Et M. Darcos créa le chaos pédagogique

13 février 2009
             
Soit un pays, la France, dont les écoliers ont les plus longues vacances en Europe (quatre mois), mais aussi les journées les plus longues (six heures), et soit un ministre de l’Education nationale, X. Darcos, qui trouve une note d’alerte* sur son bureau, en ce mois de mars 2008 ; une note qui l’informe d’une forte baisse des performances en lecture, grammaire, orthographe et mathématiques des élèves de CM2, depuis 1987. 

Que croyez-vous que fit ce ministre ? 

Il boucla tranquillement le dossier de la suppression du samedi matin, et attendit qu’à la rentrée de septembre 2008, les équipes pédagogiques organisent dans la précipitation, leur nouvel emploi du temps hebdomadaire : avec les deux heures de soutien, cela faisait des journées de six heures et demi.Sachant que le congé du samedi satisfaisait les parents et enseignants divorcés qui alternent chaque semaine la garde des enfants, et  sachant qu’il enchantait  ceux qui ont les moyens d’une résidence secondaire, il restait l’option du mercredi matin qui depuis les années 1990 déplaisait aux évêques [auxquels l’école publique laïque n’a cependant pas de permission à demander].

Le piège des quatre jours se refermait car le mercredi  n’était plus, depuis quelques décennies, un jour d’école en France.
Le chaos pédagogique était créé : le soutien était intégré dans les journées déjà trop longues …
et les enfants auraient désormais quatre jours par semaine et quatre mois de vacances, pour oublier le goût du travail et  de la lecture et veiller tous les soirs, devant une télévision et des jeux vidéo abrutissants.

C’est pourquoi on ne peut que saluer, féliciter, encourager les enseignants des 1100  écoles **( 4,11%) qui ont tenu bon, qui ont eu le soutien des parents et des élus municipaux, et qui ont profité du mercredi matin pour raccourcir le temps journalier. Eux seuls auront trouvé la bonne solution au chaos pédagogique du ministre. Et je conseillerais fort aux « désobéisseurs pédagogiques » donneurs de leçons (sic), de prendre courageusement la même liberté, pour revoir l’organisation de leurs emplois du temps.

Cela, pour que nos jeunes élèves puissent encore avoir du temps pour apprendre, et que dans dix ans, ils puissent encore lire et comprendre nos classiques, s’exprimer avec aisance en français  à l’oral comme à l’écrit, trouver les solutions des problèmes mathématiques etc.

Pourquoi ne pourraient-ils pas réussir  aussi bien, voire mieux que leurs parents au siècle dernier ?
♦ Il leur faut beaucoup  plus de temps d’école pour réussir leurs apprentissages, tant leur intelligence, leur curiosité et leur attention ont besoin d’être toujours plus sollicitées.

                 Quand l’école sortira-t-elle du chaos pédagogique ?    

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* cf. Une nouvelle enquête atteste de la baisse de niveau des élèves en fin de CM2 Luc Cédelle Le Monde 28.03.08
         lire la note d’information de la DEPP  08.38 publiée en décembre 2008 (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance) ; la lire mieux que M. Darcos qui a feint de ne pas comprendre la gravité de l’illettrisme qui s’installe, pour jouer la seule carte de la démagogie.

** ainsi l’école élémentaire Voltaire à Arras (Pas-de-Calais) citée dans l’article Les écoles ont casé l’aide aux élèves en difficulté dans la semaine de 4 jours de Catherine Rollot Le Monde 25.10.08

Un chat n’est plus un chat

On connaît tous le jeu de Chat. Moi par exemple, je me souviens de sa variante Chat perché qui me valut deux mois de vacances à Bretonneau au CE1, ainsi que de sa variante Chat ferré et des glissades sur les grilles mouillées des platanes ou des marronniers.
Enfin, /soupir/comme j’ai dû grandir, j’ai fini par savoir que l’on pouvait appeler un chat, un chat, ce qui n’a pas manqué d’affermir mon jugement…

…Sauf que désormais un chat n’est plus un chat en jargon informatique. Certes, ce jeu de chat se joue toujours à plusieurs, mais on ne se court plus après en riant, on se sert d’une souris – la souris étant, cependant, ce qui fait toujours courir le chat, même anglais 😉

Ainsi, plutôt que de vous tenir ces propos débonnaires, j’aurais pu participer au Chat événement de la Société Nationale des Chemins de fer Français,  ce mercredi 21 janvier 2009 entre 17h et 18h.

