A qui Freud conseille-t-il la psychanalyse ?

    Note du 13 août 2011 / revue le 28 juillet 2015
 11 -15  avril 2021après le succès de la série  « En thérapie » sur Arte 

 

 

 

Et si nous nous penchions  par-dessus l’épaule de Sigmund Freud pour lire avec Michel Onfray (1), ce qu’il écrit sur ceux qui pourraient  être « guéris » par la  méthode psychanalytique…
…  Histoire  de savoir si la thérapie du divan serait bonne pour nous, en cas de déprime de rentrée !

« Freud nous  fait savoir »,– nous dit M. Onfray-  : « que la psychanalyse est déconseillée pour les personnages confus, les dépressifs mélancoliques, les gens dont la constitution est dégénérée, les patients dépourvus de sens moral, les patients sans  intelligence, les individus qui ont passé la cinquantaine, et les anorexiques hystériques.

On comprend que Freud, qui n’a pas été un brillant étudiant en médecine, juge   préférable que son patient soit sain de corps et d’esprit,  calme, jeune,  intelligent et optimiste,  pour prétendre le guérir avec des mots.  


D’autant plus,  que selon
 un petit texte,  L’intérêt que présente la psychanalyse , Freud nous dit  sa totale incompétence :
« Dans les cas les plus graves des troubles mentaux, la psychanalyse n’arrive à rien sur le plan thérapeutique.

 

                 Alors, à  qui la psychanalyse est-elle conseillée ?

Dans un autre texte, De la psychothérapie , Freud nous répond :

« Il nous est agréable de constater justement que c’est aux personnes de plus grande valeur, aux personnes les plus évoluées que la psychanalyse peut le plus efficacement venir en aide. »

 

      À cela on ajoutera que pour les pauvres (qu’il juge personnes de peu de valeur et peu évoluées ), le rejet cynique de Freud est sans appel car, outre qu’ils n’auraient pas l’argent pour le payer (!) :

« Les pauvres obligés de gagner leur vie ont moins le temps de se réfugier dans la névrose… le névrosé pauvre ne peut que très difficilement se débarrasser de sa névrose ;  ne lui rend-elle pas, en effet, dans la lutte pour la vie, de signalés services ? Le profit secondaire qu’il en tire est très considérable.
La pitié que les hommes refusaient à sa misère matérielle, il la revendique maintenant au nom de sa névrose, et se libère de l’obligation de lutter par le travail contre sa pauvreté. » 


il est pauvre, il est névrosé et la névrose lui  permet plus facilement de supporter sa pauvreté et sa misère.

 

                 Bref, on l’aura compris, de la fin du XIXème à la première moitié du XXème siècle,  avec les 450 euros que prenait S. Freud pour une heure de divan,  pendant laquelle il laissait sommeiller son inconscient,  la réussite du traitement n’était assurée que pour des riches en bonne santé.

… Ce qui n’a pas empêché  Freud de dire à Ferenczi (2)  :
           « Mes patients, c’est de la racaille »   !

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1 Conférence  Les ressorts du divan de l’ Université populaire de Caen du philosophe Michel Onfray  /  L’affabulation freudienne – Sigmund Freud / diffusée sur France Culture le 12.08.2010.
Citations de la conférence de M. Onfray en italique.

2   Propos cité par S. Ferenczi dans son Journal clinique.

Dans le dernier épisode 35/35 de la série En thérapie, il est clair que le psychanalyste a encore besoin de nombreuses séances avec sa collègue, pour comprendre, les conséquences de son acte (relation sexuelle avec une patiente)  ;  là où une simple réflexion morale suffisait.
 .   .   .   .  mais l’on sait désormais, qu’en ce début calamiteux de XXI ème siècle, le mot « morale » n’a plus aucun sens  .   .   .   .  

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Extraits de la fin du dernier épisode  :
Le psychanalyste :
«C’est pas moi qui ai commencé (?) , c’est la société autour de moi (?).Je suis comme tout le monde, c’est ça (?).  .  .  comme tous les êtres humains en groupe  me laisser emporter par des pulsions autodestructrices  (?) . . . j’incarne parfaitement ce malaise dans la civilisation . . . tu veux dire que je suis parfaitement incivilisable, parce que j’ai eu beau passer des années sur le divan, faire la paix avec mon histoire personnelle, choisir et construire un environnement civilisé, socialisé, engagé — malgré cet immense travail pour apprivoiser la bête, (?) fatalement on perd la partie, le monstre se réveille et détruit tout sur son passage (?)  …

  • « Évidemment on échoue » répond la collègue … en lui proposant de reprendre sa séance du vendredi.

