♥ Savoir « par cœur » ou le régal des mots ♥

Enfants, oiseaux et fleurs

 Jeanne était au pain sec

 

Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J’allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l’ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S’indignèrent, et Jeanne a dit d’une voix douce :
– Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;
Je ne me ferai plus griffer par le minet.
Mais on s’est écrié : – cette enfant vous connaît ;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. A chaque instant
L’ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L’enfant n’a plus rien qui l’arrête.
Vous démolissez tout. – Et j’ai baissé la tête,
Et j’ai dit : – Je n’ai rien à répondre à cela,
J’ai tort. Oui, c’est avec ces indulgences-là
Qu’on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu’on me mette au pain sec. – Vous le méritez, certes,
On vous y mettra. – Jeanne alors dans son coin noir,
M’a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l’autorité des douces créatures :
– Eh bien, moi, je t’irai porter des confitures.

Victor HUGO

L’Art d’être grand-père VI -première édition : mai 1877.

NB  Oeuvres Complètes Edition chronologique publiée sous la direction de Jean Massin. Le Club français du livre MCMLXX. Tome XV-XVI/1 p. 910. En marge, l’annotation suivante : «… la saveur douceâtre du pot de confiture n’en finira plus d’imprégner le génie hugolien dans la mémoire de générations entières d’écoliers ! »

Hélas ! Les ministres de l’Education nationale et de la Culture se reconnaîtront – de droite et de gauche confondus- qui, pour avoir goûté goulûment à ce pot de confiture-là, en auront privé les élèves depuis des décennies.
Pour ces beaux esprits à la mode soixante-huitarde, cultiver sa mémoire, en donnant à tous les élèves la chance de lire et d’apprendre de beaux textes, ne faisait plus « moderne (!) ».

À Victor Hugo et à son pot de confiture, ils auront préféré le mistral gagnant de Renaud, à Paul Eluard, la marmelade écœurante et dégoulinante d’obscénités du « rap (sic) de N…. ta mère,  d’Orelsan ou de Booba», ou encore à Léopold Sédar Senghor, le « slam (sic) », molle et fade bouillie de mots écorchés.

 Bref, ils ont mis les écoliers dans le cabinet noir, loin de la vraie beauté de la langue française, privés du plaisir de s’en régaler « par cœur ».

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 Je suis des bois l’hôte fidèle

 

Je suis des bois l’hôte fidèle,
Le jardinier des sauvageons,
Quand l’automne vient, l’hirondelle
Me dit tout bas : Déménageons.

Après Frimaire, après nivôse,
Je vais voir si les bourgeons frais
N’ont pas besoin de quelque chose
Et si rien ne manque aux forêts.

Je dis aux ronces : Croissez, vierges !
Je dis : Embaume ! au serpolet ;
Je dis aux fleurs bordant les berges :
Faites avec soin votre ourlet.

Je surveille, entr’ouvrant la porte,
Le vent soufflant sur la hauteur
Car tromper sur ce qu’il apporte
C’est l’usage de ce menteur.

Je viens dès l’aube, en diligence,
Voir si rien ne fait dévier
Toutes les mesures d’urgence
Que prend avril contre janvier.

Tout finit, mais tout recommence,
Je m’intéresse au procédé
De rajeunissement immense
Vainement par l’ombre éludé.

J’aime la broussaille mouvante,
Le lierre, le lichen vermeil,
Toutes les coiffures qu’invente
Pour les ruines le soleil.

Quand mai fleuri met des panaches
Aux sombres donjons mécontents,
Je crie à ces vieilles ganaches :
Laissez donc faire le printemps !

 Victor HUGO

 Mai 1870 L’Art d’être grand-père Xpremière édition : mai 1877

 

La nouvelle « morale » des homosexuel(le)s

6 novembre 2012

  note complétée  le  27 janvier 2013    

Comme c’est mignon !  Si nos chers homosexuels et nos chères homosexuelles mettent tant d’insistance à vouloir se marier, c’est qu’ils veulent faire des bébés officiellement, pour percevoir les allocations familiales, bénéficier – alors qu’il s’agit de couples stériles par définition  – du remboursement par notre Sécurité sociale déjà ruinée de  procréation(s) médicalement assistée(s)*, assortie(s)  des congés parentaux idoines. Pour l’état-civil, il faudra choisir : les bébés auront-ils le nom du papa ou celui du mari du papa ou les deux,  ou bien celui de la maman ou celui de la femme de la maman ou les deux ?  Comme c’est attendrissant !  Comme c’est moral ! 