Pour ce nouveau Chat ferré, la SNCF pouvait  » créer l’événement « ,  en utilisant le mot français ♥ pour dire le chat anglais ; et comme il est écrit :   » Venez dialoguer en direct avec … » son Président,  ce dernier pouvait  alors nous inviter à un Dialogue événement. Dialoguer vaut toujours mieux que jouer au chat et à la souris !

 

NB        ♥   le mot français   

Les publicitaires qui jouent beaucoup au chat et à la souris avec nous et notre argent raffolent du chat anglais. Dans leur jargon, ils le conjuguent soit à l’impératif :  » Chat(t)ez !  »  soit  à l’indicatif présent :  » Je tchate avec mes amis dans la rue  » D’où la morale de leur fable : «  Vous (t)chat(t)iez, j’en suis fort aise, et bien payez maintenant ! Cependant le chat anglais peut améliorer notre diction de la même façon que les chaussettes de l’archiduchesse. Répétez dix fois «  tchateras -tu dans le tchat du Kamtchatka ?  »    …

Le chat modéré  (le monde.fr 5.03.09 ) permet aussi de dialoguer  sur la consommation immodérée d’alcool chez certains jeunes   ;  d’où la devise du chat modéré :  » du lait, encore du lait, toujours du lait. « 

        10.03.09 On peut lire sur le monde.fr  l’annonce de  Tous les prochains chats de mars, que l’on distinguera facilement des lièvres et des violettes de … mars.
Le chat en cour(s)  sur la suppression du juge d’instruction avec   » Philippe Léger, président du comité de réflexion sur la justice pénale [qui] estime que  » le juge d’instruction apparaît comme un personnage ambigu« .
Déjà Jean de La Fontaine dans sa fable Le chat, la belette et le petit lapin l’avait dit de Raminagrobis … » Un chat faisant la chattemite,/ Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, / Arbitre expert sur tous les cas. / Jean Lapin pour juge l’agrée./ Les voilà tous deux arrivés devant Sa Majesté fourrée (…) ».

         30.03.09  Le Monde.fr présente grossièrement le chat : Adjani sans son flingue  suite au succès du film de J-P Lilienfeld  » La Journée de la Jupe  » sur Arte.
1.04.09  non moins grossièrement, lemonde.fr ne le donne pas à lire ,  tout en laissant le carré pour la première réaction. MécontentNe donnant pas ma langue au chat, j’ai répondu :  » C’est la mère Lemonde qui a perdu   le chat  d’Isabelle !  Heureusement, on l’a retrouvé sur Télétchat ! Non pardon, sur Télérama  ! – sur telerama.fr un chat est un tchat« … le chat n’est pas perdu / sur l’air du tra la la ….!  »  ma réponse a bien pris à rebrousse-poil la moustache  de la mère Lemonde qui l’a  jetée  ! Mécontent  6.04.09 Est-ce le père Lustulu ? mais une mise à jour courtoise est apparue avec le début du chat : Isabelle Adjani :  » Je ne me rends pas compte du temps qui passe « 

        Une (petite) lueur cependant sur le monde.fr         on ne dit pas l’intégralité du chat  mais l’intégralité du débat ! Serait-ce suite à une intervention d’une célèbre amie des bêtes et de sa fondation ?

Sur libération.fr, le chat s’écrit aussi le tchat. Et le prochain tchat du 6.03.09 a pour sujet : « Les côtes de bettes » d’où la recette préférée du tchat :  » les bettes à la betchatmel  » 🙂
… et l’hiver prochain y aura-t-il un tchat sur le rhume Atchatchoum… à vos souhaits !

1er juin 2009            On a vu le chat  * de Marcel Rufo, pédopsychiatre          

Ou comment, selon le chat de Marcel Ruffo, le chat n’étant pas supérieur au bébé ;-) on peut bien dormir avec  son bébé comme avec son chat.  Si le chat et le bébé deviennent  » collants , anxieux « , c’est justement parce qu’ils en avaient besoin !

