5 juillet 2009
Il y a de cela une éternité – ou pour le moins 2400 ans- dans le livre des Juges, au chapitre de Jephté le Galaadite, on reconnaissait les Ephraïmites à ce qu’ils ne pouvaient » prononcer correctement » Shibbolet*, ils disaient Sibbolet ; plus près de nous, il y a 50 ans, Pierre Dac et Francis Blanche avaient reconnu chez les Babus l’impossibilité de dire indubitablement, ils ne pouvaient dire qu’indibutablement **.
J’ai déjà remarqué que les nouveaux bobos*** des médias, qu’ils soient ou non les invités de la gauche à la noce au cirque d’hiver, ne savent pas toujours comment parler et/ou comment prononcer notre belle langue française. Je dirais volontiers que par l’indubitable Shibbolet, ce ne sont que des bobus !
Les bobus adorent les mots anglais si exotiques comme « chat » : les mots dialogue, échange, entretien, débat, conversation, discussion … ont trop de lettres et sur internet l’espace est si petit. Alors les bobus » chat(t)ent, tchat(t)ent et re(t)chat(t)ent « de telle façon, que bien souvent leur » chat bla bla « accouche … d’une souris.
L’actualité sinistre de deux accidents d’avion donnerait même aux bobus l’occasion de » (t)chat(t)er sur les crashes « **** ( le bobu ne prononce pas le pluriel anglais – en l’occurrence, ce serait encore plus insupportable). On reconnaît le bobu à ce qu’il peut même dire ou écrire : » l’avion s’est crashé « ; le bobu impose ainsi sa marque d’indifférence et de mépris pour les victimes et leurs familles.
A la question bobue : » Trop de unes avec des » crashes « ? » Paul Quinio sur libération.fr vidéo 5 jours à la une du 3.07.09 répond donc – sans postillonner (?) avec huit fois le mot » crash-es « et deux fois le mot accident-s. On reconnaît bien là le directeur adjoint d’une rédaction bobue.
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* mot hébreu : épi / La Bible
** sauf les nuits de pleine lune entre 23h et 23h05 – Série radiophonique : Signé Furax/ Le gruyère qui tue
Retrouver le deuxième épisode dans La mythologie de poche de la radio du 18.12.09 / émission Les passagers de la nuit de Thomas Baumgartner sur France Culture.
***Les nouveaux bobos, CSP+ hauts revenus etc. raffolant du pouvoir et des médias, ayant la drogue et l’argent de la drogue, c’est-à-dire les beaux « beautiful » ( comme disent les bobus ), le » beau » monde du spectacle et de la politique-spectacle, de la gauche pseudo-socialiste au modem , des verts, des ultra-gauchistes et (ex) gauchistes à la vieille droite des patrons et des banquiers. Toutes celles et tous ceux qui, bien parvenu(e)s aux affaires (sic)… sont à la noce depuis longtemps.
cf. La gauche à la noce : article d’Ariane Chemin dans Le Monde du 03.10.07
Extraits : » En Mai 68, ils montaient sur les barricades. Le 15 septembre, ils étaient 800 à fêter au Cirque d’hiver / encore plus cher que la Mutualité à 15 000 euros la salle / le mariage du fabiusien Henri Weber et de Fabienne Servan-Schreiber.(…)
Foin des querelles (…) : du groupe trotskistelambertiste OCI aux hauts fonctionnaires centristes des Gracques (…) Est-ce la présence des banquiers – Bruno Roger, le patron de Lazard, Philippe Lagayette, de chez JP Morgan, ou Lindsay Owen-Jones, le patronde L’Oréal ? Celle des ténors du barreau, ou des patrons de télévision – Patrice Duhamel, Jérôme Clément, Patrick de Carolis ? (…) ou le compagnonnage du journaliste Jean-François Kahn, patron de Marianne, avec Alain Minc, ami du président de la République. » ? (…)
« Si on n’est pas invité ce soir, c’est qu’on n’existe pas socialement « , souffle le psychanalyste Gérard Miller à ses camarades de table. Patrick Bruel, Carla Bruni ou Julien Clerc (…) «
Bel exemple de » mot d’esprit bobo- bobu » de la part de M. Miller, assis à côté d’une brochette de » people « , les chouchous dont les médias font leurs choux gras ! Notez que » people » est un mot très important – source inépuisable de profits – dans le dictionnaire bobu.
**** Pour une oreille francophone délicate ( c’est-à-dire non bobue), le mot crash résonne comme crachat ( spit en anglais) ; le crachat que l’on interdisait dans l’espace public par simple prophylaxie au temps de la tuberculose. Certains, qui cumulent encore incivilité et ignorance continueront de cracher par terre …
NB Autres exemples empruntés à la presse écrite :
La rédaction du journal Le Monde titre le 9.10.09 p. 19 en très gros caractères : » Le crash oublié » pour l’article d’ Annick Cojean sur l’accident du 30 juin 2009 de l’avion de la Yemenia Airways qui décrit la détresse des familles comoriennes de Marseille ayant perdu un ou plusieurs proches.
Et pourtant oublier le mot crash avait été (presque) possible pour Martine Laronche, dans le même journal, le 20/21.09.09 » Est-il mort ? Je n’ai rien vu » sous-titre : » Après un accident d’avion, le corps de chaque victime n’est pas toujours retrouvé. Cette absence rend le deuil encore plus difficile pour les familles. » Dans cet article, la journaliste a alterné le mot accident et le mot catastrophe pour ne céder qu’une fois, pour » le crash de Charm El-Cheikh « , à la phraséologie bobue des journalistes.
cf. ma note Un chat n’est plus un chat
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