Vous me direz que jusque- là, pour le tout-venant, on n’avait pas besoin du maire ou du curé pour  faire des bébés … mais voilà … dans notre société moderne,  avec le Beaujolais nouveau, « la nouvelle morale du mariage homosexuel »  est arrivée. Elle s’impose à nous, sans aucun débat d’éthique,  tant  les  homosexuel(le)s – rive gauche ont pesé lourdement sur les décideurs politiques PS et EELV. Pour « faire les enfants » auxquels ils  auraient droit (?), ils exigent de passer devant  M. le maire.**
Et l’on sait fort bien, dans «l’intelligentsia gay», user de tous les subtils arguments gestuels et de toutes les plaisanteries fines ad hoc, pour soutenir le «grand projet sociétal» de M.  Jean-Marc Ayrault, lors du prochain débat parlementaire. Nouvelle morale oblige !

« C’est maintenant » dirait M. Hollande que  le PS paie le prix de sa promesse électorale.  C’est  un  « progrès historique (?) pour toute la société » annonce-t-il, fièrement. Comme c’est moral !  

Pourtant, cela faisait belle lurette que ni la morale, ni la légalité ne les empêchaient de dormir. Ils faisaient même passer le message  dans tous les médias  : au cinéma, au théâtre, à la radio, à la télévision, dans la presse, dans Le Monde, dans l’Express, dans Libération etc.  Ils avaient les adresses et les modes d’emploi  de  faiseurs de bébés en échange de petits accords financiers. Était-ce moral ?                                      

Ainsi dans le journal Le Monde*** , une photo nous montrait «un couple de femmes et ses deux filles, conçues en Belgique par insémination artificielle avec donneur inconnu. » Était-ce moral ?
Les petites filles ne sauront jamais quel père (et grands-parents paternels) elles ont :   les deux femmes  hilares (sur la photo) s’en moquent comme d’une guigne, puisque tel a été leur bon plaisir.
        L’enfant sera officiellement orphelin ou orpheline de père par décision d’ homosexuelles. Comme ce sera moral !

Pour les messieurs, on sait combien dans la gent cléricale et bourgeoise, la pratique homosexuelle avait justement l’avantage de n’engrosser personne. C’était la morale d’avant ! La morale de maintenant est de payer une mère porteuse qui abandonnera son ou ses bébé(s) aux messieurs. Selon le témoignage de l’un d’entre eux, dans l’émission « L’enfant pour tous (sic) » de B. Duquesne /France 2 9.01.2013/ – les deux messieurs avaient auparavant commandé des ovocytes fécondés in vitro-, et  il était encore fier de dire qu’avec ces deux ou trois mères, la fille et le garçon n’auraient pas de maman, ne sauraient pas ce qu’est une vraie maman ; qu’ils n’auraient,  pour tout horizon pendant leur enfance et leur adolescence que … deux hommes.

       L’enfant sera  officiellement orphelin ou orpheline de mère par décision  d’homosexuels.  Comme ce sera moral !  


Quelle éthique  peut dénier aux enfants le droit de connaître leur origine biologique, leur hérédité ? D’autant plus que ces mêmes homosexuel(le)s écologistes militants – derrière  MM. Mamère, Bové et Cohn-Bendit-, donnent aussi dans  « l’idéologie du Bio».
Ils crient à l’envi :  » Vive la carotte bio ! Vive le chou bio ! » mais défilent fièrement  ****pour revendiquer leur bébé artificiel, leur petit OGM (Organisme Génétiquement Manipulé), et clamer leur rejet de la stérilité inhérente aux rapports homosexuels.

 Quelle éthique peut justifier que la seule volonté égoïste d’homosexuel(l)es  devienne un droit et une loi violant le droit de l’enfant à sa filiation d’être humain ?

Quelle éthique peut laisser des médecins et une société  civilisée « fabriquer un enfant » de père inconnu en lui substituant légalement  une femme  -ou-  de mère inconnue en  lui substituant  légalement  un homme ?

L’enfant est-il un objet, un numéro sur une éprouvette, ou est-il une personne ?

♠♠♠ Que diront-elles, que diront-ils, lorsque, devenu(e)s adultes, les médecins leur demanderont, pour évaluer leurs risques, si parmi leurs ascendant(e)s, il y a eu des cas de cancers, de maladies cardiovasculaires, de maladies dégénératives etc. ?
Dans l’émission Révolutions médicales de René Frydman, sur France Culture le 11.12.12, dont le sujet était le cancer du sein, le professeur Serge Uzan, doyen de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie et directeur de l’institut universitaire de cancérologie, a longuement insisté sur « le rôle des prédispositions génétiques ». L’oncogénéticien interroge sa ou son patient(e) sur les cancers  des ascendant(e)s et de leurs fratries : cancer du sein, des ovaires, mais aussi du pancréas et de la prostate.

