♥ Savoir « par cœur » ou le régal des mots ♥

Enfants, oiseaux et fleurs

 Jeanne était au pain sec

 

Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J’allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l’ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S’indignèrent, et Jeanne a dit d’une voix douce :
– Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;
Je ne me ferai plus griffer par le minet.
Mais on s’est écrié : – cette enfant vous connaît ;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. A chaque instant
L’ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L’enfant n’a plus rien qui l’arrête.
Vous démolissez tout. – Et j’ai baissé la tête,
Et j’ai dit : – Je n’ai rien à répondre à cela,
J’ai tort. Oui, c’est avec ces indulgences-là
Qu’on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu’on me mette au pain sec. – Vous le méritez, certes,
On vous y mettra. – Jeanne alors dans son coin noir,
M’a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l’autorité des douces créatures :
– Eh bien, moi, je t’irai porter des confitures.

Victor HUGO

L’Art d’être grand-père VI -première édition : mai 1877.

NB  Oeuvres Complètes Edition chronologique publiée sous la direction de Jean Massin. Le Club français du livre MCMLXX. Tome XV-XVI/1 p. 910. En marge, l’annotation suivante : «… la saveur douceâtre du pot de confiture n’en finira plus d’imprégner le génie hugolien dans la mémoire de générations entières d’écoliers ! »

Hélas ! Les ministres de l’Education nationale et de la Culture se reconnaîtront – de droite et de gauche confondus- qui, pour avoir goûté goulûment à ce pot de confiture-là, en auront privé les élèves depuis des décennies.
Pour ces beaux esprits à la mode soixante-huitarde, cultiver sa mémoire, en donnant à tous les élèves la chance de lire et d’apprendre de beaux textes, ne faisait plus « moderne (!) ».

À Victor Hugo et à son pot de confiture, ils auront préféré le mistral gagnant de Renaud, à Paul Eluard, la marmelade écœurante et dégoulinante d’obscénités du « rap (sic) de N…. ta mère,  d’Orelsan ou de Booba», ou encore à Léopold Sédar Senghor, le « slam (sic) », molle et fade bouillie de mots écorchés.

 Bref, ils ont mis les écoliers dans le cabinet noir, loin de la vraie beauté de la langue française, privés du plaisir de s’en régaler « par cœur ».

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 Je suis des bois l’hôte fidèle

 

Je suis des bois l’hôte fidèle,
Le jardinier des sauvageons,
Quand l’automne vient, l’hirondelle
Me dit tout bas : Déménageons.

Après Frimaire, après nivôse,
Je vais voir si les bourgeons frais
N’ont pas besoin de quelque chose
Et si rien ne manque aux forêts.

Je dis aux ronces : Croissez, vierges !
Je dis : Embaume ! au serpolet ;
Je dis aux fleurs bordant les berges :
Faites avec soin votre ourlet.

Je surveille, entr’ouvrant la porte,
Le vent soufflant sur la hauteur
Car tromper sur ce qu’il apporte
C’est l’usage de ce menteur.

Je viens dès l’aube, en diligence,
Voir si rien ne fait dévier
Toutes les mesures d’urgence
Que prend avril contre janvier.

Tout finit, mais tout recommence,
Je m’intéresse au procédé
De rajeunissement immense
Vainement par l’ombre éludé.

J’aime la broussaille mouvante,
Le lierre, le lichen vermeil,
Toutes les coiffures qu’invente
Pour les ruines le soleil.

Quand mai fleuri met des panaches
Aux sombres donjons mécontents,
Je crie à ces vieilles ganaches :
Laissez donc faire le printemps !

 Victor HUGO

 Mai 1870 L’Art d’être grand-père Xpremière édition : mai 1877

 

Des hussards noirs de la Troisième République …

… aux grognards de maintenant…

Le Président Sarkozy d’avant et son ministre Darcos du chaos pédagogique national *  leur avaient accordé la semaine des 4 jours d’école. Ils les détestaient, mais ils avaient pris le cadeau, et sans dire merci, ils l’avaient mis dans leur havresac des avantages acquis  – donc in-tou-chables.

