Ni le cannabis ni la cocaïne ne rendent intelligent

 Conseil à nos futur(e)s lauréat(e)s    Note du 13 juin 2008  revue le 8 juin 2015         


  À vous, Cher Ulysse et Chère Pénélope, vous qui abordez l’Odyssée 2015 du baccalauréat ou du brevet, j’espère que  vous n’avez pas  écouté les Sirènes qui vous susurraient à l’oreille, depuis la 5ème, les délices du cannabis  (1) et de la cocaïne  (2). Ce sont de drôles de Sirènes qui n’auraient fait qu’engraisser avec votre argent (celui de votre famille) les requins du terrorisme international.

D’ailleurs, vous vous en doutiez un peu, la régulière et exorbitante cotisation à la Grande Truanderie de la drogue ne remboursera pas vos futures dépenses de santé. Pour cela vous ne pourrez compter que sur la bonne vieille Sécurité sociale … Tiens, si vous révisiez l’histoire du syndicalisme et des luttes sociales en France ?

Bref, Cher Ulysse et Chère Pénélope, vous l’aviez compris,  le cannabis, la cocaïne etc. ne remplaceront jamais une bonne année de travail opiniâtre. Et si l’on comptait sur la drogue pour devenir intelligent, on aurait déjà tout faux. Les Sirènes, on le sait, ne racontent que des bobards. L’esprit s’embrouille, la mémoire immédiate disparaît avec la concentration, et la révision devient mission impossible.

Vous êtes beaucoup trop malins pour penser que la drogue changera le candidat ignorant en petit génie. Renifler la poudre, fumer l’herbe ne vous souffleront ni l’inspiration ni le savoir, devant le sujet de français, de philosophie ou de mathématiques. Le génie, c’est apprendre à réfléchir et à travailler régulièrement afin de réussir, tout en évitant  les sombres écueils   “ des troubles psychiques … des délires paranoïdes et …des attaques de panique.”

      Alors bon vent à vous !  
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Pourquoi la consommation de cannabis est dangereuse ?
 Professeur Jean Costentin  – Unité neuropsychopharmacologie, faculté de médecine et de pharmacie de Rouen.
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 Voir aussi OFDT Observatoire français des drogues et des toxicomanies)
Les drogues à 17 ans. Analyse de l’enquête ESCAPAD  2014
“ En 2014, près de 9 adolescents de 17 ans sur 10 ont déjà bu de l’alcool (89,3%)
– près  de 7 sur 10 ont déjà fumé une cigarette (68,4%)
–  près  de 5 sur 10
ont déjà fumé du cannabis  (47,8%)”.
  Conclusion : Un jeune français de 17 ans sur deux a donc déjà expérimenté l’alcool, le tabac et le cannabis dès le collège

 Bon à savoir : l’effet « lourdingue » de la cocaïne :        

Témoignage de C. décoratrice de 35 ans : « … C. a vite compris le revers de la médaille en voyant ses collègues, ses patrons ou ses clients sous l’emprise de la cocaïne : « Les effets négatifs, on ne les voit pas sur soi, mais sur les autres, c’est criant. Un type sous coke se met à raisonner en boucle, il devient lourdingue. Il est de plus en plus surexcité, impatient. Hyper-sensible aussi, un rien l’agace. Puis il devient arrogant, parano, agressif. Il a toujours raison, les autres sont des cons, point. » La dépendance psychologique s’installe rapidement…  » Enquête La cocaïne au quotidien Yves Eudes Le Monde 13.04.2006
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…    Du 13 juin 2008 au 6 juin 2015

 Roberto Saviano  (
Gomorra/ Gallimard 2007) sur France 5, accueilli par François Busnel dans La Grande Librairie le jeudi 27 novembre 2008 / à voir ou à revoir dimanche 30 novembre à 9h 50.  
 » …Toute la cocaïne française est traitée à travers les cartels italiens qui traitent avec les cartels d’Amérique du Sud … » R.S.          

Le lent travail de pourrissement de notre société démocratique se poursuit. (Cf. ma note Cadres (privé / public) et cocaïne du 27 janvier 2008).  Les gangs et les mafias redoutables qui les approvisionnent sont actifs sur tout notre territoire  (Cf. ma note Du trafic de cannabis ? en ( Ile-de) France ?  du 10 octobre 2008).

♦ Voir  la page l’INSERM et les jeunes face au délire de Terra Nova -6 juin 2015

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Mai 2008 : où en est la mixité scolaire ?

