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Devant l’école privée
Il est 8h30. Les parents arrivent en voiture devant l’école privée catholique * . C’est l’animation habituelle. Une vingtaine de voitures stationnent de façon plus ou moins anarchique, cinq ou six 4×4, de belles limousines, seulement deux ou trois voitures classiquement ordinaires.
Quelques mères d’élèves papotent devant la statue de la Madone. Arrive un 4×4 … flambant neuf qui crée l’émotion » ; une jeune femme en cuissardes de cuir noir, la quarantaine chic, en descend avec sa fille et se joint au groupe.
Deux cents mètres plus loin, juste après le virage qui cache à la vue l’école privée, une autre jeune femme stationne sa Super 5 hors d’âge derrière la poste. La trentaine, habillée modestement, la maman aide sa petite fille à descendre du véhicule, puis toutes deux, se dirigent à petits pas vers l’école. A quelques minutes de l’heure de la rentrée, elles passeront inaperçues…
… Et en classe, il y aura un dessin à colorier, où l’idée de péché, » fondamentale » dans les dogmes monothéistes, imprègne déjà une simple activité graphique… et les jeunes intelligences.
Coloriage à l’école privée » sous contrat * avec sa légende :
« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. Jean 8,11 »
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… Et le même jour, devant le lycée privé, **des lycéens fumaient ; les occupants du P•••••e Cayenne, immatriculé dans les Hauts-de-Seine, guettaient l’apparition du revendeur, ayant foi en la multiplication de leurs gains, grâce à leur manne stupéfiante.
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* Appelons-la « l’école Sainte-Marie-des-grosses-berlines »
** Appelons-le « Saint-Jules-du-go-fast »
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Nos impôts financent désormais – depuis la présidence de François Mitterrand qui a favorisé les accords Lang-Cloupet de 1992 – la totalité du fonctionnement de ces établissements, payants pour les familles.
L’enrichissement permanent de l’Enseignement privé catholique est une manière pour l’Épiscopat de reprendre, vis-à-vis de la Nation, sa position et ses privilèges d’Ancien Régime. Depuis les débuts de la Vème République, les dirigeants politiques lui versent une nouvelle dîme de milliards d’euros et bafouent l’École laïque.
Dans son discours du 15 janvier 1850 où il s’opposait au projet de loi Falloux qui établissait le monopole de l’instruction publique en faveur du clergé, Victor Hugo le proclamait : » Je ne veux pas que ce qui a été fait par nos pères soit défait par vous. Après cette gloire, je ne veux pas de cette honte. »
Quelle majorité politique voudra l’entendre ?