La Halde entre montre et burqa

  26 avril 2009

 

                   Quand   » Le regard de Plantu  » ,  à la une du journal Le Monde du 24 mars 2009,  illustre les statistiques ethniques, ce n’est plus un regard,  mais un drôle de double clin d’oeil.

Et tout d’abord jetons  un coup d’oeil sur le mot ethnie / du grec ethnos peuple  / qui voudrait nous épingler comme des papillons dans les boîtes du Muséum d’Histoire naturelle,  et nous étiqueter peuples différents, alors que,  apprenant et/ou parlant le français et  vivant en France, on est tous un même peuple ;  comme la République française, le peuple de France est un et indivisible.

                   Suivons donc le regard de Plantu ; il  glisse  des personnages entre beige et ocre,  aux deux fonctionnaires gris  qui s’activent à classer tout ce petit monde *;  l’un  remarque  avec une loupe, que  l’homme  beige  en vêtement de travail  bleu avec une casquette blanche n’a pas de montre  :   » Chef !!  il n’a pas de R___x  **! On le classe dans quelle catégorie ?  Le chef alors, notant sur son carnet dit,  » Heu !…: Pauvre type « . Ainsi, du bout de son crayon, Plantu a pointé  « LA »  grande classification ethno-sociale de l’espèce Homo sapiens, qu’en notre balbutiant XXI ème siècle,  un ethno-riche-type publicitaire***, anthropologue au  petit pied, a redit avec ses mots, c’est la montre qui fait l’homme !

         En fait, Il n’y aurait besoin que de deux boîtes ethniques pour nous classer : celle pour les ethno -pauvres- types  sans R___x,  et celle pour les ethno- riches – types  avec R___x.

Mais le  second clin d’oeil  est que le journal Le Monde a  justement  un lectorat  » haut de gamme « , comme l’indiquait sa publicité du 20 septembre 2008 :  » On peut être exigeant et plaire au plus grand nombre. Le Monde/ quotidien /magazine / internet est la 1ère marque de presse quotidienne sur les CSP+ ****avec 2 860 000 lecteurs ou internautes  devant l’Equipe – 20 minutes – Le Figaro – Libération.  » Ce qui signifie que côté montre le lectorat   du journal Le Monde***** sait  ce que R___x veut dire.

          Tout comme  M. Louis Schweitzer, président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et président du conseil de surveillance du Monde. En tant qu’administrateur,  parmi les  ethno-riches- types avec R___x,  il  peut  aisément   » lutter  contre les discriminations  » en faisant un rapport sur   »  leurs inégalités  »  avec les ethno-pauvres- types  sans R___x.

        Ainsi, je lui suggère une statistique ethno-riche-type avex R___x,  pour les administrateurs de sociétés et autres membres de la Halde, afin que nous sachions,  par exemple,  combien sans discrimination  ont fréquenté l’école publique et /ou combien sans discrimination y ont inscrit leurs enfants ?  ou encore une statistique ethno- riche-type avec burqa   pour savoir qui est prêt  sans discrimination,  parmi les ethno-riches,  à porter la burqa  ?
C’est en effet à  M. Louis Schweitzer  de la Halde que les préfets renvoient désormais les dossiers ;  c’est en effet la Halde qui déciderait (?) que les femmes  en France  peuvent en toute soumission à l’islamo-intégrisme de leurs maris, se déplacer avec leur linceul sur la tête.

       C’est pourquoi, avant de décider que le port de la burqa est conforme à l’égalité républicaine entre les hommes et les femmes, je propose  à M. Louis Schweitzer et à ses collègues de la Halde de  porter sans discrimination la burqa, régulièrement pendant leurs séances et pendant leurs sorties en ville.
S’ils  pensent toujours que c’est juste et bon pour eux, donc bon pour les femmes, qu’ils obligent alors les hommes à être les égaux de leurs épouses et à  porter également, sans discrimination de sexe, la burqa.       

 Hélas !   De la discrimination sociale millénaire entre les pauvres et les riches, à la discrimination dogmatique et religieuse entre les hommes et les femmes, la Halde apparaît bien incompétente pour décider seule et en ethno-riche, hors-débat législatif   du sort des ethno-pauvres.
Sa vision étriquée, manipulée par de puissants communautarismes,  fait que des ethno-riches-types avec R___x  pourraient sans discrimination, condamner  des  ethno-pauvres-femmes-sans- R___x à porter toute leur vie, l’inhumaine  burqa
Avec la Halde, Haute Autorité de Lutte Anti-Laïque,  le  » toilettage  » anti- laïque s’installera-t-il durablement ? 

