871 (1)

M. Le Président.   M. Victor Hugo a la parole.

M. Victor Hugo. « Je ne dirai qu’un mot.  La France vient de traverser une épreuve terrible, d’où elle est sortie sanglante et vaincue. On peut être vaincu et rester grand ; la France le prouve. (…)

De toutes les puissances européennes, aucune ne s’est levée pour défendre cette France qui, tant de fois, avait pris en main la cause de l’Europe… pas un roi, pas un état, personne ! un seul homme excepté (2).

Ah ! les puissances, comme on dit, n’intervenaient pas ; eh bien, un homme est intervenu, et cet homme est une puissance. Cet homme, messieurs, qu’avait-il ? son épée, et cette épée avait déjà délivré un peuple… et cette épée pouvait en sauver  un autre. Il l’a pensé ; il est venu, il a combattu. (…)

Je ne veux blesser personne dans cette assemblée, mais je dirai qu’il est le seul des généraux qui ont lutté pour la France, le seul qui n’ait pas été vaincu.» ~~~~M. le vicomte de Lorgeril,  M. de Jouvenel, M. le général Ducrot, M. Richier l’interrompent,
et encore M. de Lorgeril :
« L’Assemblée refuse la parole à M. Victor Hugo, parce qu’il ne parle pas français. » ~~~~(?)~~~~~~

M. Victor Hugo. « Je vais vous satisfaire, messieurs et aller plus loin que vous. Il y a trois semaines, vous avez refusé d’entendre Garibaldi. ~~~ une voix. il avait donné sa démission !  Aujourd’hui, vous refusez de m’entendre. Cela me suffit. Je donne ma démission. »

 

          Caprera – 11 avril 1871

« Mon cher Victor Hugo, 

J’aurais dû plus tôt vous donner un signe de gratitude pour l’honneur immense dont vous m’avez décoré à l’Assemblée de Bordeaux.
Sans manifestation écrite, nos âmes se sont cependant bien entendues, la vôtre par le bienfait, et la mienne par l’amitié et la reconnaissance que je vous consacre depuis longtemps.
Le brevet que vous m’avez signé à Bordeaux suffit à toute une existence dévouée à la cause sainte de l’humanité, dont vous êtes le premier apôtre.
Je suis pour la vie,
Votre dévoué
 GARIBALDI. »

____________________                        

1 Élections à l’Assemblée Nationale – Scrutin du 8 février 1871. SEINE.
Victor Hugo est élu avec 214 169 suffrages ; il est deuxième après Louis Blanc /216 471 et juste avant Garibaldi / 200 065.
2  Garibaldi

33          Sur le manuscrit du 8 mars 1871, Victor Hugo, sous le titre : LA  LUTTE  ( autre titre  A. G[Garibaldi ], reprend cette séance parlementaire :

LA  LUTTE

« Hélas ! c’est l’ignorance en colère. Il faut plaindre
Ceux que le grand rayon du vrai ne peut atteindre.
D’ailleurs, qu’importe, ami ! L’honneur est avec nous.
Oui, plains ces insulteurs acceptant à genoux
L’horrible paix qui prend la France en sa tenaille.
Que leur ingratitude imbécile s’en aille
Devant l’histoire, avec ton dédain et le mien.
(…) Leur œil myope a peur de l’aube. Ils sont ainsi.
Est-ce leur faute ? Non. A Naples, à Rome, ici,
Toujours, partout, il est tout simple que des êtres
Te jalousent soldats et te maudissent prêtres,
Etant, les uns vaincus, les autres démasqués.
Les glaçons que j’ai vus cet hiver, de nos quais,
Pêle-mêle passer, nous jetant un froid sombre,
Mais fuyant et fondant rapidement dans l’ombre,
N’étaient pas plus haineux et n’étaient pas plus vains.
Toi qui jadis, pareil aux combattants divins,
Venais seul, sans armée, et délivrais des villes,
Laisse hurler sur toi le flot des clameurs viles.
Qu’est-ce que cela fait ? Viens, donnons-nous la main.
Et moi le vieux français, toi l’antique romain,
Sortons. C’est un lieu triste où l’on est mal à l’aise.
Et regagnons chacun notre haute falaise
Où si l’on est hué, du moins c’est par la mer ;
Allons chercher l’insulte auguste de l’éclair,
La fureur jamais basse et la grande amertume,
Le vrai gouffre, et quittons la bave pour l’écume.»

             ANNEXE  

« Ce groupe dans son coin fait rage. On parle, il hue ;
Ils seraient le chaos s’ils n’étaient la cohue.
C’est l’injure, le bruit, l’ignorance ; un ramas
Des pires passions dans les moindres formats ;
C’est un abîme et c’est petit. Toute la haine
Possible à ceux en qui l’absurde se déchaîne,
Est là, montrant le poing, grinçant, injuriant ;
Des hiboux qu’on voudrait tourner vers l’orient
Ne pousseraient pas plus de cris ; au nom de l’ordre,
Cela patoise, braille et glapit, et veut mordre.
Que nous importe ami ? L’honneur est avec nous.
Honte à ces insulteurs adorant à genoux
L’infâme paix qui prend la France en sa tenaille ! »

                         L’ANNÉE  TERRIBLE . MARS 1871


__   Tome XV -XVI/1 V. HUGO  Œuvres complètes sous la direction de J. Massin