L’école de l’Ancien Régime aux frais de la République

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 Devant l’école privée

Il est 8h30. Les parents arrivent en voiture devant l’école privée catholique * . C’est l’animation habituelle. Une vingtaine de voitures stationnent de façon plus ou moins anarchique, cinq ou six 4×4, de belles limousines, seulement deux ou trois voitures classiquement ordinaires.

Quelques mères d’élèves papotent devant la statue de la Madone. Arrive un 4×4 … flambant neuf qui crée  l’émotion » ; une jeune femme en cuissardes de cuir noir, la quarantaine chic, en descend avec sa fille et se joint au groupe.

Deux cents mètres plus loin, juste après le virage qui cache à la vue l’école privée, une autre jeune femme stationne sa Super 5 hors d’âge derrière la poste. La trentaine, habillée modestement, la maman aide sa petite fille à descendre du véhicule, puis toutes deux, se dirigent à petits pas vers l’école. A quelques minutes de l’heure de la rentrée, elles passeront inaperçues…

… Et en classe, il y aura  un dessin à colorier, où l’idée de péché,  »  fondamentale  » dans les dogmes monothéistes,  imprègne déjà une simple activité graphique… et les jeunes intelligences.

Coloriage mars 2010 école privée sous contrat

Coloriage à l’école privée  » sous contrat * avec sa légende :
«  Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. Jean 8,11 »

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… Et le même jour, devant le lycée privé, **des lycéens fumaient ; les occupants  du P•••••e  Cayenne, immatriculé dans les Hauts-de-Seine, guettaient l’apparition du revendeur, ayant foi en la multiplication de  leurs gains, grâce à leur manne stupéfiante.

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* Appelons-la « l’école Sainte-Marie-des-grosses-berlines »    
** Appelons-le « Saint-Jules-du-go-fast »

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Nos impôts financent désormais – depuis la présidence de François Mitterrand qui a favorisé les accords Lang-Cloupet de 1992 –  la totalité du fonctionnement de ces établissements, payants pour les familles. 

L’enrichissement permanent de l’Enseignement privé catholique est une manière pour l’Épiscopat de reprendre, vis-à-vis de la Nation, sa position et ses privilèges d’Ancien Régime.  Depuis les débuts de la Vème République, les dirigeants politiques lui versent  une nouvelle dîme de milliards d’euros et bafouent l’École laïque.
            
 Dans son discours du 15 janvier 1850 où il s’opposait au projet de  loi Falloux qui établissait  le monopole de l’instruction publique en faveur du clergé, Victor Hugo le proclamait  :  » Je ne veux pas que ce qui a été fait par nos pères soit défait par vous. Après cette gloire, je ne veux pas de cette honte.  » 

        
             Quelle majorité politique voudra  l’entendre ?   

La  » loi du mâle  » n’est pas la loi républicaine

 

    note du 10 septembre 2010 complétée le 29 septembre 2010                

En marge de la future programmation sur Arte du documentaire, le 29 septembre 2010 à 21h35 « La cité du mâle * », j’ai lu avec intérêt les commentaires ** de deux lycéens de terminale, Julie et Amid /pseudonymes/ à Vitry-sur-Seine, auxquels on l’a présenté en avant-première.
Les propos de Julie et d’Amid permettent de saisir  -sur le vif- le fonctionnement  de ce que nous appellerons « la loi – ou code d’honneur – du mâle ».

On s’aperçoit vite que Julie a tellement été formatée mentalement par ce code, tout au long de sa scolarité dans la mixité du collège et du lycée, qu’elle est incapable d’en discerner la vulgarité, l’injustice et la cruauté ; elle utilise d’ailleurs comme Amid,  le terme de « chienne » pour désigner une jeune fille.

Amid a sa géographie personnelle de Vitry ; et il assure que Paris et Vitry sont « deux mondes différents, on n’appartient pas au même monde… je sais que chez nous  [à Vitry]… » Amid définit précisément comment Vitry est son territoire, où vit sa communauté, et dans sa logique, chez lui , à Vitry,  la loi, c’est définitivement la loi du mâle, dictée par la force du traditionalisme des coutumes et de la religion et qui  l’emporte, depuis des décennies, sur les valeurs de la République.