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* Mme Taubira, ministre de la Justice,  ravie du mariage, s’invite au baptème et à la circoncision, avec son amendement sur la procréation médicalement assistée. 
** Le dieu des chrétiens s’opposant déjà  au mariage civil, après l’Hôtel de Ville et M. Delanoë, ils n’auront pas « droit» à Notre-Dame et à Mgr Vingt-Trois.  Quant au dieu de l’islam, si favorable à l’usage de  la polygamie chez l’homme, les autorisera-t-il à avoir plusieurs époux ? 😉
*** 26 septembre 2012 /p.12 – à la rubrique société.
****
Voir la note Défilés des patriotes le 20 juin 1792 et des « gays » le 30 juin 2012

 
NB         
 
Un article du Daily Mail raconte comment Thomas Lobel, fils adoptif de Pauline Moreno et Debra Lobel, est  devenu Tammy après l’opération pour son onzième anniversaire. Les deux femmes semblent satisfaites.

 http://www.dailymail.co.uk/news/article-2043345/The-California-boy-11-undergoing-hormone-blocking-treatment.html  ♦vu dans http://www.dreuz.info

En rappel à M. Peillon et aux candidats à la présidentielle de 2017

Note du 8 juillet 2012 mise en avant le 16 .12 2016 et précisée (!) le 21.12.2016

Ou quand M. Peillon,
[
candidat in extremis à la Primaire du PS « hollandais » 
pour être élu président de la République en 2017 , mais plus sûrement pour affaiblir (toujours selon la méthode « hollandaise »)  M. Valls], 
était ministre refondateur de l’Éducation nationale, en 2012.

 Le dossier  adressé  à M. Peillon et au « comité de pilotage »  ♦ n’a  reçu aucune réponse ni par courrier,  ni a fortiori, par le vote d’une loi  juste … M. Peillon  n’ayant retenu dans sa refondation factice de l’école primaire, que le péri-scolaire sous le  nom de « rythmes scolaires (sic) » à la charge des municipalités,   Mme Vallaud-Belkacem  s’étant chargée  de ruiner les contenus des programmes du collège. 

« Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale,

En ce temps de « Refondation de l’École de la République », exercice obligé à chaque nouveau gouvernement depuis la première consultation nationale organisée par M. Savary – premier ministre de l’Éducation nationale de M. Mitterrand en 1981 et après les passages au ministère de MM. Lang et Jospin, on souhaite que cette énième concertation soit utile pour en finir avec le « toujours moins d’école »,  pour en finir avec une formation où un professeur frais émoulu de l’IUFM de Créteil, ne déclarerait  plus «hyper réac la morale !» quand la violence est partout.
Il est temps de retrouver  le sens fondamental de la  mission d’enseignant et suivant l’exemple de nos admirables instituteurs de la laïque  depuis la fin du XIX ème siècle : donner les moyens de  la langue française et des sciences à l’éveil de l’intelligence  de tou(te)s les futur(e)s citoyen(ne)s.

Sous la III ème République, l’école primaire publique était ouverte cinq jours par semaine et 223 jours par an, elle n’ouvre plus que quatre jours par semaine et 140 jours par an [soit l’équivalent d’une année scolaire en moins]-  laissant les élèves devant la télévision, les jeux vidéo, les sites glauques de la toile, les publicités incessantes etcC’est cette carence d’école qui constitue désormais le véritable « handicap socio-culturel ».

Il y a cinq ans,  j’ai écrit une lettre au président Sarkozy. Comme elle me semble toujours d’actualité, je la verse au dossier des membres du « comité de pilotage » qui se chargeront du rapport « Refondons l’École »  à remettre en octobre 2012.
     L’Histoire de l’école publique et laïque s’écrit, mais sa plume est  paresseuse quand il s’agit de  faire progresser du  XX ème au  XXI ème siècle, les droits au savoir du peuple. »
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         Extraits d’une lettre* adressée à M. Sarkozy, Président de la République, lundi 1er octobre 2007

« Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous écrire avec une totale liberté de ton, hors langue de bois (…)

 Comme il faut parler franc  « l’avenir de nos enfants  » n’est pas seulement entre les mains de chacun d’entre nous, éducateurs , il est aussi et surtout … entre les mains des décideurs politiques, représentants de la Nation tout entière.

Ce qui me fait dire que tous les dysfonctionnements observés actuellement sont les effets d’une volonté politique aveugle aux problèmes de démocratisation, délibérément laxiste et se dotant d’incompétences multiformes à tous les niveaux de l’institution.

