Coup de coeur – Les Palestiniens d’Elias Sanbar et d’Elia Suleiman

 

                                  14 mars 2010
A écouter sur France Culture : Mahmoud Darwich –  Une mémoire pour l’oubli et
Discours de l’Indien rouge Deux textes choisis et interprétés par Mohamed Rouabhi.
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 7  mars  2009             

Les Palestiniens     Elias Sanbar
La photographie d’une terre et de son peuple de 1839 à nos jours   2004  Editions  Hazan

 

L’introduction d’Elias Sanbar  Hors du lieu, hors du  temps, est un hommage rendu à sa terre natale, un hommage comme ceux qui vous nouent la gorge et vous font monter les larmes aux yeux.

  «  C’est en 1948 que la Palestine disparaît. (p.26)

Les Palestiniens, à l’exception d’une petite minorité demeurée chez elle, ne passent pas sous une nouvelle occupation, israélienne cette fois, mais basculent dans l’absence.
De cette expulsion en masse d’une terre – l’épisode est aujourd’hui encore au centre de tous les débats historiques -, il ne reste que quelques photographies si tant est que l’expulsion ait été suffisamment photographiée.
Ces images montrent l’exode forcé sur les routes. Elles montrent surtout, dans de rares, mais irremplaçables clichés, des Palestiniens littéralement jetés à la mer et que l’on accusera des décennies durant de vouloir  » jeter des Juifs à la mer « …
Les rares images du départ, celles, plus nombreuses de l’arrivée en exil puis des premiers temps de la vie des camps de réfugiés, disent toute l’expulsion de la visibilité pour intégrer le territoire de la négation d’existence, de l’invisibilité.
C’est ce moment historique qui a donné son titre – Hors du lieu, Hors du temps – à cette présentation. «  ……….. 

(p. 32) Elias Sanbar conclut :
« 
Ce travail est le fruit de ma passion pour une histoire, celle de la visibilité retrouvée de mon peuple. Passion doublée d’une autre quête, inlassable, celle de mon propre visage d’enfant, également effacé il y a cinquante-cinq ans, lorsque ma mère me portant dans ses bras, franchit le poste-frontière de Nakoura vers le Liban voisin et l’exil. Ce livre est aussi mon album de famille. «  
 (p.33)  photo du poste-frontière de Nakoura entre la Palestine et le Liban (anonyme, vers 1940)

 

                 Soixante ans après la création de l’Etat d’Israël – soixante ans après cette photo d’exode d’un vieillard et de sa petite-fille  (p.291) en décembre 2008, le territoire palestinien de Gaza était sous les bombes de « Plomb durci »..

Le grand-père et sa petite-fille (ONU, 1948)
Le grand-père et sa petite-fille (ONU, 1948)

 

         Août 2009    » Hors du lieu, Hors du temps « , c’est bien aussi le propos d’ Elia Suleiman dans son film : The Time That Remains ( Le Temps qu’il reste) qui fait défiler avec autant d’ironie que de tristesse  les conséquences de l’injuste absurdité  du  » partage de la Palestine  » tel qu’il a été décidé par  l’ONU – puis  » géré  » par les Etats-Unis depuis soixante ans.
Elia Suleiman regarde, pétrifié, ses anciens disparaître les uns après les autres, sans savoir si un jour,  il pourra faire un film  dans un Etat palestinien, si un jour,  il pourra  faire  des photos d’un temps  nouveau, d’un temps de paix retrouvée, d’un temps avec des sourires d’enfants…

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 Le poète  Mahmoud Darwich exprimait aussi cela :
 » (…) et je suis reparti en quête de mon lieu,
plus haut et plus loin,
encore plus haut, encore plus loin
que mon temps…  » 

traduit de l’arabe -Palestine- par Elias Sanbar  – Ne t’excuse pas  février 2006  Actes Sud

 Mort du poète le 9 août 2008  loin…très loin…de son village d’Al Birweh, l’un des 450 villages disparus

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