Le 18 septembre 2008, » six Africains [étaient] retrouvés criblés de balles dans un atelier de confection à Castelvolturno, près de Caserte (nord de Naples) . Il s’agissait d’un » règlement de compte entre la mafia napolitaine qui contrôle le trafic de drogue, et les immigrés qu’elle emploie à revendre des stupéfiants. » *
La publication de Lettre à Gomorra ** dans La Republica du 22 septembre 2008, permettait alors à Roberto Saviano de hurler sa colère contre la passivité de la société italienne face à ce nouveau massacre, nouvelle preuve sanglante » de la liberté d’action laissée à une telle meute de tueurs … »
A Milan, les défilés du prêt-à-porter féminin des grandes marques italiennes commençaient. Véronique Lorelle écrivait : « D’Armani à Dolce & Gabbana, Burberry, Missoni et Ferreti, l’été 2009 parie sur un retour de l’optimisme…la mode fait ce qu’elle sait le mieux faire : fabriquer du rêve » et elle admirait » le savoir-faire exceptionnel » d’un » maître italien. » ***
Dans le chapitre II intitulé Angelina Jolie de son livre Gomorra, R. Saviano explique précisément le fonctionnement des ateliers de confection clandestins gérés par la camorra , où » chacun sait qu’il travaille sur l’excellence et a conscience de toucher un salaire infime (10h par jour pour cinq cents à neuf cents euros par mois). « Ces ateliers sont autant de zones de non-droit du capitalisme qui pour augmenter démesurément ses profits, s’associe honteusement et dans l’illégalité totale à la mafia.
» Dans ce coin de Campanie, les grandes marques italiennes organisent des enchères très particulières « . Ainsi quand l’une d’elles propose 800 vêtements à fabriquer, la dernière proposition d’un patron : » Vingt euros (pièce) en vingt-cinq jours « est une véritable aubaine. Mais » les marques italiennes ne paient qu’une fois le travail fait, ou mieux : une fois qu’elles l’ont accepté. Salaires, coûts de fabrication et même frais d’expédition : les fabricants avancent tout de leur poche. Les clans prêtent de l’argent aux entrepreneurs qui opèrent dans leur zone d’influence : à Arzano les Di Lauro, à Sant’Antimo les Verde, à Crispano les Cennamo et ainsi de suite…Faire appel à la camorra est également la seule solution qu’ont les salariés qui veulent obtenir un prêt immobilier… Les entrepreneurs qui ne satisferont pas aux exigences des marques trouveront des acheteurs : ils vendront aux clans, qui redirigeront les produits vers le marché de la contrefaçon. La mode des défilés, le lustre des soirées mondaines ; tout vient d’ici. De la région de Naples et du Salento, les principaux centres de production textile au noir… «
R. Saviano avait rencontré Pasquale, couturier talentueux : » Il travaillait sur des vêtements et des dessins que lui envoyaient directement les stylistes… Certaines griffes – qui se fiaient à ses compétences – l’autorisaient à commander la matière première en Chine et à vérifier lui-même sa qualité. « Pasquale savait qu’il fabriquait du rêve et du luxe pour l’Amérique mais quand il a vu » à la télévision, Angelina Jolie… sur la scène lors de la soirée des Oscars, vêtue d’un magnifique tailleur-pantalon en satin blanc. Un tailleur fait sur mesure … cousu par [lui] dans un atelier au noir d’Arzano.… [il] est sorti de la maison…… deux mois plus tard, ON l’avait mis au volant des camions… » (pp 39 -52)
Loin du rêve et de la poésie, la camorra s’est vengée des ouvriers immigrés comme elle s’est vengée de Pasquale, comme elle VEUT se venger de R. Saviano. Ce n’est pas du cinéma, ce n’est pas un jeu vidéo, c’est LA VRAIE VIE, la vie d’un innocent condamné à mort par des criminels aux complices innombrables, puissants et armés sur toute la planète …
Roberto Saviano attend. Il attend que toutes celles et tous ceux qui ont voix au chapitre dans les médias, écrivains, journalistes, artistes, politiciens, chefs d’entreprise, mécènes, PDG, avocats, philosophes, défenseurs des droits de l’homme et de la femme etc. se réveillent en comprenant que » la fabrique de rêve » pour les client(e)s fortuné(e)s – qu’ils/elles sont peut-être (?) – n’est qu’un cauchemar hideux pour les plus pauvres.
* Agence France Presse (AFP.) Le Monde 21/22.09.08 quinze lignes bas de page
» Selon les journaux italiens …le clan des Casalesi … l’un des plus violents de la camorra…responsable de la récente tuerie de Castel Volturno » aurait placé un « contrat » sur l’écrivain Roberto Saviano et veut qu’[il] soit exécuté avant Noël. » /AFP et Reuters Lemonde.fr 14.10.08
La camorra agissant de fait comme le bras armé du capitalisme frauduleux qui VEUT également faire taire R. Saviano, » l’empêcheur d’exploiter à fond « .
** Roberto Saviano Prisonnier de » Gomorra » une page Philippe Ridet Le Monde 17.10.08
*** Rêve et poésie à Milan , Une mode légère, colorée et gaie – citations en italique deux pages articles de Véronique Lorelle Envoyée spéciale Le Monde 24.09 et 27.09.08
Voir Angelina Jolie (Beauty & Life – Photo Getty Images) En 2001 pour la soirée des Oscars » elle opta pour un sobre tailleur-pantalon blanc signé par le duo de créateurs Dolce & Gabbana. »
26 mars 2009 : le lien vers cette photo d’Angelina Jolie était supprimé ; il avait subi auparavant de multiples suppressions avec messages d’erreur .
messages d’erreur ou messages de vérité ?
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Arte THEMA sur les deux autres mafias : n’drangheta et cosa nostra
Mafia et antimafia 16.12 2008 / 18.12.2008
1- Main basse sur l’Europe – n’drangheta (mafia calabraise) réalisatrice Agnès Gattegno
*RFI 11.05.09 Arrestation dans son bunker d’un parrain de la mafia calabraise Salvatore Coluccio le 10 mai 2009
2- Halte à la mafia – cosa nostra (mafia sicilienne) réalisateur Jorge Amat / « Comment en Sicile, la société civile a commencé à se dresser contre la mafia et contre le pizzo (racket) ».
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