Septembre 1914 : le tournant de la guerre
En quelques semaines, ce sont cinq armées allemandes qui avaient pénétré en France par le nord après avoir laminé l’armée belge et repoussé la Vème armée du général Lanrezac, la seule armée française placée sur leur chemin aux cotés du corps expéditionnaire britannique du général French.
Occupant fin août 1914, un vaste territoire allant de Lille à Verdun, les troupes Allemandes étaient parvenues à quelques dizaines de kilomètres de Paris alors que l’offensive décidée par Joffre en Alsace Lorraine s’était transformée en un échec sanglant.
Dans les premiers jours de septembre, la Ière et la IIème armée, les deux plus puissantes armées allemandes chargées d’investir Paris franchissaient la Marne de Meaux à Vitry- le- François. Trois autres armées allemandes fonçaient vers l’est, menaçant d’envelopper les armées françaises en train de se replier d’Alsace.
♣ Devant l’imminence du danger, le général Galliéni, commandant les troupes chargées de la défense de Paris, rencontrait Lord Kitchener pour proposer une contre-attaque commune franco-anglaise, une initiative qui allait sauver la capitale de l’invasion et changer le cours de la guerre. Le général Galliéni va organiser du 6 au 9 septembre 1914, une contre-offensive sur la Marne, la première « Bataille de la Marne », en utilisant les hommes de la VIème armée du général Maunoury cantonnée dans Paris.
Dans l’après-midi du 5 septembre, le général Galliéni va attaquer le flanc ouest des armées allemandes dans le secteur de Meaux. Pour disposer rapidement des troupes, il réquisitionnera les sept cents taxis parisiens Renault, les légendaires « Taxis de la Marne » qui vont transporter sur les rives de la Marne 10.000 hommes de la VIème armée en garnison dans Paris.
Après quatre jours de combat, la VIème armée française doit se replier le 9 septembre derrière la Marne où Von Kluck, commandant la 1ère armée allemande décide de la poursuivre pour tenter de l’anéantir avant de continuer son avance sur Paris.
Cette initiative va créer une brèche dans le front ennemi entre la Ière et la IIème armée allemande, un espace d’une cinquantaine de kilomètres que vont exploiter la Vème armée française et le corps expéditionnaire anglais repliés du nord. S’engouffrant dans cette ouverture, ils vont attaquer le flanc des deux armées allemandes et les repousser au delà de Reims et de la rive droite de l’Aisne, de Berry- au- Bac à Soissons. Jusqu’au 13 septembre, les troupes allemandes vont reculer, mais les forces franco-britanniques ne pourront les repousser au delà de quelques dizaines de kilomètres. Une succession de violentes offensives va alors être menée du 18 septembre au 19 octobre 1914 par les deux armées, immédiatement après la bataille de la Marne.
Les Allemands vont d’abord essayer de surprendre les Français sur leur gauche, puis les armées françaises et allemandes tenteront chacune, à de multiples reprises, de déborder l’adversaire en le contournant par le nord-ouest, dans une lutte de vitesse qui conduira les combattants jusqu’aux rivages de la Manche et de la Mer du Nord. Cet épisode de la guerre, baptisé « course à la mer » bien que la mer n’en fut pas l’objectif, se terminera mi-novembre 1914 par une meurtrière bataille des Flandres.
Après cet échec de la seconde phase du plan Schlieffen et l’amplitude croissante des combats sur le front russe, les troupes allemandes vont se stabiliser sur une ligne allant des Flandres à la frontière Suisse. Commence alors sur le sol français une guerre de positions qui va durer quatre ans.
… à suivre…