  L’ (?)
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Paris, samedi 4 mai 1968


       
    Dans le journal Le Monde du samedi 4 mai 1968, dans son billet Au jour le jour, Robert Escarpit sous le titre La faute à Voltaire ? rédigeait une note à la lucidité aiguë :

   »  Ils ont fermé Nanterre, est-ce la faute à Voltaire ? Dans la mesure où le nom de Voltaire symbolise ici – bien imparfaitement d’ailleurs – une certaine forme de la contestation révolutionnaire et du  » mauvais esprit  » politique, il semble qu’on doive le mettre hors de cause.
    Rien n’est moins révolutionnaire, rien n’est plus conformiste que la pseudo-colère d’un casseur de carreaux, même s’il habille sa mandarinoclastie d’un langage marxiste ou situationniste.
    A vrai dire, ce sont les jeunes gens en colère qui font les meilleurs mandarins. Les autres qui veulent vraiment changer l’état des choses et bouleverser la règle du jeu, ont besoin de tout leur sang-froid et de toute leur énergie, surtout s’ils doivent continuer à désirer le changement.
    Lorsque dans dix ou vingt ans, M. Daniel Cohn-Bendit et ses amis seront doyens, recteurs, ministres ou l’équivalent sous quelque autre nom, je leur souhaite d’affronter la révolte de leurs propres étudiants avec autant de modération qu’on en fait preuve à leur égard, aujourd’hui, à Nanterre. »
           Le regard des sociologues P. Bourdieu et J.C. Passeron sur les étudiants parisiens était tout aussi aigu…

 

   C’était juste avant 1968…  P. Bourdieu et J-C. Passeron  faisaient paraître Les Héritiers – les étudiants et la culture en 1964 aux Editions de Minuit.

Pour l’année scolaire 1961-1962, les statistiques de  l’INSEE sur l’origine sociale des étudiant(e)s avaient indiqué que pour 18% de filles et fils de salariés agricoles, d’agriculteurs, de personnel de service, d’ouvriers et d’employés, il y avait 82% de fils et filles de patrons de l’industrie et du commerce, de cadres moyens, de professions libérales et de cadres supérieurs –  82% d’étudiant(e)s  d’origine bourgeoise.

  Le chapitre 2  Jeu sérieux et jeux du sérieux éclaire les choix politiques des étudiants parisiens juste avant 1968.
Lisons à la page 69 ce qui fit leur particularisme politique en ce mois de mai 1968 pour mieux comprendre comment des fils et  des filles de bourgeois  jouèrent aux communards, sachant – et heureux de savoir-  qu’ils ne seraient pas dans la ligne de mire d’un  M. Thiers, protégés qu’ils étaient par la proximité du pouvoir de leurs pères, qu’ils ou elles rejoindraient bientôt. 

   » Faut-il s’étonner si les étudiants en lettres de Paris présentent une image idéal-typique, c’est-à-dire à la fois accomplie et caricaturale, de l’étudiant comme novice intellectuel, tenu de faire ses preuves d’intellectuel autonome, en s’exerçant au jeu qui fait de l’art de décevoir les attentes le mode privilégié de l’exercice de la liberté individuelle ?

 (…) bien que l’Université de Paris compte la proportion la plus forte d’étudiants d’origine bourgeoise, la part des étudiants qui se disent à gauche y est plus forte qu’en province, où les opinions politiques de gauche sont très fortement liées à l’appartenance aux classes défavorisées. C’est encore à Paris que la part des étudiants qui, se disant de gauche, refusent de se reconnaître dans un parti de gauche est la plus forte ; et ceux qui, pour se définir politiquement, éprouvent le besoin de se forger des étiquettes originales, telles que  » trotzkisme rénové « ,  » anarchisme constructif « ,  » néo-communisme révolutionnaire « , sont parisiens pour les deux-tiers.