Comme je suppose que les enfants de ministres et de présidents sont accueillis, la plupart du temps dans l’enseignement privé catholique, tel M. Luc Ferry qui s’en était expliqué un jour, d’un ton badin, sur une chaîne de télévision publique, on comprend aisément que le signal d’alarme ne s’allume jamais dans leurs bureaux. Et pourtant…

Votre belle définition de notre mission :  « Aider l’intelligence, la sensibilité à s’épanouir, à trouver leur chemin, quoi de plus grand et de plus beau en effet ? Mais quoi de plus difficile aussi ? » fera l’unanimité. La nuance que j’apporterai sera pour   « Eduquer c’est chercher à concilier deux mouvements contraires  » car je ne vois rien de contradictoire entre  « celui qui porte à aider chaque enfant à trouver sa propre voie et celui qui pousse à lui inculquer ce que soi-même on croit juste, beau et vrai.

D’autant plus qu’il s’agit là, pour notre société d’un véritable enjeu vital de transmission de valeurs universelles, pour aider les jeunes à se construire, et à construire leur propre vie  hors du champ exclusif de la tyrannie de la culture commerciale (1).

Lorsque vous abordez  « notre modèle d’école républicaine  qui brasse toutes les origines, toutes les classes sociales, toutes les croyances », il me semble que vous embellissez le tableau, car les classes moyennes et moyennes supérieures ont depuis ces dernières décennies largement opté pour l’enseignement privé.

Sachant que les classes aisées n’avaient bien évidemment pas attendu Jules Ferry pour doter leurs enfants d’une éducation aussi soignée que possible,  « notre modèle d’école républicaine »   fut créé  pour les enfants du peuple, les fils de paysans, d’ouvriers et d’employés, afin de les sortir d’un analphabétisme incompatible avec l’essor du développement industriel et commercial de l’époque. Il s’agissait de fournir au patronat une main d’œuvre qualifiée, plus performante.

Ainsi  « notre modèle d’école républicaine …s’est affaibli », je dirais même qu’ il est bel et bien en panne, on se demande même s’il faut parler de  « modèle ».
♦ Comment notre école qui avait réussi une si belle ébauche d’accès aux savoirs fondamentaux pour tous, a-t-elle pu ensuite faillir à sa mission d’approfondissement des savoirs au collège ? … Q
uand on sait combien pour les couches privilégiées, ce parcours d’études jusqu’à 16 ans est simple et banal depuis des siècles.

La  conclusion que vous tirez de cet   « affaiblissement »  est  la suppression de la carte scolaire. Cela ne servira qu’à satisfaire les parents qui cherchent à fuir le   « modèle d’école républicaine » de leur quartier. C’est dire si dans certains quartiers ce modèle a perdu la cote ! Elle facilitera encore davantage la formation dans l’enseignement public de parcours scolaires d’excellence qui seraient l’apanage des seuls beaux et bons quartiers de centre ville. Ces   « bonnes écoles  » mériteraient le nom de  « zone où l’éducation est vraiment prioritaire – ZEVP « , car contrairement à leurs jumelles de banlieues et d’arrondissements  « modestes », elles correspondent parfaitement au  « modèle d’école républicaine », celui qui peut éduquer tous ses élèves jusqu’au meilleur niveau. C’est pourquoi je persiste à dire que cette mesure n’a aucun effet sur le fonctionnement pédagogique de l’école ni sur la réussite scolaire pour tous.

La réforme du collège – dit   « unique »(?)  ne devrait en aucun cas apparaître comme un   renoncement aux perspectives généreuses et démocratiques qu’avait ouvert le Plan Langevin – Wallon à la Libération.

 Ce serait désastreux car ce serait se suffire de fausses évidences pour en tirer de mauvaises conclusions. On retrouve là dans vos propos les trop fameuses   « différences de rythmes…de formes d’intelligence ».
De l’évidence qu’ aucun enfant n’est pareil à un autre, on a depuis ces quatre dernières décennies, voulu nous faire croire qu’en fait, certains étaient surtout  « moins doués », et d’étonnants psychosociologues ont voulu nous convaincre que c’était – toujours- les enfants des classes « modestes  » ; cette discrimination étant accompagnée de théorisations plus   « savantes »   les unes que les autre qui conditionnèrent toujours plus les esprits.

Ainsi c’était prouvé, l’échec des collégiens était bien dû à leur faible intelligence et/ou à la « classe socioculturelle » de leurs parents, non au collège et/ou à l’école primaire laquelle, de circulaires en décrets ministériels inadéquats avait été écartée stupidement de sa mission primordiale d’enseignement des savoirs fondamentaux.