Pour continuer de leur plaire
, dès qu’il eut son portefeuille –le nouveau ministre Peillon du chaos pédagogique national , s’empressa de leur faire cadeau de 3 jours supplémentaires pour les vacances de la Toussaint 2012.

…. Mais voilà qu’après une consultation « à la hussarde »** pendant les vacances d’été 2012, ce nouveau ministre, après avoir évoqué une possible semaine de 5 jours (!) –  et s’être vu remonter les bretelles par le Président Hollande -du- changement- c’est maintenant (sic)-, décida du retour au régime d’avant le Président d’avant, c’est-à-dire au régime des 4 jours et demi d’école par semaine.

♠ Tollé général et grogne massive
 des syndicats d’enseignants pourtant si proches du Président de maintenant, qui  donnèrent sur le champ, les mots d’ordre de grève ***et de manifestations, dans tout le pays.
Les grognards, fervents défenseurs du chaos pédagogique national et de la loi du maximum de 4 jours défilèrent dans les rues de la capitale et de nos bonnes villes, avec les slogans révolutionnaires :   Touche pas à mes 4 jours d’école !  Vivent les 4 jours d’école pour tous !

C’était dit: les grognards de maintenant se battraient jusqu’au bout !

Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira,
Vive le chaos pédagogique !
Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira
Nos quatre jours on les aura !
♦Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira
Vivent les beaux jours de vacances !
Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira
Nos deux mois d’été on les aura !


D’ailleurs, ils ont leurs arrières bien protégés par les chronobiologistes qui découvrirent la loi de la durée minimale des 4 petites vacances de l’année scolaire (Toussaint – Noël – Hiver- Pâques) :
♦ en-dessous d’une période de 15 jours de vacances,
les enseignants et nos chers petits, ne sauraient être suffisamment reposés pour reprendre le chemin de leur école…

♠♠ Ainsi  les syndicats de grognards défendront jalousement – envers et contre tous – leurs bons rythmes scolaires bien cadencés de 4 jours par semaine et 16 semaines de vacances.

NB  Au sujet de la photo : La laïcité interdit toute forme de prosélytisme politique ou religieux à l’école publique.
L’affiche électorale PS de M. Hollande n’y a pas sa place.
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*  voir la note :    Et M. Darcos créa le chaos pédagogique

** voir  Les apostilles de la « refondation de l’Ecole de la République »   et   En copie à M. Peillon et au comité de pilotage

***Ajout du 29 mars 2013 Le Monde.fr avec AFP / 25 mars 2013 :
«L’intersyndicale parisienne (CGT-Educ’Action, SUD-Education, CNT-STE, Snudi-FO, Snuipp-FSU, SE-UNSA) a appelé  à une nouvelle journée d’action lundi 25 mars contre la réforme des rythmes scolaires dès la rentrée 2013… Jérôme lambert, secrétaire départemental du Snuipp-FSU, majoritaire dans le primaire [a prévu] avec les instituteurs une réunion dans l’après-midi pour reconduire le mouvement mardi (..)»

 Une aure façon astucieuse pour les grognards de maintenant d’inventer la semaine des 2 jours  d’école
jeudi et vendredi !

♦Ajout du 25 février 2013 – inspiré de  la réaction de Mme Bernadette Groison, présidente de la FSU /première fédération d’enseignants grognards/ après les propos de M. Peillon /24.02.2013 BFMTV/ concernant un possible (!) retrait de deux semaines aux  vacances d’été  ;  proposition qui fut rejetée immédiatement, avec la formule tant raillée du Président d’avant, redevenue utile car dissuasive :     😉     Si vous voulez qu’on travaille plus, il faudra nous payer plus ! 
♦♦♦ Enfin, ignorez-vous, chère Bernadette, que les enfants dont les parents n’ont ni 16 semaines de vacances, ni les moyens de « partir en (petites) vacances », resteront à la maison, devant la télévision, ou dans la cour de leur école transformée en « centre aéré » ?

