Et en prime, une nouvelle année !

      Pour fêter cette nouvelle année offerte si gracieusement par le temps qui passe, voilà une délicieuse recette de syllogisme qui nous permettra de garder les idées claires :

   D’après Goethe :  » L’homme est éternellement à sa place  » et selon Spinoza :  » L’homme malheureux est parfaitement malheureux « …

… C’est donc à nous tou(te)s qui sommes si parfaitement et si éternellement malheureux à notre place, que je souhaite une parfaite année 2009       

                                                                                        

Le musée dans tous ses états

27 novembre2008

Classé sèchement à la rubrique  » On peut éviter « (1)  sans aucun commentaire, le film  Musée haut Musée bas de Jean-Michel Ribes devrait-il passer pour cela directement aux oubliettes ?

J.M. Ribes a su croquer pour ce musée imaginaire des tableaux bien vivants, hauts en couleurs, avec une verve rabelaisienne qui m’a mise en joie. N’en déplaise au grincheux (2) !

Haut lieu, regroupant dans un cadre magnifique,  ce qui fut possédé pour son unique jouissance et pendant des siècles par la société d’en haut, le musée s’ouvre à nous et déborde pour notre plus grand plaisir de toute la richesse de notre culture. Chacun(e) y ajoutera sa touche personnelle, ses impressions, ses ombres et ses lumières.

      Le portrait du ministre de la culture en rose, prompt aux louanges devant les photos de sexes masculins est à la mesure de la farce (3)comme celui du conservateur en rouge qui le chaperonne, et le rassure sur la qualité de la prochaine exposition de nains de jardin :  » certains poussent des brouettes  » !

◊  Le tableau des têtards et des crapauds dans les toilettes, quand on a aperçu l’urinoir de Marcel Duchamp au milieu des autres, vaut aussi son pesant d’or… et de rire !

  ◊  La comedia dell’arte se poursuit… avec l’entrée des artistes  :
le duo aux costumes fleuris qui s’autoproclame œuvre d’art,
le créateur à l’absence géniale qui compose  le groupe  (filmé !) de neuf visiteurs – dont un critique, dans une salle vide,
et pour finir, José et le Family Art ou l’art  de mettre sa mère (Josiane Balasko)  dans un aquarium  rempli de formol (4).

Tout cela baigne dans une atmosphère où les mythes teintent en sombre ce que le jaillissement de la nature verdira. Mais comme il faut que chaque visiteur puisse créer sa propre vision de l’art, je laisse planer le mystère …
Y aura-t-il un miracle à l’apparition de toutes les madones du musée ?

             

1   Le Monde 19.11.08

Le préféré aussi de David Fontaine -dans Le Canard enchaîné 19.11.08-  qui classe le film parmi  » les films que l’on peut ne pas voir « .

3  Cf. par L’ingénue  :  C’est de l’art ?      Paroles de critiques      Jeu de piste dans l’histoire de l’art du XXème siècle

Comme un veau de Damien Hirst !

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C’est de l’art ? Non, c’est du veau !

   » On craignait une Berezina du marché de l’art  » écrit Harry Bellet*. C’est dire si  M. Damien Hirst**, plasticien britannique de 43 ans, fait trembler les galeristes*** en vendant directement quelques 223 oeuvres chez Sotheby’s à Londres les 15 et 16 septembre 2008.

   Certes « le lot n°42  » Theology, philosophy, medicine, justice « (excusez du peu !), des requins plongés dans deux aquariums  remplis de formol, a plafonné à 2,35 millions «  et est resté invendu ; mais l’artiste s’est bien rattrapé avec son « bovin plongé (aussi) dans le formol et surmonté d’un disque d’or « . 

    Que les spéculateurs se rassurent ,  » Le Veau d’or «   est toujours debout et vaut à ce jour son pesant de 13 millions, une bagatelle pour ce milieu-là …  qui saura le revendre bientôt le double ! 

