La jeunesse du XIXème arrondissement de Paris

7 décembre 2008 – note relue et complétée le 3 avril 2021

L’  En 2008, lorsque j’ai écrit cette note, Chérif Kouachi, [massacreur avec son frère Saïd de Charlie Hebdo, en 2015] appartenant à la filière djihadiste des Buttes- Chaumont (Paris XIXème) était incarcéré à Fleury-Mérogis, pour 18 mois de prison ferme – sur une peine de trois ans.

     
Ce dimanche matin-là, France Culture (1) était rue Petit, à Paris.
En suivant Raphaël Haddad (2) dans le quartier de son enfance, nous sommes passés devant la bibliothèque où il venait enfant ; c’est aussi là que Rudy, le 21 juin 2008 a été si grièvement blessé. Plus loin, le gymnase lui rappelle les moments réunissant tous les jeunes sportifs du quartier. C’était il y a quinze ans. Cela ne se passe plus ainsi pour son jeune frère. Il le regrette.

A la question qui était aussi le titre de l’émission :  » Paris 19 ème, de quelle violence s’agit-il ? «  la réponse pourrait être d’abord : A qui cette violence profite-t-elle ?

Certainement pas aux victimes, à ceux qui sont tués, blessés,  humiliés, molestés … ni à leurs familles ; quant aux auteurs –forcément manipulés, de ces actes, de ces crimes, lorsqu’ils sont arrêtés, jugés, emprisonnés, ils y perdent leur jeunesse.

Ceux qui profitent de la violence, ce sont  » les chefs « , ceux qui ont tout intérêt à ce qu’elle s’installe dans ce qu’ils considèrent  » leur » territoire. Ils instaurent ainsi un climat d’insécurité, de peur, pour mieux « soumettre » leur voisinage à l’omerta, pour mieux imposer leur loi de trafiquants de drogues et d’armes, leur loi de voleurs et de receleurs.(3)

Ceux qui profitent de la violence sont ceux qui se réjouissent fort de souffler ainsi, en même temps sur les braises communautaristes, car ils savent qu’elles sont le terreau du fondamentalisme religieux ; ce même fondamentalisme religieux qui a déclaré la guerre à la laïcité républicaine.

Ceux qui profitent de la violence sont ceux qui embrigadent  » de très jeunes adolescents, parfois âgés d’une dizaine d’années . . . chargés de surveiller les mouvements des forces de l’ordre et d’assurer le contact avec les acheteurs. »(4)
Cette emprise mentale sur les plus jeunes aboutit à leur échec scolaire, les condamne à l’illettrisme et à la délinquance.
Ce n’est qu’en éradiquant les foyers de criminalité organisée autour de la haine de l’autre, des trafics de drogues et de l’argent sale, que  l’on fera cesser la violence. La vigilance s’impose pour les familles, les éducateurs, pour la police et la justice, pour la municipalité.

Comme si la discrimination « black blanc beur »  ne suffisait pas, faudrait-il ajouter désormais l’appartenance religieuse et les nationalités [dites « ethnies »  – dont la nationalité-ethnie  « gauloise »] ?  Avec cet étiquetage insensé, puéril,  comment les jeunes pourraient-ils se trouver encore des points communs, des valeurs communes ?

Confucius, le grand sage disait « la nature rapproche, la coutume sépare. »
C’est ainsi que l
es communautés séparent.
Elles désagrègent le sentiment d’appartenance au même lieu, à la même société, à la même nation, à la même histoire que les autres.

Les responsables de ces communautés et la Ville de Paris doivent pouvoir s’entendre sur un code du  savoir-vivre ensemble avec des droits mais aussi des devoirs.
C’est pour cela que l’espace public doit être un espace citoyen : les signes religieux  vestimentaires ou autres, étant réservés aux seuls lieux de culte.  

         Quant à l’école publique, laïque et républicaine, c’est toujours malgré les difficultés, une vraie valeur sûre. Et puis enfin, pourquoi ne pas imaginer une grande Amicale de toutes les associations laïques de parents d’élèves  de l’arrondissement, pour (re)trouver ensemble la force de faire vivre ensemble sa jeunesse ?

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1  Vivre sa ville de Sylvie Andreu (France Culture) 30.11.08 

2  Raphaël Haddad de l’ association Ensemble le 19 ème 
/ 3 avril 2021 : l’association ne figure plus dans la liste de la mairie du XIXème.