Le mois de mai 2008 fut rude dans Le Monde pour la gent masculine. Après l’article de Luc Bronner le 3 – Délinquance : le problème, c’est l’homme – nous eûmes le 28 celui de Martine Laronche – A l’école, les filles battent (sic) les garçonsCes statistiques, ces études sociologiques en renforcent d’autres. Les faits sont têtus ; les garçons n’arrivent pas à égaler les filles : elles travaillent mieux et plus, elles ont une meilleure maîtrise de leurs pulsions agressives.

Une révolution culturelle pourrait-elle enfin éclore ?  La mixité scolaire doit être repensée lucidement en terme d’égalité des droits et des devoirs entre les garçons et les filles. C’est elle en effet qui sera un des leviers de la nécessaire parité,  le nouvel humanisme du XXI ème siècle.

Depuis quatre décennies les garçons et les filles ne se quittent plus  ; c’est la mixité scolaire avec sa convivialité et ses émotions, mais aussi ses difficultés et ses injustices. Dans sa note du 24.10.2000 intitulée   A l’école, au collège et au lycée : de la mixité à l’égalité *, le ministre J. Lang exposait  » ce noble et difficile combat : libérer nos sociétés d’un de ses carcans les plus archaïques et parvenir à une parfaite égalité de conditions entre les hommes et les femmes. Parce qu’elle a en charge la formation de futurs citoyens, l’école est aux avant-postes. »

Suivait un document dont je recommande

– le chapitre 4 L’évaluation   où deux  »  scénarios  » évoquent  les stéréotypes d’enseignant dévalorisant la fille :  » Julie a fourni de gros efforts, travail sérieux. Continuez. » alors qu’elle a la même moyenne en mathématiques que le garçon :  » Christophe est en-dessous de ses possibilités. Pourrait être un élève brillant s’il travaillait plus régulièrement. «  ; et le conseil de classe refusant à la fille la 1ère scientifique qu’elle souhaitait, alors qu’avec la même moyenne, il l’accorde au garçon.

–  le chapitre 6 L’éducation à la santé, à la sexualité et à la prévention des violences sexistes et sexuelles où le  constat  stéréotypé  tel  que  » La consommation d’alcool est souvent considérée comme un rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte, communément accepté socialement pour et par les garçons.  » Questions : Faut-il pour autant banaliser une consommation régulière d’alcool  ? Faut-il interpréter différemment l’alcoolisation des garçons et des filles ?  » 

La réponse de M. Lang est un morceau d’anthologie du laxisme éducatif, de la déclaration d’impuissance  :  » La permissivité engendre les abus, les risques de violences, et met en danger la santé et la sécurité des adolescents. L’interdiction formelle induit des conduites de transgression. » Comme si les adolescents en apportant des bouteilles d’alcool, ne savaient pas déjà qu’ils transgressent ; comme si on ne pouvait pas, avec la bonne autorité protectrice qui est le devoir de l’enseignant et de l’éducateur, à la fois faire réfléchir et interdire –donc sanctionner !

Avec cette note de 2000, le ministre J. Lang gardait la même posture uniquement permissive héritée des  » enragés  » de 1968. Et pourquoi, le scénariste en chef de la rue de Grenelle n’évoquait-il  pas aussi la drogue ?  La consommation de cannabis, depuis ce temps-là, a atteint un jeune de 17 à 25 ans sur deux. M. Lang, pour l’alcool, la drogue, comme pour la laïcité ( tolérance du port d’insignes religieux, tel  le voile islamique), n’a pas été  » aux avant-postes « .

            Les lycéens, encore plus que les lycéennes, ont fragilisé leur santé,  gaspillé  leur précieuse jeunesse, temps fort d’apprentissage des savoirs et de la citoyenneté, détourné l’argent de leurs familles. Quant aux collégiennes et aux lycéennes, elles subissent en permanence des propos sexistes forcément insultants de la part des garçons. Voilà un bilan que l’histoire jugera.

Nul doute qu’il faille revoir un meilleur usage de la mixité, afin que les garçons puissent comprendre auprès des filles, la nécessité d’un travail  régulier sans excès de langage, de substances toxiques et de comportements violents et/ou perturbateurs, et que les filles puissent comprendre auprès des garçons, la nécessité de la confiance en soi et de l’ambition personnelle ;  tout cela grâce à la ferme volonté éducative de l’institution, dans un environnement scolaire à nouveau paisible.

