L’articulite

  *      Note augmentée le 3 août 2010
  
              
En commentaire à l’article de Patrick Jarreau* sur le Monde.fr,

Daniel M. écrivait :  » Que Mme Dati démissionne, ou ne soit pas reconduite dans des fonctions ministérielles lors d’un futur remaniement, sincèrement, on s’en tape. S’il vous plait, Mesdames et Messieurs du Monde, arrêtez dans vos articles de dire « Mme la Ministre ». Mme le Ministre est l’expression exacte. Que plus personne dans mon journal préféré n’écrive : « Mme la proviseure », Mme l »écrivaine », Mme « la députée ». J’en passe et des meilleures. Et vous vous étonnez que Le Monde perde des lecteurs, et soit en déficit?

  Après avoir naïvement réagi à l’article :  » Le comble de la bêtise et de l’injustice serait qu’un homme borné, pris en flagrant délit de répudiation pour cause de non conformité de son épouse à un dogme religieux, soit le prétexte pour Mme Guigou et les siens de réclamer la démission de la ministre de la Justice !  »
…………………………je n’ai pas su résister au plaisir de répondre à Daniel M. :

               » … Cher Daniel M. Il semble que vous souffriez de l’articulite ; c’est une irritation douloureuse de l’humeur, causée par l’emploi de l’article défini féminin singulier la, et de l’article indéfini féminin singulier une. Cela fait très mal au début ; mais lorsque l’on sait que notre belle langue française accorde le genre féminin à la table et à la chaise**, l’on se calme grammaticalement et l’on met l’article la devant le mot ministre… quand c’est réellement une femme ! « 

 Comme ce sujet est intéressant à débattre, j’avoue que je préfèrerais pour l’élégance, conserver la forme primitive du mot masculin quand il existe déja un nom au féminin avec la même terminaison – exemples   la mainune écrivain. De même comme on dit et écrit , la fleur – une soeur, pourquoi ne pas dire et écrire, la professeur –  une procureur – la proviseur – une docteur ?

Mais les puristes ajoutent la terminaison e (tellement féminine que je ne citerai pas ici tous les noms masculins qui se terminent par e ) qui m’apparaît comme superfétatoire, mais peut fort bien se justifier… puisque c’est en effet la marque grammaticale du féminin, ainsi écrit-on un employé – une employée, pourquoi alors se priver d’une députée pour un député ? 😉

 Sans féminisme sauvage et caricatural,  il s’agit là de professions et de fonctions nouvellement assurées par des femmes, d’où le malaise linguistique de Daniel M. La parité peu à peu cisèle et polit notre langage. Elle lui donnera le bel éclat de l’égalité.

                  

                                            

* Rachida Dati a failli devenir ministre 6.6.2008

** Et comme l’a remarqué finement Jacques Prévert  dans  Spectacle :    » Pourquoi dites-vous la virilité ?  »
 
NB  Il y a aussi le mot putain, juron favori des Français, qui désigne sans aucun doute une entité féminine. Qui  pour faire encore plus féminin proposera  une  putaine   ? 
 On pourra interroger l’Académie française et Mme Carrère d’Encausse qui revendique le titre masculin attaché à sa fonction de  » secrétaire perpétuel  » Mécontent  sur le fait que notre belle langue française accorde plus facilement le genre féminin au mot putain qu’au mot écrivain ;  elle qui, dans un entretien radiophonique ajoutait volontiers au dictionnaire le mot  » meuf  » ,  femme en argot vache et mufle des truands …   

  *   

Lu dans Le Monde du 3 août 2010 p.6 (AFP.) :

 » Le président pakistanais [Asif Ali Zardari] veuf de l’ancien premier ministre Benazir Bhutto, assassinée en décembre 2007…  »
 
Pour le ou la journaliste de l’AFP,  écrire  » l’ancienne première ministre  » eût été un crime de lèse- grammaticalité politique, alors que Benazir Buttho a bien le droit d’ être assassinée au féminin..  

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Mai 2008 : où en est la mixité scolaire ?

Le mois de mai 2008 fut rude dans Le Monde pour la gent masculine. Après l’article de Luc Bronner le 3 – Délinquance : le problème, c’est l’homme – nous eûmes le 28 celui de Martine Laronche – A l’école, les filles battent (sic) les garçonsCes statistiques, ces études sociologiques en renforcent d’autres. Les faits sont têtus ; les garçons n’arrivent pas à égaler les filles : elles travaillent mieux et plus, elles ont une meilleure maîtrise de leurs pulsions agressives.

Une révolution culturelle pourrait-elle enfin éclore ?  La mixité scolaire doit être repensée lucidement en terme d’égalité des droits et des devoirs entre les garçons et les filles. C’est elle en effet qui sera un des leviers de la nécessaire parité,  le nouvel humanisme du XXI ème siècle.

