par L’ingénue 29 octobre 2007 / 26 mars 2018 / 10 février 2019
Le paradis. – dans la Genèse (1) (Ancien Testament de la Bible)
Vingt siècles après, au XIIIème siècle, à la demande des chanoines du chapitre de la cathédrale de Reims qui gérait la fabrique (l’œuvre Notre-Dame), un sculpteur s’inspira du second récit de la création :
L’homme n’ayant pas trouvé dans « tous les bestiaux (sic) », « les oiseaux du ciel » et « les bêtes sauvages »… une « aide qui lui fût assortie … Yahvé Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, façonna une femme, et l’amena à l’homme. Alors celui-ci s’écria : A ce coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée femme car elle fut tirée de l’homme, celle-ci….»
Voilà une narration qui ne manque pas de rudesse ; ce qui suit pourtant, semblerait avoir quelque finesse.
La chute
« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme : » Alors, Yahvé Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?
La femme répondit au serpent : » Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sous peine de mort.
Le serpent répliqua à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal. »
La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir l’entendement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea ».
L’effet fut immédiat : « Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes » ! »
Et voilà comment Ève, fine observatrice et jugeant nécessaire l’entendement, sut habilement, [nous dit la légende monothéiste], convaincre, l’innocent Adam.
Mais n’est-ce pas plutôt, grâce à leur entendement bien affûté, que les rédacteurs de la Bible créèrent le paradis avec ce mythe de la création de la femme ?
Ne firent-ils pas ainsi, dans leur ignorance,
au nom d’un dieu fictif,
la preuve d’un entendement quasi- diabolique,
comme celui du serpent de leur histoire,
comme fut celui des deux autres monothéismes de la planète ?
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Cette note qui datait du 29 octobre 2007 avait disparu des archives ; j’ai eu le plaisir de la compléter le 26 mars 2018 pour « C’est de l’Art ? », et le 10 février 2020.
En ce mois d’octobre 2007, il y avait une belle exposition des œuvres de Gustave Courbet au Grand Palais à Paris.
On pouvait y voir une toute autre création de la femme, picturale cette fois … que le peintre avait nommée, malicieusement, «L’Origine du monde» (1866). Cette commande privée fut acquise ensuite par le psychanalyste, Jacques Lacan, sûrement pour son entendement !
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1 D’après l’édition de poche de La Sainte Bible – traduite en français sous la direction de l’école biblique de Jérusalem, aux Editions du Cerf, Paris, 1955.
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