Du 2 avril au 28 mai 1871, la guerre civile sous les yeux des Prussiens

    8 juillet 2011 – Il y a  140 ans…               

Dans sa dépêche officielle du 1er avril 1871, expédiée à tous les préfets, Adolphe Thiers annonçait que « l’Assemblée nationale, serrée autour du gouvernement, siège paisiblement à Versailles, où s’achève de s’organiser une des plus belles armées que la France ait possédées. »

Quel orgueil pour Adolphe  Thiers que cette  « belle armée » de 130 000 hommes, grâce aux bons soins de Bismarck qui a libéré les prisonniers français, et sous le commandement en chef du maréchal de Mac-Mahon, le vaincu de Woerth, de Reischoffen, de Froeschwiller et de Sedan !
Après la guerre désastreuse de 1870 menée par un empereur et des militaires capitulards, un armistice qui arrache à la France l’Alsace et la Lorraine, les Prussiens sont les meilleurs ennemis de la classe possédante française, des industriels et de la bourgeoisie d’affaires, puisqu’ils vont leur  permettre  une saignée radicale des forces vives républicaines, des militants syndicaux et des affiliés à La Première Internationale des travailleurs.

Adolphe Thiers annonce paisiblement  la guerre civile. La « belle armée  » versaillaise  est en ordre de guerre contre les Communards, contre ces géniaux  précurseurs, contre  ceux qui se battaient déjà en juin 1848 pour une République sociale, juste, laïque et fraternelle.  Ce sera la guerre contre  la Garde nationale, contre le peuple parisien qui, le 18 mars 1871  avaient vaincu le général Vinoy et gardé  les canons  à Montmartre – les Lignards fraternisant avec les Fédérés- .

          Dès le 2 avril 1871,  les canons de  Thiers tonnèrent. Edmond de Goncourt nota dans son Journal : « Dieu merci (sic) ! La guerre civile est commencée ». Au rond-point des Bergères, à Puteaux, on fusilla les Fédérés prisonniers, après leur avoir promis la vie sauve.
Le lendemain,  le général Duval et 1500 Fédérés furent pris en tenaille à la redoute du plateau de Châtillon. Sur la route du Petit-Bicêtre, le général Vinoy entouré de son état-major questionna les prisonniers pour connaître leur chef : « C’est moi ! Général Duval ! » – « Qu’on le fusille ! » hurla Vinoy. Son chef d’état-major et son aide de camp s’étant désignés, ils moururent ensemble aux cris de « Vive la République ! Vive la Commune ! »*

Le général Flourens et un dernier groupe de gardes nationaux « après avoir par deux fois porté secours à Bergeret pour protéger sa retraite » furent encerclés par les Versaillais entre Rueil et Chatou. «  Le capitaine de gendarmerie Desmarets demanda : «  C’est vous Flourens   ?  – Oui –  C’est vous qui avez blessé mes gendarmes ? – Non   – Menteur ! et se dressant sur ses étriers, il lui fendit le crâne d’un seul coup de sabre… et repartit au galop. Le cadavre fut jeté sur un tombereau de fumier et conduit à Versailles. »*
Ce n’est qu’un mois plus tard, le 5 mai 1871, que le maréchal de Mac-Mahon, dans une lettre confidentielle adressée au général de Cissey, commandant le 2ème corps d’armée, rappella le droit des prisonniers de guerre. Il prenait soin cependant d’exiger que « ces prescriptions confidentielles ne soient point mises à l’ordre. » tant il était implicite qu’il s’agissait d’une guerre impitoyable.

Le 6 avril 1871, «  la capitale est  entièrement encerclée  : Les Prussiens… de la Marne à Saint-Denis et tenant tous les forts à l’est – les Versaillais bouclant la ville au nord, au sud et à l’ouest, de Saint-Denis à Villeneuve-Saint-Georges.»*
Mac-Mahon fait acheminer 300 canons lourds et 250 000 obus de gros calibre. « 140 000 projectiles seront utilisés pour assurer la progression des troupes jusqu’aux remparts.»*
En face de l’armée versaillaise, les bataillons fédérés de Jaroslaw Dombrowski résistèrent trois semaines, sans recevoir les renforts nécessaires d’artillerie.
A partir du 25 avril, 80 canons versaillais pilonnèrent les forts de Vanves et d’Issy -le 8 mai, les Fédérés abandonnaient le Fort d’Issy, tandis que le Fort de Vanves tenait avec Wroblewski jusqu’au 14 mai.
Puis les portes de La Muette, d’Auteuil et de Saint-Cloud furent sous le feu des canons, toutefois les Fédérés arrivèrent encore à se maintenir jusqu’au 20 mai .