* vidéo  Le mieux c’est d’en parler     sur france 3.fr

NB     Selon un rituel anglais de baptême au XIV ème siècle *  
le célébrant disait : (…)  »  que cet enfant (…) ne dorme pas près de son père et sa mère jusqu’à ce qu’il puisse dire  » Ecartez-vous  » [ prescription visant à empêcher les morts d’enfants par étouffement accidentel ou volontaire] … »

…….  le rituel ignore le chat, créature par trop diabolique
;-) ..…….…… * La vie quotidienne pendant la guerre de cent ans. France et Angleterre Philippe Contamine  Hachette

 

     à suivre….           

Une tarte à la crème

          … à mettre dans le corbillon du réveillon             

 Avec cet extrait du dialogue entre Arnolphe/  (rôle tenu par Molière -l’auteur- et son ami Chrysalde (Acte I Scène 1) dans L’Ecole des femmes -1662

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 (v. 73) Arnolphe
 Mon Dieu, notre ami, ne vous tourmentez point ;
Bien huppé qui pourra m’attraper sur ce point.
Je sais les tours rusés et les subtiles trames
Dont pour nous en planter* savent user les femmes,
Et comme on est dupé par leurs dextérités ;
Contre cet accident j’ai pris mes sûretés ;
Et celle que j’épouse a toute l’innocence
Qui peut sauver mon front de maligne influence.

Chrysalde
Et que prétendez-vous qu’une sotte, en un mot…

Arnolphe
Epouser une sotte est pour n’être point sot.
(…)   Moi, j’irais me charger d’une spirituelle
Qui ne parlerait rien que cercle et que ruelle,
Qui de prose et de vers ferait de doux écrits,
Et que visiteraient marquis et beaux esprits,
Tandis que sous le nom du mari de Madame,
Je serais comme un saint que pas un ne réclame ?
Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut,
Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut.
Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime,
Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ;
Et s’il faut qu’avec elle on joue au corbillon
Et qu’on vienne à lui dire à son tour :  » Qu’y met-on ?  »
Je veux qu’elle réponde :  » Une tarte à la crème  » ;
En un mot, qu’elle soit d’une ignorance extrême ;
Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler,
De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.

Chrysalde
Une femme stupide est donc votre marotte ?

Arnolphe
Tant, que j’aimerais mieux une laide bien sotte
Qu’une femme fort belle avec beaucoup d’esprit.
………………………………………………………………..

……….fin de la scène 1 : Chrysalde s’en allant
Ma foi, je le tiens fou de toutes les manières. 

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 * des cornes 

                                                                                                     

                                          

 

La langue française est le génie du peuple

10 octobre 2008

  « Le premier instrument du génie d’un peuple, c’est sa langue. »  Stendhal

Autour du film « Entre les murs « -Palme d’or 2008 à Cannes  » d’après le livre de François Bégaudeau.

Le père de François Bégaudeau, fils d’ouvrier, était devenu professeur ; mais c’était il y a longtemps, au vieux temps où l’on faisait de la grammaire à l’école primaire, et pas encore de  » l’observation réfléchie de la langue  » chère à MM Lang et Ferry, (L’O.R.L. en jargon d’IUFM).

C’était la vieille école laïque, grâce à laquelle on avait  » le droit  » *     d’entendre parler à l’école le français  » académique «  et le  » devoir  » *     de le parler, 5 jours sur sept, même si on ne l’entendait ni ne le parlait  à la maison.

Maintenant,  observe l’écrivain (et ancien professeur) F. Bégaudeau le jeune  :  » on parle oral (sic) « ! Et pour la promotion d’  » Entre les murs « -Palme d’or 2008 à Cannes « ,  film de Laurent Cantet adapté de son roman éponyme, il a déclaré avec délicatesse :   » C’est plutôt un film à destination des vieux ». Ceux qui ont parlé français à l’école ? 

 

          Comment un esprit si fin ne peut-il faire la différence, entre le parler familier ponctué d’argot, d’interjections drôles et/ou (souvent) grossières etc. que nous pratiquons tous,
– et le français langue universelle ayant déjà exprimé depuis quelques siècles, quelques belles et bonnes idées…et qui est celui à partager généreusement avec les collégiens et les lycéens
   


Pour parler vrai, entre les  murs de l’école et du collège,  il y a un trésor que tous les jeunes doivent découvrir et posséder :  le français  » académique  » parlé et écrit. Ce sera le plus puissant et le plus génial tremplin de leurs réussites futures.