Dans un entretien, Malika Sorel *** explique courageusement la réalité sociologique  : « Du fait de l’importance des flux migratoires, il était hautement prévisible, en raison même du fonctionnement de ces populations, qu’elles reformeraient leurs sociétés d’origine sur la base de leurs propres normes collectives. »

On apprend que chez Amid, à Vitry-sur-Seine »,  il existerait un  monde de mâles dit « des mecs de banlieue »  qui aurait le pouvoir absolu sur  des jeunes filles dites « des meufs de banlieue ».
Chez Amid,  le sujet de conversation est en permanence :   « Savoir si la fille l’a déjà fait ou pas. »  Cette obsession de l’acte sexuel, accompli par une jeune fille  s’inscrit dans  la coutume  qui veut qu’elle soit vierge à son mariage, et que cela conditionne l’honneur du mari et des familles.

Cette obsession fondamentale des mecs de banlieue déclenche chez eux la suspicion,  qui engendre à son tour la méfiance et une haine instinctive  des meufs.
C
ette obsession est le fondement de la loi du mâle ; elle légalise  leurs contrôles permanents de la  »  bonne  » tenue vestimentaire des jeunes filles –  avec notamment l’interdiction de la jupe -, la  surveillance monomaniaque de leur allées et venues etc.  avec pour seul et unique but : les humilier et les soumettre à la loi du mâle.C’est  au nom des traditions ancestrales et religieuses qui veulent des femmes sans droits, soumises aux maris, que «  des mecs de banlieue »  s’autoproclament  »  juges suprêmes « , et que « leur  tribunal-  selon- le- code- d’honneur -du -mâle »  a tout prévu pour infliger  » aux meufs de banlieue   » des maltraitances, des viols en réunion, des  exécutions par étranglement, égorgement, par le feu ou la lapidation.

Chez « les mecs de banlieue »  où la normalité ancestrale pour les hommes est de n’être pas vierges quand ils se marient, tous les mecs de banlieue  l’ont  « déjà fait »  et selon leur vocabulaire, c’était forcément  avec des chiennes, des traînées ou des putes…mais cela n’a pas souillé « leur idéal de pureté ».
Les mecs de banlieue  ne pensent pas être devenus des chiens ou des prostitués ; selon la loi du mâle, leur honneur et celui de leur famille est toujours intact.
Evidemment, il serait inconcevable, toujours selon la loi du mâle, que la jeune fille, elle, dise qu’elle se sente souillée d’épouser un mec de banlieue pas vierge,  que son honneur et son « idéal de pureté »  sont bafoués.

              On l’aura compris la loi du mâle condamne définitivement la femme à l’inégalité, à l’infériorité et à la soumission. Mais en France,  la loi du mâle est  hors-la-loi ; elle n’est pas tolérable auprès de la loi républicaine de l’égalité des droits et des devoirs entre les hommes et les femmes.

Il y eut cette année le débat sur l’identité nationale où il fut si difficile de faire valoir la force et la valeur de nos idéaux républicains, suivi du débat sur l’interdiction de la burqa et de la nécessité d’une loi pour redonner le droit à la dignité et à l’égalité de la femme citoyenne  en France.

Il y aura encore beaucoup à réfléchir avec les élus, les familles, et les enseignants sur ce qui demeure notre devoir impératif pour un futur démocratique : la formation intellectuelle,♦ culturelle et citoyenne de  notre jeunesse.
Pour cela nous devons être fiers de nos idéaux, et il se peut, si nous sommes déterminés que nous arrivions à faire comprendre aux mecs des banlieues qu’ils habitent en France.
Avec nous, ils ont comme nous, les mêmes droits, mais aussi comme nous, les mêmes devoirs citoyens, dont celui de respecter la dignité et l’égalité des femmes.