           Le dimanche 21 mai 1871, Mac-Mahon au Mont- Valérien, « observant à la lunette, la porte de Saint-Cloud, put apercevoir « des pantalons rouges »  sur le glacis des fortifications »*. Les Lignards entrèrent dans Paris avec pour unique mot d’ordre « pas de quartier». Ce sera la Semaine sanglante.
La férocité de l’armée de Thiers et de Mac-Mahon fit de la bataille de rue une résistance aussi acharnée que désespérée.
Les barricades érigées dans la précipitation étaient la preuve que l’on voulait défendre, jusqu’à la mort la Commune, « pour ce qu’elle représentait en tant qu’avenir, en tant que potentialité de fraternité humaine et de justice sociale.»*

           L’État-major versaillais s’installa le 23 mai sur la Butte Montmartre, et les massacres de masse commencèrent : « hommes, femmes, enfants « ramassés eu hasard », dans le cimetière Montmartre, aux Batignolles, au Parc Monceau, et se poursuivront les jours suivants à un rythme soutenu.»*  Dans la soirée du 23 mai, l’armée versaillaise tient la moitié de Paris.

              Le 24 mai, des Fédérés défendent avec Brunel la barricade de la porte Saint-Denis et celle de la rue Chabrol. Sur la rive gauche, Fédérés et civils ont aussi deux braves à leur tête :  Eugène Varlin et Maxime Lisbonne, mais le secteur du Panthéon est à son tour perdu. Les massacres continuent :  chaque passant était suspect, ressemblait à un membre de la Commune, avait les cheveux gris donc avait été  insurgé en 1848, ou bien c’était « une femme  mal vêtue ou aux effets en désordre, donc une pétroleuse ;   à chaque fois, c’était un arrêt de mort »*…

         
    Le 25 mai, les Versaillais, avec les canons de Montmartre couvrent d’obus les quartiers de La Chapelle, La Villette et les Buttes- Chaumont. Ce jour-là, un gamin de Paris, sur une barricade du Faubourg du Temple entra dans la légende. ** Partout le carnage continue.

               Le 26 mai, six heures durant, la Place de la Bastille résiste et ne tombe qu’à deux heures de l’après-midi. Pour ajouter encore de l’ignoble à la boucherie, Mac-Mahon demande à la troupe  des 5000 Bavarois d’arrêter les fugitifs.

                Le 27 mai,  les Buttes-Chaumont sont prises. Les exécutions se succèdent dans les carrières d’Amérique.
« Deux cents Fédérés se  sont enfermés au Père- Lachaise.  L’artillerie versaillaise pilonne le cimetière parisien pour faire taire les canons de la Commune. Aux environs de six heures, la grande porte du cimetière cède sous un obus. Cette nuit-là, 157 Fédérés seront poussés vers le mur du cimetière et abattus »*.
Et ce sera le repli sur Belleville pour les Communards avec RanvierVarlin JourdeFerré – et Trinquet, autour de la mairie du XX ème,« dernière citadelle de la Commune ». A cinq heures du matin, le  28 mai 1871, les Versaillais occupent la barricade de la rue Rebéval et à huit heures la mairie est occupée.*

   Ce dimanche de Pentecôte fut, par la grâce du très catholique maréchal de Mac-Mahon, un jour béni pour  les massacreurs :      300 tués à La  Madeleine – 800 au Panthéon ; on tue dans les ambulances les blessés, les médecins qui les soignent, une mère allaitant son enfant … *

