6 mars 2008 3 septembre 2019
Le futur est décidément ce que Jacques Attali connaît le mieux. Il hésite juste un peu entre le Meilleur des Mondes et Matrix, pour déclarer finalement que cela pourrait plutôt ressembler au Paradis terrestre, tel que les rédacteurs de la Bible nous l’ont concocté, il y a 2800 ans. C’est dire si pour M. Attali tout est dans tout et si sa conversation d’avenir[s] (1) sur la maternité m’a laissée songeuse.
Il aura suffi à Stéphanie Bonvicini d’une donnée chiffrée, à savoir que 50,5% des enfants naissent hors mariage, pour que J. Attali puisse d’un ton magistral nous annoncer que la maternité, l’allaitement et la famille ne seront bientôt plus qu’un (mauvais ?) souvenir. Et de citer pour preuve de modernité, les sociétés archaïques, où il n’y a pas de liens entre l’enfant et les parents.
D’après lui, on se marierait parce que l’on a un enfant (ce que vient contredire le nombre grandissant de familles monoparentales) , sachant que l’on se quitte aussi lorsque l’on a un enfant – et même plusieurs. Il me semble plutôt que la chance des enfants de voir leurs parents se marier est encore plus faible que celle de voir leurs parents mariés ne pas divorcer.
Le même qui défend la valeur de ses 300 décisions pour la libération de la croissance, les juge là si peu applicables et/ou efficaces qu’il avoue que » ça coûtera de plus en plus cher d’avoir un enfant (sic). » Si bien qu’il prévoit que les parents seront de plus en plus » tardifs « , l’enfant devenant leur signe extérieur de richesse. Il assure ainsi que l’avenir appartiendra aux jeunes de vingt ans qui auront des pères octogénaires !
Mais l’avenir, tel que M. Attali nous le souhaite, se réalisera lorsque » la femme pourra mettre en réserve un ovule et créer les conditions de sa maternité artificielle en se débarrassant de la contrainte de cette maternité et ça, c’est une affaire de quelques décennies mais pas plus. »
A nous d’imaginer la silhouette solitaire du (de la) « père-mère « « qui se profilera devant la vitre de l’utérus artificiel, pendant la visite au foetus du week-end …
D’après J. Attali, l’affaire est tout bénéfice, pour la femme comme pour l’homme informés qu’ils sont de « la durabilité…précaire (sic) du couple », définitivement séparés mais égaux. Surtout dans nos sociétés de consommation » à l’américaine » où il suffira de payer un laboratoire pour avoir l’enfant artificiel de son choix.
♦ Les autres milliards d’hommes et de femmes – les pauvres !- gardant la fâcheuse habitude de la procréation à l’ancienne.
En fait, derrière cette fausse bonne idée qu’une maternité totalement artificielle serait la libération des femmes, la vision d’avenir de M. Attali se cale uniquement sur le succès commercial de la procréation artificielle. Son adultocentrisme égoïste d’homme d’affaires m’effraie.
Remplacer ainsi la maternité, la famille et son devoir d’éducation par un projet industriel rentable, correspond à un bouleversement du droit des jeunes enfants à la sécurité affective, au déni de la nécessité vitale pour chacun(e) de s’enraciner dans sa vraie histoire, dans son humanité, tout simplement. Quelles seront les valeurs humanistes d’une société fascinée par le « tout médical scientifique payant » ?
Enfin, écoutons-le encore dire la merveille des merveilles : le cerveau -des riches- pourra se développer à l’infini !
M. Attali se réjouit à l’avance de la facilité avec laquelle l’homme du futur – fabriqué dans un utérus artificiel – pourra « porter un cerveau de 2 à 3 kilos « .
Il semble penser que l’intelligence est proportionnelle au poids du cerveau . . . mais cela lui fait dire une grosse bêtise . . . car ce n’est pas le poids du cerveau qui fait l’intelligence !
1 Conversation d’avenirs la maternité Jacques Attali/ citations en italique – Stéphanie Bonvicini Public Sénat 22/02/08
Cf. la facette du donneur de leçon du PS, à la page L’exemple du « think tank » de M.Attali ou la finance toxique des PDG
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