Le traditionalisme, ultime carte du Vatican ?

    On a vu le pape Benoît XVI tendre la main aux intégristes*de la Fraternité  Saint-Pie X pour leur (re)donner  la messe en latin ; mais Mgr Richard Williamson (« autre figure schismatique ») ne se contentera pas de ces haguignètes. Il lui faut du  » traditionalisme sain  » :  la fin de l’épidémie d’oecuménismede   » missel de Paul VI « ,  et de  » curie moderniste du concile Vatican II « . Monseigneur qui sait ce que soigner veut dire déclare que  » l’Eglise est en guerre « . Pas de rémission, le schisme va encore faire souffrir et faire grincer des dents.

Alors plus question au Vatican d’être trop conciliant… dans son propre camp.  Le Cardinal Franc Rodé** , Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, sermonne les religieuses qui seraient  » mondaines  » et ne diraient plus (ne le répétez-pas) leurs prières. C’est insupportable.

Quant à la prévention du sida  Mgr Christophe Pierre*** , Nonce Apostolique au Mexique, rappelle que les préservatifs sont interdits et que les meilleures et les plus solides protections contre le sida ne peuvent être que l’abstinence ou la fidélité.

 L’Eglise catholique et romaine cherche désespérément la trêve avec les intégristes. L’enjeu est d’importance : il s’agit de satisfaire les traditionalistes afin de rallier ce dernier carré pour y recruter des séminaristes. 

 Ainsi joue-t-elle cette ultime carte, quitte à  renier Vatican II et à se venger avec l’aide de l’esprit sain(t ?) sur les religieuses et autres humains en bonne santé.    

                                                                   

 *cf l’article Les intégristes rejettent l’ultimatum du Vatican de Henri Tincq Le Monde 29-30 juin 2008 :  » Le chef des traditionalistes [Mgr Bernard Fellay supérieur de la fraternité Saint-Pie X] salue la volonté de conciliation exprimée par le pape, dans son motu proprio de juillet 2007 donnant un nouvel élan à l’ancienne messe en latin… » 

** Radio Vatican 29/07/2008 /  *** Radio Vatican 30/07/2008 / Participation d’une délégation de l’Eglise catholique à la 17 ème Conférence internationale sur le sida de Mexico en août 2008

      Mais  je lis aussi dans Témoignage chrétien :  Humanae Vitae : lettre ouverte au pape   envoyée par  » 63 associations de catholiques critiques de par le monde … cette encyclique [de 1968] a eu un impact catastrophique sur les pauvres dans le monde entier, mettant en danger la vie des femmes et abandonnant des millions d’entre eux aux risques de la contamination par le VIH / Sida.  » [Ils / elles] vont  » continuer à souffrir aussi longtemps que la hiérarchie ecclésiastique maintiendra sa façon d’agir. »    

Religion et Haute couture

2 juillet 2008

En 1662, Agnès dans  » l’Ecole des femmes « * s’entend dire par Arnolphe :  » Votre sexe n’est là que pour la dépendance :/ Du côté de la barbe est la toute-puissance.  » Presque trois cent cinquante ans après, ce sont les dogmes monothéistes qui ressassent la même tirade. 

 Que ce soit par la peur, par la soumission, et/ou par l’interdiction,  la Haute couture religieuse (celle qui vient d’en-Haut) impose ses modes aux (jeunes) femmes.

Pour la mode la plus délicate et la plus intime, le défilé a lieu dans les hôpitaux ou les cliniques privées ; c’est l’hyménoplastie de 100 à 3000 euros **. Cela concerne pour une large part des femmes musulmanes, mais aussi des femmes   » juives, hindoues, catholiques…  »

La sociologue Dounia Bouzar***   affirme que  » Les jeunes filles musulmanes nées en France ont appris à lire et à dire  » je « . Elles savent vérifier dans le Coran les textes et le sens des textes. En l’occurence, la plupart des jeunes femmes savent très bien que la virginité ne fait pas partie des commandements de l’islam.  »

Alors pourquoi Leïla, amoureuse de Younès qui  a basculé dans l’extrémisme  a-t-elle aussi peur de n’être plus vierge avant son mariage (tout comme a eu peur la jeune Lilloise) ? C’est parce que Younès sachant lire le Coran, ne sait pas  « que la virginité ne fait pas partie des commandements de l’islam. » Il n’est  pas prêt. Son sentiment amoureux (tout comme celui de son homologue lillois) s’arrête là où commence son « honneur ». Parce que l’intégrisme est prévisible, Leïla a anticipé « les risques…de perdre celui qu’elle aime  » et  subi  l’hymenoplastie, « secret qui se porte seule. A vie. Et devant dieu, comme le redoutent souvent les croyantes comme Leïla. » Double peine.