            Eugène Varlin s’était battu jusqu’au bout à Belleville. Épuisé, vers le milieu de l’après-midi,  il s’est assis sur un banc, rue La Fayette. Un prêtre, à la terrasse d’un café, le reconnaît et le signale au lieutenant Sicre qui le conduit « après lui avoir fait lier solidement les mains derrière le dos avec une courroie, sous bonne escorte,  au général de Laveaucoupet, aux buttes Montmartre.» ***
Varlin reçoit les crachats de la foule, les coups de crosse et de baïonnette des Lignards sans broncher. « Sous la grêle des coups, sa jeune tête méditative qui n’avait jamais eu que des pensées fraternelles devint un hâchis de chairs, l’œil droit pendant hors de l’orbite.»
On adosse Varlin contre un mur à un angle de la rue de la Bonne et de la rue des Rosiers. « Le condamné se tenait très droit. Toute son attitude était celle d’un homme brave. Il crie : «Vive la Commune !   Vive la République ! » Les soldats ne sont qu’à trois ou quatre pas de Varlin. Les deux fusils ratent. Ils rechargent leurs armes et tirent une seconde fois. Varlin lance son dernier « Vive la Commune ! »  On n’entend pas la dernière syllabe, il fléchit et tombe.»****
Quant au lieutenant Sicre, il fit les poches du mort et lui vola sa montre en argent, offerte par les ouvriers relieurs de Paris – après la grève d’août 1864 – et gravée par son ami Antoine Bourdon « A Eugène Varlin, souvenir de ses camarades».

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                                         Épilogue

Le lundi 29 mai 1871, Adolphe Thiers écrit sa lettre aux préfets  :

 Le sol est jonché de leurs cadavres. Ce spectacle affreux servira de leçon ».    

Il assista en l’église Saint-Louis, avec les membres de l’Assemblée de Versailles, devant les généraux en grand uniforme, à l’homélie haineuse de l’évêque Mabille qui le bénit pour son courage (sic).*

Adolphe Thiers passa l’après-midi à Paris avec Mac-Mahon. Ces deux vieillards sanglants deviendront les deux premiers présidents de la Troisième République.

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* La grande histoire de la Commune Georges Soria  Édition du centenaire 1871-1971 / Robert Laffont pour le Livre Club Diderot

** Poème de Victor Hugo Juin 1871 

*** Rapport de Sicre au colonel du 67 ème de ligne
**** Témoignage du général Percin, alors capitaine d’artillerie dont la batterie était sur la butte Montmartre. Cité par Lissagaray

Eugène Varlin Militant ouvrier, révolutionnaire et Communard Jean Bruhat / Éditeurs Français Réunis pour le Livre Club Diderot

Le PS et la légalisation du cannabis – PS comme Parti Stupéfiant ?

   note  du 16 juin 2011  – complétée  le  14  septembre  2011

En  Préambule, il faut lire le Hors Série  255 de SCIENCE & VIE / juin 2011  : SPÉCIAL «PSY» Quand l’esprit dérape. p.40  Selon Franck Bellivier – psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil et chercheur en épidémiologie génétique :
«La consommation de cannabis à l’adolescence favorise le développement de la schizophrénie»  Les candidats du PS à l’élection présidentielle en général, et M. D. Vaillant en particulier, seraient-ils plus savants que lui ?

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Le PS fait de son mieux pour préparer l’élection présidentielle. C’était déjà la stratégie d’une précédente candidate en 2007 : être sur toutes les photos de tous les journaux, et de tous les écrans en même temps.

On a ainsi vu sans interruption pendant quinze jours la tête, certes beaucoup plus morose, d’un très important « présumé candidat» contrarié d’avoir été attaqué par une femme de chambre dans sa suite luxueuse à New York.

                 Accueilli en héros du PS (?) le 4 septembre 2011, M. Strauss-Kahn, de retour des États-Unis,  est le préféré de M. Hollande, désormais vainqueur (selon l’augure des sondages) des primaires et des présidentielles de 2012.
Avec  « compassion»  le futur président PS  en a fait son héraut : « il fait partie des voix que l’on veut entendre » (1). Sans nul doute, il  le choisira  pour Bercy dans « son équipe renouvelée » (sic).                  

 

♦♦  Je passe sur « la rumeur insistante » qui agaça  tant un autre monsieur du PS qu’il apparut fâché plus d’une fois dans la lucarne.

♦♦♦  Puis un troisième  joli monsieur, porte- parole des députés PS,  s’agita fort pour plaider la cause du mariage homosexuel, proclamant que cela serait la  mesure prioritaire du futur gouvernement PS, prouvant par là l’urgence pour lui, de la fin du concubinage.