Plus généralement (…) les étudiants parisiens sont et se veulent en rupture, s’ils s’engagent et entendent s’engager à contre-courant et à contre-pente, obéissant au conformisme de l’anti-conformisme, c’est que les valeurs de dilettantisme et de désinvolture que les étudiants bourgeois importent dans le milieu étudiant et qui s’imposent, surtout à Paris, à l’ensemble du milieu étudiant, sont en affinité avec les valeurs qui entrent dans l’idéal intellectuel de l’intelligence sans attache et sans racine.  »

… et (re)naissait en ce printemps 1968 , l’idéologie  gauchisante … des rejetons de la vieille droite…

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Le « chat » du 8 mars

Note  modifiée  le  1er  août  2011                      

Il fallait un « chat »* sur lemonde.fr  pour fêter dignement le 8 mars, la journée internationale de la femme.   
Certes, l’on sait que le chat, contrairement à l’ange  a un sexe, et le débat avec la philosophe féministe **s’est donc intitulé  « Le sexe est avant tout une question politique ».
J’aurais volontiers ajouté – et  une question religieuse,  mais il est apparu que la femme en foulard et en burqa  par soumission religieuse aux imams salafistes, était conforme à son féminisme. ***  Mécontent

 
Mon malaise grandit d’autant, que la surabondance de mots tous plus «savants » les uns que les autres fit des noeuds dans la pelote du chat et lui hérissa le poil.  Ce furent des noeuds en tous genres (sic) : lesbophobetransphobe- hétéronormativité – socialisation et éducation genrées- éco-féminisme etc.
La question sur l’hominisme sembla  être un canular, façon poisson-chat de 1er avril. La philosophe avoua que si le masculinisme était  identifié, elle ne connaissait pas « les bases politiques »  de l’hominisme.

…Et pour finir le chat se retrouva dans la chaussette sale que personne ne voulait plus ramasser pour cause de féminisme et de masculinisme ! Et que dire alors de la crème renversée ? … encore une aubaine pour le chat !

       

* La rédaction du journal fit un effort pour donner la langue française au chat, en invitant à un débat en direct.
** Elsa Dorlin

 *** Ces  féministes qui dédaignent  les droits citoyens des femmes soumises aux dogmes de l’islamisme intégriste trahissent le principe  d’égalité sociale et de fraternité qu’assure  la laïcité. Mais il  semble que  le simple et beau mot
[féminin] de fraternité soit encore … trop  masculin !!

Le féminisme ne serat-il pas qu’un autre communautarisme ? 
Vive les droits de l’homme et de la femme !

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Dame-perruche renseigne la demoiselle chatte sur sa grossesse...

Dame-perruche lit le Code civil et renseigne la demoiselle chatte sur sa grossesse. Cette illustration du XIX ème siècle fait allusion aux articles 340 et 341 sur l’interdiction de recherche en paternité et sur l’autorisation de recherche en maternité. » ( Source Grandville. Les métamorphoses du jour – éd. pr. Paris 1829) 

  

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Les paradoxes du sociologue et du recteur

                 

Malgré son extrême prudence Fahrad Khosrokhavar* nous le confirme :  » la burqa  n’a aucun ancrage dans les communautés musulmanes de la France où l’écrasante majorité est d’origine nord-africaine.  »
Voilà un consensus immédiat puisque dans l’histoire de France, le port d’un voile qui dissimulerait les cheveux et la beauté des femmes pour des raisons religieuses n’a absolument aucun ancrage. Mais à la question de Laura :  » Etes-vous pour ou contre la burqa ?  »  F. Kosrokhavar répond par une habile esquive :  » Un simple foulard  me semble correspondre aux exigences de la loi religieuse dans une interprétation orthodoxe. » 

Il exprime ainsi sa demande  de  » reconnaissance conditionnelle du foulard  » par la République, en l’appuyant de son opposition à une loi sur la burqa. Autrement dit, le voile sous toutes ses formes deviendrait un piège, puisque cédant une première fois aux injonctions d’une loi religieuse fondamentaliste, la République laïque n’aurait plus par la suite qu’à subir la loi salafiste de la burqa. Le sociologue en oublie même qu’en France le président ne jure pas sur une bible et il nous cite (comme exemple ?) une conseillère aux affaires religieuses (sic) de Barack Obama portant un foulard à la Maison Blanche.

