François Fillon face à la fureur médiatique

 

Mercredi 23 novembre 2016

Il y a 105 ans, le 6 avril 1911, Jean Jaurès, à la tribune de la Chambre des députés relevait : « l’influence formidable qu’exerce nécessairement sur l’opinion, une presse qui donne à la même heure, le même son de cloche, discrédite ou exalte, et pousse toute l’opinion comme un troupeau dans le même chemin. »(♦)

Et cette semaine, avant le second tour de la Primaire de la droite et du centre, résonne encore comme un écho à cette déclaration.

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Sauf que la création médiatique d’Alain Juppé (1) ne l’a pas mis en tête du premier tour !

Il n’a obtenu que 28,6 % au premier tour, (pour 44,1 % à François Fillon), sachant que « près d’un électeur sur deux qui a voté pour Alain Juppé provient de la gauche et du centre ». (2),

Alors depuis lundi matin,  la rage  des médias (secteurs public et privé confondus (sic) devant la première place de François Fillon, gronde, enfle, éclate, sur toutes les radios, tous les plateaux de télévision, sur les sites et dans les journaux de la presse quotidienne.

Dirigé depuis l’Élysée par son chef,  F. Hollande, le chœur médiatique accompagnera  avec force tambours et trompettes son  ténor Alain Juppé, jusqu’au 27 novembre 2016.
Cependant,  serait-ce l’émotion ou le désarroi ? Alain Juppé semble avoir perdu, vis-à- vis de son rival, son calme et sa courtoisie, c’est-à-dire la marque de l’élégance en politique.
Prépare-t-il ainsi le débat de jeudi ?  Pourtant, il ne gagnera guère à cultiver seulement  l’agressivité ou l’arrogance.

♠ Dans la perspective des six mois à venir d’une campagne électorale dont  nous venons d’avoir un aperçu, on se permettra ces quelques mots :
Mesdames et Messieurs les journalistes,  nous vous lisons, nous vous écoutons, nous vous regardons exercer votre métier. Mais restez dignes  ! Cessez  de  vous croire supérieur(e)s  car ce n’est pas vous que l’on veut entendre !  Cessez  de couper la parole à celui ou celle qui répond à votre question (3) !
Pour dire comme Molière,  le procédé est assez vulgaire et bien « du dernier bourgeois » !

Le  débat de  demain nous éclairera sur la suite. Et cela devrait servir de leçon. En effet, il  serait souhaitable que la confiscation médiatique de l’espace de réflexion collective au profit d’un seul, telle qu’elle aura été pratiquée, lors de la mandature présidentielle de F. Hollande, à des fins électoralistes, devienne pour la formation des futur(e)s journalistes, un magistral cas d’école, au profit de la liberté de pensée des citoyens.

Citoyens libres, nous voyons, nous entendons les médias tendre leur piège (4) avec leurs grosses ficelles, pour l’élection  du futur candidat de la droite et du centre à la présidence de la République, nous serons peut-être encore nombreux à nous en méfier.

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Lundi 28 novembre 2016


27 novembre 2016 :  Second tour de la Primaire de la droite et du centre
François Fillon a devancé Alain Juppé …. et dès potron-minet, le 28 novembre 2016, le premier éditorial de RTL  s’intitule bizarrement : « Le week-end de la mort … à droite (?) comme à gauche » !
Nous attendons simplement les programmes de « La grande Primaire de la gauche  » en janvier 2017, avec son champion, M. Hollande, président sortant ♠, puis le vainqueur aux côtés de MM. Macron, Mélenchon et Bayrou (?).. pour le premier tour des Présidentielles de 2017 … qui j’espère ne sera pas non plus un week-end de la mort …mais bel et bien celui de la démocratie vivante.

M. Hollande a déclaré forfait le 1er décembre 2016.
Le Point commence à publier « les sondages » qui donnent M. Valls gagnant, et son numéro 2308 du 1er décembre 2016 donne le pari perdant pour  « Fillon contre tous ». … on a bien compris : contre tous les médias.

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♦ Histoire de la France contemporaine Coordination Jean Elleinstein / Éditions Sociales – Livre Club Diderot / Tome IV p.268.

1 Alain Juppé, une création médiatique

2   21.11.2016  Sondage pour LCP Public sénat Harris Interactive :
 Sans la participation des électeurs de gauche, François Fillon aurait probablement remporté la primaire dès le premier tour
Jean-Daniel Lévy (directeur du département politique & opinion d’Harris Interactive.) :
« Près d’un électeur sur deux qui a voté pour Alain Juppé provient effectivement de la gauche et du centre, ce qui n’est pas négligeable. Si cet électorat ne s’était pas déplacé pour voter pour le maire de Bordeaux, il aurait donc probablement réalisé un score deux fois inférieur. Mathématiquement si les électeurs de gauche ne s’étaient pas déplacés, François Fillon aurait pu gagner dès le premier tour. »

3 On remarque que les dames sont aussi déchaînées et féroces que les messieurs dans ce parasitage des réponses ; tout cela pour troubler l’orateur et pour empêcher l’auditeur de suivre la logique et le sérieux des propos.

(Re)lire La Déclaration des droits et des devoirs du journaliste ou Charte de Munich 1971.
Dans la Déclaration des devoirs, on relève dans le point 9 :
« Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste. »
et dans le point 10 :

 » (…) le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre ».

Petite remarque : Dans le Préambule,  ne faudrait-il pas revoir l’utilisation du verbe procéder -intransitif ou transitif indirect- et écrire: C’est du droit du public de connaître les faits et les opinions que procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes ?

Clin d’œil sur le graffiti d’un étudiant en rupture de Sorbonne en 1968, crachant sur le droit de vote et notre liberté citoyenne : « élection piège à c♦♦s ! »

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