 

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* Documentaire de Cathy Sanchez Arte  /.  Théma : « Femmes : pourquoi tant de haine ? »

**  Entretien de Chloé Leprince pour Rue89 /31.08.10./ citations d’Amid en italique.

*** Dans son entretien avec David Garzon (Arte.tv). Malika Sorel est membre du Haut conseil à l’intégration, ingénieur de l’Ecole polytechnique d’Alger et diplômée de Sciences-politiques. Elle a publié « Le puzzle de l’intégration – les pièces qui vous manquent » Ed. Mille et une nuits.

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NB ♦ L’école, le collège et le lycée sont les endroits idéaux pour  partager les trésors de notre patrimoine culturel  avec celles et ceux qui en sont privés, et qui ne peuvent écouter que du rap et ne voir que des graffitis  ;  il y a une autre culture après le hip-hop ! Les élèves ont tellement besoin de leurs professeurs pour  conquérir leur droit à la culture, s’éveiller à  cette beauté, en découvrir toute la richesse.

Rentrée littéraire avec les écrivains d’Afrique …

 
 
                      avec les écrivains des Caraïbes et des Antilles à découvrir sur TV5MONDE :

Michèle Rakotoson ( Madagascar )
                     
                                          – Yusuf Kadel ( Île Maurice )
                              
                                                    – Mambou Aimée Gnali ( République du Congo )

                   – Venance Konan ( Côte d’Ivoire )
                       
                                                                       – Sylviane Vayaboury ( Guyane )
 
                                                    Boniface Mongo- Mboussa ( République du Congo )

                                   – Suzanne Dracius ( Martinique )

C’est l’endroit rêvé … où l’on peut aussi  gagner    Désir d’Afrique    un livre de Boniface Mongo-Mboussa – dans la collection  » Continents Noirs «  (  Gallimard)

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… et la lettre du 7 août du marquis de Ferrières


              

Lettre du marquis de  Ferrières* à son épouse

                                        Versailles, 7 août 1789

(…)
«   Nous avons eu une séance très mémorable, mardi 4 août… S’il en résulte quelques avantages pour le bien général, je me consolerai facilement de ce que je perds comme gentilhomme, et comme seigneur de fief.

Venons aux affaires. Aussitôt ma lettre reçue, fais cesser tout travail aux réparations, soit aux fossés, soit au château. Ce n’est pas le moment de mettre son argent à réparer une maison qui peut-être n’existera pas, dans un an, ou six mois. (…)

Voilà ce que tu dois faire, mais apportes-y la prudence et le secret nécessaires : 1°  Tu prendras l’argent qui est dans le Trésor. Labbé** pourra te l’atteindre ; tu lui diras que c’est pour me l’envoyer. 2°  Tu chercheras un aveu*** de Marsay de 1723 ; un aveu de Mondon de 1723 ; un aveu de la Tour de Ry de 1723 ; ou à leur défaut, des aveux de 1699 ; tu y joindras mes deux livres de recette des rentes, un du temps de M. du Tillet, et laisse celui qui me sert à les recevoir ; tu prendras le carton où sont les lettres de noblesse des Ferrières. J’en avais mis un gros paquet dans mon bureau. Tu prendras aussi un aveu de la Griffonnière, de Puygirault, si tu peux les trouver. Mais que Labbé, ni personne n’aient connaissance de cela. Quand tout sera prêt, tu diras que tu vas à Poitiers pour affaire.

Tu feras toi-même la  » vache « **** avec tes filles ; tu y mettras l’argent, les titres, aveux, livres de recette, une partie de ton argenterie, comme cuillers à  » oïlle « , cafetières et couverts ; tu finiras par la remplir de ton meilleur linge ; et tu iras déposer le tout à Poitiers, dans l’endroit que tu croiras le plus sûr. Tu annonceras que tu veux meubler la maison des Malvaux pour ta fille, et tu feras charroyer, à Poitiers le même jour que tu iras, les matelas, courtes-pointes, couvertures, et généralement tous les dedans du lit de l’appartement et de la chambre de la niche. Tu y joindras des draps ; ce sera en cas d’événements, quelque chose de sauvé.