 

    ♦♦♦♦        Et voilà maintenant qu’un quatrième compère, met sa plus belle cravate rouge pour la photo. On le reconnaît, c’est M. Daniel Vaillant (déjà sollicité pour élucider« la rumeur insistante » susdite), ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin de 2000 à 2002.
Certes, on ne saurait dire quelles instructions il aura données à  la police nationale pour qu’elle fût efficace dans la lutte contre les trafics de drogues en Ile-de-France il y a dix ans …  car il avait déjà la même  idée sur le sujet.  Il persiste et il signe.

Sa lucidité, en tant que maire du 18 ème arrondissement de Paris, lui permet d’affirmer que personne ne s’y plaint de quelconques trafiquants, ne se désole de voir des jeunes  fumer du haschich,  ne s’indigne des femmes en burqa et des hommes à plat ventre dans les rues le vendredi.
A l’en croire,  La Goutte d’or ne serait  qu’un autre quartier de Marrakech … (ce qui nous ramène aux deux premiers messieurs).

Daniel Vaillant, pour dynamiser la pré-campagne du PS  présente donc  « un rapport sur le cannabis, fruit du travail d’une dizaine de parlementaires. Ils ont auditionné des policiers, magistrats, sociologues, addictologues, malades » et découvert le remède miracle : «la légalisation du cannabis » car nous dit le rapporteur :

« Si les gens doivent (sic) fumer, alors il faut (sic) qu’ils puissent fumer mieux. C’est l’État qui encadrera  la production – ce qui permettra de s’assurer de la qualité du produit – ainsi que de l’importation et la distribution dans les lieux dédiés. »(2)

 

  Le  nouveau  « pacte  de  Marrakech » du  PS          

Comme par magie, les fumeurs dépendants légalisés n’achèteraient plus  de cannabis aux truands, qui de leur côté, avec leur civisme bien connu, refuseraient d’en vendre aux mineur(e)s. 

Il suffirait que la police nationale leur demande gentiment – sachant que les mafieux qu’elle n’aurait pas encore arrêtés, le temps d’un échange de tirs entre mafias rivales, viendraient spontanément déposer  leurs AK- 47 et autres armes de guerre dans les commissariats.


Parlant officiellement au nom de son parti politique, M. Vaillant préparerait-il  la création, en 2012,  de la Société Nationale du Cannabis Français dont il serait le stupéfiant PDG, et dont le siège social serait à la mairie de Sevran (3) (Seine-Saint-Denis). 
Il aurait pour hommes de confiance (sic) les plus ignobles mafieux de Seine-Saint-Denis, bien connus des services de police, du Tribunal de Bobigny et de la prison de Fleury- Mérogis.

Cette nouvelle société pourrait acheter, grâce à nos impôts, une dizaine de milliers d’hectares marocains déjà dédiés aux plantations, d’où partiraient – comme ils le font maintenant – des criminels formés en prison par les islamistes radicaux, multirécidivistes devenus «fonctionnaires», dans des go-fast arborant le drapeau français.

Ils fileraient à 250 km/h sur les autoroutes , escortés par les douaniers et les gendarmes, et sillonneraient la France pour approvisionner les dispensaires :
à l’enseigne  – comme  hasch- , où le haschich serait distribué (excusez du peu) par les 54 membres du bureau national, madame le Premier secrétaire   et les député(e)s, sénateurs et sénatrices PS. 

Bref, on l’aura compris, avec le stupéfiant rapport de M. Vaillant, le programme politique de santé publique du PS  deviendrait un vrai conte des brigands des Mille et Une Nuits.

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1 Déclaration du 4 septembre 2011  lcp.fr

2 Propos de D. Vaillant  recueillis par Lætitia Clavreul /Lemonde.fr 15 juin 2011

Depuis l’audition des scientifiques (Académie nationale de Médecine -INSERM), le 13 février 2003, devant l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et technologiques (OPECST), M. Vaillant et les parlementaires du PS sont parfaitement informés de la dangerosité du cannabis.
voir la note du 29.06.2010  La nullité stupéfiante des médias face à la dangerosité du cannabis

Avec les remerciements du maire, Stéphane Gatignon  et le soutien du parti  Europe-Ecologie-Les Verts de Mesdames Joly et Duflot … et du chef des soixante-huitards enfumés,  M. Cohn-Bendit .