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NB A la question C’est de l’art ? M. François Pinault répondrait «  oui, c’est du lard !  » puisqu’il possède et a exposé au Palais des Arts de Dinard de juin à septembre 2009  Mechanical pig (2005) de Paul McCarthy, avec en bonus une leçon de morale de  milliardaire : «  Le cochon endormi devient ainsi le témoin (sic) des dérives consuméristes de l’univers visuel américain et nous pousse à prendre de la distance par rapport à nous-mêmes et à nos vanités.  » Nul doute que le brave homme regarde désormais d’un autre oeil la tranche de jambon aux coquillettes de son repas du soir !  L’art  depuis Marcel Duchamp, c »est aussi l’art de se moquer des pauvres privés du festin de la vraie culture…

voir M. Pinault, le milliardaire qui n’a pas peur des artistes  (8.09.09)

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* dans son article  Enchères record pour la vente Damien Hirst Le Monde 17.09.08

** Disciple de Marcel Duchamp  et de sa   » Fontaine  » un banal urinoir,  il est reparti avec seulement 89 millions d’euros.  (140 millions d’euros selon H.B. dans son article Le Monde 21/22.09.08 (?)

                  Parmi les premières oeuvres de D. Hirst, dans les années 1990         – déjà la tentation du bovin 😉 figure  » A Thousand Year  » : un caisson transparent contenant une tête de vache sur laquelle s’acharnent mouches et asticots. » (cf l’article de Harry Bellet Le Monde 13 septembre 2008) – Etait-ce une allégorie du monde de l’art contemporain selon Hirst ?

*** «  La galerie qui perçoit généralement 50% des transactions, est le passage obligé du marché de l’art… En France, cette vente d’oeuvres de Damien Hirst qui lui permettrait de toucher l’intégralité de l’adjudication serait interdite. Un commissaire-priseur ne peut théoriquement pas vendre des biens neufs.«  (id)

                                                                

” Soyez patientes… on arrive ! “

  Intéressante soirée Théma Le mâle du siècle *  sur Arte, le 9 septembre 2008,  avec deux documentaires : Où sont les femmes ? **de Cyril de Turckheim  et Les monologues du pénis ***de Laurent Fléchaire et François Bordes ;  propos masculins croisés et toniques sur la (ou les) femme(s) … mais avec suffisamment de discrétion et de pudeur pour que l’on n’en sache pas trop….

 J’ai préféré le second où en groupe, ils trouvent  le courage de parler vrai, de chercher à mieux réfléchir sur eux-mêmes, à mieux comprendre  leur vie de couple. Ils disent sans tabou leur souffrance, leur peur mais aussi l’attachement à leurs enfants, et leur formidable envie d’être heureux avec celle(s) qu’ils aiment.

Pour finir, ils adressent chacun sur une petite ardoise un court message aux femmes,  qui vaut par sa spontanéité et sa sincérité. J’ai craqué pour deux d’entre eux :  » Soyez patientes  »  et  » On arrive !  » comme une invitation à leur faire confiance dont l’écho pourrait sûrement parvenir jusqu’à la gent  féminine…

…Rassurée qu’elle serait par leurs messages aux hommes  :  » Ouvrez-vous, n’ayez pas peur ! « ,  » Soyez authentiques « ,  » Affrontez vos propres faiblesses « .

 Ainsi, une fois banalisée la  » libération sexuelle « , on pourra repenser aux devoirs que confère le plaisir de donner la vie à d’adorables bambins. Le temps sera alors venu  de passer des monologues au dialogue, afin de ne plus laisser filer tout le bonheur d’être ensemble … quelques instants de plus.