Une autre mode est (ré) apparue aussi, celle du « voile islamique « .  Après une vingtaine d’ années d’atermoiements regrettables,  le foulard islamique  a été enfin reconnu en 2004 comme  un signe religieux inacceptable à l’école laïque [ Loi du 15 mars 2004 ].

Puis, toujours plus et impérativement, » le modèle burqa «  a été imposé aux femmes, telle Faiza M.**** par des maris obéissant aux ordres extrémistes de la mode salafiste ; modèle avec lequel la femme peut encore voir, à défaut de respirer, d’entendre et de parler normalement – car avec le modèle « femme d’imam« , la femme ensevelie n’a plus d’yeux …que pour pleurer. L’avis du Conseil d’Etat du 27 juin 2008 est un signal fort pour leur dire qu’elles ont le droit d’avoir leur identité, avec leur visage et leur chevelure, qu’elles sont en France les égales des hommes, avec leur visage et leur barbe.

Enfin,  pour la prochaine collection de printemps de  la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ***** il faut savoir que  «  celui qui confère le sacrement de l’ordre à une femme, ainsi que la femme ayant reçu l’ordre sacré, encourent automatiquement l’excommunication latae sententiae  » par conséquent, les modèles pour dames de  soutanes noires, violettes, rouges ou … blanche, avec  calottes en soie moirée assorties, resteront encore dans les cartons de l’atelier de couture du Vatican.

Les siècles défilent, dieu ne reconnaît toujours pas les femmes comme égales des hommes.

                                     

* Molière

** Mon hymen son honneur d’Elise Vincent, en italique les paroles de Leïla (prénom d’emprunt) Le Monde 20 juin 2008

*** Voilées ou non, les jeunes musulmanes s’émancipent de Bernard Gorce // la-croix.com 2 juin 2008

**** cf l’article Une Marocaine en burqa se voit refuser la nationalité française de Stéphanie le Bars Le Monde 11.07.08 – et l’excellent dessin de Brito  Droits de l’homme Le Monde 16.07.08  p.13 ; voir aussi ma note Se souvient-on de ce portrait de femme ? 03.11.07 et le site Ni Putes Ni Soumises

***** dans son  » décret du 19 décembre 2007   concernant le délit d’ordination d’une femme… afin de protéger la nature et la validité du sacrement de l’ordre sacré  » 29 mai 2008 // radiovaticana.org/fr

                                                                         

« Hyper réac la morale… » ?

27 avril 2008 – 8 avril 2018 – 14 avril 2019

Dixit un professeur d’école en formation à l’IUFM de Livry-Gargan (1) (Seine-Saint-Denis) qui juge le lexique des nouveaux programmes « hyper réac ». Il y a lu les mots « morale », « instruction civique », « éducation à la citoyenneté  » qui sont, pour lui, de vilaines notions hyper régressives et hyper répressives, forcément désastreuses pour des enfants nés au XXI ème siècle.

Préfèrerait-il laisser aux seuls curés, imams, rabbins et autres pasteurs, l’apprentissage aux enfants de commandements et de lois  » dictés  » par des dieux, par des prophètes, ou par un seul mais pas le même, et qui nous font la « morale » depuis des millénaires en nous infligeant leur obscurantisme dogmatique, leurs pouvoirs de « droit divin », la stigmatisation des femmes, les anathèmes, les menaces de mort aux « mécréants », aux « incroyants », les guerres de religion, le terrorisme des communautarismes fondamentalistes ? (2) etc.

N’aurait-il pas une petite idée de ce qu’un professeur d’école peut apprendre à ses élèves par son propre exemple, sa tenue, son langage, son calme et sa fermeté ? Ne pense-t-il pas qu’il peut assurer par sa bonne autorité, leur attention et leur concentration ? Ne pense-t-il pas qu’il peut prévenir les violences pendant les récréations pour en faire – comme il se doit – des moments paisibles ?

Ne pourrait-il pas savoir que son devoir d’enseignant est  d’encourager les élèves  à fournir chaque jour des efforts pour respecter le règlement scolaire, mieux se contrôler,  respecter les camarades de classe et les professeurs,   respecter les locaux, simplement parce que d’autres enfants après eux en auront besoin ? etc.