Depuis quatre décennies les garçons et les filles ne se quittent plus  ; c’est la mixité scolaire avec sa convivialité et ses émotions, mais aussi ses difficultés et ses injustices. Dans sa note du 24.10.2000 intitulée   A l’école, au collège et au lycée : de la mixité à l’égalité *, le ministre J. Lang exposait  » ce noble et difficile combat : libérer nos sociétés d’un de ses carcans les plus archaïques et parvenir à une parfaite égalité de conditions entre les hommes et les femmes. Parce qu’elle a en charge la formation de futurs citoyens, l’école est aux avant-postes. »

Suivait un document dont je recommande

– le chapitre 4 L’évaluation   où deux  »  scénarios  » évoquent  les stéréotypes d’enseignant dévalorisant la fille :  » Julie a fourni de gros efforts, travail sérieux. Continuez. » alors qu’elle a la même moyenne en mathématiques que le garçon :  » Christophe est en-dessous de ses possibilités. Pourrait être un élève brillant s’il travaillait plus régulièrement. «  ; et le conseil de classe refusant à la fille la 1ère scientifique qu’elle souhaitait, alors qu’avec la même moyenne, il l’accorde au garçon.

–  le chapitre 6 L’éducation à la santé, à la sexualité et à la prévention des violences sexistes et sexuelles où le  constat  stéréotypé  tel  que  » La consommation d’alcool est souvent considérée comme un rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte, communément accepté socialement pour et par les garçons.  » Questions : Faut-il pour autant banaliser une consommation régulière d’alcool  ? Faut-il interpréter différemment l’alcoolisation des garçons et des filles ?  » 

La réponse de M. Lang est un morceau d’anthologie du laxisme éducatif, de la déclaration d’impuissance  :  » La permissivité engendre les abus, les risques de violences, et met en danger la santé et la sécurité des adolescents. L’interdiction formelle induit des conduites de transgression. » Comme si les adolescents en apportant des bouteilles d’alcool, ne savaient pas déjà qu’ils transgressent ; comme si on ne pouvait pas, avec la bonne autorité protectrice qui est le devoir de l’enseignant et de l’éducateur, à la fois faire réfléchir et interdire –donc sanctionner !

Avec cette note de 2000, le ministre J. Lang gardait la même posture uniquement permissive héritée des  » enragés  » de 1968. Et pourquoi, le scénariste en chef de la rue de Grenelle n’évoquait-il  pas aussi la drogue ?  La consommation de cannabis, depuis ce temps-là, a atteint un jeune de 17 à 25 ans sur deux. M. Lang, pour l’alcool, la drogue, comme pour la laïcité ( tolérance du port d’insignes religieux, tel  le voile islamique), n’a pas été  » aux avant-postes « .

            Les lycéens, encore plus que les lycéennes, ont fragilisé leur santé,  gaspillé  leur précieuse jeunesse, temps fort d’apprentissage des savoirs et de la citoyenneté, détourné l’argent de leurs familles. Quant aux collégiennes et aux lycéennes, elles subissent en permanence des propos sexistes forcément insultants de la part des garçons. Voilà un bilan que l’histoire jugera.

Nul doute qu’il faille revoir un meilleur usage de la mixité, afin que les garçons puissent comprendre auprès des filles, la nécessité d’un travail  régulier sans excès de langage, de substances toxiques et de comportements violents et/ou perturbateurs, et que les filles puissent comprendre auprès des garçons, la nécessité de la confiance en soi et de l’ambition personnelle ;  tout cela grâce à la ferme volonté éducative de l’institution, dans un environnement scolaire à nouveau paisible.

          

* Bulletin Officiel du ministère de l’Education Ntionale et du ministère de la Recherche. HS n° 10 du 2 novembre 2000

 

                                                                                                           

 

L’exploit : dix jours sans télé ni jeux vidéo

24 mai 2008

C’est ce que tentent de réaliser depuis le 20 mai 2008, à l’aide des enseignants et (bien sûr) des parents, les écoliers de l’école Ziegelwasser de Strasbourg !

C’est tellement extraordinaire que l’on veut bien croire que c’est  » une expérience unique en Europe  » ! On ne peut que féliciter chaleureusement l’école et les parents d’avoir osé  cette expérience. Les enfants en récolteront l’idée que la seule position assise – voire avachie, les yeux rivés sur un écran,  n’est pas le seul loisir possible pour les 6-11 ans.

A eux d’expérimenter la rime affichée dans l’école :  » Ecrans éteints, ça fait du bien « . Le défi est déjà lancé : qui – avec toute sa famille – tiendra 11 jours ? Allons, demandons l’impossible, qui tiendra un jour sans écran chaque semaine , juste pour continuer d’apprendre  à «  voir autrement « ?

Vu à la télé … juste avant… d’éteindre…

 

                                                                                   Dix jours après

Rassurons-nous, tous les enfants ont pu (sur)vivre et se divertir 😉 grâce à l’excellente participation éducative des adultes. Ils ont découvert un avant-goût de tout ce qu’ils pourraient créer, choisir, vivre enfin eux-mêmes, au lieu de la seule passivité grignotante des 1200h devant  » le tout-fait étouffant  » de l’audiovisuel.

Et si toutes et tous, nous pouvions oser leur redonner ainsi ce merveilleux temps de l’enfance ? Quel exploit ce serait !

