Les  » tankistes  » bobus de France Culture

   note modifiée le 25.01.11     

Comme d’autres auditeurs, j’ai dû entendre Brice Couturier* prononcer au moins une trentaine** de fois l’expression « think tank », en quarante minutes ! Un record !

Si l’expression se justifie pour présenter un club anglo-américain, je l’accepte volontiers ; mais en français, nous avons l’équivalent avec  « groupe de réflexion ».

J’ai déjà relevé, dans ce bloc-notes, le laxisme  « tankiste » tellement« bobu » et  ravageur pour la langue française, des producteurs de France Culture (« l’intelligentsia »(?). Ils nous abreuvent  de « main stream, de work in progress, de coaching, de gore, de design, de designer et de designer’s day, de relooking, de crash, de fight club, de performer, de podcast, de casting, de timing, de show room, de trash, de people, de live, de buzz, de tweet, de chat, de talk » …etc. etc.   jusqu’à la nausée…

           On remarquera que la «  culture »   véhiculée par ces envies d’Outre- Atlantique n’est bien souvent qu’une reproduction d’un pesant prêt-à-penser affairiste, proche du décervelage.
 
Et si le jargon « tankiste » était une nouvelle façon de parler pour ne rien dire, voire de nous empêcher de réfléchir avec notre belle langue française ?

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NB   Alors que certains s’acharnent contre notre identité nationale, riche d’une pensée et d’une langue qui a magnifié des idéaux universels depuis des  siècles, une oreille attentive peut saisir dans les témoignages de Tunisiens éduqués en  langue française depuis le collège, toute la profondeur et la justesse de leur réflexion démocratique et laïque.
                                         
Cherchons à qui cela peut déplaire ! 

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 *France Culture Du grain à moudre 19.01.2011 Y a-t-il une chance pour une contagion démocratique au reste du monde arabe ?
**  l’exagération serait à mettre au compte de l’agacement Mécontent  et le 25 janvier  mon commentaire n’était pas publié,  encore un effet « tankiste» sur la liberté d’expression  ?   finalement publié dans leurs oubliettes – après le délai de rigueur de 5 jours – le 27 janvier 2011.  

 » de nouvelles haltes de nouvelles sources « 

D’un poète à l’autre

Aimé Césaire                          pour L.S. Senghor

jupiter en juin (2)

                      Dyali

le pont de lianes s’il s’écroule
c’est sur cent mille oursins d’étoiles
à croire qu’il n’en fallait pas une seule de moins
pour harceler nos pas de bœuf- porteur
et éclairer nos nuits
il m’en souvient
et dans l’écho déjà lointain
ce feulement en nous de félins très anciens

Alors la solitude aura beau se lever
d’entre les vieilles malédictions
et prendre pied aux plages de la mémoire
parmi les bancs de sable qui surnagent
et la divagation déchiquetée des îles
je n’aurai garde d’oublier la parole du dyali

dyali
par la dune et lélime
convoyeur de la sève et de la tendresse verte
inventeur du peuple et de son bourgeon
son guetteur d’alizés
maître de sa parole
tu dis dyali
et Dyali je redis
le diseur d’essentiel
le toujours à redire
et voilà comme aux jours de jadis
l’honneur infatigable

Voilà face au Temps
un nouveau passage à découvrir
une nouvelle brèche à ouvrir
dans l’opaque dans le noir dans le dur
et voilà une nouvelle gerbe de constellations à repérer
pour la faim pour la soif des oiseaux oubliés

de nouvelles haltes de nouvelles sources

et voilà
                                                       Voilà
                                                                                                    Dyali
la patience paysanne des semences à forcer
et l’entêtement d’une conjuration de racines

à fond de terre
à fond de cœur
                                    à l’arraché du soleil
                                                                                                    blason

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dyali : mot d’origine mandingue. C’est un troubadour d’Afrique de l’Ouest, dans la zone soudano-sahélienne.
(lexique de Léopold Sédar Senghor)
-♥  Mardi 6 juillet 2010  l’Association des professeurs de français en Haïti a reçu le Prix Senghor-Césaire   ( lu dans  Le Soleil édition en ligne du 1er quotidien du Sénégal)

Les nouveaux Tartuffe

        
 Tartuffe*, il tire un mouchoir de sa poche.
Ah ! mon Dieu, je vous prie,
Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir.

Dorine
Comment ?