      

______________       _________________________

*    » le petit monde  »  renvoie au  » grand monde  » ou au  » beau monde  » que la vulgate médiatique traduit dans son jargon par  » beautiful people  » ou  mieux encore par les tellement chics  » beautiful  » ou   » people  »  » marqueurs  de  la  » branchitude  » française, signes de la niaiserie ambiante de la riche société du spectacle.

**  marque Rolex en toutes lettres dans la bulle du dessin de Plantu.
*** Jacques Séguéla :  » Si à 50 ans on n’a pas une R_x, on a quand même raté sa vie « . / France 2 – 13 février 2009
****Catégories socio-professionnelles supérieures

*****L’austère journal de M. Hubert Beuve-Méry est livré depuis  » les années J-M. Colombani/ E. Plenel « , à la déferlante publicitaire du luxe à pleines pages, ciblant, flattant, fidélisant  les précieuses CSP+ .

     Dès la page 2 de ce même Monde du 24 mars 2009,  nous attend le second clin d’oeil :  une publicité pour la montre R…e de N….s de B…..t ; suivra le supplément de 59 pages Spécial montres du jeudi 26 mars 2009, avec  en double page  une R___x ; à la une du Monde du 27 mars … une publicité pour la montre R___x,   et toute la dernière page est pour la R___x.

      Dans le M, supplément mensuel consacré à l’art de vivre ethniquement riche du 2 avril 2009, on a le  choix ethno –bling-bling dans toute sa splendeur pour  »  ethno -riches- types   » avec la nouvelle Porsche Cayenne (qui séduit tant les chefs de gangs mafieux) et des montres  où  » le caractère viril (sic) du dessin de l’instrument  » s’enorgueillit chez  H….t  de  544 diamants baguette noirs etc. etc.

                ___________________                

cf ma note de novembre 2007 : Se souvient-on de ce portrait de femme ? L’imam égyptien Abou Omar laisse voir sa montre, mais pas sa femme qu’il garde sous le linceul.
NB          Les talibans mettent la burqa quand il s’agit de venir prélever manu militari leur part sur les ventes d’héroïne. / Opium War film de l’Afghan Siddiq Barmak – 2008 / cité par Tahar Ben Jelloun dans son excellent article : Afghanistan : l’opium et  l’obsession de la sexualité féminine. Le Monde 10.04.09 p.19        

Religion et Haute couture

2 juillet 2008

En 1662, Agnès dans  » l’Ecole des femmes « * s’entend dire par Arnolphe :  » Votre sexe n’est là que pour la dépendance :/ Du côté de la barbe est la toute-puissance.  » Presque trois cent cinquante ans après, ce sont les dogmes monothéistes qui ressassent la même tirade. 

 Que ce soit par la peur, par la soumission, et/ou par l’interdiction,  la Haute couture religieuse (celle qui vient d’en-Haut) impose ses modes aux (jeunes) femmes.

Pour la mode la plus délicate et la plus intime, le défilé a lieu dans les hôpitaux ou les cliniques privées ; c’est l’hyménoplastie de 100 à 3000 euros **. Cela concerne pour une large part des femmes musulmanes, mais aussi des femmes   » juives, hindoues, catholiques…  »

La sociologue Dounia Bouzar***   affirme que  » Les jeunes filles musulmanes nées en France ont appris à lire et à dire  » je « . Elles savent vérifier dans le Coran les textes et le sens des textes. En l’occurence, la plupart des jeunes femmes savent très bien que la virginité ne fait pas partie des commandements de l’islam.  »

Alors pourquoi Leïla, amoureuse de Younès qui  a basculé dans l’extrémisme  a-t-elle aussi peur de n’être plus vierge avant son mariage (tout comme a eu peur la jeune Lilloise) ? C’est parce que Younès sachant lire le Coran, ne sait pas  « que la virginité ne fait pas partie des commandements de l’islam. » Il n’est  pas prêt. Son sentiment amoureux (tout comme celui de son homologue lillois) s’arrête là où commence son « honneur ». Parce que l’intégrisme est prévisible, Leïla a anticipé « les risques…de perdre celui qu’elle aime  » et  subi  l’hymenoplastie, « secret qui se porte seule. A vie. Et devant dieu, comme le redoutent souvent les croyantes comme Leïla. » Double peine.

Une autre mode est (ré) apparue aussi, celle du « voile islamique « .  Après une vingtaine d’ années d’atermoiements regrettables,  le foulard islamique  a été enfin reconnu en 2004 comme  un signe religieux inacceptable à l’école laïque [ Loi du 15 mars 2004 ].