En fait, cet apprentissage de la tenue, de la politesse et du bon comportement, avec la sévérité nécessaire pour imposer le respect, c’est bien ce que réclament les collégiens « sensibles » d’Aubervilliers ; et les 18-21 ans des centres Défense Deuxième Chance ne les contrediront pas, quand ils reconnaissent qu’ils viennent tout juste d’apprendre à dire « bonjour » et à se lever le matin pour travailler …

Alors, instruction civique et morale,  éducation à la citoyenneté … mais avant 18 ans, ce serait quand même mieux … et cela ferait des millions d’euros d’économie !

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1 Panorama vidéo Ce que les professeurs des écoles reprochent au ministère de l’éducation nationale   Le Monde.fr 15.04.08
En 2016   Site ESPE  Créteil
2 C’est dire si le professeur laïque d’école, de collège et/ou de lycée peut mieux faire que le curé, l’imam, le rabbin , le pasteur …et tous les gourous sectaires. N’en déplaise au président.

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Le temps de mûrir

Ce qui choque désormais le plus dans les dogmes religieux qu’homo sapiens a su produire, dès l’aube de son humanité, ce sont les insupportables incohérences morales, les démesures criminelles, les étouffoirs intellectuels, qui fondent durablement les pouvoirs politiques.

En effet, tout se passe encore comme si ces dogmes n’étaient établis que pour s’assurer de l’obéissance sociale des  fidèles croyants, tandis que leurs   chefs spirituels  accèdent   habilement au pouvoir … pour s’y maintenir le plus longtemps possible… par la grâce de Dieu, évidemment.

Les  commandements, les  lois, les  principes – qui pour chaque dogme émanent du  divin  et sont donc sacré(e)s – ne fondent en fait qu’ injustices, inégalités, oppressions, soumissions millénaires de droit divin. Base des pouvoirs temporels, ces fondements religieux des puissances politiques, s’accompagnent parfois de miettes de compassion ou autre charité

De l’hindouisme avec les castes, du christianisme, de l’islamisme et du judaïsme avec leurs incessantes  guerres de religion , il se pourrait que l’humanité soit lasse, même épuisée par un tel acharnement à l’opprimer et à la détruire.

Et si l’humanité avait mûri ? Si la soi-disante quête de  la pureté de l’homme religieux  ne  pétrifiait plus les intelligences ?

Si l’autre, croyant de l’autre religion – ou athée – ou agnostique – et même (sic) une femme – n’était plus jugé(e)  impie ou impur(e), mais tout simplement respecté(e) comme un être humain, à égalité de droits ?

Si l’humanité, par sagesse et irrépressible besoin de justice, avait enfin rédigé des droits universels bien supérieurs  à ceux que les  dieux  avaient  inspirés  jusqu’à présent … S’il était venu le temps de mûrir ? …

Se souvient-on de ce portrait de femme ?

En fait, dans l’article de Cécile Hennion Enlevé par la CIA, torturé en Egypte  du Monde – vendredi 8 juin 2007 / Page trois Droits de l’homme / qu’il illustrait*, les droits de l’homme en question étaient ceux de son époux, l’imam égyptien, Abou Omar (de son vrai nom Oussama Moustafa Hassan Nasr).

femme-au-linceul

 » Quarante-quatre ans à peine, mais l’homme en paraît soixante. » Et elle ? A-t-elle un  âge ? Paraît-elle son âge ?

Quand Abou Omar appliquera-t-il dans le domaine familial, ce qu’il dit avec rage qu’on lui a refusé, c’est-à-dire le respect des droits de l’homme : « Les Nations Unies, le Conseil de l’Europe, les ONG professent de beaux principes qui s’appliquent aux Européens et aux Occidentaux. Mais quand il s’agit d’arabes et de musulmans, tout cela n’est plus qu’un peu d’encre sur du papier. « ?

L’imam Abou Omar a été libéré en février 2007 mais son épouse arabe et musulmane, le sera-t-elle un jour ?

Le bond dans la modernité est possible. L’archaïsme de la soumission religieuse n’est   plus une fatalité, puisque les valeurs universelles de liberté et d’égalité des droits de l’homme et de la femme ont fondamentalement aboli les aliénations dogmatiques.

Parce que les droits de la femme sont supérieurs aux droits de la femme voilée, une pétition s’ouvre pour rappeler que le communautarisme religieux islamique ne doit pas imposer sa tyrannie aux femmes dans l’espace public laïque.

***** Lire Sophie Bessis (Paris/Tunis), Les Arabes, les femmes, la liberté, Albin Michel, Paris, 2007. Invitée dans la passionnante émission d’Abdelwahab Meddeb, Cultures d’islam, dimanche 30 mars 2008 :  » Femmes arabes entre violence et liberté  »  –   » vous portiez le linceul «  disait Habib Bourguiba aux femmes tunisiennes.

*GEBAUER/spiegelonline/ROPI/REA