Aie surtout grande attention que l’on ne soupçonne rien de l’argent, des papiers, et que l’on ne puisse imaginer qu’il entre, dans ce que tu fais la moindre crainte. Ces précautions seront, je l’espère, très inutiles, mais qu’importe ; dans le moment actuel, il faut tout prévoir.

Vends tes moutons, le prix que tu en trouveras, mais argent comptant. Tu feras vendre aussi à la Saint-Roch, une paire de bœufs, et une autre paire à la Saint-Barthélemy. Les six paires restantes, avec les mulets, feront le service, quitte à en racheter si les affaires prennent une marche plus tranquille. En cas d’événements, tu seras mieux et plus en sûreté à Poitiers qu’à Marsay. L’intérêt public protège, dans une grande ville, l’intérêt particulier. (…)

Quant à notre récolte, tu vendras, à mesure que le blé sera battu, mais sans affectation, uniquement comme ayant besoin d’argent. Lorsque tu auras une certaine somme, tu la serreras dans quelque endroit sûr, qui ne craigne pas le feu, mais non dans le Trésor, car, si l’on venait à Marsay, je ne crois pas que ce fût pour brûler le château, étant trop aimé dans le pays, mais pour brûler les titres de rentes et devoirs. Tu pourras donc cacher ton argent dans le second caveau, sous la salle, dedans la grande cave, en un endroit où il n’y ait pas de vin.

(…)
Adieu. « 

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* Correspondance inédite 1789, 1790, 1791 de Charles-Élie de Ferrières-Marsay, député de la noblesse de la sénéchaussée de Saumur aux États généraux de 1789 publiée et annotée par Henri Carré /  Librairie Armand Colin 1932 /dans la collection Les Classiques de la Révolution française – publiés sous la direction de M. Albert Mathiez
** Labbé est un homme de confiance
*** terme de féodalité – acte établissant une vassalité
**** malle en cuir

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La nuit du 4 août 1789 …

4 août 2010

Note mise en avant le 4 août 2017 pour une comparaison  avec l’actuelle Assemblée nationale et son parti majoritaire de « la République en marche » du président Macron,  ♦ « politicien à la journée » dirait Jaurès.

    –
    Trois semaines après la Prise de la Bastille, alors que la Constituante préparait la Déclaration des Droits de l’homme, la révolution paysanne était en marche…

Voilà ce qu’en écrit Jean Jaurès (1) :

« 
Elle [la Constituante] était tout entière à ce haut et noble travail, quand les premières nouvelles du soulèvement des campagnes lui parvinrent. Elle apprit de toutes parts, dans les derniers jours de juillet et les premiers jours d’août, que les paysans, devançant ou dépassant même par leur action spontanée les décisions du législateur, refusaient le paiement des impôts les plus odieux, comme celui de la gabelle, et des droits féodaux, cens, champart, etc. Ils pénétraient armés dans les châteaux, et, s’abstenant de toute violence contre les personnes, saisissaient et brûlaient les vieux parchemins, les titres anciens et nouveaux d’exploitation féodale. C’était l’abolition violente de tout le système féodal… la grande révolution paysanne s’accomplissant en dehors des formes légales et de la volonté du législateur.
L’émoi fut grand dans l’Assemblée : on eût dit qu’elle hésitait à aborder en face le problème de la féodalité.« 

En cette séance du 4 août, deux membres de la noblesse,  le vicomte de Noailles et le duc d’Aiguillon firent  «  la proposition [qui] était le seul moyen, pour les nobles de retrouver par le rachat l’équivalent des privilèges abandonnés. Les motions de Noailles et  d’Aiguillon, évidemment rédigées d’avance et très calculées jusque dans le détail, attestent … un plan médité et exécuté de sang-froid. (…)
Il serait assez triste, vraiment, que  l’abolition même simulée du privilège féodal fut seulement l’effet d’une manœuvre des nobles, et il serait douloureux que l’âpre voix paysanne n’eût pas retenti, en cette minute historique, dans la grande assemblée bourgeoise, devant ces seigneurs qui venaient d’étaler je ne sais quel sacrifice équivoque où il entrait sans doute, même à leur insu, autant de calcul que de générosité.
Mais un obscur député Le Guen de Kerangall [ propriétaire à Landivisiau, député du Tiers État de la sénéchaussée de Lesneven], de cette province bretonne qui avait tant souffert de la dureté des nobles, se leva, et on eût dit que des souffrances longtemps contenues et comme ensevelies faisaient soudain éclater la terre.
–  » Messieurs, (…) le peuple impatient d’obtenir justice s’empressa de détruire ces titres, monument de la barbarie de nos pères.
Soyons justes, Messieurs, qu’on nous apporte ici les titres qui outragent…l’humanité même. Qu’on nous apporte ces titres qui humilient l’espèce humaine, en exigeant que les hommes soient attelés à une charrue comme les animaux du labourage. (…)
– Qui de nous, Messieurs, dans ce siècle de lumière, ne ferait pas un bûcher expiatoire de ces infâmes parchemins et ne porterait pas la flamme pour en faire un sacrifice sur l’autel de la patrie ?« 