Puis, toujours plus et impérativement, » le modèle burqa «  a été imposé aux femmes, telle Faiza M.**** par des maris obéissant aux ordres extrémistes de la mode salafiste ; modèle avec lequel la femme peut encore voir, à défaut de respirer, d’entendre et de parler normalement – car avec le modèle « femme d’imam« , la femme ensevelie n’a plus d’yeux …que pour pleurer. L’avis du Conseil d’Etat du 27 juin 2008 est un signal fort pour leur dire qu’elles ont le droit d’avoir leur identité, avec leur visage et leur chevelure, qu’elles sont en France les égales des hommes, avec leur visage et leur barbe.

Enfin,  pour la prochaine collection de printemps de  la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ***** il faut savoir que  «  celui qui confère le sacrement de l’ordre à une femme, ainsi que la femme ayant reçu l’ordre sacré, encourent automatiquement l’excommunication latae sententiae  » par conséquent, les modèles pour dames de  soutanes noires, violettes, rouges ou … blanche, avec  calottes en soie moirée assorties, resteront encore dans les cartons de l’atelier de couture du Vatican.

Les siècles défilent, dieu ne reconnaît toujours pas les femmes comme égales des hommes.

                                     

* Molière

** Mon hymen son honneur d’Elise Vincent, en italique les paroles de Leïla (prénom d’emprunt) Le Monde 20 juin 2008

*** Voilées ou non, les jeunes musulmanes s’émancipent de Bernard Gorce // la-croix.com 2 juin 2008

**** cf l’article Une Marocaine en burqa se voit refuser la nationalité française de Stéphanie le Bars Le Monde 11.07.08 – et l’excellent dessin de Brito  Droits de l’homme Le Monde 16.07.08  p.13 ; voir aussi ma note Se souvient-on de ce portrait de femme ? 03.11.07 et le site Ni Putes Ni Soumises

***** dans son  » décret du 19 décembre 2007   concernant le délit d’ordination d’une femme… afin de protéger la nature et la validité du sacrement de l’ordre sacré  » 29 mai 2008 // radiovaticana.org/fr

                                                                         

La loi du talion, du silence et de la burqa à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise)

 

    Note du 30 novembre 2007 revue le 1er septembre 2009  et le 6 juillet 2010

Un tragique accident de moto  où deux adolescents ont trouvé la mort  a été le déclencheur de deux nuits d’émeute à Villiers-le-Bel .
Leur moto étant entrée en collision avec une voiture de police, il s’agissait pour « une centaine de garçons bien organisés ( 1)«  de se transformer en  justiciers, selon la loi du talion « œil pour œil, dent pour dent ».

Il s’agissait dès lors de tuer (lyncher) deux policiers et/ou d’en blesser le plus grand nombre possible, « dès qu’un policier est touché, les garçons fêtent ça, les bras levés au ciel. (1)«    Et   pour faire bonne mesure on   incendiait,  on saccageait,  on pillait …

Inutile de se contrôler, inutile de réfléchir à la gravité et aux conséquences de ses actes pour la collectivité. On a hurlé que la cause était juste, la haine salutaire,  la vengeance  légitime … on savait que les armes et les munitions étaient prêtes dans les caves, et les projectiles sur les toits des immeubles.

Pour jouer aux guerriers, les « garçons  » ont eu besoin des « petits » certains n’ont même pas dix ans » (1 ) .  Les   « garçons » ont pris le risque qu’ils soient blessés, traumatisés.
Mais c
omme les   « garçons »   ont toujours raison,  ils savent ce qui est bien pour les   « petits ».  Ils deviennent les  « grands frères » et plus besoin de l’école ou du collège !
Ils savent que pour  l’éducation des petits, il faut brûler leurs écoles laïques, leurs bibliothèques municipales, leurs gymnases.
Les  « grands frères »   ont de  » grands projets  »  pour l’avenir de la  » communauté  » de Villiers-le-Bel.
Pour le moment, les  « petits frères »   doivent apprendre à guetter, à repérer et  à jeter des cocktails Molotov.

Jusqu’à quand laisserons- nous aux seuls  « grands frères »   le monopole de l’éducation de la jeunesse, hors la loi républicaine ?  
 
