Les fabricants de jeux vidéo diront merci

Sur le vif /  « L’addiction aux jeux vidéo est rare«  / Propos (en italique) *de Serge Tisseron, psychiatre.

Cher Serge Tisseron,

Dans votre rôle de psychiatre conseiller, quand les parents sont  » terrifiés par la violence de certains jeux [vidéo] « , vous pensez donc qu’ils ont tort, et que cette violence, qui s’ajoute à celle de la télévision, du cinéma et de la Toile est excellente pour la santé mentale des chers petits ? Avec en prime  la drogue à l’adolescence **?

Et tant pis pour tout le temps de vraie vie volé aux jeunes. La fabrique de petits robots fonctionne déjà à plein régime. Les fabricants de décervelage ne manqueront pas de vous dire merci. 

NB Tout esprit rationnel se régalera de  » L’addiction aux jeux vidéo est un phénomène rare  » qu’il rapprochera de la dernière phrase  » Il faut bien sûr mener une prévention auprès des jeunes mais aussi une bataille pour que les fabricants fassent des jeux moins addictifs. » De qui se moque le psychiatre ?

                               *Propos recueillis par Martine Laronche Le Monde 7.01.09

   **cf. Le désarroi des parents face au danger du cannabis Martine Laronche Le Monde 27.01.09

Le scénario de l’enfant d’un an

Aldo Naouri  recommandait ce lundi-là  à  » tout un chacun  » de vivre la merveilleuse aventure du  » divan » telle que ce cher Freud l’avait concoctée pour les bourgeois viennois et leur progéniture, il y a un siècle.

Certes depuis, la science a progressé, les neuropsychiatres en savent cent fois plus que Freud sur le fonctionnement cérébral, mais qu’importe, le pédiatre nous disait que l’aventure était toujours sur le  » divan ».

Nous prîmes donc connaissance d’un tout nouveau scénario, ayant pour sujet l’enfant à la fin de sa première année. A en croire M. Naouri nul doute qu’il devrait mériter  » le biberon d’or  » de la fiction enfantine, tellement il était affolant et tragique.

Bref, avec l’émission Nonobstant d’Yves Calvi ( France Inter 19.05.08) nous étions à l’avant-première et l’émotion se fit plus grande quand Aldo Naouri nous déclara :

 » Tout un chacun, nous venons à la vie, dans un monde que nous ne connaissons pas, et notre première perception de ce monde à la fin de la première année va nous faire construire un scénario foncièrement faux … c’est-à-dire qu’à la fin de la première année, nous sommes absolument convaincus que notre mère veut notre mort (brrr) à partir du moment où nous avons cette perception-là tout le reste… va être fondé sur cette erreur… ce que la psychanalyse fait, c’est de restituer ce scénario dans sa vérité et de pouvoir éventuellement (brrrr) débarrasser la vision du monde que l’on a de tout ce qui est fondé sur cette erreur … et c’est en cela que c’est une aventure fabuleuse, dans la mesure où elle restitue quelque chose d’une vision plus exacte de ce qu’il en est du monde, de l’autre, de l’environnement, des gens, de soi-même… »

Enfin, (soupir) le film devrait bien finir pour toutes celles et tous ceux qui à un an, tout en vacillant sur leurs petites jambes avec une couche-culotte qui grattait, en auront voulu à la terre entière et tout particulièremnt à leur mère, pour cela … et pour les petits pots ; car la belle trentaine venue, ces petit(e)s veinard(e)s pourront avoir recours à la magie réparatrice du  » divan « …

Fabuleux ce  » divan « , mais on a eu quand même un peu peur !

                                                          **********

 

Le soin par le jeu vidéo ou acharnement virtuel ?

 Sigmund Freud constaterait tout comme nous l’incroyable emprise « des univers oniriques * » des jeux vidéo sur les jeunes cerveaux. Les enfants sont fascinés et en redemandent tellement que la certitude de profits colossaux exacerbe l’imagination des adultes concepteurs. On voit ainsi leurs talents faire merveille pour parvenir à transformer nos paisibles bambins en patients (sic) pour le plus grand bonheur de modernes psychanalystes eux-mêmes  » accros  » aux jeux vidéo.