Son argumentation  paradoxale agite la menace de représailles : soit la République reste muette et sans loi devant la charia islamiste de la burqa  -alors  que  »  l’expansion de la burqa n’est pas  totalement autonome  de celles des groupes fondamentalistes « – soit  la société française risque de subir à nouveau  » les formes extrêmes de fondamentalisme … des formes insoupçonnées de fondamentalisme… de ces groupes de néosalafistes [qui] ont renoncé, du moins jusqu’à nouvel ordre,  à la violence dans la lutte contre les démocraties européennes.  »  Ainsi,  non seulement les terroristes d’hier et d’aujourd’hui  prendraient les femmes musulmanes en otages pour assurer leur ascension politique, mais il faudrait que notre société républicaine se laisse bâillonner par la menace de représailles !

Et le sociologue persiste qui affirme :  » l’argument d’une autorité religieuse dénonçant la burqa me semble plus dangereux que la burqa elle-même, parce qu’elle enfermerait le musulman  dans un rapport de soumission à une autorité religieuse  » ,  comme si  la burqa n’était pas une soumission dangereuse de la musulmane à une autorité religieuse.
D’autant plus qu’ il suggère  que ce soit justement des musulmanes,  celles qu’il appelle des «  républicaines en foulard [qui] puissent s’opposer à celles qui portent la burqa.  »    Pourquoi l’opposition républicaine à la burqa des musulmanes laïques  sans foulard  et des  musulmans laïques  est-elle  ignorée du sociologue  ?
 Mécontent   Faut-il penser que les chefs religieux **ne sont pas  » républicains « ,  qu’ils ont moins de courage que les laïques pour s’opposer à la burqa  ?  …  ou  pire encore que ce sont eux qui soufflent sur les braises ?          
                 

 Le sociologue démontre ainsi le paradoxe des responsables religieux quand ils nous accusent d’islamophobie  croissante  alors que c’est leur inertie croissante  qui laisse  le champ libre aux extrémistes intégristes endoctrinant les jeunes, les femmes, forces vives de  notre société  – ils s’en font ainsi leurs complices et ils le savent. 

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Notre anti-islamo-intégrisme décroîtra en fonction de leur courage à dénoncer l’intégrisme, en fonction de leur  respect des droits à l’identité et à l’égalité citoyennes des femmes musulmanes sur le territoire français.
En  nous prouvant qu’ils sont républicains, les responsables musulmans
quitteront enfin leur position paradoxale, pour permettre l’intégration, en toute loyauté, des musulman(e)s  dans la laïcité républicaine.    

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 * » chat  » débat en direct de Fahrad Khosrokhavar, sociologue, directeur d’études à l’EHESS /propos en italique / Lemonde.fr 21.10.09

** Betoula Fekkar-Lambiotte (La double présence Seuil 2008) a démissionné du CFCM en février 2003 parce qu’elle refusait de voir la majorité laïque des musulmans de France  » représentée  » par les obscurantistes de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) / Marianne 26.03.07
 
                             NB             28 octobre 2009  

Lors de son audition devant la commission parlementaire * sur la burqa présidée par André Gérin, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur a fait également usage du paradoxe pour son argumentation. Au motif de l’absence de vigilance du gouvernement français face à  » la montée du fondamentalisme « ,  il a déclaré  qu’il était «  trop tard  » pour lutter contre le voile intégral. Ce serait la conséquence de   » l’aboulie** générale  » de la société française. 

Etait-il  trop tard  le 15 mars 2004 quand, sous le gouvernement Raffarin avec François Fillon comme  ministre de l’Education nationale, une loi  fut promulguée  interdisant «  en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics, [pour marquer] la volonté très largement partagée de réaffirmer l’importance de ce principe indissociable des valeurs d’égalité et de respect de l’autre. « 
Il n’était pas trop tard en 2004 et le gouvernement français n’a pas été aboulique puisqu’il a réaffirmé sa volonté.

