« C’est dur d’être aimé par des cons »

Note du 23 septembre 2008


      Ce film documentaire de Daniel Leconte sur le procès des caricatures – (2007), intenté contre CHARLIE  HEBDO  par La Mosquée de Paris, le Conseil français du culte musulman, l’Union des organisations islamiques de France et la Ligue islamique mondiale est un vrai moment de bonheur, tant on jubile devant la force de l’humour, de l’intelligence, de la lucidité et du courage, devant la victoire de la liberté d’expression* .

Mais l’intégrisme barbare est toujours là, et dès le soir de la  » relaxe « , Philippe Val était menacé de mort…

C’est dire si le succès du film serait un signe fort contre les menaces et les crimes de l’obscurantisme envers les musulman(e)s laïques et démocrates tel Mohamed Sifaoui, comme envers celles et ceux, croyant(e)s ou libres de toute religion, donc envers nous tou(te)s. 

    

  * Remarquable témoignage d’Elisabeth Badinter : ...[si Charlie Hebdo est  condamné] « c’est le SILENCE qui va tomber sur une société démocratique, en apparence, et qui sera en fait, saisie par la TERREUR ! «    

Encadrant le titre       Le Canard enchaîné       du 8 février 2006, on avait lu :
 » Les intégristes se battent pour le respect de la liberté _____ d’oppression « 
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25 septembre 2008   Alors que le film est sorti en salle  le 17 septembre 2008, je note le silence assourdissant des écrans de France Télévisions  et de Canal + . Les journalistes se saisiraient-ils du  » cas Siné  » pour reproduire, avec un semblant de bonne conscience, le même silence apeuré des  journaux au moment du procès ? 

 C’est dur pour CHARLIE HEBDO d’être censuré deux fois par des confrères ! 

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       Bande Annonce du film C’est dur d’être aimé par des cons      en DVD le 19  mars 2009

Sélection Festival de Cannes 2008
*Le 

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 En marge…         Lemonde.fr | 02.04.09 | Philippe Val serait pressenti à la tête de France Inter

Mon commentaire sur Lemonde.fr : Philippe Val est un homme courageux qui a su défendre notre liberté d’expression menacée de mort, dans le procès dit des caricatures intenté contre son journal par un pouvoir religieux. Il a endossé toute sa responsabilité, il a été victorieux et nous avec lui. On peut penser que cela a été « dur » pour lui de n’être ni « aimé » ni soutenu par ses « confrères ». Peut-être ceux-là qui maintenant le jalousent ?          

 

Théo, Bassma, Michal, Orly et les autres

24 mars 2008

Rarement aussi belle occasion aura été offerte à Israël et à son Président Shimon Pérès,  Prix Nobel de la paix avec Yasser Arafat et Itzhak  Rabin en 1994 : celle de faire du Salon du Livre de Paris 2008, en l’honneur d’Israël, une rencontre de paix entre écrivains israéliens de langue hébraïque et écrivains israéliens de langue arabe 1 – sachant que beaucoup d’entre nous les liront en traduction française chez les éditeurs présents au Salon 2008.

Mais, même avec son Centre Pérès pour la paix qu’il a ouvert en octobre 1997 à Tel Aviv, il ne semble  avoir pu donner l’impulsion nécessaire. Le quotidien tragique et les blocages politiques ont fait le reste.

Alors il y eut ce Salon et tous ces absents et cet après-midi du 14 mars – salle Eliezer Ben Yehuda- une table ronde avec Sayed Kashua*, Boris Zaidman** et Naim Araidi *** , sur le thème  » Je suis né dans une autre langue  » animée en hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech. Tous les trois ont expliqué comment, issus d’une minorité linguistique en Israël, ils écrivaient en hébreu pour se faire accepter, pour exister. Ils ont dit leur vie simplement. Et je ne pouvais m’empêcher de penser aux autres, à tous les autres qui, en langue arabe, en Israël et dans les Territoires d’une Palestine déchirée, écrivent et racontent aussi leur vie.

Le même jour, dans son émission Bibliothèque Médicis, Jean-Pierre Elkabbach recevait  Théo Klein *  disant pourquoi Israël devait sortir du ghetto où il s’était enfermé et  Bassma Kodmani ** demandant aux pays arabes du Proche-Orient d’ abattre les murs  » ceux qui font miroir au ghetto « .

Michal Govrin *** a parlé de ses lectures des auteurs palestiniens traduits en hébreu. Orly Castel-Bloom ****, sûre à la naissance de son fils en 1993 de la paix toute proche, voit arriver avec terreur le temps où il sera soldat…

Voilà… Shimon Pérès était reparti. Les murs avaient été si hauts que la colombe de la paix ne s’était posée sur aucun livre. Elle était restée absente… comme les autres. 

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1 N’avait-il pas répondu à Yasser Arafat qui avait dit son « espoir que la paix soit  » fondée sur la justice et le respect de l’autre « , n’avait-il pas dit à la tribune du palais des Congrès de Grenade, le jeudi 9 décembre 1993 :  » La paix réussira. Rien ne nous arrêtera. » [et cité] dans la langue de Mahomet un vieux proverbe arabe :  » Al Salam Yasbuq Al kalam » ( la paix précède les mots) avant d’ajouter :  » Maintenant, la paix a besoin de mots. » Extrait de l’article de Jean-Pierre Langellier « La paix le jour d’après » Le Monde 11.12.1993

* Et il y eut un matin (Points)  ** Hemingway et la pluie des oiseaux morts (Gallimard)

*** poète druze -non inscrit sur la liste officielle –   

 * Sortir du ghetto (Ed Liana Lévi) **  Abattre les murs (Ed Liana Lévi)

*** Sur le vif (Ed Sabine Wespieser) **** Textile (Actes Sud)

……………et entre tant d’autres : Poème (Ne t’excuse pas) de Mahmoud Darwich et Le Bien des Absents d’Elias Sanbar (Actes Sud )