24 septembre 2011
Un temps de vacances pour un séjour en Lorraine, et un petit tour dans l’Histoire de France.
A tout seigneur, tout honneur ! Commençons par feuilleter les 7 pages que Georges Duby consacre à Jehanne dans le chapitre « La Pucelle d’Orléans », et les 461 pages du « Jeanne d’Arc » de Colette Beaune (1).
Dans son introduction, C. Beaune nous invite à nous contenter de peu : « Ce livre est une étude d’images et de légendes, une étude du non-vrai et du non-réel si l’on veut. »
Ainsi, le peuple du XXIème siècle (tout comme celui du XVème) – devrait toujours être fortement impressionné par le non-vrai et le non-réel, par les images et les légendes véhiculées par la religion ; on lui apprendrait le merveilleux et le divin comme raison suffisante.
On tiendrait pour sûrement établi par des récits mythiques, le socle du pouvoir absolu des rois dits de « droit divin ».
Las, il demeure cependant que la guerre de cent ans fut malheureusement vraie et très réelle pour les pauvres gens, et que la défaite d’Azincourt en 1415 ne fut pas une légende.
Ce qui est sûr, c’est que ni Colette Beaune ni Georges Duby (2) n’expliquent
– comment « avec la Pucelle, le merveilleux s’engouffre dans le champ du politique »,
– comment Dieu dans Sa grande pitié du peuple de France » découvrit à Domrémy la seule pastourelle qui sût monter à cheval, la seule bergère illettrée (3) qui écrivît au roi d’Angleterre, la seule paysanne plus à l’aise avec l’épée et l’étendard qu’avec la quenouille et le fuseau, plus à l’aise parmi les gens d’armes que parmi ses moutons etc.
En effet, comment ne pas songer qu’il fallut bien que tout cela fût préparé par quelques personnages riches et influents, proches et alliés des Valois, des Orléans … et du gentil dauphin, le futur Charles VII ?
Et aussi comment justifier que ce dieu qui avait fait souffler « des voix du ciel » sur Jehanne, « sa prophétesse », l’ait abandonnée au tribunal d’Inquisition de la Sorbonne, pour lui infliger le supplice réservé aux sorcières ayant pactisé avec le diable ?
... puis que ce dieu eut un remords de conscience, et l’ait fait réhabiliter, cinq siècles plus tard, béatifier et pour finir canoniser ?
Serait-ce pour illustrer le proverbe : Souvent un dieu varie, bien fol est qui s’y fie ?
Six siècles après, grâce à la Pucelle d’Orléans, devenue «patronne de la France » par un miracle du Vatican, les drapeaux de la République pavoisent les églises, à la place des fleurs de lys ; somme toute, la revanche du divin de 2 000 ans sur notre jeune laïcité de 100 ans.
Ainsi m’est venue la Pucelle à l’oreille.
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1 Jeanne d’Arc C. Beaune / Perrin 2004
2 La Pucelle d’Orléans p.333 Le Moyen Âge 987- 1460 De Hugues Capet à Jeanne d’Arc Tome 1 G. Duby Histoire de France / Hachette 1987
3 Jeanne la Pucelle fut aussi la seule bergère illettrée dont on reproduisit les paroles après le sacre de Charles VII à Reims en 1429 : « Ores est exécuté le plaisir de Dieu, qui voulait que vous vinssiez à Rheims pour recevoir votre digne sacre, en montrant que vous estes vray Roy, et celui auquel le royaume doit appartenir. »
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Nota Bene
D’autres historiens, – jugés ânes bâtés par l’Université, et iconoclastes par le haut clergé catholique du XXIème siècle – qui, depuis le XIXème siècle, prennent les images et les légendes pour ce qu’elles sont, privilégient le possible et le concret dans leurs recherches des faits, et trouvent des preuves du vrai et du réel dans la vie de Jeanne, cette Pucelle hors norme.
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