Etait-il  trop tard  en 2007 pour que Dalil Boubakeur affiche sa volonté de  » construire un islam de France « ,  défende le droit à la liberté d’expression, et s’oppose aux fondamentalistes du CFCM et de l’UOIF ? Il n’était pas trop tard et pourtant il s’est  joint à eux dans leur procès perdu contre Charlie Hebdo.

         Cher M. Boubakeur, c’est vous qui ne voulez pas affronter les fondamentalistes, vous parlez de traiter  le port de la burqa  » au cas par cas « . Avez-vous imaginé ce que cela signifie ? Comment ces femmes se rendront-elles seules, librement à l’entretien ?  Elles ne peuvent ni passer le permis ni conduire. Elles voient mal, entendent mal et on les entend mal. Elles refuseront d’enlever leur burqa parce que leurs imams salafistes le leur auront interdit. Elles ne pourront pas prouver leur identité. On ne pourra pas savoir si elles souffrent, si elles sont maltraitées voire droguées ou terrorisées. etc. et ce sera le retour à la case fondamentaliste, les extrémistes auront juste encore gagné du temps. 
 Dernier paradoxe, vous parlez d’une   » loi de sécurité publique  » – comme celle sur le port de la cagoule pour les truands et les émeutiers. S’il est vrai que les terroristes islamistes, en obligeant les femmes à porter la burqa,  se donnent le moyen criminel en  se cachant eux-mêmes sous des burqas, de transporter des  armes, des ceintures d’explosifs, de la  drogue etc., serait-il trop tard aussi pour vous,  de reconnaître qu’elle ne sont que les innocentes  victimes du fondamentalisme, et non les coupables ?

 Il n’est pas trop tard pour la loi républicaine parce qu’elle éclaire l’avenir, parce qu’elle peut rétablir à chaque fois qu’il est violé, le droit des femmes à vivre en France égales aux hommes, sans marquage religieux sexiste, infâmant et invalidant. L’Assemblée nationale et le gouvernement Fillon  auront la volonté de légiférer à nouveau pour qu’aucune religion ne vienne en France faire la loi, pour que les musulmanes comme les autres, aient le droit à l’identité citoyenne et le devoir de respecter  l’égalité laïque.

 » La bête immonde est toujours féconde « , elle a pris la forme du fondamentalisme et de l’intégrisme islamistes. Il n’est pas trop tard pour la vaincre. 

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* Lemonde.fr et AFP
** perte de la volonté  (Grand Robert de la langue française)
Cette note ainsi que  la précédente, L’égalité citoyenne sans le voile et sans la burqa, ont été envoyées à M. André Gérin, député PCF du Rhône et président de la commission parlementaire sur la burqa.         

La sociologue et l’ancien chef de bande

              Ce n’est pas simple d’y voir clair dans la période troublée que nous traversons tous dans nos  quartiers des grandes villes, dans nos petites villes et dans nos villages.

L’article *qu’ont rédigé Marie-Hélène Bacqué, sociologue et Lamence Madzou, ancien chef de gang voudrait certainement nous éclairer, en commençant par mettre en doute le chiffre du ministère de l’intérieur :  » 222 bandes … 78% en Ile-de-France…soit un total de 5000 jeunes « .

La sociologue – grâce aux lunettes de  l’ancien chef de bande, qui sait forcément ce que  » bande ou gang  » veut dire, et leur nombre – affirme  » que la plupart de ces bandes sont des groupes peu structurés de copains désoeuvrés.  »  

Cinq colonnes seront -elles suffisantes pour  nous convaincre que ces bandes  vivent paisiblement entre bons garçons déscolarisés, illettrés ou sans emploi, loin des malfaisants, loin des braqueurs cagoulés, des trafiquants de drogues, de voitures et d’armes, dont ils  seraient les seules victimes ? 

Pas vraiment ! la sociologue et l’ancien chef de bande nous décrivent au contraire,  une vie d’inactifs (comme ceux des bandesMécontent) au coeur  d’une économie souterraine en plein développement. Et on est prié de s’attendrir car  «  les petits vendeurs ne roulent pas sur l’or. Ils ne gagnent souvent pas beaucoup plus qu’un smic. … ils ont ainsi accès à un marché du travail, certes informel, où ils ont l’impression « d’être à leur compte « .