On a vu poindre insidieusement l’ombre de la régression démocratique avec l’invention du nom dévalorisant de  « massification ». Parler d’enseignement secondaire en France revient depuis quelques années à gloser sans fin sur la   « massification » dans le collège -dit unique. Cela ferait rire s’il ne s’agissait de  « nos enfants  » et de l’avenir de notre société.

Faut-il donc continuer à instiller le doute sur  l’intelligence des élèves, en déclarant que tous nos collégiens ne peuvent suivre un cursus secondaire ? Que nous n’atteignions pas tous le niveau de savoirs d’un(e) astronome… ou d’un(e) biologiste, je le conçois aisément, mais dire que le niveau de 3ème de collège – à condition que l’on sache lire et que l’on ait envie d’apprendre – n’est pas accessible à tous, serait une véritable imposture éducative et morale.  

En tant que Président de la V ème République, vous avez là un véritable défi à relever : faire que l’enseignement secondaire public égale en qualité celui dispensé dans les collèges   « privilégiés « , dans ces lieux où   « la culture humaniste[ ne] s’étiole [pas] et où   « la culture scientifique [ne] régresse [pas] ».
 
Il s’agit bien pour ce « temps de la refondation  » de ne plus se tromper d’objectif et de donner la même vraie culture générale à tous les adolescents de notre pays, et non pas seulement au petit nombre. Il s’agit d’avancer dans la conquête citoyenne des droits à l’égalité, de faire enfin, plus et mieux que les pionniers de la III ème.

L’avenir de l’enseignement public ne saurait en effet se satisfaire du simple accueil  « charitable » ponctuel et forcément partial de quelques lycéens de banlieues à l’Institut des Sciences Politiques de Paris.

Ce  « temps de la refondation » devrait, il me semble, avoir pour base la formation des professeurs et l’excellence de leur travail … car enfin, jusqu’à quand voudra-t-on nous faire croire que pour faire un bon professeur, il suffirait d’un an avec des formateurs, éminents universitaires certes, mais qui n’ont jamais enseigné aux 3-16 ans, alors que pour faire un bon artisan, il faut de trois à cinq ans avec des maîtres qui excellent dans leurs métiers ?
Une vraie formation de l’apprenti-professeur devrait se faire sur une période d’au moins deux ans, en alternance théorie-pratique, sachant que le plus précieux savoir-faire sera acquis en présence des élèves, avec l’exemple et les conseils de l’enseignant-maître d’apprentissage, lequel donnera de plus en plus d’initiatives à l’apprenti durant la seconde année. On ne leur demandera pas de faire le Tour de France comme aux Compagnons, mais  le tour des écoles de la ville et/ou du canton sera des plus enrichissants.
C’est ainsi que celle ou celui qui a enseigné en centre ville enseignera de la même façon, avec la même attente exigeante, dans une école rurale ou une école de banlieue.
Les cinq premières années d’enseignement devraient permettre aux professeurs débutants de retrouver régulièrement leurs tuteurs pour se perfectionner, venir à bout de leurs difficultés et se cultiver encore et toujours.

La nouvelle fraîche de la suppression du samedi matin me conforte dans ce que j’avais repéré … comme étant la tendance lourde   « au toujours moins d’école ». Avec la mauvaise foi qui n’appartient qu’au discours officiel, on dit que cela améliore les rythmes scolaires des élèves alors que l’emploi du temps scolaire sur quatre jours est particulièrement bousculé.

La diminution du temps scolaire pour les élèves est lourde de conséquences et n’exonère en rien les présidents, les ministres et les enseignants de leurs responsabilités éducatives et culturelles pour le plus grand nombre – c’est-à-dire pour tous ceux qui remplaceront l’école par la télévision, les jeux vidéo et le grignotage, le mercredi et le samedi.
Pour ceux-là, au manque d’école s’ajoutera le manque de temps forts d’acquisition culturelle et artistique : fréquentation des bibliothèques, des médiathèques, des musées, des ateliers d’artisans, des entreprises aux techniques innovantes, des lieux de recherche scientifique, fréquentation des écoles de musique, d’arts plastiques, de théâtre et de danse,  rencontres avec les élus, les sorties au théâtre, au concert,  l’apprentissage   « vivant » de langues dans des activités ludiques (jeux de société – chansons), culturelles (théâtre), ou sportives, les échanges avec les jeunes européens etc.