Les symptômes sont là. Fatigués, abrutis, grognons, opposants ou agressifs, les enfants ne réussissent plus à travailler à l’école, du coup ils se réfugient encore plus dans le virtuel.  Bref, la société marchande les dote d’un véritable  handicap socioculturel pour leur évolution et leur réussite scolaire. Qu’à cela ne tienne, la science (ou magie ?) psychanalytique partant du postulat que  » l’inconscient dans notre société est devenu très visuel « , invente  le soin par le jeu vidéo. D’où l’étrange raisonnement qui consiste à nous faire croire que d’imposer à l’enfant toujours plus de sollicitations audio-visuelles  lui  » permet de projeter à l’extérieur des choses qui sont difficiles à dire. » 

Finis le calme, les dessins, les jeux, les jouets, place à l’écran géant et aux bruits. Plus besoin d’avoir ses propres rêves, l’enfant vit et agit dans les cauchemars virtuels des adultes grâce à « toutes les consoles de jeux disponibles sur le marché « . Il accumule sans fin des images et des sons, refait mécaniquement toujours les mêmes gestes. Ce soin par le jeu video ne serait-il pas un acharnement virtuel  lui aussi, vers une véritable dépendance ? 

Avec l’illusion érigée en théorie que ces jeux vidéo-là correspondraient justement à l’univers émotionnel de cet enfant-là et  lui  serviraient d’exutoire. Avec l’illusion que toujours plus d’images animées excessivement lumineuses et sonores, induisant une incroyable surexcitation,  permettraient à l’enfant de se retrouver lui-même, dans sa propre vie et en sécurité affective, avec ses propres sensations et ses vrais sentiments.

En effet, il faut bien se poser la question : comment un enfant déjà fragilisé, réussira-t-il à se guérir aussi de l’emprise du virtuel, à échapper à sa tyrannie, pour que sa vie réelle toute simple  en famille, à l’école, lui apparaisse à nouveau comme une belle aventure, sa belle aventure ?  

                                                                                                    

*  citations de Michael Stora, psychanalyste, extraites de l’article de Séverine Fiévet : Le virtuel pour soigner les enfants en difficulté Le Monde 05.03.2008

 

        cf ma note L’exploit : dix jours sans télé ni jeux vidéo  du 24 mai 2008

        Concernant les 12-25 ans voir  Dans la spirale des jeux vidéo  (documentaire d’Heide Breitel rediffusé sur Arte le 20.06.2008).      

La maternité et la paternité selon J. Attali

 

6  mars  2008    3  septembre  2019           

 

Le futur est décidément ce que Jacques Attali connaît le mieux. Il hésite juste un peu entre le Meilleur des Mondes et Matrix, pour déclarer finalement que cela pourrait plutôt ressembler au Paradis terrestre, tel que les rédacteurs de la Bible nous l’ont concocté, il y a 2800 ans. C’est dire si pour M. Attali  tout est dans tout et si sa conversation d’avenir[s] (1) sur la maternité m’a laissée songeuse.

Il aura suffi à Stéphanie Bonvicini d’une donnée chiffrée, à savoir que 50,5% des enfants naissent hors mariage, pour que J. Attali puisse d’un ton magistral nous annoncer que  la maternité, l’allaitement et la famille ne seront bientôt plus qu’un (mauvais ?) souvenir. Et de citer pour preuve de modernité, les sociétés archaïques, où il n’y a pas de liens entre l’enfant et les parents.

D’après lui, on se marierait parce que l’on a un enfant (ce que vient contredire le nombre grandissant de familles monoparentales) , sachant que l’on se quitte aussi lorsque l’on a un enfant – et même plusieurs. Il me semble plutôt que la chance des enfants de voir leurs parents se marier est encore plus faible que celle  de voir leurs parents mariés ne pas divorcer.


    Le même qui défend la valeur de ses 300 décisions pour la libération de la croissance, les juge là si peu applicables et/ou efficaces qu’il avoue que  » ça coûtera de plus en plus cher d’avoir un enfant (sic). » Si bien qu’il prévoit que les parents seront de plus en plus  » tardifs « , l’enfant devenant leur signe extérieur de richesse. Il assure ainsi que l’avenir appartiendra  aux jeunes de vingt ans qui auront des pères octogénaires !