  Le 11 février 2009 , les policiers parisiens ont interpellé dans le XIXe arrondissement cinq personnes et saisi 1,3 tonne de résine de cannabis ainsi que 200 000 euros. Les cinq personnes, âgées de 16 à 55 ans, sont soupçonnées d’être impliquées dans un vaste réseau de trafic de drogue. 

Il faut savoir aussi que la production annuelle du marché marocain est actuellement de 2000 à 3000 tonnes de cannabis.

4 Le 19 ème : radiographie d’un arrondissement en proie à des tensions multiples
Le Monde 20.09.08 Yves Bordenave et Luc Bronner

  Cf. ma note Black Blanc Beur, ou tous citoyens ?   2.11.08

           Relecture et ajout le 3 avril 2021

Loi du 15 mars 2004       

L’extrait suivant  de la loi du 15 mars 2004 témoigne encore et toujours du laxisme total, des gouvernements depuis 1989  avec F. Mitterrand,  abandonnant l’interdiction du port  de signes religieux dans les établissements scolaires.
Ses trois successeurs eurent comme lui « l’indifférence des hommes d’État sans conscience »(5), comme en fin de sa mandature, il n’y a rien à attendre pour le respect de la laïcité d’E. Macron.                                                                
Le législateur de 2004, ajoutant «  le choix de son mode de vie »  amène le doute sur l’interdiction puisqu’il  semble « tolérer » le port discriminant du voile des  mères musulmanes …  devenu désormais  arrogant et subversif,  sous la tutelle des frères musulmans -salafistes- terroristes.  

« L’école a pour mission de transmettre les valeurs de la République parmi lesquelles l’égale dignité de tous les êtres humains, l’égalité entre les hommes et les femmes et la liberté de chacun y compris dans le choix de son mode de vie. Il appartient à l’école de faire vivre ces valeurs, de développer et de conforter le libre arbitre de chacun, de garantir l’égalité entre les élèves et de promouvoir une fraternité ouverte à tous.
En protégeant l’école des revendications communautaires, la loi conforte son rôle en faveur d’un vouloir-vivre-ensemble (?). . . . La loi ne concerne pas les parents d’élèves (?»

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 5  Cf.  Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, t.V, p. 139 :
« L’indifférence, j’en conviens, est une qualité des hommes d’État, mais des hommes d’État sans conscience. Il faut savoir regarder d’un œil sec tout événement, avaler des couleuvres comme de la malvoisie, mettre au néant, à l’égard des autres, morale, justice, souffrance, pourvu qu’au milieu des révolutions on sache trouver sa fortune particulière.»

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Le droit de vivre en paix

Octobre 2008 -et pendant deux mois- sur Arte.tv, un documentaire quotidien :

           Gaza  Sderot        la vie malgré tout        

                            la vie à Gaza (Palestine) et la vie à Sderot (Israël) 

Deux vidéos par jour qui ouvrent une fenêtre sur des destins douloureusement entrecroisés depuis 1947/ Partage de la Palestine et 1948/ Création de l’Etat d’Israël.

Six voire sept générations déjà ont vécu et/ou vivent sans la paix.

Echec massif  des dirigeants politiques et de l’ONU qui s’accompagne d’un souverain mépris pour celles et ceux qui souffrent toujours plus. 

Echec des lois et de la morale des trois monothéismes quand elles inspirent crimes et violences.

Echec de la pensée démocratique quand sont bafoués quotidiennement les droits de l’homme et de la femme.

Sur quel(s) livre(s) est-il écrit que seule la guerre est bonne pour l’humanité ? 

La jeunesse du monde n’a besoin que de paix.

      

NB Le mercredi 10 décembre 2008, jour du soixantième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme fut un jour sans vidéos. /   Cf ma note  Stéphane  Hessel  Son plus mauvais souvenir de militant des droits de l’homme 15.12.08 

Du trafic de cannabis ? en (Ile-de-)France ?

ÎÎÎ**                5 octobre 2008

Souvenez-vous ! c’était en avril 2008 et des questions* pouvaient se poser suite à l’opération menée par la police et la justice à Sevran. Pourquoi de si maigres résultats ? Alors certains ( devinez lesquels ) avaient ironisé, jubilé ou fanfaronné ! D’autres avaient même cherché à ridiculiser la police et … le procureur de Bobigny.  En fait, pour qui suit l’évolution des trafics illicites en Ile-de-France comme sur tout le territoire, on avait assisté là, à une mise en scène « ordinaire » de truands habiles (si informés- par qui ?) à dissimuler les preuves de leurs méfaits.