Je suis en plein accord avec votre conclusion : « A nous de reprendre le fil qui court depuis l’humanisme de la Renaissance jusqu’à l’école de Jules Ferry en passant par le projet des Lumières. »
A cette nuance près que  « le fait religieux » , s’il est abordé en histoire des civilisations, a une place telle dans notre histoire nationale – la monarchie de Droit Divin, les guerres de religion, l’Inquisition et ses bûchers jusqu’aux privilèges du clergé avant la Révolution de 1789  etc.– que l’on ne peut dans une perspective laïque chèrement acquise, le survaloriser.
Si d’après vous,  « le spirituel, le sacré accompagnent de toute éternité l’aventure humaine. S’ils sont aux sources de toutes les civilisations », je pense que les dieux sont les fruits de l’imagination créatrice de mythes d’Homo sapiens, et que notre humanité aurait un bien plus bel avenir, si ces dieux n’empêchaient pas la fraternité… 

En vous remerciant de l’attention … je vous prie de croire, Monsieur le Président … »

Michèle Pacory-Poncet

 * en réponse à sa « lettre aux éducateurs » de septembre 2007
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  ♦   9 août 2012 /  Le service du courrier du Ministère de l’Éducation nationale n’a pas trouvé le cabinet de M. Peillon  et  son  «comité de pilotage de la  Refondation de l’École de la République».
Il a refusé mes lettres adressées à Mme  Mons
  sociologue et à M. Christian Forestier IGEN et me les a retournées copieusement chiffonnées comme sorties de la poubelle.
L’histoire ne  dit pas si le
 service  susdit a remis les lettres à Mme Colombani journaliste au magazine Elle  et à M. Bonneau président de la région Centre — ou si elles sont simplement passées à  la choucrouteuse… Je penche pour la deuxième solution

Voir la fine étude de Dominique PASQUIER : Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité Autrement février 2005  / Voir aussi l’excellent travail de Catherine ROBERT professeur de philosophie au lycée Le Corbusier d’Aubervilliers qui fait de la culture un vrai festin pour ses élèves…

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note du 8 juillet 2012

Ce vendredi 3 février 2012, au menu de l’école publique

3 février 2012

  Discrimination et prosélytisme    ♦   Petite chronique des nouveaux Tartuffe         

Ce vendredi 3 février, il n’y aura  pas d’exemple de mère ou de père de famille venant apostropher, de façon agressive, le directeur ou la directrice d’une école publique laïque, parce qu’il n’y avait pas de poisson* au menu du restaurant scolaire !

Comme le dit si bien Michel Onfray,  l’église catholique, apostolique et romaine n’a plus « les moyens du bûcher » pour imposer quelque  dogme que ce soit, ni quelque  interdit  alimentaire, au service public de restauration scolaire.

De même, toutes nos  familles de confession juive qui ont toujours admiré et respecté  notre enseignement laïque,  n’ont jamais exigé de menu cascher à l’école publique, pour leurs enfants.
Il n’est que de se souvenir de la stigmatisation des leurs, par le port obligatoire de l’étoile jaune voulu par le gouvernement pétainiste pour complaire à ses  alliés nazis,  pour comprendre le drame de  la perte de l’égalité et de la liberté citoyennes qu’est la discrimination par le religieux.

C’est pourquoi il est bon de  savoir qu’ en ce vendredi 3 février 2012, dans les écoles maternelles publiques des secteurs 3 et 4 de la ville de Tours,  les enfants – qui ne mangeront jamais de poisson les autres vendredis de février–  ont  au menu,  de la galette au jambon … de dinde.
             Ce jour-là, les enfants de l’école publique n’auront mangé ni cascher, ni catholique, ils auront mangé islamique.

         Faudrait-il croire  que l’islamisme aurait  toujours « les moyens du bûcher» pour faire peur à ce point, à la société française du  XXI ème siècle, pour imposer  la charia  aux élus  municipaux, aux  conseillers généraux, aux conseillers régionaux, au ministre de l’Éducation nationale, au Premier ministre, pour interdire la consommation de viande de porc dans tous les restaurants scolaires de l’école publique ?

S’il y a  le souci de l’hygiène alimentaire, de la gastronomie , de  la diététique et du bio, chez les responsables des cuisines centrales, il y a désormais en permanence,  à la demande des élus,  l’impératif du  jonglage pour faire islamique.

De même, dans la ville de Joué-lès-Tours, en février 2012,  il y aura du poisson tous les mardis, le rôti de porc d’un jeudi (sur quatre), sera remplacé par de la … dinde,  et tous les mercredis (au centre de loisirs) et tous les lundis et tous les vendredis, ce sera du  sans porc.

             Est-ce parce que 2012 est une  année bissextile, que la restauration scolaire dans les écoles laïques est totalement islamique en février,  ou est-ce par crainte de menaces des pères et des  imams  ?

