5 août 2011 – page revue le 15 juin 2015
« Jean-Baptiste CLÉMENT (1836-1903) fut poète et chansonnier, opposant à l’Empire, membre de la Commune, militant socialiste et fondateur du syndicalisme ardennais. Exilé à Londres (1871-1880).
Fin mai 1871, “J. B. Clément, traqué par les soldats, se cache chez un marchand de bois, poète et écrivain à ses heures : Camille Henriey. C’est en attendant de pouvoir passer en Belgique puis en Angleterre qu’il écrivit La Semaine Sanglante.
En voici de sa plume le récit :
« ♦ À Paris, de l’endroit où l’on m’avait recueilli et où je restai du 29 mai au 10 août 71, j’entendais toutes les nuits des coups de fusil, des arrestations, des cris de femmes et d’enfants. C’était la réaction victorieuse qui poursuivait son œuvre d’extermination. J’en éprouvai plus de colère et de douleur que je n’en avais ressenties pendant les longs jours de lutte »*.
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La Semaine Sanglante (J. B. Clément – Dupont)
Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en larmes,
Des veuves et des orphelins,
Paris suinte la misère,
Les heureux même sont tremblants,
La mode est au conseil de guerre,
Et les pavés sont tout sanglants.
Oui, mais…
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront,
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront (bis)
On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ce qu’on ramasse au hasard :
La mère à côté de sa fille
L’enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouge,
Valets de rois et d’empereurs.
Oui, mais…
Demain, les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.
Oui, mais…
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?…
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la sainte clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?…
À quand enfin la République
De la justice et du travail ?
Oui, mais…
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront,
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront (bis)
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* D’après le texte de Pierre Jonchères pour le disque : Chants de la commune par le groupe «17»/Le Chant du monde LDX 74 447