Mais la réalité redevient visible **au travers du procès qui s’est ouvert le 23 septembre 2008 au tribunal correctionnel de Bobigny. On y apprend le fonctionnement du trafic « ordinaire » de cannabis dans la bonne ville de      Sevran       (mais que tou(te)s les maires des 36000 communes*** de France en soient informé(e)s, cela se passe de la même façon chez eux).
L. Bronner nous décrit donc les coulisses sordides d’un trafic « ordinaire » de cannabis : « plus de 200 kg de résine de cannabis, en blocs ou en plaquettes dans des valises, des sacs plastique, des cartons, des sacs de sport. Un total de 185 000 euros au fond des placards ou dans des coffres-forts. Des talkies-walkies utilisés par les guetteurs. Des armes de guerre. »
Il est question de la lourde emprise des trafiquants sur leur voisinage. Par des menaces, des violences, des voitures incendiées etc. et/ou des sortes de  salaires « quelques dizaines ou centaines d’euros, accompagnés, parfois, de « barrettes de cannabis gratuites », ils constituent une organisation qui ressemblerait fort à celle de la camorra.****
On assiste ainsi à la gestation d’une mafia, avec des « nourrices », nom donné à celles et ceux « amenés à stocker de la drogue, de l’argent et des armes dans leurs appartements pour déjouer les surveillances policières», et un parrain.

*** Fadela Amara le disait le 11.02.08 : « Et il y a aussi, vous le savez, des jeunes dans les quartiers qui ne veulent pas que la police revienne car ils sont en train d’organiser l’économie parallèle. Et ils ont pris en otage tout le monde. Je fais partie de ces gens qui veulent faire péter ces économies parallèles et permettre aux gens des cités de vivre  librement et tranquillement. »

  LA LOI du SILENCE imposée par les systèmes mafieux aux habitants de nos villes, pour les soumettre et garantir leurs monstreux profits de centaines de millions d’euros, est le début d’une subversion criminelle contre notre démocratie républicaine

***   Pour éviter le pire, il en est encore temps, saurons-nous voir, entendre

                                                    et… PARLER  ? 

   Un an plus tard … Attention danger !                 

  Sevran  10 août 2009 : L ‘incendie avec deux départs de feu au 1er et au 7ème étage dans un immeuble des Beaudottes a fait cinq morts (deux enfants, un nourrisson et deux hommes) et 27 personnes intoxiquées.            

              La phase prévisible de la guerre entre chefs mafieux avec la terreur barbare qu’ils veulent instaurer dans leurs « territoires »  se met-elle en place  ?

Selon le maire Stéphane Gatignon, cet immeuble en partie brûlé est  au centre d’un  « système carrément mafieuxC’est un trafic à grosse échelle qui met en jeu d’importantes sommes d’argent. »
extrait
de l’article d’Yves Bordenave Incendie de Sevran : la piste d’un règlement de comptes est privilégiée     Le Monde 12.08.09

                   

 * cf mes notes Questions sur le trafic de drogue du 25.04.08, Ni le cannabis ni la cocaïne ne rendent intelligent du 13.06.2008 et Cadres (privé/public) et cocaïnedu 27.01.2008.

** Luc Bronner  Le procès d’un trafic de cannabis à Sevran illustre l’enracinement du  » business » dans les quartiers. Le Monde 4.10.08

*** car ils/elles doivent savoir que « la demande annuelle de cette drogue en France s’élève à 208 tonnes ».  En italique,  information du commissaire divisionnaire Jean-Michel Colombani, chef de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants ( OCRTIS ). Cela fait beaucoup d’argent. « Le montant issu de la vente de haschisch s’établirait entre 746 et 832 millions d’euros ». Extrait de l’article de Mustapha Kessous Cannabis Trafic, réseaux et profits Le Monde 15.02.08

**** Lire  Gomorra de R. Saviano (re)voir  Gomorra, le film de M. Garrone –   ma note du 29.08.08

*** Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la ville, lors du débat organisé par  » Le Monde  » le 11 février 2008.

      Roberto Saviano sur France 5 – il est accueilli par François Busnel dans La Grande Librairie, le jeudi 27 novembre 2008 / à voir ou à revoir dimanche 30 novembre à 9h 50.

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Arte THEMA  sur les deux autres mafias : n’drangheta et cosa nostra

                         Mafia et antimafia  16.12 2008 / 18.12.2008

1- Main basse sur l’Europe n’drangheta (mafia calabraise) réalisatrice Agnès Gattegno

2- Halte à la mafia – cosa nostra (mafia sicilienne) réalisateur Jorge Amat / « Comment en Sicile, la société civile a commencé à se dresser contre la mafia et contre le pizzo (racket) ».

