Parlerie sur l’art

26 mai 2010
Qu’est-ce que voir ? Les critiques  en  parlent pour voir (!) …
           

Pas de doute !  L’art contemporain, ce sont les milliardaires, les peintres, les historiens de l’art et les critiques qui en parlent le mieux (1) !

                Mais écoutons d’abord le peintre  Bram van Velde (2) :

 » C’est toujours un plongeon dans un monde. Je dois le voir. Je dois le voir (…)
On vit dans l’invisible. C’était la manière de voir, sinon il n’y a pas de vie. On n’arrive pas à montrer ce qui est en vous. C’est étrange, une vie cachée qui sort. (…) Je cherche à voir alors que tout dans ce monde nous empêche de voir.  »   C’est clair !

                Qu’en dit l’historien de l’art (3) ?

 » Il travaillait sur le voir, sur cette espèce d’activité incroyable qui nous rattache par nos yeux au monde (!).
Mais qu’est-ce-que c’est ? C’est difficile à exprimer, mais nous qui sommes des historiens de l’art, nous pouvons dire que son langage est celui de formes visibles descriptibles qui appartiennent en partie par exemple à une sorte de postérité du cubisme… Il y a effectivement un morcellement de la surface, tout ce travail de découpe et de remontage des éléments qui pour finir font un tissu sur une surface plane, en couleur évidemment.
Il essayait de répondre à cette question  » qu’est-ce-que voir?  » de montrer par les formes les plus simples, les plus frustres… Il y a quelque chose de dur dans l’art de Bram. Il y a un détripement, il montre ses tripes… pour retrouver en lui la force de peindre à nouveau.  »

Et la confidentialité de l’oeuvre de Bram ?
L’historien répond :  » La peinture de Bram est visuellement souvent un peu incommode.  »

               « Non, mais vous avez raison (sic)  » dit la critique d’art (4).

« Je suis restée sidérée par les derniers tableaux qui sont d’une beauté à tomber par terre, dont le rapport de la distance est complètement fou furieux puisqu’il n’y a plus de profondeur, c’est une profondeur sans profondeur.
On s’y perd… mais quelle difficulté à les décrire : c’est des flux, c’est des territoires, c’est sans issue, c’est sans accès.
Voir, c’est la vie mais la vie n’est pas le visible, voir là où voir n’est plus possible, c’est ça la question de Bram.
Mais quand il dit  » une vie cachée qui sort  » – les derniers tableaux, c’est : voilà la vie que je te donne, et ça c’est magnifique dans l’exposition, parce qu’on voit qu’il passe sa vie à essayer de sortir de lui…à se libérer du vécu, et là moi d’un coup, j’ai vécu la libération du vécu en tant que spectateur et j’ai été confrontée à la peinture. (…)  »

           

     ♦ Faut-il conclure de ces paroles de critiques d’art, qu’il suffirait qu’ils nous parlent  pour nous faire croire que le  « détripement  »  est en réalité  « libération du vécu  » et que l’on y gagne à voir « une vie cachée qui sort » ?

♦  À les entendre, Marcel Duchamp  ferait jaillir « l’art » de son  urinoir nommé fontaine, Bram van Velde sortirait ses tripes, et  le mannequin de Jan Fabre pataugerait dans la mare de son sang et de ses excréments …  pour nous montrer comment leur vécu  se libère; ou comment le visiteur  se retrouve enfermé avec eux  dans  » les commodités  » du musée ?

    L’art depuis Duchamp n’aurait-il alors comme seule valeur que  cette  parlerie (5) vide de sens  ?


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1 France Culture  25.05.10 Tout arrive ! Arnaud Laporte   Exposition au Musée des Beaux-Arts de Lyon 17.04 au  19.07 2010
2 Entretien avec Charles Juliet en 1979 /  Transcription d’extraits de l’émission
3 Rainer M. Mason
4 Corinne Rondeau
5 Parole pléthorique et inutile / bavardage / parlage – verbiage,  paroles inutiles et creuses …
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