… Un temps de vacances pour un séjour en Lorraine, et un petit tour dans l’Histoire de France 😉
A tout seigneur, tout honneur ! Commençons par feuilleter les 7 pages que Georges Duby consacre à Jehanne dans le chapitre « La Pucelle d’Orléans », et les 461 pages du « Jeanne d’Arc » de Colette Beaune*.
Dans son introduction, C. Beaune nous invite à nous contenter de peu : « Ce livre est une étude d’images et de légendes, une étude du non-vrai et du non-réel si l’on veut. »
Ainsi, le peuple du XXIème siècle (tout comme celui du XVème) – devrait toujours être fortement impressionné par le non-vrai et le non-réel, par les images et les légendes véhiculées par la religion ; on lui apprendrait le merveilleux et le divin comme raison suffisante. On tiendrait pour sûrement établi par des récits mythiques, le socle du pouvoir absolu des rois … de « droit divin ».
Las, il demeure cependant que la guerre de cent ans fut malheureusement vraie et très réelle pour les pauvres gens, et que la défaite d’Azincourt ne fut pas une légende. Et cependant Georges Duby explique** comment « avec la Pucelle, le merveilleux (?) s’engouffre dans le champ du politique ».
Autrement dit, comment ce grand médiéviste voudrait-il nous faire croire que « Dieu (?) dans Sa grande pitié du peuple de France » découvrit à Domrémy la seule pastourelle en sabots qui sût monter et chevaucher longuement à cheval, la seule bergère illettrée*** qui écrivît au roi d’Angleterre, la seule paysanne plus à l’aise avec l’épée et l’étendard qu’avec la quenouille et le fuseau, plus à l’aise parmi les gens d’armes que parmi ses moutons etc.
Comment ne pas songer qu’il fallût bien qu’elle soit éduquée dans tous les arts de la chevalerie, que tout cela fût préparé par quelques personnages influents proches et alliés des Valois, des Orléans … et du gentil dauphin, le futur Charles VII ?
Et aussi comment justifier que ce dieu (?) qui avait fait souffler « des voix du ciel » sur Jehanne « Sa prophétesse », l’ait abandonnée méchamment à son inique tribunal d’Inquisition, pour lui infliger le supplice réservé aux sorcières ayant pactisé avec le diable ? … puis remords de conscience (?) – l’ait réhabilitée, et même cinq siècles plus tard, béatifiée et canonisée ? Serait-ce pour illustrer le proverbe :
Souvent dieu varie, bien fol est qui s’y fie ?
Six siècles après, grâce à la Pucelle d’Orléans, devenue «patronne de la France » par un miracle du Vatican, les drapeaux de la République pavoisent les églises, à la place des fleurs de lys ; somme toute, une revanche du divin de 2000 ans sur notre jeune laïcité de 100 ans.
… Ainsi m’est venue la Pucelle à l’oreille…
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* Jeanne d’Arc C. Beaune / Perrin 2004
** La Pucelle d’Orléans p.333 Le Moyen Âge 987- 1460 De Hugues Capet à Jeanne d’Arc Tome 1 G. Duby Histoire de France / Hachette 1987
*** Jeanne la Pucelle fut aussi la seule bergère illettrée parlant le dialecte lorrain dont on reproduisit les paroles après le sacre de Charles VII à Reims en 1429 : « Ores est exécuté le plaisir de Dieu, qui voulait que vous vinssiez à Rheims pour recevoir votre digne sacre, en montrant que vous estes vray Roy, et celui auquel le royaume doit appartenir. » A voir au musée du Louvre (département des Objets d’art) à côté du dais pour le trône de Charles VII_______________
Lire Lettre de la bergère au Roi d’Angleterre
NB D’autres historiens, jugés moins savants par l’Université, et dont les recherches depuis le XIXème siècle, prennent les images et les légendes pour ce qu’elles sont, préfèrent observer, découvrir des événements et des archives ; ils trouvent des preuves du vrai et du réel – et même trouvent des preuves … dans la disparition de preuves.
🙂 Parmi les énigmes, voici celle de cette « Tête casquée » dite de Saint Maurice (Pierre polychrome XVème siècle/ Église Saint Éloi Orléans ) que l’on peut voir au Musée historique et archéologique d’Orléans.