Alors, à part les milieux aisés et l’industrie touristique – avec en prime, le triple zonage- à qui profite les 16 semaines sans école ?

Le « Pouvoir Mou » de France Culture

C’était un  dimanche, et le hasard a voulu que j’essaie d’écouter  l’émission le Pouvoir Mou de M. Frédéric Martel, producteur de notre chère radio publique culturelle.
Enfin, le vrai titre bobu de l’émission : Soft Power*  avait quelque peu aiguisé ma curiosité.

Auparavant, sur les mêmes ondes, M. Martel avait produit en 2006, une première émission, Masse critique ; mais après son« Enquête sur cette culture Mainstream (sic) qui plaît à tout le monde»**, ayant sûrement atteint le seuil ;-), il décida de la renommer en 2010, Soft Power.
Et tant pis, pour la traduction française de «soft power» parue au Journal officiel du 16/09/06, qui est «pouvoir de convaincre» ; elle ne l’a pas convaincu car le J.O. n’est pas une référence assez solide pour le Pouvoir mou.

Dans la présentation de son émission sur France Culture.fril use déjà  de son  Pouvoir mou pour nous convaincre : « Soft Power est le magazine global et bi-média  des industries créatives et des médias de France Culture. Le magazine des industries créatives, pour prendre au sérieux la culture commerciale «dite de divertissement», en présenter les acteurs, en décrypter les enjeux, en mesurer le poids économique (!) et en comprendre les mutations.»

Et comme illustration de la chose, ce jour-là, il fait l’éloge du groupe Fauve qu’il prononce Fove – pour annoncer « #kané» (les initiés de la communauté du Pouvoir Mou mettent le dièse du « hashtag (sic) » devant). On entend un chanteur susurrer  « j’t’ai dans la peau».  Le divertissement est relatif !  Il sent la resucée de  Mon Homme d’Édith Piaf «Je l’ai tellement dans la peau …».
De l’avis de son collègue expert de l’Express.fr,  Gilles Medioni, le chanteur serait un «crooner, entre électro blues, existensialo-bluesy et bluesy avec du bio (!) »
On est bien dans le Pouvoir Mou du bio des bobos parisiens !

Cependant, M. Martel complète  sa définition  de soft power : « c’est l’influence d’un pays par son cinéma, ses séries télévisées, ses jeux-vidéo (!), mais aussi à travers ses valeurs  (le contraire du « hard power », à savoir la force militaire et les pressions économiques classiques).».
il nous dit qu’il n’apprécie pas la force militaire, il pourrait nous dire s’il apprécie les trafics d’armes des mafias, des terroristes d’al-qaida ou des talibans (?) ;  et s’il n’aime pas les pressions économiques classiques,  pourquoi compter à la radio,  les milliards du capitalisme mondial classique des médias du divertissement ? Les valeurs du Pouvoir Mou du cinéma, des séries télévisées et des jeux vidéo ne seraient-elles pas celles du décervelage universel -dès l’enfance- pour mieux gouverner les peuples ?  

L’invitée du jour***  présente son livre Empowerment. Elle déclare que c’est intraduisible pour rester  dans l’amphigouri du Pouvoir Mou de l’élite bobue des médias s’adressant à la valetaille. Or,  la décision de publier un livre avec ce titre, dénie à l’éventuel lecteur, le premier acte d’un pouvoir penser un concept, ce qui lui donnerait ensuite toute liberté d’en discuter les fondements, la valeur, les domaines d’application etc.

