De Klaus Barbie à Oussama Ben Laden

Le dernier film documentaire de Kevin Macdonald « Mon Meilleur Ennemi«   est  à voir absolument. Sa grande richesse nourrit notre réflexion sur le monde contemporain. On en ressort bouleversé,  par les horreurs du passé, avec la certitude douloureuse que les guerres -crimes d’état- sont ce que les classes politiques dirigeantes savent le mieux infliger à leurs peuples – et aux autres. A la fin du film, il faut saluer le courage de la sénatrice américaine qui s’interroge sur les raisons pour lesquelles les Etats-Unis ne choisissent pas de travailler avec des démocrates pour fonder leur politique mondiale, pourquoi ils leur ont, depuis six décennies, préféré des « experts » nazis et des terroristes islamistes 1. Je pense que le désastre humanitaire de la guerre en Irak aidera le peuple américain  à analyser lucidement la politique extérieure de leur prochain(e) président(e).  

1  Voir et revoir le passionnant documentaire Fahrenheit 9/11 de Michael Moore.

Le temps de mûrir

Ce qui choque désormais le plus dans les dogmes religieux qu’homo sapiens a su produire, dès l’aube de son humanité, ce sont les insupportables incohérences morales, les démesures criminelles, les étouffoirs intellectuels, qui fondent durablement les pouvoirs politiques.

En effet, tout se passe encore comme si ces dogmes n’étaient établis que pour s’assurer de l’obéissance sociale des  fidèles croyants, tandis que leurs   chefs spirituels  accèdent   habilement au pouvoir … pour s’y maintenir le plus longtemps possible… par la grâce de Dieu, évidemment.

Les  commandements, les  lois, les  principes – qui pour chaque dogme émanent du  divin  et sont donc sacré(e)s – ne fondent en fait qu’ injustices, inégalités, oppressions, soumissions millénaires de droit divin. Base des pouvoirs temporels, ces fondements religieux des puissances politiques, s’accompagnent parfois de miettes de compassion ou autre charité

De l’hindouisme avec les castes, du christianisme, de l’islamisme et du judaïsme avec leurs incessantes  guerres de religion , il se pourrait que l’humanité soit lasse, même épuisée par un tel acharnement à l’opprimer et à la détruire.

Et si l’humanité avait mûri ? Si la soi-disante quête de  la pureté de l’homme religieux  ne  pétrifiait plus les intelligences ?

Si l’autre, croyant de l’autre religion – ou athée – ou agnostique – et même (sic) une femme – n’était plus jugé(e)  impie ou impur(e), mais tout simplement respecté(e) comme un être humain, à égalité de droits ?

Si l’humanité, par sagesse et irrépressible besoin de justice, avait enfin rédigé des droits universels bien supérieurs  à ceux que les  dieux  avaient  inspirés  jusqu’à présent … S’il était venu le temps de mûrir ? …

Se souvient-on de ce portrait de femme ?

En fait, dans l’article de Cécile Hennion Enlevé par la CIA, torturé en Egypte  du Monde – vendredi 8 juin 2007 / Page trois Droits de l’homme / qu’il illustrait*, les droits de l’homme en question étaient ceux de son époux, l’imam égyptien, Abou Omar (de son vrai nom Oussama Moustafa Hassan Nasr).

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 » Quarante-quatre ans à peine, mais l’homme en paraît soixante. » Et elle ? A-t-elle un  âge ? Paraît-elle son âge ?

Quand Abou Omar appliquera-t-il dans le domaine familial, ce qu’il dit avec rage qu’on lui a refusé, c’est-à-dire le respect des droits de l’homme : « Les Nations Unies, le Conseil de l’Europe, les ONG professent de beaux principes qui s’appliquent aux Européens et aux Occidentaux. Mais quand il s’agit d’arabes et de musulmans, tout cela n’est plus qu’un peu d’encre sur du papier. « ?

L’imam Abou Omar a été libéré en février 2007 mais son épouse arabe et musulmane, le sera-t-elle un jour ?

Le bond dans la modernité est possible. L’archaïsme de la soumission religieuse n’est   plus une fatalité, puisque les valeurs universelles de liberté et d’égalité des droits de l’homme et de la femme ont fondamentalement aboli les aliénations dogmatiques.

Parce que les droits de la femme sont supérieurs aux droits de la femme voilée, une pétition s’ouvre pour rappeler que le communautarisme religieux islamique ne doit pas imposer sa tyrannie aux femmes dans l’espace public laïque.

***** Lire Sophie Bessis (Paris/Tunis), Les Arabes, les femmes, la liberté, Albin Michel, Paris, 2007. Invitée dans la passionnante émission d’Abdelwahab Meddeb, Cultures d’islam, dimanche 30 mars 2008 :  » Femmes arabes entre violence et liberté  »  –   » vous portiez le linceul «  disait Habib Bourguiba aux femmes tunisiennes.

*GEBAUER/spiegelonline/ROPI/REA