Avec un luxe de détails nous apprenons comment, pour jouer dans la cour des grands et gagner plus, » quelques individus vont se fournir en Espagne ou au Maroc …  ils créent alors des  » fours  » : ils prennent possession d’un escalier, en général dans un immeuble d’habitat social. L’escalier est bloqué par un jeune cagoulé avec barre de fer. Un ou deux autres s’y installent pour vendre. A l’extérieur, des guetteurs surveillent… Les équipes  se relaient : le four est ouvert jusqu’à 22 heures la semaine et minuit le week-end. La drogue est cachée à proximité du four, la préparation se fait dans les appartements… Elle est connue des habitants, réduits au silence par la menace et l’intimidation …   Les fours rapportent entre 6 000 et 10 000 euros par jour. « 

              Et si la sociologue et l’ancien chef de gang mettaient les lunettes  » des habitants, réduits au silence par la menace et l’intimidation  » ?  Sauraient-ils nous dire qui sont les vraies victimes de ce  » bizness   » (affaires malhonnêtes en argot de truands ) ?  Se sentiraient-ils aussi  un peu solidaires  de  ceux qui ne gagnent que le smic en travaillant,  de ceux qui viennent de perdre leur emploi parce qu’il faut  augmenter les dividendes des actionnaires ?
Peut-être sembleraient-ils moins en empathie avec les désoeuvrés des bandes et les patrons des  » fours  » ?  Ces nouveaux riches qui blanchissent leur argent sale  chez   » Versace, Armani ou Dolce Gabbana « , dans la contrebande d’armes de guerre et qui roulent  pour  faire bourge(ois) dans des  grosses berlines étrangères.

En suivant la finesse de leur  raisonnement, il faudrait penser que les bandes  sont pour la plupart aussi pacifiques entre elles et polies avec les personnes âgées du quartier que des équipes de scouts ; qu’elles ne sont pas armées, qu’elles n’agissent pas sur l’ordre des chefs de gangs ou des chefs  mafieux – qui seraient pour leur part, de gentils garçons sachant dire bonjour.  Bref, à les en croire, les pépinières de mafias seraient  aussi tranquilles et inoffensives pour la société que les bandes de copains seraient sympathiques. 

 Pour la sociologue et l’ancien chef de bande, la seule coupable est justement la société française si répressive. Ils ne diront rien des autres jeunes, des adolescents et  des adolescentes sensibles** (en banlieue comme  partout) qui veulent vivre autrement, qui refusent  la toute puissance barbare de la haine et de la violence des grands frères et des chefs de gangs.

                Veillons sur ces jeunes courageux qui s’inscrivent dans des parcours professionnels. Ce sont eux qu’il faut féliciter, encourager, accompagner dans leurs études et leurs projets. Ce sont eux les citoyens qui feront la société française de demain.
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Pour les autres, ceux des bandes, ceux des gangs, ceux des  » fours « , ceux des  mafias, la justice sera la seule bonne réponse.

Mécontent   Du   » four  » à l’incendie criminel dans la cage d’escalier d’un immeuble de Sevran le 10 août 2009  qui a fait 5 victimes dont deux enfants et un nourrisson. Un immeuble dont les toits ont servi pendant des années  » de cache d’armes et de refuge aux trafiquants  » et dont l’accès aux pompiers est rendu difficile par les caillassages qui les accueillent.  » Ici, [dit le maire de Sevran, Stéphane Gatignon] c’est un système carrément mafieux qui prévaut. C’est un trafic à grosse échelle qui met en jeu d’importantes sommes d’argent « .***

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Débats Horizons Le Monde 31 mai/ 1er juin 2009  p.17 citations en italique/ Marie-Hélène Bacqué sociologue, professeur à l’université d’Evry et Lamence Madzou ancien chef de bande – Coauteurs de J’étais un chef de gang  (La Découverte, 2008) /
**cf. ma note Les collégiens sensibles d’Aubervilliers  21 avril 2008
***  Incendie de Sevran : la piste d’un règlement de comptes est privilégiée  article de Yves Bordenave Le Monde 12.08.09 / L’hypothèse criminelle est retenue par le parquet de Bobigny le 27.08.09 (AFP.) Le Monde 29.08.09