Mais on l’a compris, ce ne sera pas avec l’émission Soft Power que l’on sortira du  Pouvoir Mou qui a pris  le Pouvoir (empowerment) dans certaines émissions de France Culture, comme dans la jungle de Canal Plus et de toutes les télévisions et de toutes les radios privées.
On n’y songe qu’à rentabiliser son capital et à refaire son petit monde sociétal, – ainsi la lutte finale pour leur mariage homosexuel avec le remboursement intégral par la Sécurité sociale de toutes leurs «procréations assistées»  etc.  – par le truchement du
Pouvoir Mou de milliardaires comme M. Pierre Bergé, pour faire une petite révolution molle de communautés de nantis …  

Tout un programme !
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♠ Illustration ♠

France Culture à l’avant-garde, a appris à ses auditeurs, le 5 février 2013, la création de la première salle d’injection d’héroïne ♠ à Paris.  Le Pouvoir Mou du Parti Stupéfiant et sa nouvelle directrice Mme Danièle Jourdain Menninger de la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicicomanies) ,  luttent désormais ensemble pour «le droit à la drogue dure».

C’est la lutte finale de M. Ayrault, premier ministre, et de sa ministre de la Santé, Mme Touraine ; avec 38 000 euros,  ils ouvrent un nouveau service hospitalier (sic) avec de l’héroïne afghane et des seringues,  qui ne guérira pas les malades drogués ; mais nos impôts paieront leur drogue, jusqu’à ce que mort s’en suive.

Les habitués du Pouvoir Mou  – pour ôter le vrai sens clair et fort des mots en  français  – disent en bobu mou : salle de shoot – traduction française  : antichambre légale de la mort.

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* 20 janvier 2013
** Flammarion 2010
*** Marie-Hélène Bacqué

« Du calame à l’écran tactile » – Regard critique sur l’astrologie

« Du calame à l’écran tactile », Bernard Pacory. Éditions Amalthée. 174 pages

Article de Pascal Landré : De l’astrologie au charlatanisme (NRCO- La Nouvelle République du Centre-Ouest / Indre-et-Loire) /13.03.2013

 « Bernard Pacory publie là son premier essai, dans lequel  il entend « démonter la mécanique de l’astrologie.»

On se demande encore pourquoi l’éditeur Amalthée, a refusé de faire suivre  le titre « Du calame à l’écran tactile » du sous-titre prévu par  l’auteur « Regard critique sur l’astrologie » parce que le propos de Bernard Pacory, ingénieur informaticien retraité, est on ne peut plus clair : démystifier l’astrologie par l’explication scientifique. Ce féru de sciences et de techniques a toujours voulu comprendre le fonctionnement du monde qui l’entoure.

 Après une discussion un peu animée sur les horoscopes, il décide de s’intéresser à l’astrologie. « Je n’y connaissais rien, c’était un sujet qui m’était indifférent. Du coup, j’ai voulu tout savoir et j’ai lu sur le sujet, toutes sortes d’ouvrages, pendant un an et demi. » Sa conclusion ? « L’astrologie est plus qu’une superstition, c’est une légende qui est devenue une croyance et qui, de tout temps, a profité à des charlatans. »
En opposant la science à la religion, la physique aux croyances, dans son souci de vérité, Bernard Pacory a mené une démarche pragmatique, non dénuée d’une certaine forme d’impertinence. Il  s’appuie sur l’histoire des constellations depuis l’Antiquité, les signes, planètes ou maisons, les concepts utilisés par l’astrologique ici inventoriés, présentés, expliqués.

L’auteur  admet que son propos qui entend « démonter la mécanique de cette croyance qu’est l’astrologie, pourra paraître polémique. C’est même presque blasphématoire, car c’est un acte militant, qui va au-delà de la simple observation. J’ai repris une phrase de Camille Flammarion qui disait que si l’astronomie est la première des sciences, l’astrologie est la première des religions. C’est une croyance. »

Voilà un essai qui entend démystifier l’histoire multimillénaire de l’astrologie, par la démonstration des connaissances. Et qui devrait rencontrer un large public, non seulement parce que l’ouvrage est facile à lire, mais surtout parce qu’il traite d’un sujet qui touche l’immense population de celles et ceux qui s’intéressent quotidiennement à leurs « horoscopes » mais ignorent à peu près tout de la pseudo-science qui se cache derrière. »

 

         

   Pour toute  information  sur le livre (14 euros – port compris),

utiliser le formulaire de contact sur  le site de l’auteur Jours de fête.fr