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Religion et Haute couture

2 juillet 2008

En 1662, Agnès dans  » l’Ecole des femmes « * s’entend dire par Arnolphe :  » Votre sexe n’est là que pour la dépendance :/ Du côté de la barbe est la toute-puissance.  » Presque trois cent cinquante ans après, ce sont les dogmes monothéistes qui ressassent la même tirade. 

 Que ce soit par la peur, par la soumission, et/ou par l’interdiction,  la Haute couture religieuse (celle qui vient d’en-Haut) impose ses modes aux (jeunes) femmes.

Pour la mode la plus délicate et la plus intime, le défilé a lieu dans les hôpitaux ou les cliniques privées ; c’est l’hyménoplastie de 100 à 3000 euros **. Cela concerne pour une large part des femmes musulmanes, mais aussi des femmes   » juives, hindoues, catholiques…  »

La sociologue Dounia Bouzar***   affirme que  » Les jeunes filles musulmanes nées en France ont appris à lire et à dire  » je « . Elles savent vérifier dans le Coran les textes et le sens des textes. En l’occurence, la plupart des jeunes femmes savent très bien que la virginité ne fait pas partie des commandements de l’islam.  »

Alors pourquoi Leïla, amoureuse de Younès qui  a basculé dans l’extrémisme  a-t-elle aussi peur de n’être plus vierge avant son mariage (tout comme a eu peur la jeune Lilloise) ? C’est parce que Younès sachant lire le Coran, ne sait pas  « que la virginité ne fait pas partie des commandements de l’islam. » Il n’est  pas prêt. Son sentiment amoureux (tout comme celui de son homologue lillois) s’arrête là où commence son « honneur ». Parce que l’intégrisme est prévisible, Leïla a anticipé « les risques…de perdre celui qu’elle aime  » et  subi  l’hymenoplastie, « secret qui se porte seule. A vie. Et devant dieu, comme le redoutent souvent les croyantes comme Leïla. » Double peine.

Une autre mode est (ré) apparue aussi, celle du « voile islamique « .  Après une vingtaine d’ années d’atermoiements regrettables,  le foulard islamique  a été enfin reconnu en 2004 comme  un signe religieux inacceptable à l’école laïque [ Loi du 15 mars 2004 ].

Puis, toujours plus et impérativement, » le modèle burqa «  a été imposé aux femmes, telle Faiza M.**** par des maris obéissant aux ordres extrémistes de la mode salafiste ; modèle avec lequel la femme peut encore voir, à défaut de respirer, d’entendre et de parler normalement – car avec le modèle « femme d’imam« , la femme ensevelie n’a plus d’yeux …que pour pleurer. L’avis du Conseil d’Etat du 27 juin 2008 est un signal fort pour leur dire qu’elles ont le droit d’avoir leur identité, avec leur visage et leur chevelure, qu’elles sont en France les égales des hommes, avec leur visage et leur barbe.

Enfin,  pour la prochaine collection de printemps de  la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ***** il faut savoir que  «  celui qui confère le sacrement de l’ordre à une femme, ainsi que la femme ayant reçu l’ordre sacré, encourent automatiquement l’excommunication latae sententiae  » par conséquent, les modèles pour dames de  soutanes noires, violettes, rouges ou … blanche, avec  calottes en soie moirée assorties, resteront encore dans les cartons de l’atelier de couture du Vatican.

Les siècles défilent, dieu ne reconnaît toujours pas les femmes comme égales des hommes.

                                     

* Molière

** Mon hymen son honneur d’Elise Vincent, en italique les paroles de Leïla (prénom d’emprunt) Le Monde 20 juin 2008

*** Voilées ou non, les jeunes musulmanes s’émancipent de Bernard Gorce // la-croix.com 2 juin 2008

**** cf l’article Une Marocaine en burqa se voit refuser la nationalité française de Stéphanie le Bars Le Monde 11.07.08 – et l’excellent dessin de Brito  Droits de l’homme Le Monde 16.07.08  p.13 ; voir aussi ma note Se souvient-on de ce portrait de femme ? 03.11.07 et le site Ni Putes Ni Soumises

***** dans son  » décret du 19 décembre 2007   concernant le délit d’ordination d’une femme… afin de protéger la nature et la validité du sacrement de l’ordre sacré  » 29 mai 2008 // radiovaticana.org/fr