C’est ainsi qu’en cette nuit du 4 août,   la révolution paysanne s’ imposa au législateur, même s’il fallût attendre la Convention et le 17 juillet 1793 pour en finir vraiment avec les droits féodaux.

«  Le texte définitif, rédigé par Du Port, et adopté dans la séance du 6 août fut ainsi conçu :
 » L’Assemblée nationale abolit (2) entièrement le régime féodal ; elle décrète que dans les droits et devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la mainmorte réelle ou personnelle et à la servitude personnelle, et ceux qui les représentent sont abolis sans indemnité. Tous les autres sont déclarés rachetables, et le prix et le mode de rachat seront fixés par l’Assemblée nationale. Ceux desdits droits qui ne sont point supprimés par ce décret continueront néanmoins à être perçus jusqu’au remboursement.

Dans le journal Les Révolutions de Paris (3), Loustalot …  raconte qu’à la nouvelle des décrets qui abolissaient les privilèges des ordres et la tyrannie féodale les citoyens s’embrassaient dans les rues ; dans les campagnes le retentissement fut immense.« 

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Histoire socialiste de la Révolution française  ( Éditions sociales 1977) Tome I La Constituante (1789 -1791)
Édition revue et annotée par Albert Soboul.

 » C’est le 10 février 1900 que l’on vit apparaître sur les murs de Paris les énormes affiches rouges qui annonçaient aux habitants de la capitale la mise en vente imminente des premières livraisons que les souscripteurs avaient déjà reçues. Elles se succédèrent à un rythme rapide bihebdomadaire. (…) Les derniers fascicules furent publiés en 1903. Cette régularité, cette promptitude n’avaient rien d’exceptionnel : le système en était à l’époque fort répandu et la maison d’édition  populaire Jules Rouff, sise cloître Saint-Honoré, avait déjà publié sous cette forme l’Histoire de France de Michelet et les œuvres de Victor Hugo. (…)
Comme l’écrivait Jaurès dans son « Introduction générale », c’est d’abord au peuple de France, « aux ouvriers, aux paysans » que s’adressait l’Histoire socialiste.(…) 
Il fallait donc rééditer ce livre (…) Qu’il puisse aider enfin ceux qui aujourd’hui prennent au sérieux la vie publique, c’est ce que Jaurès lui-même suggérait le 4 janvier 1914, dans un de ses derniers articles de la Revue de l’Enseignement primaire :
 » L’Histoire ne fournit pas de similitudes complètes et elle ne dispense pas les vivants d’une perpétuelle invention dans le combat. Mais elle suggère d’intéressantes analyses, et surtout elle constate quelques résultats, ♦
elle met en évidence quelques grandes forces que le politicien à la journée pourrait méconnaître ou sous-évaluer, dans la nuée de poussière que soulèvent les pieds des passants.
Parmi ses forces, il faut ranger le prolétariat , qu’il n’est au pouvoir de personne d’éliminer de la vie nationale et internationale. »
Madeleine Rebérioux  [Le Livre et l’Homme (pp.35-51).]

2  Jean Jaurès met le mot  abolition  entre guillemets dans le titre de son paragraphe.

3  n°4  Événements du 2 au 8 août.

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