Au pays de Rabelais et des rillons,  dans notre pays libéré de la dîme infâme et de l’asservissement au pouvoir religieux catholique dès 1789,  il semblerait que  les hommes politiques – tous partis confondus, veuillent – après nous avoir infligé  la loi Debré –  nous faire courber  l’échine devant le coran.
    Le résultat est insupportable  : l’interdit islamique – avec la complicité des élus de la République laïque- introduit  dès l’école maternelle,  la notion de « péché » qui serait commis par les seuls enfants mangeant du porc, discriminés  aux yeux des autres   – ceux dont les parents** sont de la  « seule bonne religion islamique ».

Le dieu de l’islamisme
  (après le dieu du christianisme) vient semer la haine dans les esprits, la discrimination, dès le plus jeune âge, au sein même de notre école laïque et fraternelle.
 

 Le futur président de la République fera-t-il  une croix – ou  plutôt un croissant, sur cette fraternité sans discrimination religieuse, en transformant l’école laïque, libérée  de tous les dogmes religieux depuis sa création au XIX ème siècle,  en école d’obédience coranique ? 

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*Il  est bon de savoir aussi que le dogme catholique impose quarante-six jours de carême, c’est-à-dire quarante-six jours de jeûne du mercredi des cendres à Pâques, du 22 février au samedi 7 avril 2012.
Il me semble que les imams d’Indre-et-Loire ne trouveraient pas à leur goût que les enfants des familles musulmanes jeûnent à l’école publique et laïque, pendant tout ce temps, à cause du dogme catholique et qu’ils s’y opposeraient vigoureusement en portant plainte, soutenus comme à l’ordinaire,  par SOS racisme et par le MRAP.
**   Le « choix » laissé par les élus municipaux aux familles musulmanes a, en plus, un grave effet pervers sur les  parents, qui «surveillés par leur communauté »  sont tenus  par le contrôle, voire les menaces- contre leur gré et leur liberté de conscience – à  l’interdit pour leurs enfants. Ce « choix » introduit avec la discrimination, la pression du prosélytisme islamique dans l’école publique  et est donc doublement anti-laïque. 
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    8 février 2012        Clin d’œil à Molière dans la chronique des nouveaux Tartuffe de l’école laïque
     Face aux trois dieux des monothéismes vieux de dizaines de siècles, notre toute jeune laïcité n’a qu’une centaine d’années
Et même après la séparation des Églises et de l’État de 1905, il y a encore le statut concordataire en Alsace -Moselle et  des Tartuffe pour les servir au sein même de notre laïcité.
Les premiers (loi Debré 1959 jamais abrogée par le PS) pour subventionner totalement l’Enseignement privé de «caractère propre -sous-entendu religieux», les seconds pour poser sur la table du restaurant scolaire la loi de  leur premier commandement :   « Tu ne mangeras plus de viande de porc à l’école publique française car c’est interdit par l’islam.»

………………….mais chut ! il ne faut pas le dire, ni l’écrire – ce qui signifie que l’on n’a pas le droit de le penser (?) ….. sinon gare à la réaction d’un nouveau Tartuffe !  L’ingénue aura seulement droit à une leçon de morale laïque bien sentie sur son absence de bon respect des bonnes convictions laïques (sic) du monothéisme islamique :
« Quelle violence !  je suppose que vous avez écrit ce texte …  sous l’effet de la colère ….  Puis avec le recul, vous vous dites peut-être que vos propos sont allés  trop loin et ne sont plus tout à fait en accord avec vos convictions laïques qui impliquent aussi le respect des convictions de chacun. Et vous n’êtes peut-être pas très contente de vos écrits.»

          Au nouveau Tartuffe, la réponse de l’ingénue qui ne voulut ni demander pardon ni faire pénitence fut claire :
« Non, absolument pas, je ne regrette pas un mot de ce que j’ai écrit !
Non, c’est faux, Je ne suis pas en colère, je dis la vérité face à l’hypocrisie.  
Je suis très contente de ce que j’ai écrit : la violence n’est pas de mon côté et vous le savez bien
…»
 
 
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L’école primaire, les parents, et le programme du soir

11 février 2011

Pour l’immense majorité d’entre nous, l’école primaire de la République, l’école pour tous, date d’un peu plus d’un siècle.
Pour les familles nobles, puissantes et riches, cet enseignement a une histoire pluri-millénaire, tant il était évident pour elles, que l’éducation dès le plus jeune âge, assurait la pérennité de leur pouvoir sur le peuple illettré.