Tartuffe
Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.

Dorine
Vous êtes donc bien tendre à la tentation,
Et la chair sur vos sens fait grande impression !
Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte,
Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte,
Et je vous verrais nu du haut jusques en bas
Que toute votre peau ne me tenterait pas.

L’histoire se répète.  Les nouveaux Tartuffe entrent en scène –  sur notre grande scène nationale. Ce sont des extrémistes islamistes qui s’arrogent le droit d’édicter  une loi islamique  pour les Françaises, pour nos concitoyennes  du XXI ème siècle. Mais il ne s’agit plus d’un mouchoir, comme pour Dorine, mais  d’un linceul  noir pour couvrir – bien sûr– leurs seins, leurs corps,  mais aussi leurs cous, leurs bouches, leurs cheveux, leurs joues, leurs nez, leurs oreilles ; ils  leur laissent une fente pour respirer par les yeux. Supplice permanent, inhumain, infâme. 

Une Résolution de principe affirmant que   » les pratiques attentatoires à la dignité et à l’égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d’un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République (…) [et qui] estime nécessaire que tous les moyens utiles soient mis en oeuvre pour assurer la protection effective des femmes qui subissent des violences ou des pressions, et notamment sont contraintes de porter un voile intégral. » a été votée à l’unanimité des 434 député(e)s présent(e)s, le 11 mai 2010.

Mais d’autres Tartuffe de la politique sont alors apparus, d’abord pour ne pas voter la résolution, ainsi les députés communistes  parlèrent de  » vote mascarade  » alors qu’ils diront non à l’interdiction du déguisement islamique ; et  M. Mamère qui fit un bras d’honneur dans l’hémicycle,  éprouvait tardivement  «  un sentiment de honte , » mais c’était  au rappel  » des principes de dignité, de liberté, d’égalité et de fraternité entre les êtres humains « , comprenne qui pourra !
Quant à la secrétaire du PS, elle nous expliquera comment accueillir les nageuses en burqa dans une piscine municipale, et comment elle défendra un projet de loi – avec et sans burqa – selon que  les femmes sont dans la rue ou entrent dans les services publics et les commerces.
Sans oublier les Tartuffe récidivistes du Conseil d’Etat qui n’avaient déjà  pas compris en 1989  combien le foulard islamique était une offense à l’égalité entre filles et garçons et une atteinte à la laïcité…
… que rejoignent les Tartuffe de la Commission de la culture, de la science et de l’éducation de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui ont adopté le 11 mai 2010 à Istanbul (?)  un projet de résolution qui estime que  » l’interdiction générale du port de la burqa et du niqab dénierait aux femmes le droit de couvrir leur visage «  au motif que  » la communauté pourrait faire pression sur les femmes musulmanes pour qu’elles restent chez elles. «  
Ainsi les Tartuffe du  Conseil de l’Europe reconnaissent le droit de la communauté musulmane d’enfermer les femmes soit à la maison, soit sous la burqa. J’en connais qui doivent rire dans leurs barbes. 

   Quelle est cette Europe qui renie nos valeurs démocratiques au seul profit d’un communautarisme religieux d’un autre âge ?                              

Laisserons-nous encore longtemps les Arnolphe  fondamentalistes dirent à nos Agnès** :
–  » Votre sexe n’est là que pour la dépendance   
     Du côté de la barbe est la toute-puissance  » ?

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Molière ( 1622-1673 )
* Le Tartuffe
 ( 1664 /1667)  1669  Acte III scène II  ** L’Ecole des femmes 1662  Acte III scène II 


NB 
Alors que la papauté a toujours été  impuissante à garantir la chasteté de ses prêtres, évêques et  cardinaux,  les Tartuffe du Conseil d’Etat et du Conseil de l’Europe pourraient  lui conseiller de les ensevelir, dans les lieux de culte et de catéchisme, sous des burqas noires ; ils feraient alors  peur aux petits garçons et aux petites filles … qui s’enfuiraient en les voyant…

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Léopold S. Senghor  » Chant de printemps « 

 

         Chant de printemps pour une jeune fille noire au talon rose           

 