 

La parole est d’or, quand elle éveille l’intelligence et qu’elle respecte l’autre.                                          

                                                                                              

 

L’articulite

  *      Note augmentée le 3 août 2010
  
              
En commentaire à l’article de Patrick Jarreau* sur le Monde.fr,

Daniel M. écrivait :  » Que Mme Dati démissionne, ou ne soit pas reconduite dans des fonctions ministérielles lors d’un futur remaniement, sincèrement, on s’en tape. S’il vous plait, Mesdames et Messieurs du Monde, arrêtez dans vos articles de dire « Mme la Ministre ». Mme le Ministre est l’expression exacte. Que plus personne dans mon journal préféré n’écrive : « Mme la proviseure », Mme l »écrivaine », Mme « la députée ». J’en passe et des meilleures. Et vous vous étonnez que Le Monde perde des lecteurs, et soit en déficit?

  Après avoir naïvement réagi à l’article :  » Le comble de la bêtise et de l’injustice serait qu’un homme borné, pris en flagrant délit de répudiation pour cause de non conformité de son épouse à un dogme religieux, soit le prétexte pour Mme Guigou et les siens de réclamer la démission de la ministre de la Justice !  »
…………………………je n’ai pas su résister au plaisir de répondre à Daniel M. :

               » … Cher Daniel M. Il semble que vous souffriez de l’articulite ; c’est une irritation douloureuse de l’humeur, causée par l’emploi de l’article défini féminin singulier la, et de l’article indéfini féminin singulier une. Cela fait très mal au début ; mais lorsque l’on sait que notre belle langue française accorde le genre féminin à la table et à la chaise**, l’on se calme grammaticalement et l’on met l’article la devant le mot ministre… quand c’est réellement une femme ! « 

 Comme ce sujet est intéressant à débattre, j’avoue que je préfèrerais pour l’élégance, conserver la forme primitive du mot masculin quand il existe déja un nom au féminin avec la même terminaison – exemples   la mainune écrivain. De même comme on dit et écrit , la fleur – une soeur, pourquoi ne pas dire et écrire, la professeur –  une procureur – la proviseur – une docteur ?

Mais les puristes ajoutent la terminaison e (tellement féminine que je ne citerai pas ici tous les noms masculins qui se terminent par e ) qui m’apparaît comme superfétatoire, mais peut fort bien se justifier… puisque c’est en effet la marque grammaticale du féminin, ainsi écrit-on un employé – une employée, pourquoi alors se priver d’une députée pour un député ? 😉

 Sans féminisme sauvage et caricatural,  il s’agit là de professions et de fonctions nouvellement assurées par des femmes, d’où le malaise linguistique de Daniel M. La parité peu à peu cisèle et polit notre langage. Elle lui donnera le bel éclat de l’égalité.

                  

                                            

* Rachida Dati a failli devenir ministre 6.6.2008

** Et comme l’a remarqué finement Jacques Prévert  dans  Spectacle :    » Pourquoi dites-vous la virilité ?  »
 
NB  Il y a aussi le mot putain, juron favori des Français, qui désigne sans aucun doute une entité féminine. Qui  pour faire encore plus féminin proposera  une  putaine   ? 
 On pourra interroger l’Académie française et Mme Carrère d’Encausse qui revendique le titre masculin attaché à sa fonction de  » secrétaire perpétuel  » Mécontent  sur le fait que notre belle langue française accorde plus facilement le genre féminin au mot putain qu’au mot écrivain ;  elle qui, dans un entretien radiophonique ajoutait volontiers au dictionnaire le mot  » meuf  » ,  femme en argot vache et mufle des truands …   

  *   

Lu dans Le Monde du 3 août 2010 p.6 (AFP.) :

 » Le président pakistanais [Asif Ali Zardari] veuf de l’ancien premier ministre Benazir Bhutto, assassinée en décembre 2007…  »
 
Pour le ou la journaliste de l’AFP,  écrire  » l’ancienne première ministre  » eût été un crime de lèse- grammaticalité politique, alors que Benazir Buttho a bien le droit d’ être assassinée au féminin..  

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