          

* Bulletin Officiel du ministère de l’Education Ntionale et du ministère de la Recherche. HS n° 10 du 2 novembre 2000

 

                                                                                                           

 

L’exploit : dix jours sans télé ni jeux vidéo

24 mai 2008

C’est ce que tentent de réaliser depuis le 20 mai 2008, à l’aide des enseignants et (bien sûr) des parents, les écoliers de l’école Ziegelwasser de Strasbourg !

C’est tellement extraordinaire que l’on veut bien croire que c’est  » une expérience unique en Europe  » ! On ne peut que féliciter chaleureusement l’école et les parents d’avoir osé  cette expérience. Les enfants en récolteront l’idée que la seule position assise – voire avachie, les yeux rivés sur un écran,  n’est pas le seul loisir possible pour les 6-11 ans.

A eux d’expérimenter la rime affichée dans l’école :  » Ecrans éteints, ça fait du bien « . Le défi est déjà lancé : qui – avec toute sa famille – tiendra 11 jours ? Allons, demandons l’impossible, qui tiendra un jour sans écran chaque semaine , juste pour continuer d’apprendre  à «  voir autrement « ?

Vu à la télé … juste avant… d’éteindre…

 

                                                                                   Dix jours après

Rassurons-nous, tous les enfants ont pu (sur)vivre et se divertir 😉 grâce à l’excellente participation éducative des adultes. Ils ont découvert un avant-goût de tout ce qu’ils pourraient créer, choisir, vivre enfin eux-mêmes, au lieu de la seule passivité grignotante des 1200h devant  » le tout-fait étouffant  » de l’audiovisuel.

Et si toutes et tous, nous pouvions oser leur redonner ainsi ce merveilleux temps de l’enfance ? Quel exploit ce serait !

                                                                      

Concernant les 12-25 ans voir  Dans la spirale des jeux vidéo  (documentaire d’Heide Breitel rediffusé sur Arte le 20.06.2008 à 9h55 / 68′)

« Hyper réac la morale… » ?

27 avril 2008 – 8 avril 2018 – 14 avril 2019

Dixit un professeur d’école en formation à l’IUFM de Livry-Gargan (1) (Seine-Saint-Denis) qui juge le lexique des nouveaux programmes « hyper réac ». Il y a lu les mots « morale », « instruction civique », « éducation à la citoyenneté  » qui sont, pour lui, de vilaines notions hyper régressives et hyper répressives, forcément désastreuses pour des enfants nés au XXI ème siècle.

Préfèrerait-il laisser aux seuls curés, imams, rabbins et autres pasteurs, l’apprentissage aux enfants de commandements et de lois  » dictés  » par des dieux, par des prophètes, ou par un seul mais pas le même, et qui nous font la « morale » depuis des millénaires en nous infligeant leur obscurantisme dogmatique, leurs pouvoirs de « droit divin », la stigmatisation des femmes, les anathèmes, les menaces de mort aux « mécréants », aux « incroyants », les guerres de religion, le terrorisme des communautarismes fondamentalistes ? (2) etc.

N’aurait-il pas une petite idée de ce qu’un professeur d’école peut apprendre à ses élèves par son propre exemple, sa tenue, son langage, son calme et sa fermeté ? Ne pense-t-il pas qu’il peut assurer par sa bonne autorité, leur attention et leur concentration ? Ne pense-t-il pas qu’il peut prévenir les violences pendant les récréations pour en faire – comme il se doit – des moments paisibles ?

Ne pourrait-il pas savoir que son devoir d’enseignant est  d’encourager les élèves  à fournir chaque jour des efforts pour respecter le règlement scolaire, mieux se contrôler,  respecter les camarades de classe et les professeurs,   respecter les locaux, simplement parce que d’autres enfants après eux en auront besoin ? etc.

En fait, cet apprentissage de la tenue, de la politesse et du bon comportement, avec la sévérité nécessaire pour imposer le respect, c’est bien ce que réclament les collégiens « sensibles » d’Aubervilliers ; et les 18-21 ans des centres Défense Deuxième Chance ne les contrediront pas, quand ils reconnaissent qu’ils viennent tout juste d’apprendre à dire « bonjour » et à se lever le matin pour travailler …

Alors, instruction civique et morale,  éducation à la citoyenneté … mais avant 18 ans, ce serait quand même mieux … et cela ferait des millions d’euros d’économie !