Des chants d’oiseaux montent lavés dans le ciel primitif
L’odeur verte de l’herbe monte, Avril !
J’entends le souffle de l’aurore émouvant les nuages
     blancs de mes rideaux
J’entends la chanson du soleil sur mes volets mélo-
     dieux
Je sens comme une haleine et le souvenir de Naëtt sur
     ma nuque nue qui s’émeut
Et mon sang complice malgré moi chuchote dans mes
     veines.
C’est toi mon amie – Ô ! Ecoute les souffles déjà chauds
     dans l’avril d’un autre continent
Oh ! écoute quand glissent glacées d’azur les ailes des
     hirondelles migratrices
Ecoute le bruissement blanc et noir des cigognes à
     l’extrême de leurs voiles déployées
Ecoute le message du printemps d’un autre âge d’un
     autre continent
Ecoute le message de l’Afrique lointaine et le chant de
     ton sang !
J’écoute la sève d’avril qui dans tes veines chante.

(…)

Je t’ai dit ;
–   Ecoute le silence sous les colères flamboyantes
La voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des
    canons longs
La voix de ton coeur de ton sang, écoute-la sous le
    délire de ta tête de tes cris.
Est-ce sa faute si Dieu lui a demandé les prémices de
   ses  moissons
Les plus beaux épis et les plus beaux corps élus patiem-
    ment parmi mille peuples ?
Est-ce sa faute si Dieu fait de ses fils les verges à
    châtier la superbe des nations ?
Ecoute sa voix bleue dans l’air lavé de haine, vois le
    sacrificateur verser les libations au pied du tumulus.
Elle proclame le grand émoi qui fait trembler les corps
    aux souffles chauds d’Avril
Elle proclame l’attente amoureuse du renouveau dans
    la fièvre de ce printemps
La vie qui fait vagir deux enfants nouveau-nés au bord
    d’un tombeau cave.
Elle dit ton baiser plus fort que la haine et la mort.
Je vois au fond de tes yeux troubles la lumière étale
    de l’Eté
Je respire entre tes collines l’ivresse douce des mois-
    sons.
Ah ! cette rosée de lumière aux ailes frémissantes de
    tes narines !
Et ta bouche est comme un bourgeon qui se gonfle au
    soleil
Et comme une rose couleur de vin vieux qui va s’épa-
    nouir au chant de tes lèvres.
Ecoute le message, mon amie sombre au talon rose.
J’entends ton coeur d’ambre qui germe dans le silence
    et le Printemps..

Paris, avril 1944

        ****  Afrique – 50 ans d’indépendance  (Arte.tv) ****            

Stéphane Guillon, le vrai petit bobu tout craché !

                    

Je n’avais pas écouté France Inter ce matin du 13 avril 2010 … mais il y a une séance de rattrapage vidéo de «  l’humeur » du jour  de M. Stéphane Guillon  sur le site de cette radio.

On connaît la  cruelle prédilection de M. Guillon  pour les critiques sur l’apparence physique des personnes, ce qui ne me semble pas être une preuve d’humour ni de  finesse d’esprit… mais c’est son style, et les rieurs sont de son côté, tant cela doit soulager d’être méchants par procuration.

Ce matin-là, M. Guillon, au mieux de sa forme, c’est-à-dire au comble de l’excitation, avait choisi de  » faire rire  »  non plus sur  l’apparence du Président de la République, mais sur sa mort, et racontait, se trémoussant sur son siège, agitant frénétiquement les bras, son rêve (sic) du «  crash de N. Sarkozy « .

On avait eu le rappeur qui  » mettait un billet sur la tête d’Eric Zemmour  » ;  là on avait  » l’humoriste  » qui  nous annonçait que l’avion présidentiel  s’était crashé,  et décrivait dans une tirade réjouie, la cérémonie officielle autour du  » cercueil d’enfant  » (sic) .
Comme rien ne l’arrête, et qu’il avait mis dans l’avion crashé tous ceux qu’il soigne, il eut une délicatesse  particulière pour M. Eric Besson et l’Association de défense des fouines.

Bref, de bon matin,  un Stéphane Guillon arrogant, surexcité et gesticulant de façon compulsive comme à son habitude, et forcément fier* de lui ! Le vrai petit bobo bobu tout craché !

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 * Chez nous à la campagne, on dit  « excité comme une puce » et «  fier comme un pou ».  Dans le Littré on trouve : «  Il se carre comme un pou sur une gale ». C’est méchant aussi 😉

 voir Les bobos et les bobus       Petit concours anti-bobu        Ou comment être bobu(e)

 Le Petit Bobu franco-anglais