____________________________________

1  Citations extraites de l’article de Mustapha Kessous et Ariane Chemin
– Le Monde 28/11/07
_________________________________________________

 

                    1er septembre 2009

La loi du talion, mais aussi pendant l’enquête judiciaire sur les émeutes, la loi du silence  (menaces et agressions de  témoins) et …

                la loi de la  burqa  ( » l’épouse d’un des accusés n’a pas pu être auditionnée par les policiers, celle-ci s’étant présentée  » vêtue entièrement d’une burqa dont elle refusait de dévoiler le haut pour permettre la vérification de son identité « .(2)  La loi du silence règne à Villiers-le-Bel article de Luc Bronner citation en italique Le Monde 10.07.09

La « communauté  des émeutiers  » de Villiers-le-Bel  oppose désormais à la justice française, la charia des talibans, en se cachant derrière la burqa de leurs épouses, de leurs sœurs et de leurs mères.
Jusqu’à quand la loi communautariste du talion, la loi mafieuse du silence et la loi islamiste de la burqa remplaceront-elles dans nos banlieues la loi républicaine ?

 

            ________________________________________

6 juillet 2010

Des comptes-rendus du procès des accusés : Abdheramane Kamara, Adama Kamara, Ibrahima Sow, Maka Kante et Samuel Lambalamba, meneurs des émeutiers de Villiers-le-Bel qui ont blessé  » des dizaines de policiers « (1) en novembre 2007, on retiendra la peur des témoins des tirs.

Les témoins qui auront eu malgré tout le courage de venir dans la cour d’assises de Pontoise sont restés cachés, leurs voix étant déformées.  Ces preuves accablantes des menaces reçues n’empêchent pas le journaliste (2) de prendre le ton de la dérision et l’avocat d’un accusé, Me Konitz, de « rigoler « .

(3) Et pourtant, des témoins qui ont peur de parler, cela en dit long sur l’emprise qu’ont les accusés et leurs complices sur leurs voisins de quartier. Cela en dit long sur ce qui est imposé comme violences – encore maintenant– à toute une population par une centaine d’émeutiers qui  veulent toujours  faire régner  » leur loi  » à Villiers-le-Bel. Les peines de prison de 3 à 15 ans  rappellent à tous que la loi républicaine protège autant les victimes qu’elle punit les coupables.

 

_________________________________________________

1 Lemonde.fr avec AFP et Reuters ne peuvent en  donner le nombre exact 4.07.10.

En 2017, des émeutes de Villiers-le-Bel, ces policiers n’ont rien oublié.
  En 2017, on savait que quatre-vingt-dix policiers avaient été blessés par arme à feu lors des violences urbaines qui éclatèrent après la mort de deux jeunes, en novembre 2007.  Le Parisien 24.11.2017 

2 Franck Johannès : «  Procès de Villiers-le-Bel : les témoins font faux bond, l’accusation est fragilisée  »  Le Monde 30.06.10

Mon commentaire a été censuré par Lemonde.fr le 5 juillet 2010

_________________________________________            

Se souvient-on de ce portrait de femme ?

En fait, dans l’article de Cécile Hennion Enlevé par la CIA, torturé en Egypte  du Monde – vendredi 8 juin 2007 / Page trois Droits de l’homme / qu’il illustrait*, les droits de l’homme en question étaient ceux de son époux, l’imam égyptien, Abou Omar (de son vrai nom Oussama Moustafa Hassan Nasr).

femme-au-linceul

 » Quarante-quatre ans à peine, mais l’homme en paraît soixante. » Et elle ? A-t-elle un  âge ? Paraît-elle son âge ?

Quand Abou Omar appliquera-t-il dans le domaine familial, ce qu’il dit avec rage qu’on lui a refusé, c’est-à-dire le respect des droits de l’homme : « Les Nations Unies, le Conseil de l’Europe, les ONG professent de beaux principes qui s’appliquent aux Européens et aux Occidentaux. Mais quand il s’agit d’arabes et de musulmans, tout cela n’est plus qu’un peu d’encre sur du papier. « ?

L’imam Abou Omar a été libéré en février 2007 mais son épouse arabe et musulmane, le sera-t-elle un jour ?

Le bond dans la modernité est possible. L’archaïsme de la soumission religieuse n’est   plus une fatalité, puisque les valeurs universelles de liberté et d’égalité des droits de l’homme et de la femme ont fondamentalement aboli les aliénations dogmatiques.

Parce que les droits de la femme sont supérieurs aux droits de la femme voilée, une pétition s’ouvre pour rappeler que le communautarisme religieux islamique ne doit pas imposer sa tyrannie aux femmes dans l’espace public laïque.

***** Lire Sophie Bessis (Paris/Tunis), Les Arabes, les femmes, la liberté, Albin Michel, Paris, 2007. Invitée dans la passionnante émission d’Abdelwahab Meddeb, Cultures d’islam, dimanche 30 mars 2008 :  » Femmes arabes entre violence et liberté  »  –   » vous portiez le linceul «  disait Habib Bourguiba aux femmes tunisiennes.

*GEBAUER/spiegelonline/ROPI/REA