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1 Panorama vidéo Ce que les professeurs des écoles reprochent au ministère de l’éducation nationale   Le Monde.fr 15.04.08
En 2016   Site ESPE  Créteil
2 C’est dire si le professeur laïque d’école, de collège et/ou de lycée peut mieux faire que le curé, l’imam, le rabbin , le pasteur …et tous les gourous sectaires. N’en déplaise au président.

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Les collégiens sensibles d’Aubervilliers

21  avril  2008

Comme un douloureux écho à mes notes sur les Devoirs de l’Ecole,   Quarante ans plus tard,  et Une école  en vacance, l’enquête de Luc Bronner1 nous fait entendre   la violence ordinaire dans un collège  sensible.
La formule décrit déjà à elle seule l’insupportable et le  désespérable *   du quotidien des  adolescent(e)s au collège Jean-Moulin d’Aubervilliers.

Il faut savoir que chaque fois qu’un collège est fermé comme à Clichy-sous-Bois le 14 avril 2008 **ou que les professeurs débrayent  comme à Aubervilliers le 8 avril 2008, suite à des jets d’acide chlorhydrique  ou de mélanges explosifs,  c’est une  victoire sordide de délinquants lâches et illettrés sous l’emprise de l’alcool et de la drogue ; une victoire de la bêtise sur l’apprentissage scolaire ; une victoire de l’obscurantisme sur le savoir ; une victoire de l’économie souterraine sur le collège public, ses élèves et ses enseignants.

Ainsi c’est  leur loi  qui  gouvernerait, leur loi du silence  imposée  par des menaces intolérables. Leur loi du silence tellement assourdissante  qu’au rectorat de Créteil, on se contente de riposter à l’aide de logiciels2, qui comme chacun sait, impressionnent fort les récidivistes.

Face à cette pitoyable dérobade de l’administration orchestrée par le laxisme des ministres de l’Education nationale – néanmoins grands donneurs de leçons de morale devant la République -, la décision d’un professeur de français de faire écrire aux élèves une lettre à l’Inspecteur d’Académie***  et d’appeler un journaliste du Monde était une décision de bon sens.

Et les plus sensé(e)s et les plus sensibles sont  bien les collégiennes et  les collégiens qui expriment avec courage leur volonté de réussir leurs études, d’apprendre un métier, d’avoir un avenir. Demandent-ils l’impossible – comme dans le slogan de Sorbonne 1968 ? ou demandent-ils simplement que l’on respecte leurs droits, en instituant à nouveau dans leur collège la bonne autorité, celle qui les protègerait, celle qui leur permettrait de travailler dans le calme et la dignité ?

Quel sens M. Darcos donnera-t-il à la demande légitime de ces jeunes citoyens ?  S’il suit la « mise en place du volet  Education nationale de la dynamique  Espoir banlieues  ****, il se pourrait qu’il offre le collège Jean-Moulin à l’enseignement privé catholique. Et ce serait alors le signe précurseur de la privatisation des collèges.
Enseignement public, démocratisation, laïcité, échec et mat.  Désespérable !

                            

1   » Des mots de collégiens sonnent l’alarme  » article de Luc Bronner du 19.04.08

2   Signa puis Sivis : système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire    » Incidents  en hausse mais difficiles à recenser (sic) » article de Luc Cédelle du 19.04.08

* néologisme très sensible de l’un d’entre eux

** Lire le témoignage de Jérôme Maufras : Moi, un prof à Clichy-sous-Bois

*** Mais en même temps sur le site de l’Inspection académique : « L’éducation en Seine-Saint-Denis« 

    on peut lire  au chapitre  « Consolider  notre plan d’action pour développer la citoyenneté et la sérénité de la vie scolaire «  : « En Seine-Saint-Denis, en appui sur un dispositif partenarial mis en place en 1992 et sur la convention de partenariat signée par le recteur avec les préfets de département le 20 septembre 2005, le plan général de prévention de la violence, établi l’an dernier [2006], est en cours de réalisation. » 

….seize ans donc pendant lesquels  se seront succédés préfets, recteurs, inspecteurs d’académie et   ministres de l’Education nationale ;  seize ans perdus,  d’un temps si précieux,  pour l’ avenir des collégiens nés entre 1980 et 1996…

   on est  informé  de la Campagne  » Pas d’école, pas d’avenir «  (Tiens, c’est ce que disent les lettres sensibles !)  du 12 au 25 mai 2008. 

**** cf ma note Le devoir  » Espoir banlieues  » du ministre  28 février 2008