Aube
Il pleut dans les ruelles
la chaleur versatile
comme un chant de guêpe, jaune
autour du manguier stérile
Une larme de moisissure
au glissement reptile
enjolivure sur un mur de geôle gris
où le regard lointain et dévasté
s’apitoie comme une rame.
Visages ; espaces :
terreurs
écrouées des soifs d’adolescence
insolentes meurtrissures
du mal de grandir
on risque gros à perdre sa peau
dans ce soleil-mer
où se noie la candeur au martèlement-diable
plus fort que le klaxon à pompe
du laitier déchaussé
plus fort que le cri amorphe
du marchand de cresson
plus riche que les parfums
s’échappant des recoins
trésors de vie,
genèse et nourriture
Miracles de ténacité.
Il pleut sur Port-Louis
une aube habituée
déjà désabusée.
poème extrait du recueil Port-Louis / Des poètes chantent leut île / Poèmes de l’Ile Maurice /Les Éditions du Dattier.