Erasme et l’aimable Philautie

11 août 2015

On sait le  succès fou du suffixe « phobie » dans islamophobie et homophobie * à notre époque de montée en puissance de communautarismes revendicatifs, voire menaçants jusqu’à massacrer de paisibles citoyens depuis 2012.
Le sens premier, selon le radical grec,  phobos est crainte/ angoisse.

L’extension  créée – par- la-nouvelle- mode -islamiste- et -homosexuelle, vers un sens d’aversion / d’hostilité, leur donnerait-elle le droit de nous accuser ? Le droit de  faire du prosélytisme indigne avec des menaces  de procès ou de mort, déniant toute liberté d’expression, pour motif que nous n’appartiendrions pas à « la diversité de l’espèce humaine » ?

Certes, le suffixe « phil » quand il désigne un pédophile, exprime aussi un tragique contresens entre sa signification première, aimer et le crime du violeur d’enfants.

Enfin, on peut encore librement dire de nos compatriotes qu’ils sont philanthropes, francophiles, bibliophiles ou philosophes sans crainte d’être fustigé.
Quoique, il se pourrait bien qu’un francophobe portât plainte pour usage de langue française dans la « diversité de sa non-identité nationale d’islamophile » ! En Outre-République, la langue française est bannie.

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Aussi, quel plaisir de lire sans crainte, sous la plume dÉrasme dans son Éloge de la Folie (1508), l’éloge de la Philautie ♥ !

[XLII].- « (…) Mais pourquoi citer tel ou tel exemple, alors qu’en tous lieux Philautie (l’Amour-Propre) répand merveilleusement le bonheur ?
Celui-ci, plus laid qu’un singe, se voit beau comme Nirée ♥ ; celui-là se juge un Euclide ♥ pour trois lignes qu’il trace au compas ; cet autre croit chanter comme Hermogène ♥, alors qu’il est l’âne devant la lyre et que sa voix sonne aussi faux que celle du coq mordant sa poule. (…)

Pour les artistes de profession, qu’est-il besoin d’en parler ? Chacun d’eux a sa Philautie particulière et cèderait plutôt son champ paternel que son talent.
C’est surtout le cas du Comédien, du Chanteur, de l’Orateur et du Poète. Moins il a de valeur et plus il a de prétention et d’impertinence, plus il se rengorge et plastronne.
Et tous trouvent à placer leur marchandise, car c’est toujours ce qu’il y a de plus inepte qui rencontre le plus d’admirateurs. Le pire plaît nécessairement au plus grand nombre, la majorité des hommes étant asservie à la Folie.
Puisqu’aussi bien le plus inhabile est aussi le plus satisfait de lui-même et le plus admiré, à quoi bon s’attacher au vrai savoir, qui est pénible à acquérir, rend ennuyeux et timide et n’est apprécié, en somme, que de si peu de gens ?

[XLIII].- Si la nature fait naître chaque homme avec cette Philautie, qui est amour de soi, elle en a muni également chaque nation et chaque cité.
D’où suit que les Anglais revendiquent, entre autres dons, la beauté physique, le talent musical et celui des bons repas (…) ; les Français prennent pour eux l’urbanité ; les Parisiens s’arrogent presque le monopole de la science théologique ; les Italiens, celui des bonnes lettres et de l’éloquence (…).
Dans ce genre de félicité, les Romains l’emportent et s’enchantent encore du rêve de l’antique Rome. (…) Les Turcs, ce ramassis de barbares, prétendent à la meilleure religion et raillent les Chrétiens, qu’ils traitent de superstitieux. (…) Les Allemands sont fiers de leur haute taille et de leurs connaissances en magie.