Ainsi apparaît dans toute sa vérité l’importance capitale que revêt pour les 3-11 ans la première école. Les parents d’aujourd’hui savent-ils que dans ce domaine précis leur rôle et leur sens de la responsabilité sont  irremplaçables ? Et surtout savent-ils, que contrairement à ce que l’on distille depuis une quarantaine d’années, point n’est besoin d’être gosse de riche pour réussir les apprentissages fondamentaux et surtout apprendre, comprendre et aimer lire ?

J’en veux pour preuve l’obtention du Certificat de fin d’études primaires  pour les enfants de paysans, d’ouvriers et d’employés, dès la fin du XIX ème siècle. Si l’arrêt brutal de la scolarité gratuite à 12 ans laissait tant de jeunes sur leur faim de culture et de savoirs – [car c’est là que surgissait l’inégalité socio-économique face  à la poursuite des études payantes au collège et au lycée – et à la nécessité impérieuse d’apporter un salaire de plus à la famille] –  ils avaient déjà  un capital solide de connaissances que beaucoup firent fructifier.
J’en veux pour preuve aussi mes petites élèves algériennes du bidonville de Nanterre qui, à l’école toute neuve des Pâquerettes, avaient un aussi bon niveau en lecture et en rédaction que celles de l’école annexe des Batignolles.

Depuis les premiers écoliers en sarrau noir jusqu’aux petites élèves de Nanterre ;  de la III ème  République (223 jours d’école) au début de la V ème République (188 jours d’école), l’école était ouverte cinq jours par semaine soit 30 heures. On avait alors tout  le temps nécessaire pour bien  apprendre 😉    … et du départ de la maison à 7 h30, au retour à 19 h, je n’ai pas le souvenir d’avoir été fatiguée.

Depuis 1969, le nombre de jours d’école n’a cessé de diminuer, du fait du pouvoir politique qu’il soit de droite ou de gauche. L’école primaire n’ouvre désormais que 140 jours  par an,  et  l’on pleure des larmes de crocodile sur la fatigue des enfants,  et sur la mauvaise répartition de leurs  225 jours de vacances. Si l’on ajoute que 25 % des élèves de collège ne comprennent pas ce qu’ils lisent, je pense que la France a  tellement malmené son école primaire qu’elle  mérite le bonnet d’âne.

D’ailleurs, comme on n’arrête pas la sottise, les solutions affluent en 2011 : les uns, étonnés de voir les enfants bâiller à 9h, proposent de commencer l’école à 11h, ou  de  remplacer les cours de la matinée par « un sas anxiolytique » (sic),  et ceux de l’après-midi  par le sport, d’autres encore sont pour le tout  ludique afin d’éviter à  l’enfant l’effort de l’apprentissage etc.

L’école primaire tant aimée  a été tellement malmenée que les parents ne savent même plus qu’elle est décisive pour leur enfant.
Alors, ils  en oublient les principes simples qui doivent régler les rythmes de vie de leurs enfants à la maison,  et cèdent à tous leurs caprices. Depuis une vingtaine d’années, la télévision trône dans la chambre des petits. Les parents ne se soucient pas des effets à court, moyen et long terme de cette vilaine nounou sotte et braillarde qui abrutit leurs enfants jusqu’à ce qu’ils en perdent la capacité  intellectuelle de se concentrer sur une page de lecture, ou de fixer leur attention sur un exercice à faire.

Sans attendre qu’une énième commission propose les bonnes (ou les moins bonnes) solutions pour  la semaine à l’école primaire, les parents  seraient bien inspirés d’ôter prestement  la télévision de la chambre des petits,  de limiter l’usage des jeux vidéo et surtout, de veiller au précieux sommeil qui garantit  croissance, santé et  équilibre :  12 à 10 heures par nuit pour les 3-5 ans  – 10 à 9 heures pour les 6-12 ans … et le lendemain, de préparer le petit-déjeuner sans les faire passer par l’abominable case criarde de la télévision du matin.

Arrivés bien éveillés et  bien reposés à l’école, leurs chers enfants seraient ravis de retrouver  leur classe,  et les apprentissages s ‘effectueraient  facilement avec – en plus –  beaucoup de mémoire disponible … à condition bien sûr,  que leurs petits camarades aient eux aussi bien dormi, et  soient calmes, intéressés et attentifs aux multiples découvertes de la journée.

Comme quoi, ce sont aussi les parents qui peuvent montrer l’importance qu’ils accordent à  l’école primaire en changeant  le programme  du soir à la maison,  afin que les enfants puissent retrouver dans le temps d’école,  le plaisir d’apprendre et de cultiver la vivacité de leur intelligence …  au lieu de les laisser se rassoter et s’épuiser jusqu’à minuit, devant une télévision vulgaire et violente.

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