21 avril 2008 – 15.04.2018
– En 2008, Jean-Michel Blanquer, l’actuel ministre de l’Éducation nationale, était recteur de l’Académie de Créteil [Seine-et–Marne/ Seine-Saint-Denis/ Val-de-Marne].
Il déclarait « Consolider notre plan d’action pour développer la citoyenneté et la sérénité de la vie scolaire grâce au plan général de prévention de la violence, initié en 1992 et en cours de réalisation depuis 2006. »
Ce 7 avril 2008, son agenda était chargé car il devait « gérer dans sa cellule de crise » depuis deux semaines, une violence d’une extrême gravité dans les établissements scolaires de son Académie livrée à « des bandes ultra-mobiles d’élèves [qui] écumaient les lycées. » (1)
Mais cela n’empêcha pas le futur ministre, éduqué comme les autres /Sarkozy-Hollande-Ferry-Darcos-Macron etc./ dans un lycée catholique, d’aller inaugurer à l’IUFM de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) une formation sur le fait religieux…
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⇒ En avril 2018, comme depuis une dizaine d’années, le « plan d’action 2008 de l’hyper-recteur Blanquer sur le développement de la citoyenneté et la sérénité de la vie scolaire » a encore échoué pour le lycée Maurice Utrillo de Stains et pour les lycées Suger et Paul Éluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Le 5 avril 2018, des enseignants, des parents et des lycéens, qui voudraient simplement préparer le bac dans le calme et non dans cette violence permanente, ont essayé en vain d’alerter le président Macron venu à Saint-Denis … mais ce n’était pas pour les écouter, c’était pour assister au concert des demoiselles de la Légion d’honneur …
Alors ne nous étonnons pas, en ce printemps 2018, que du Collège des Bernardins à l’Élysée, de Grenelle à l’Assemblée nationale et au Sénat, retentisse le grand cri de la « révolution en marche du président Macron » : Exit les hussards de la République ! Au diable la laïcité !
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Cf. le magazine hors-série (avril-mai 2018) de Charlie Hebdo avec « 60 témoignages d’enseignants sur l’état de l’école républicaine » :
« Profs, les sacrifiés de la laïcité »
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21 avril 2008
Comme un douloureux écho à mes notes sur les Devoirs de l’Ecole, Quarante ans plus tard, et Une école en vacance, l’enquête de Luc Bronner (2) nous fait entendre la violence ordinaire dans un collège sensible.
La formule décrit déjà à elle seule l’insupportable et le désespérable * du quotidien des adolescent(e)s au collège Jean-Moulin d’Aubervilliers.
Il faut savoir que chaque fois qu’un collège est fermé comme à Clichy-sous-Bois le 14 avril 2008, ou que les professeurs débrayent comme à Aubervilliers le 8 avril 2008, suite à des jets d’acide chlorhydrique ou de mélanges explosifs, c’est une victoire sordide de délinquants lâches et illettrés sous l’emprise de l’alcool et de la drogue ; une victoire de la bêtise sur l’apprentissage scolaire ; une victoire de l’obscurantisme sur le savoir ; une victoire de l’économie souterraine sur le collège public, ses élèves et ses enseignants.
Ainsi c’est leur loi qui gouvernerait, leur loi du silence imposée par des menaces intolérables. Leur loi du silence tellement assourdissante qu’au rectorat de Créteil, on se contente de riposter à l’aide de logiciels (3) , qui comme chacun sait, impressionnent fort les récidivistes.
Face à cette pitoyable dérobade de l’administration orchestrée par le laxisme des ministres de l’Education nationale – néanmoins grands donneurs de leçons de morale devant la République -, la décision d’un professeur de français de faire écrire aux élèves une lettre à l’Inspecteur d’Académie (4) et d’appeler un journaliste du Monde était une décision de bon sens.
Et les plus sensé(e)s et les plus sensibles sont bien les collégiennes et les collégiens qui expriment avec courage leur volonté de réussir leurs études, d’apprendre un métier, d’avoir un avenir. Demandent-ils l’impossible – comme dans le slogan de Sorbonne 1968 ? ou demandent-ils simplement que l’on respecte leurs droits, en instituant à nouveau dans leur collège la bonne autorité, celle qui les protègerait, celle qui leur permettrait de travailler dans le calme et la dignité ?
Quel sens M. Darcos donnera-t-il à la demande légitime de ces jeunes citoyens ? S’il suit la « mise en place du volet Education nationale de la dynamique Espoir banlieues, il se pourrait qu’il offre le collège Jean-Moulin à l’enseignement privé catholique. Et ce serait alors le signe précurseur de la privatisation des collèges.
Enseignement public, démocratisation, laïcité, échec et mat.
Désespérable !
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1 Luc Cédelle 8.04.2008 Le Monde
2 » Des mots de collégiens sonnent l’alarme » Luc Bronner 19.04.08 Le Monde
3 Signa puis Sivis : système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire » Incidents en hausse mais difficiles à recenser (sic) » Luc Cédelle 19.04.08
* « désespérable » : néologisme très sensible de l’un d’entre eux
4 En même temps sur le site de l’Inspection académique : « L’éducation en Seine-Saint-Denis« on pouvait lire aussi au chapitre « Consolider notre plan d’action pour développer la citoyenneté et la sérénité de la vie scolaire (sic) » : « En Seine-Saint-Denis, en appui sur un dispositif partenarial mis en place en 1992 et sur la convention de partenariat signée par le recteur avec les préfets de département le 20 septembre 2005, le plan général de prévention de la violence, établi l’an dernier [2006], est en cours de réalisation. »
….seize ans donc pendant lesquels se seront succédés préfets, recteurs, inspecteurs d’académie et ministres de l’Education nationale ; seize ans perdus, d’un temps si précieux, pour l’ avenir des collégiens nés entre 1980 et 1996…
Et on était informé de la Campagne » Pas d’école, pas d’avenir » (Tiens, c’est ce que disent les lettres sensibles !) du 12 au 25 mai 2008.
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