 

Mais l’avenir, tel que  M. Attali  nous le souhaite, se réalisera  lorsque  » la femme pourra mettre en réserve un ovule et créer les conditions de sa maternité artificielle en se débarrassant de la contrainte de cette maternité et ça, c’est une affaire de quelques décennies mais pas plus. »
A nous d’imaginer la silhouette solitaire du (de la)   « père-mère « «  qui se profilera devant la vitre de l’utérus artificiel, pendant la visite au foetus du week-end …

D’après J. Attali, l’affaire est tout bénéfice, pour la femme comme pour l’homme informés qu’ils sont de « la durabilité…précaire (sic) du couple », définitivement séparés mais égaux.  Surtout dans nos sociétés de consommation  » à l’américaine » où il suffira de payer un laboratoire pour avoir l’enfant artificiel de son choix.

♦ Les autres milliards d’hommes et de femmes – les pauvres !- gardant la fâcheuse habitude de la procréation à l’ancienne.

En fait, derrière cette fausse bonne idée qu’une maternité totalement artificielle serait  la  libération des femmes, la vision d’avenir de M. Attali se cale uniquement sur le succès commercial de la procréation artificielle. Son adultocentrisme  égoïste  d’homme d’affaires m’effraie.

Remplacer ainsi la maternité, la famille et son devoir d’éducation par un projet industriel rentable, correspond à un bouleversement du droit des jeunes enfants à la sécurité affective, au déni de la nécessité vitale pour chacun(e)  de s’enraciner dans sa vraie histoire, dans son humanité, tout simplement. Quelles seront les valeurs humanistes d’une société fascinée par le  « tout médical scientifique payant » ?

 

Enfin, écoutons-le encore dire la merveille des merveilles : le cerveau -des riches- pourra se développer à l’infini !

M. Attali se réjouit à l’avance de la facilité avec laquelle l’homme du futur – fabriqué dans un utérus artificiel – pourra  « porter un cerveau de 2 à 3 kilos « .
Il semble penser que
l’intelligence est proportionnelle au poids  du cerveau . . . mais cela lui fait dire une grosse bêtise  . . .   car ce n’est pas le poids du cerveau qui fait l’intelligence !

       
  1 Conversation d’avenirs la maternité Jacques Attali/ citations en italique – Stéphanie Bonvicini  Public Sénat 22/02/08

Cf. la facette du donneur de leçon du PS, à la page L’exemple du « think tank » de M.Attali ou la finance toxique des PDG

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Le bébé, la Halde et le partenaire

31 janvier 2008

Pour un bébé, qu’il soit adopté ou « fruit » de « l’homosexualité parentale »,  le choix préférentiel d’avoir son vrai papa et sa vraie maman étant exclu, les deux « papas » ou les deux « mamans »   sont désormais parvenu(e)s à imposer selon leur désir et sans aucun état d’âme, ce qui est « bien » pour cet(te)-enfant-à -naître-là.

Tout serait pour « le mieux  homosexuel dans leur meilleur des mondes » … sauf à penser à l’enfant,  devenu(e) adulte, qui s’efforcera désespérément de savoir la vérité sur sa naissance – comme beaucoup d’entre nous (exceptés peut-être,  les membres de la Halde (1),  sauf à ne plus  juger comme la  cour d’appel de Rennes (2) que  » l’autre maman  » ne pouvait obtenir « un congé  paternité ».

Qu’à cela ne tienne, la Halde ne « discriminant » pas la différence que fait un  petit garçon ou une petite fille entre son papa et sa maman, crie à la  discrimination  :  l’autre maman étant un papa comme les autres, selon les droits de l’homme sur « l’orientation sexuelle ».

La Halde crie haro sur la CPAM pour qui le terme  « paternité » restreint le droit au père en tant que personne sexuée masculin avec un lien de filiation avec l’enfant » ;  et la Halde dicte la nouvelle  formule ad hoc pour « substituer à la notion de congé paternité fondée sur le lien de filiation un congé d’accueil du jeune enfant »  qui serait ouvert au partenaire contribuant à l’éducation de l’enfant. »

Exit donc le congé  paternité, voilà le  congé  partenaire.
Ainsi grâce à la Halde, « deux papas » pourront aisément demander   « leur congé partenaire ». L’un -au choix-  à la place d’un congé maternité refusé pour cause de non-sens, l’autre à la place d’un congé paternité  de complaisance – / les deux mères : la « mère porteuse » et/ou la mère donneuse d’ovocytes restant  définitivement inconnues pour l’enfant et pour son état civil.

C’est ce que l’on appellera la Halde-garderie  ou l’illustration du déni total des droits des enfants.

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1 Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité 

2 La cour d’appel de Rennes refuse d’accorder un congé paternité à une femme homosexuelle
 30.01.08© Le Monde.fr