 Vous avez dit patience ?  Il faudra sûrement qu’elle soit réciproque et toujours dans le respect de l’autre, avec ce je ne sais quoi de tendresse…  mais vous le savez bien.                                             

* Le mâle du siècle    

**  rediffusions les 22 et 29 septembre 2008

***  rediffusions les 22 septembre et 3 octobre 2008

                                               

L’articulite

  *      Note augmentée le 3 août 2010
  
              
En commentaire à l’article de Patrick Jarreau* sur le Monde.fr,

Daniel M. écrivait :  » Que Mme Dati démissionne, ou ne soit pas reconduite dans des fonctions ministérielles lors d’un futur remaniement, sincèrement, on s’en tape. S’il vous plait, Mesdames et Messieurs du Monde, arrêtez dans vos articles de dire « Mme la Ministre ». Mme le Ministre est l’expression exacte. Que plus personne dans mon journal préféré n’écrive : « Mme la proviseure », Mme l »écrivaine », Mme « la députée ». J’en passe et des meilleures. Et vous vous étonnez que Le Monde perde des lecteurs, et soit en déficit?

  Après avoir naïvement réagi à l’article :  » Le comble de la bêtise et de l’injustice serait qu’un homme borné, pris en flagrant délit de répudiation pour cause de non conformité de son épouse à un dogme religieux, soit le prétexte pour Mme Guigou et les siens de réclamer la démission de la ministre de la Justice !  »
…………………………je n’ai pas su résister au plaisir de répondre à Daniel M. :

               » … Cher Daniel M. Il semble que vous souffriez de l’articulite ; c’est une irritation douloureuse de l’humeur, causée par l’emploi de l’article défini féminin singulier la, et de l’article indéfini féminin singulier une. Cela fait très mal au début ; mais lorsque l’on sait que notre belle langue française accorde le genre féminin à la table et à la chaise**, l’on se calme grammaticalement et l’on met l’article la devant le mot ministre… quand c’est réellement une femme ! « 

 Comme ce sujet est intéressant à débattre, j’avoue que je préfèrerais pour l’élégance, conserver la forme primitive du mot masculin quand il existe déja un nom au féminin avec la même terminaison – exemples   la mainune écrivain. De même comme on dit et écrit , la fleur – une soeur, pourquoi ne pas dire et écrire, la professeur –  une procureur – la proviseur – une docteur ?

Mais les puristes ajoutent la terminaison e (tellement féminine que je ne citerai pas ici tous les noms masculins qui se terminent par e ) qui m’apparaît comme superfétatoire, mais peut fort bien se justifier… puisque c’est en effet la marque grammaticale du féminin, ainsi écrit-on un employé – une employée, pourquoi alors se priver d’une députée pour un député ? 😉

 Sans féminisme sauvage et caricatural,  il s’agit là de professions et de fonctions nouvellement assurées par des femmes, d’où le malaise linguistique de Daniel M. La parité peu à peu cisèle et polit notre langage. Elle lui donnera le bel éclat de l’égalité.

                  

                                            

* Rachida Dati a failli devenir ministre 6.6.2008

** Et comme l’a remarqué finement Jacques Prévert  dans  Spectacle :    » Pourquoi dites-vous la virilité ?  »
 
NB  Il y a aussi le mot putain, juron favori des Français, qui désigne sans aucun doute une entité féminine. Qui  pour faire encore plus féminin proposera  une  putaine   ? 
 On pourra interroger l’Académie française et Mme Carrère d’Encausse qui revendique le titre masculin attaché à sa fonction de  » secrétaire perpétuel  » Mécontent  sur le fait que notre belle langue française accorde plus facilement le genre féminin au mot putain qu’au mot écrivain ;  elle qui, dans un entretien radiophonique ajoutait volontiers au dictionnaire le mot  » meuf  » ,  femme en argot vache et mufle des truands …   

  *   

Lu dans Le Monde du 3 août 2010 p.6 (AFP.) :

 » Le président pakistanais [Asif Ali Zardari] veuf de l’ancien premier ministre Benazir Bhutto, assassinée en décembre 2007…  »
 
Pour le ou la journaliste de l’AFP,  écrire  » l’ancienne première ministre  » eût été un crime de lèse- grammaticalité politique, alors que Benazir Buttho a bien le droit d’ être assassinée au féminin..  

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