Soit un pays, la France, dont les écoliers ont les plus longues vacances en Europe (quatre mois), mais aussi les journées les plus longues (six heures), et soit un ministre de l’Education nationale, X. Darcos, qui trouve une note d’alerte* sur son bureau, en ce mois de mars 2008 ; une note qui l’informe d’une forte baisse des performances en lecture, grammaire, orthographe et mathématiques des élèves de CM2, depuis 1987.
Que croyez-vous que fit ce ministre ?
Il boucla tranquillement le dossier de la suppression du samedi matin, et attendit qu’à la rentrée de septembre 2008, les équipes pédagogiques organisent dans la précipitation, leur nouvel emploi du temps hebdomadaire : avec les deux heures de soutien, cela faisait des journées de six heures et demi.Sachant que le congé du samedi satisfaisait les parents et enseignants divorcés qui alternent chaque semaine la garde des enfants, et sachant qu’il enchantait ceux qui ont les moyens d’une résidence secondaire, il restait l’option du mercredi matin qui depuis les années 1990 déplaisait aux évêques [auxquels l’école publique laïque n’a cependant pas de permission à demander].
Le piège des quatre jours se refermait car le mercredi n’était plus, depuis quelques décennies, un jour d’école en France.
Le chaos pédagogique était créé : le soutien était intégré dans les journées déjà trop longues …
… et les enfants auraient désormais quatre jours par semaine et quatre mois de vacances, pour oublier le goût du travail et de la lecture et veiller tous les soirs, devant une télévision et des jeux vidéo abrutissants.
C’est pourquoi on ne peut que saluer, féliciter, encourager les enseignants des 1100 écoles **( 4,11%) qui ont tenu bon, qui ont eu le soutien des parents et des élus municipaux, et qui ont profité du mercredi matin pour raccourcir le temps journalier. Eux seuls auront trouvé la bonne solution au chaos pédagogique du ministre. Et je conseillerais fort aux « désobéisseurs pédagogiques » donneurs de leçons (sic), de prendre courageusement la même liberté, pour revoir l’organisation de leurs emplois du temps.
Cela, pour que nos jeunes élèves puissent encore avoir du temps pour apprendre, et que dans dix ans, ils puissent encore lire et comprendre nos classiques, s’exprimer avec aisance en français à l’oral comme à l’écrit, trouver les solutions des problèmes mathématiques etc.
Pourquoi ne pourraient-ils pas réussir aussi bien, voire mieux que leurs parents au siècle dernier ?
♦ Il leur faut beaucoup plus de temps d’école pour réussir leurs apprentissages, tant leur intelligence, leur curiosité et leur attention ont besoin d’être toujours plus sollicitées.
Quand l’école sortira-t-elle du chaos pédagogique ?
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* cf. Une nouvelle enquête atteste de la baisse de niveau des élèves en fin de CM2 Luc Cédelle Le Monde 28.03.08
♦ lire la note d’information de la DEPP 08.38 publiée en décembre 2008 (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance) ; la lire mieux que M. Darcos qui a feint de ne pas comprendre la gravité de l’illettrisme qui s’installe, pour jouer la seule carte de la démagogie.
** ainsi l’école élémentaire Voltaire à Arras (Pas-de-Calais) citée dans l’article Les écoles ont casé l’aide aux élèves en difficulté dans la semaine de 4 jours de Catherine Rollot Le Monde 25.10.08