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   NB 
  Un joint de cannabis  jusqu’à 5 fois plus nocif qu’une cigarette  

♦ « La consommation de cannabis est associée à une dégradation du fonctionnement des bronches, avec obstruction respiratoire, ce qui sollicite davantage les poumons. Les fumeurs de joint souffrent de respiration sifflante, de toux, d’oppression de la poitrine, d’expectorations.
Cette étude [de l’Institut de recherche médicale de Nouvelle-Zélande], publiée dans la revue spécialisée Thorax, a été réalisée sur 339 patients adultes répartis en quatre groupes : les fumeurs de cannabis, les fumeurs de tabac, les fumeurs de tabac et de cannabis, et les non-fumeurs. Chaque participant a été soumis à des examens de tomodensitométrie des poumons (scanner à rayons X assisté par ordinateur) et à des tests respiratoires.

L’équivalence entre un joint et « 2,5 à 5 cigarettes » est cohérente avec les niveaux de goudron et de carboxyhémoglobine qui sont de trois à cinq fois plus élevés pour un joint que pour une cigarette. La carboxyhémoglobine est une forme d’hémoglobine associée au monoxyde de carbone qui est un gaz très toxique. » (Lemonde.fr avec Reuters 31.07.2007)

 « Plusieurs études scientifiques récentes mettent en évidence les liens entre consommation précoce de cannabis, risque de troubles psychotiques et de détérioration des facultés cognitives chez les plus jeunes.
C’est à ce type de conclusion que sont ainsi parvenus les auteurs d’une étude publiée par le British Medical Journal au premier trimestre 2011, à partir d’une cohorte de 1900 personnes suivies pendant 10 ans par les chercheurs.
Il serait pour le moins paradoxal de dépénaliser et d’accroître la disponibilité d’un produit dont la dangerosité est de plus en plus mise en avant par la science. »
Lire la suite … MILDT   Observations sur les propositions de dépénalisation et de légalisation du cannabis

25 mai 2021

On l’aura compris, cette archive de la MILDT n’est plus sur le site de la MILDECA. 

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2 avril 1871 : Décret de la séparation de l’Eglise et de l’Etat

1er mai 2011 / 23 mai 2016

              

Qui furent ceux qui composèrent le gouvernement de la Commune de Paris, gouvernement  qui dura à peine  le temps du Printemps 1871, du 28 mars au 28 mai  ?

Edmond de Goncourt écrivait dans son  « Journal »  qu’il n’en connaissait  aucun, et les méprisait tous, avec le dédain de l’aristocrate. En effet, dans quels salons de la « bonne société » du Faubourg Saint-Germain, aurait-il pu rencontrer ces élus républicains  ?

              Eugène Varlin – ouvrier relieur-,  Charles Gérardin – comptable -, Louis Chalain – tourneur en bronze-,  ou Benoît Malon – ouvrier teinturier- élus du 17ème arrondissement ( Batignolles-Monceau) ?
Auguste Blanqui  – fils de sous-préfet mais ayant surtout fréquenté  les prisons du royaume et de l’empire pendant 33 ans – ,  Albert Theisz – ouvrier ciseleur sur bronze-, Simon Dereure – cordonnier-, Jean-Baptiste Clément – poète et chansonnier- Théophile Ferré – clerc d’avoué -, ou  Auguste Vermorel – homme de lettres, journaliste- élus du 18ème arrondissement ( Butte-Montmartre) ?
ou encore Jules Bergeret – correcteur d’imprimerie -, Gabriel Ranvier – ouvrier décorateur -, et Gustave Flourens – biologiste, Professeur au Collège de France  -élus du 20ème arrondissement ( Ménilmontant)  ? … etc…

Comment en effet, M. de Goncourt aurait-il pu croiser Eugène Varlin ou Benoît Malon « au fond de la courette du 44 rue des Gravilliers dans le 3ème arrondissement, au cœur du vieux Paris des artisans, dans un atelier de quatre mètres de long sur trois mètres de large **», dans ce qui fut le premier bureau de la  Commission parisienne de l’Association Internationale des Travailleurs  appelée la Première Internationale ?

