19 novembre 2009 relue le 9 avril 2021 – mais sans réponse du citoyen Hamé
» Etre français, c’est avoir sa vie en France, et rien de plus »
Dixit Hamé ( Mohamed Bourokba) Rappeur du groupe La Rumeur (1)
Cher Hamé,
« C’est un peu court jeune homme « aurait dit Cyrano de Bergerac sous la plume d’ Edmond Rostand !
Mais vous avez raison, il y a être Français en ayant » sa vie en France « , avoir poussé comme un bourgeon et être devenu rappeur.
Et il y a être citoyen français – quelles que soient nos origines, notre religion ou notre absence de religion- ce qui nous demande à toutes et à tous, beaucoup plus.
C’est vrai aussi pour les hommes politiques, pour les chefs religieux, pour les ultra-riches des paradis fiscaux et pour les banquiers calamiteux, comme pour les grands patrons du commerce et de l’industrie (quand on sait que tous les patrons des industries textiles, métallurgiques, de raffinage etc. ont fermé leurs usines en France pour les rouvrir dans tous les pays où la main- d’œuvre ne coûte rien).
Mais comme vous vous pensez plus enfant d’immigré que citoyen français, le débat sur l’identité nationale vous fâche.
Vous sentez des odeurs marécageuses, et « une créature qui s’extirpe de la vase (…) armée d’un rameau de ronces au bout d’une main sèche [va] flagellant l’éparpillement identitaire et éructant des mots vieux, épris et pétris d’haleine chauvine « .
Vous avez peur d’un « blanc-seing collectif à l’apartheid qui vient « .
En fait, avec ces métaphores vous participez avec fougue et talent au débat, et je vous en remercie car vous savez que vous avez des droits et des devoirs, vous les exercez en tant que citoyen français.
C’est votre liberté d’expression qui est imprimée dans le journal. Et je me souviens que cette précieuse liberté d’expression a failli être ôtée à la presse en 2007, avec le procès intenté par le Conseil français du Culte Musulman contre Charlie Hebdo (2).
Le candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy – initiateur de la création du CFCM – avait pris alors une position courageuse quand, dans la presse nationale, le silence régnait déjà.
Il a été réaffirmé, haut et fort, au Palais de Justice de Paris, qu’en France les chefs religieux ne pourraient pas bâillonner notre liberté d’expression.
» L’ éparpillement identitaire » et » l’apartheid » ne sont que les conséquences du communautarisme et ses lois religieuses voulant supplanter les institutions et les lois républicaines.
Nous pourrions revenir ensemble sur nos origines, sur nos ancêtres, et nous retrouverions notre berceau commun en Afrique, celui de notre espèce humaine sur terre.
Nous pourrions revenir aussi sur la pauvreté des nos ancêtres.
Mais si, ni vous ni moi ne pouvons changer le passé colonial – les Gaules ont été des colonies romaines, ou l’histoire – l’esclavagisme et le servage en terre chrétienne comme en terre musulmane, nous avons pu, vous comme moi, grâce à l’École laïque, apprendre à mieux parler, à bien lire, à écrire, à nous exprimer, de telle façon que nous pouvons participer ensemble à un débat d’idées en langue française.
Il aura fallu en France quatre révolutions, quatre pathétiques et victorieux sursauts populaires 1789, 1830, 1848, 1871 – toujours récupérés politiquement par la bourgeoisie – pour que les plus pauvres aient en 1881-1882, le droit d’apprendre à lire et à écrire les trois mots de la devise républicaine.
Ces mots de liberté. égalité. fraternité. représentaient alors comme maintenant, un idéal .
Ils allaient servir aux débats politiques des siècles suivants, ils éveilleraient les consciences, ils susciteraient des vocations, bref, ils fabriqueraient de la citoyenneté en marche.
Pourquoi avoir peur de parler ensemble de la loi républicaine et laïque ?
Depuis plus d’un siècle cela fait débat avec l’église catholique, alors il faut bien que les représentants de la religion islamique en France y participent également.
L’idée de substituer leurs lois islamistes aux lois françaises est bien le sujet central de la discussion mais faudrait-il alors rétablir aussi la peine de mort ?
L’histoire de France a transformé notre pays de monarchie de droit divin en République laïque. La France n’est pas comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, ou l’Arabie Saoudite.
Dieu n’est pas dans notre hymne national, dans notre Constitution, ni sur notre drapeau.
Dieu n’est pas avec la République française, dieu ne bénit pas le président, dieu ne bénit pas la nation française.
Apprendre à se parler, c’est pouvoir commencer à se comprendre et à se faire confiance.
Bienvenue !
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1 Hamé ( Mohamed Bourokba) Rappeur du groupe La Rumeur Le Monde 15/16.11.09
2 Conseil Français du Culte Musulman (créé en 2003 par N. Sarkozy / ministre de l’Intérieur)
Cf. L’audience historique du procès des caricatures de Mahomet 7 e t 8 mars 2007
Le Monde Pascale Robert-Diard
par L’ingénue : la note C’est dur d’être aimé par des cons
NB Le film de Souad EL-Bouhati : « Française » avait en 2008 illustré le sentiment très fort d’appartenance au pays de l’enfance. Sofia, » enfant d’immigrés « , née en France, doit partir au Maroc avec ses parents. Elle n’aura dès lors qu’une seule idée en tête………revenir en France !
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