11 mai 2014
Il est bien certain que ce n’est pas le retour à la vie de la jeune Emanuela Orlandi (15 ans) qui fut le premier «miracle de saint Jean-Paul II » en 1983.
Il ne l’a ni sauvée ni ressuscitée. Et pourtant elle avait vécu très proche de lui, place Sant’Egidio, au Vatican, pendant cinq ans, puisque son père, Ercole Orlandi, était fonctionnaire des Postes vaticanes, au service de «sa sainteté».
Dans ce petit monde clos d’hommes en robes qui brassent des centaines de millions de dollars et où les jeunes filles sont rares, elle ne pouvait passer inaperçue. Elle était même surveillée et l’on savait parfaitement son emploi du temps. Ainsi l’on savait que trois fois par semaine, elle se rendait en bus puis à pied, à son cours de musique à l’École Tommaso Ludovico Da Victoria dans le Palais Saint-Apollinaire de Rome. Fallait-il en conclure que son destin était scellé ?
Hélas oui ! Par une belle journée, le 22 juin 1983 après son cours, la jeune Emanuela monta dans une BMW, sous les yeux de deux policiers en faction devant le Sénat. Interrogés par la police italienne, ils firent une description si précise du conducteur -grand, brun avec une calvitie, une trentaine d’années- que son portrait-robot permit de l’identifier rapidement. Il s’agissait du redoutable chef mafieux de la Banda della Magliana, Enrico De Pedis.
Que pensez-vous qu’il advint ?
De nulle part ne vint l’ordre de rechercher Enrico De Pedis. Ni la police judiciaire, ni la justice, ni les services secrets italiens, ni la police vaticane ne furent activés. L’État italien comme le « Saint »-Siège donnèrent l’ordre des lâches et des coupables : ne rien faire. La loi du silence complice du politique et du religieux triompha une fois de plus.
Qui ont-ils protégé alors ? Enrico de Pedis* et toute sa bande criminelle, certes, mais aussi un certain Paul Marcinkus**,
l’Américain, le «parrain» du Vatican, directeur de l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR), principal actionnaire de la Banque Ambrosiano dont le scandale des activités illégales et criminelles de blanchiment des trafics de Cosa Nostra éclata en 1982 , le tout manigancé par des hommes politiques et des services secrets italiens et une centaine de cardinaux et d’évêques réunis dans la Loge P2 ainsi que toute la fine équipe autour de Simeone Duca, archiviste du Saint-Siège etc.
Cela ressemblait fort à un règlement de comptes entre truands ; la disparition d’Emanuela servant d’avertissement.
♠ La jeune Emanuela survécut quelques mois ; elle fut droguée, violentée, martyrisée entre un sordide sous-sol de la Via Pignatelli et d’autres lieux de supplice que Gabriele Amorth*** a évoqués, et finalement fut tuée par Enrico De Pedis et son corps fut jeté dans une bétonnière.
Le futur « saint» et néanmoins déjà « saint père », Jean-Paul II eut cependant une parole de pitié pour les parents d’Emanuela / qui était alors encore vivante/ le 3 juillet 1983 : « Je souhaite dire aux parents d’Emanuela à quel point je leur suis proche dans la douleur pour la disparition de leur fille ; pour autant je ne perds pas espoir en l’humanité de ceux qui en sont responsables.»
♠ Mais quand et comment parviendront-ils à nous donner l’espoir en l’humanité des criminels, des dieux et de leurs « saints » ?
Les criminels sont à l’œuvre avec tous les dieux de la planète.
♠ Pas de miracle pour Emanuela, la jeune fille chrétienne, avec le dieu des chrétiens
♠ Pas de miracle pour les 230 lycéennes nigérianes, pour les chrétiens persécutés au Maghreb, en Afrique (Mali- Soudan-Somalie-Niger-Nigéria-Somalie-Kenya-Éthiopie-Tanzanie…), en Libye, en Syrie, en Arabie saoudite, au Yémen, à Oman, en Irak, en Iran etc. au nom du dieu des musulmans.
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* Enrico De Pedis fut exécuté par sa bande en 1990. Le cardinal Ugo Poletti autorisa – pour 450 000 euros– son inhumation dans la basilique Saint-Apollinaire (proche de l’école de musique d’Emanuela), mais on ne découvrit son corps, dans une crypte, qu’en mai 2012.
** Mgr Marcinkus était alors le troisième homme ( après le pape et le secrétaire d’État) du Vatican, nommé par saint Jean-Paul II, pro-président de la Commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican – fonction qu’il conservera jusqu’en 1984. Il fut directeur de l’IOR de 1971 à 1987.
*** En mai 2012 aussi, Gabriele Amorth, exorciste nommé par Jean-Paul II en 1986, livra à la presse quelques informations.
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Sources : France Inter Rendez-vous avec X 30.03.2013 Une jeune fille disparaît au Vatican
Photo d’Emanuela Orlandi : dailymail.co.uk et photo et extrait biographie de Paul Marcinkus : Wikipédia