Mais revenons au  28 mars 1871,  jour de la proclamation de la Commune,  jour de fête,  où l’on pensa que la guerre civile venait d’être évitée grâce au verdict du suffrage universel*.

          Jules Vallès ( élu du 15ème arrondissement -Vaugirard) l’a décrit  avec  fougue et  lyrisme : « Quelle journée ! Ce soleil tiède qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux ! Le murmure de cette Révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue, ces tressaillements, ces lueurs, ces fanfares de cuivre, ces reflets de bronze, ces flambées d’espoirs, ce parfum d’honneur, il y a là de quoi griser d’orgueil et de joie l’armée victorieuse des Républicains !*** »

Pendant ce temps-là,  Adolphe Thiers et son gouvernement dit de«  Défense nationale » n’avaient d’autre intention que de livrer Paris aux Prussiens. Nommé commandant en chef de l’armée versaillaise, Mac-Mahon réorganisait une armée de 100 000 hommes, aidé en cela par Bismarck qui libérait les prisonniers.
La bourgeoisie d’affaires  avait alors un leitmotiv qui rappelle lugubrement celui  de 1936 : « Plutôt Hitler que le front populaire »  ; celle de 1871 proclamait : « Plutôt les Prussiens et perdre l’Alsace et la Lorraine, que les communards ! »
De chaque crise, de chaque guerre qui anéantit  les pauvres, l’internationale capitaliste sort toujours victorieuse et féconde.
 

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C’est pourquoi, dans la confusion du  débat actuel sur la défense de la laïcité,  pour retrouver les fondamentaux de notre République si chèrement acquis dans le sang des Républicains de 1789, de1830, de 1848 et de 1871,   il faut se souvenir du 2 avril 1871,  – alors que commençait le second siège de Paris ordonné par  Thiers, quand retentissaient « les premiers coups de canon tirés par Vinoy sur les banlieues et quartiers périphériques*».

      
   
Il faut se souvenir de ce jour où « le Conseil de la Commune
présidé par Gustave Lefrançais ( instituteur-  élu du 4ème arrondissement – Hôtel de Ville), vota  à l’unanimité, un décret séparant l’Église et l’État. Il comportait quatre « considérants ».
Deux sur quatre de ces considérants se référaient à la notion de liberté. Ils stipulaient que le premier des principes est la liberté et que la liberté de conscience est la première des libertés. Le troisième considérant s’attaquait au budget des cultes, qualifié de contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi. Le quatrième accusait le clergé d’avoir été le complice de la monarchie contre la liberté. A chacun de ces considérants correspondait dans le corps du décret un article.

          Ces quatre articles se lisaient comme suit :

Article premier. –  L’Église est séparée de l’État.
Art. 2. –  le budget des cultes est supprimé.
Art. 3. – Les biens dits de mainmorte, appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriété nationale.
Art. 4.-  Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation.

Ce faisant, les élus de la Commune n’innovaient pas : ils revenaient aux sources de la Révolution française.»*

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Grande histoire de la Commune  Georges Soria  (Introduction de Henri Guillemin) éditions Robert Laffont pour le Livre Club Diderot  1970
**
Eugène Varlin Militant ouvrier, révolutionnaire et Communard Jean Bruhat Éditeurs Français Réunis 1975
***
Jules Vallès  Le Cri du Peuple Mardi 28 mars 1871 /  Œuvres complètes tome III Livre Club Diderot 1969

« Les gredins de capitulards ont mitraillé les communards »

Note complétée le 5 août 2011

                                    LA   COMMUNARDE  ( J. B. Clément)

« Jean-Baptiste CLÉMENT (1836-1903) fut poète et chansonnier, opposant à l’Empire, membre de la Commune, militant socialiste et fondateur du syndicalisme ardennais. Exilé à Londres (1871-1880).
A chanter sur l’air de La Carmagnole, « La Communarde a été publiée sur feuille volante en 1883, et distribuée par les soins du journal «Le Prolétariat ». Quelques dix années plus tard, nous la retrouvons dans le département des Ardennes. Le titre alerta le Préfet, qui alerta le le ministre de l’intérieur qui alerta le directeur de la Sûreté générale… Souvenir de la Commune, souvenir subversif … » *

Comme des rats dedans Paris
Par trahison on nous a pris ;
Le macadam et les pavés
De notre sang furent lavés,
     Lavés et tant lavés
     Qu’ils en sont déjointés.

