» On craignait une Berezina du marché de l’art » écrit Harry Bellet*. C’est dire si M. Damien Hirst**, plasticien britannique de 43 ans, fait trembler les galeristes*** en vendant directement quelques 223 oeuvres chez Sotheby’s à Londres les 15 et 16 septembre 2008.
Certes « le lot n°42 » Theology, philosophy, medicine, justice « (excusez du peu !), des requins plongés dans deux aquariums remplis de formol, a plafonné à 2,35 millions « et est resté invendu ; mais l’artiste s’est bien rattrapé avec son « bovin plongé (aussi) dans le formol et surmonté d’un disque d’or « .
Que les spéculateurs se rassurent , » Le Veau d’or « est toujours debout et vaut à ce jour son pesant de 13 millions, une bagatelle pour ce milieu-là … qui saura le revendre bientôt le double !
___________________________
NB A la question C’est de l’art ? M. François Pinault répondrait « oui, c’est du lard ! » puisqu’il possède et a exposé au Palais des Arts de Dinard de juin à septembre 2009 Mechanical pig (2005) de Paul McCarthy, avec en bonus une leçon de morale de milliardaire : « Le cochon endormi devient ainsi le témoin (sic) des dérives consuméristes de l’univers visuel américain et nous pousse à prendre de la distance par rapport à nous-mêmes et à nos vanités. » Nul doute que le brave homme regarde désormais d’un autre oeil la tranche de jambon aux coquillettes de son repas du soir ! L’art depuis Marcel Duchamp, c »est aussi l’art de se moquer des pauvres privés du festin de la vraie culture…
voir M. Pinault, le milliardaire qui n’a pas peur des artistes (8.09.09)
___________________________
* dans son article Enchères record pour la vente Damien Hirst Le Monde 17.09.08
** Disciple de Marcel Duchamp et de sa » Fontaine » un banal urinoir, il est reparti avec seulement 89 millions d’euros. (140 millions d’euros selon H.B. dans son article Le Monde 21/22.09.08 (?)
Parmi les premières oeuvres de D. Hirst, dans les années 1990 – déjà la tentation du bovin 😉 figure » A Thousand Year » : un caisson transparent contenant une tête de vache sur laquelle s’acharnent mouches et asticots. » (cf l’article de Harry Bellet Le Monde 13 septembre 2008) – Etait-ce une allégorie du monde de l’art contemporain selon Hirst ?
*** « La galerie qui perçoit généralement 50% des transactions, est le passage obligé du marché de l’art… En France, cette vente d’oeuvres de Damien Hirst qui lui permettrait de toucher l’intégralité de l’adjudication serait interdite. Un commissaire-priseur ne peut théoriquement pas vendre des biens neufs.« (id)