                                                                      

Concernant les 12-25 ans voir  Dans la spirale des jeux vidéo  (documentaire d’Heide Breitel rediffusé sur Arte le 20.06.2008 à 9h55 / 68′)

Le scénario de l’enfant d’un an

Aldo Naouri  recommandait ce lundi-là  à  » tout un chacun  » de vivre la merveilleuse aventure du  » divan » telle que ce cher Freud l’avait concoctée pour les bourgeois viennois et leur progéniture, il y a un siècle.

Certes depuis, la science a progressé, les neuropsychiatres en savent cent fois plus que Freud sur le fonctionnement cérébral, mais qu’importe, le pédiatre nous disait que l’aventure était toujours sur le  » divan ».

Nous prîmes donc connaissance d’un tout nouveau scénario, ayant pour sujet l’enfant à la fin de sa première année. A en croire M. Naouri nul doute qu’il devrait mériter  » le biberon d’or  » de la fiction enfantine, tellement il était affolant et tragique.

Bref, avec l’émission Nonobstant d’Yves Calvi ( France Inter 19.05.08) nous étions à l’avant-première et l’émotion se fit plus grande quand Aldo Naouri nous déclara :

 » Tout un chacun, nous venons à la vie, dans un monde que nous ne connaissons pas, et notre première perception de ce monde à la fin de la première année va nous faire construire un scénario foncièrement faux … c’est-à-dire qu’à la fin de la première année, nous sommes absolument convaincus que notre mère veut notre mort (brrr) à partir du moment où nous avons cette perception-là tout le reste… va être fondé sur cette erreur… ce que la psychanalyse fait, c’est de restituer ce scénario dans sa vérité et de pouvoir éventuellement (brrrr) débarrasser la vision du monde que l’on a de tout ce qui est fondé sur cette erreur … et c’est en cela que c’est une aventure fabuleuse, dans la mesure où elle restitue quelque chose d’une vision plus exacte de ce qu’il en est du monde, de l’autre, de l’environnement, des gens, de soi-même… »

Enfin, (soupir) le film devrait bien finir pour toutes celles et tous ceux qui à un an, tout en vacillant sur leurs petites jambes avec une couche-culotte qui grattait, en auront voulu à la terre entière et tout particulièremnt à leur mère, pour cela … et pour les petits pots ; car la belle trentaine venue, ces petit(e)s veinard(e)s pourront avoir recours à la magie réparatrice du  » divan « …

Fabuleux ce  » divan « , mais on a eu quand même un peu peur !

                                                          **********

 

Le ” premier sexe ” et la délinquance

  Il se pourrait que Simone de Beauvoir ait été injuste envers la femme en la nommant «  le deuxième sexe «  *. D’ailleurs,  les statistiques judiciaires de la délinquance** ne lui donnent pas raison non plus, car si la femme arrive  deuxième, très loin derrière l’homme pour les délits et les crimes, c’est justement elle qui montre l’exemple !

En ces temps de réflexion sur l’éducation morale et citoyenne,  » le deuxième sexe  » ne serait-il pas décidément une chance et un modèle pour  » le premier  » ?

C’est pourquoi, plutôt que le titre de l’ouvrage, je préfère sa conclusion puisée dans Marx*** : « … le rapport de l’homme à la femme est le rapport le plus naturel de l’être humain à l’être humain. Il s’y montre donc jusqu’à quel point le comportement naturel de l’homme est devenu humain … »  j’ajoute même, et deviendra encore plus humain. Le poète Aragon en a eu l’intuition :  » la femme est l’avenir de l’homme « .

        La tâche urgente de notre humanité est de veiller à l’éducation des  garçons, pour qu’ils puissent faire aussi bien        que les filles ; cela ferait  90% de criminalité en moins.

Devenons plus humains ensemble. La parité homme / femme nous y aiderait.

                                                              ***

* Le deuxième sexe Simone de Beauvoir, Gallimard, Folio essais. NB Selon Josyane Savigneau – Le Monde 18.07.08- c’est   » Jacques Bost, auquel il est dédié, [qui] en avait trouvé le titre. «  !

**   » Mais les données sont encore plus clivées si l’on s’arrête sur les individus condamnés. Pour les actes les plus graves, les crimes, les hommes représentent  95% des condamnations en 2005…Pour les délits, les mâles représentent 90,4% des personnes condamnéesLa situation est similaire en matière de délinquance routière : les hommes représentent 92,3% des délits sanctionnés en 2006 ( conduite en état d’ivresse, délit de fuite, usage de stupéfiants, etc.). [petit rappel] :  » les femmes (51,4% de la population française)  » citation extraite de l’article de Luc Bronner, Délinquance : le problème, c’est l’homme Le Monde 03.05.2008 

***  Oeuvres philosophiques, tome VI. C’est Marx qui souligne.

                    certes,  je bouscule les dogmes des trois monothéismes qui, depuis des millénaires, méprisent, malmènent, ou rejettent les femmes …  loin, très loin de leurs instances de pouvoir. Et je pose la question : à qui profitent les crimes ?  sûrement pas à notre humaine condition.