     Dansons la communarde
     Et tenons bon ! (bis)
     Dansons la communarde
     Et tenons bon ;
      Nom de nom !

Les gredins de capitulards
Ont mitraillé les communards,
Mais devant messieurs les Prussiens,
Tremblants comme des petits chiens,
     Ils ont vendu leur peau,
     Leur pays, leur drapeau.
   

             Dansons la …

Tous les Thiers, tous les Mac-Mahon,
Pour se laver de leur affront,
Ont voulu prendre un bain de sang
Ils l’ont pris en nous égorgeant.
     Mais ils en ont tant pris
     Qu’ils en sont avachis.

     Dansons la …

Mais avec eux, ce n’est pas tout,
Les bons bourgeois ont fait le coup.
Et comme en juin, tous les premiers,
Ils ont traqué les ouvriers.
     Et nous savons qu’alors
     Trent’-cinq mille en sont morts !
   

       Dansons la  …

Pour faire bien sans être long,
La mitrailleuse avait du bon.
Qu’on en soit ou qu’on n’en soit pas,
Ils les ont fusillés au tas !
     Pour eux un ouvrier
     N’est qu’un bon à tuer.

     Dansons la …

Tous les bagnes, tous les pontons,
Tous les forts, toutes les prisons,
Ont regorgé de malheureux
A moitié nus, le ventre creux ;
     Pendant que leurs bourreaux
     Mangeaient de bons morceaux
.

     Dansons la  …

Avec les bourgeois aujourd’hui,
entre nous tout est bien fini.
Quant aux gendarmes, aux roussins,
Aux fusilleurs, aux assassins,
     Leur compte sera bon
     Au jour du rigodon !

     Dansons la …

Que voulions-nous : la Liberté
Et le bien de l’humanité.
Pour nous venger des chenapans
Il nous faut faire des enfants,
      En faire des gaillards
      Et de francs communards !
    

    Dansons la communarde
     Et tenons bon ! (bis)
     Dansons la communarde,
     Et tenons bon
      Nom de nom ! 

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* D’après le texte de Pierre Jonchères pour le disque :  Chants de la commune  par le groupe «17»/Le Chant du monde LDX 74 447

NB  Le 140 ème anniversaire de la Commune est passé inaperçu dans les médias, c’est dire si, quasi inexistante dans les programmes scolaires, elle fait encore peur aux classes dirigeantes.
Et les Thiers, les Mac-Mahon et les Goncourt d’aujourd’hui  ne l’évoquent pas non plus quand ils dissertent sur « le Printemps arabe de 2011 » … et pourtant dans ces révoltes du Proche et du Moyen-Orient, où l’on crie  à la trahison des pouvoirs politique, judiciaire, médiatique et religieux … il y a bel et bien un air de Commune,  un appel à une nouvelle Internationale des Travailleurs ; c’est encore une fois ce courage, cette  lucidité, cette dignité des plus pauvres qui réclament leur citoyenneté dans un pays démocratique. 

En France, à Paris,  il ne faut pas compter sur le journal Le Monde … qui aura juste écrit une rubrique, dans son supplément publicitaire de l’ultra-luxe M du 4 novembre 2010,  sous le titre Parfum de révolution (sic) pour  faire vendre le parfum Cologne 1871 ( lourde  allusion versaillaise à l’eau de Cologne 4711 et au siège de Paris par l’ armée de Bismarck)  et la bougie Commune de Paris (resic)….

Ainsi dans les beaux quartiers, en reniflant ces odeurs, on se réjouira encore et sans vergogne des milliers de Parisiens massacrés au printemps 1871  …   
                           … Mais … « L’histoire écoute »   (Victor Hugo)

Cardinaux et imams -même credo-même surate- anti-laïque

 
                         Dixit le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon :

«  La loi [de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État] n’est pas un dogme (sic)  elle peut être modifiée ou abrogée.

               (…)   La République se prend parfois pour le « grand prêtre» (resic) de la nation française.»

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Extraits de son entretien avec S. Le Bars / Le Monde  5 mars 2011.11

 

  Cardinaux et imams,   même combat anti-laïque et anti- républicain !