19 mars 2016 – Devant le mémorial national du Quai Branly (1)
Levant baissant, levant baissant la tête, pendant vingt minutes, le président Hollande de sa voix sans timbre, au débit haché tous les quatre à six mots, (ceux qu’il aura mémorisés (!), avant de replonger dans la copie, lit son discours.
En fait, après avoir promulgué en décembre 2012, « la loi qui proclame le 19 mars, journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc », il veut en « donner une traduction » (sic).
Mais il s’applique surtout à gommer dans son discours les responsabilités politiques et gouvernementales monarchiques, impériales et républicaines de la grande bourgeoisie d’affaires de 1830 à 1962. Et, s’il dit que le Maroc et la Tunisie sont des pays amis, pour l’Algérie, il passe sous silence la guerre civile de 1991-2002. Or, le feu du terrorisme islamiste algérien couve encore sous les braises ; le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) rallié à Al-Qaïda à l’automne 2004, recrute toujours des djihadistes dans les prisons françaises (2)…
Pour nous faire sa leçon de morale sur l’Histoire qui a meurtri nos ancêtres depuis des siècles, il dit « les peuples ».
Nous, en quelque sorte, les familles d’appelés et de rappelés du contingent depuis Guy Mollet (SFIO) en 1956 qui vécurent les drames des 25 000 tués et des 65 000 blessés. Mais aussi les Français d’Algérie ou bien encore les Harkis Franco-Algériens, toutes celles et tous ceux qui ont été broyés par le FLN et par l’OAS.
Le président de Gaulle, le gouvernement Pompidou et les ministres Joxe et Messmer, les ont odieusement délaissés, en signant le 18 mars 1962, le cessez-le-feu des Accords d’Évian sans aucune garantie de l’unique signataire algérien, Krim Belkacem du GPRA (et encore moins du FLN), pour la sécurité de la population civile, que l’armée française ne protégerait plus, à partir de 12h, le 19 mars 1962.
Alors M. Hollande « a une pensée », mais ce n’est pas pour dire que le tribut de guerre du FLN fut considérable puisque le million de citoyens français menacés du cercueil laissèrent tout, leurs maisons et tous leurs biens, et n’emportèrent qu’une valise…
Donc, M. Hollande « a une pensée ».
Mais les petites formules de style du service de communication de M. Hollande (3) sur « la guerre des mémoires ou sur la paix des mémoires » n’ont aucun sens.
Comme le monde de la finance et de la politique française l’exige, l’heure est au déni de la vérité historique, et en ce 19 mars 2016, ceux qui savent ne veulent pas la « partager » comme on se plaît à dire ; ils refusent de dire qu’ils ont menti avec M. Louis Joxe déclarant après les Accords d’Évian : « Au centre de toutes nos préoccupations se sont trouvés les Français d’Algérie. »
La journée nationale du 19 mars n’est pas « un message d’unité, de paix et de rassemblement ».
Le 19 mars est le signal d’une monstrueuse lâcheté politique… et quand M. Hollande dit : « Faire du souvenir douloureux de la guerre d’Algérie qui a divisé et meurtri, un facteur de réconciliation et de rassemblement », il retourne le couteau dans la plaie du 26 mars 1962, jour du massacre de la rue d’Isly à Alger, dans celle du 5 juillet 1962, signal des enlèvements et des massacres à Oran, dans celle du génocide des Harkis, dans celle de la grande douleur de l’exode des Français …
Et puis aussi, quelle résonance douloureuse que ce 19 mars, quand la France est en état d’urgence !
Quand les messages de haine et de terreur islamique sont martelés partout en France, à Saint-Denis, à Marseille, à Toulouse etc., dans les repaires des terroristes islamistes (bien connus de la Justice et de MM. Valls et Cazeneuve) aux fusils mitrailleurs tout neufs, payés avec l’argent sale de leurs trafics de haschich et de coke, partout dans les prisons avec les imams salafistes infiltrés comme ils le sont dans les mosquées, et tous nous promettant encore, comme le FLN… le cercueil (4) !
Quand cinq cents nouveaux djihadistes de l’État islamique viennent d’entrer en France dans le flux des migrants ! …
♠ Et votre discours mal préparé de vingt minutes nous apporterait « la paix », M. Hollande ?
Ne serait-ce pas plutôt une billevesée (5) de plus de la « promotion Voltaire de l’ENA » ?
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2 La France sur le qui-vive 27.09.2005 Colette Thomas RFI.fr
3 Service de communication au logo qui représente depuis mars 2015, une hache à double tranchant / copie de la Francisque, l’insigne de Pétain, chef de l’État français de 1940 à 1944.
Vu par Jean Effel, l’insigne avait donné lieu alors à un dessin intitulé « la Francisque… Göring demande à Pétain : Pourquoi deux tranchants ? » et Pétain répond : « Pour défendre la Patrie et, au besoin, pour la combattre… » [extrait du livre de Jean Effel et René Andrieu : En feuilletant l’histoire de France, du front populaire à nos jours, paru en 1969 chez Albin Michel – source La Résistance Alain Guérin Tome 2 p. 90].
4 À suivre avec attention l’impact sur les djihadistes haineux de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme du 21 au 28 mars 2016 de M. Hollande et Mme Vallaud -Belkacem :
Contre la haine, soyons tous unis. Agissons au quotidien !
……………… Cependant, pour le cabinet du ministre de l’Intérieur Cazeneuve, « Ce n’est pas un délit de prôner le djihad » , puisque toujours selon le cabinet du ministre, l’appel au djihad n’est pas un appel à la haine [ou] au terrorisme ! C’est sûrement l’effet « double tranchant » du service de communication de M. Cazeneuve.
On en appréciera la finesse avec Le vrai du faux A. Krempf vendredi 20 novembre 2015 !
5 ou baliverne, faribole, sornette, sottise – parole vide de sens, idée creuse. Le grand Robert p. 1422
♥ Voir ou revoir Les Pieds Noirs Histoire d’une blessure un remarquable film documentaire de Gilles Perez 2007 2DVD (France Télévisions distribution France 3)
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Note du 23 mars 2016 – complétée le 30 mars 2016