[XLIV].- N’allons pas plus loin ; vous voyez, je pense combien Philautie procure de satisfaction à tous et à chacun. (…) »

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* Phobie : si ce mot est inconnu du Littré, le Grand Robert le signale vers 1880 : didact. Cour. Peur, crainte angoissante spécialement liée à certains objets, certains actes, certaines situations, certaines idées (…)

« Sur la question des peurs morbides, actuellement désignées sous le nom de phobies, il existe un très grand nombre d’observations, notes, mémoires, qui ne font que s’accroître chaque jour (…) J. Falret et Westphal (dans un traité sur l’agoraphobie, 1872) paraissent les premiers qui soient entrés dans cette voie. À la peur des espaces de Westphal et à la crainte du contact de Falret, s’en ajoutent bientôt d’autres et l’on traverse une première période, où se produit une véritable inondation de phobies, ayant chacune son nom spécial (…) Toute manifestation morbide de la crainte est aussitôt dénommée par un vocable grec ou réputé tel et nous avons (…) jusqu’à (…) la triakaidekaphobie (peur du nombre 13 !). Th. Ribot, Psychologie des sentiments, 1896, p.220.

 

♥ Philautie : Mot connu du seul Littré : Terme didactique,  Amour de soi-même, complaisance vicieuse de soi-même.
Nous ne nous faisons point justice,
Et la philautie est un vice
Dont le plus sage est entaché,
Fût-il sans tout autre péché. Scarron

♥ Nirée :« Le plus beau des Grecs devant Troie » Homère
♥  Euclide d’Alexandrie (323-283 av. notre ère), fondateur de l’école mathématique d’Alexandrie.
♥ Hermogène : M. Tigellius Hermogenes, chanteur célèbre protégé par Auguste, et qu’Horace appelle optimus cantator et modulator.

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Le serment du Jeu de Paume – 20 juin 1789

20 juin 2015 – 21 octobre 2018


XVIIIème siècle
Château de Versailles 
juin 1789

Il avait fallu trouver un nom qui assurerait au Tiers État sa légitimité, « le caractère national des Communes » face aux privilégiés.

Lisons dans le tome 1 La Constituante  1789-1791  de Jean Jaurès (1) :

« Au fond, la motion de Sieyès proclamait le droit souverain du Tiers État : seul, malgré l’absence des autres ordres, il avait pu vérifier les mandats des députés, et, au contraire, la vérification à laquelle les autres ordres avaient procédé séparément était nulle.

Il y avait un ordre qui portait en lui la Nation, c’était le Tiers ; et les autres,  s’ils ne se rattachaient pas au Tiers, n’étaient que néant.

Les Communes hésitèrent encore pendant les séances du 15 et du 16 juin : mais dépassant en clairvoyance et en courage leurs chefs les plus renommés, elles comprirent qu’elles ne se sauveraient que par la netteté dans l’audace et, sur la motion de Legrand, député du Berry, elles décidèrent enfin, le 17 juin, que «la seule dénomination qui leur convenait était celle d’Assemblée nationale».

Le même jour, l’Assemblée, avec une décision admirable, fait acte de souveraineté. Elle déclare que tous les impôts existants sont illégalement perçus, mais qu’elle leur donne une légalité provisoire seulement « jusqu’au jour de la première séparation de cette Assemblée, de quelque cause qu’elle puisse provenir ».
Ainsi, tout acte de violence contre l’Assemblée faisait tomber du coup la légalité de l’impôt et constituait tous les citoyens à l’état de légitime résistance. (…)
Jamais plus admirable combinaison d’habileté et d’audace, de sagesse et d’héroïsme n’illustra l’action humaine. (…)
Soulevé au-dessus de ses craintes par l’audace du Tiers, le bas clergé, (par 149 voix contre 137) le 19 juin, décide de se réunir au Tiers pour la vérification commune.
(…) Bouleversés, le cardinal de la Rochefoucauld et l’archevêque de Paris courent à Marly où était le roi ; et là, le coup d’État royal est décidé.

Le lendemain 20 juin à 9 heures du matin, quand Bailly, président de l’Assemblée nationale, et les deux secrétaires se présentent à la porte de l’entrée principale (2), ils la trouvent gardée par des soldats ! L’officier de garde dit qu’il avait ordre d’empêcher l’entrée de la salle à cause des préparatifs qui s’y faisaient pour une séance royale.

Le président proteste et déclare « la séance tenante ». (…)
Les députés, sous la pluie battante cherchent une enceinte, où ils puissent délibérer. Un local assez vaste servait pour le jeu de paume : c’était une grande salle vitrée, dont les murs étaient coupés à mi-hauteur par des galeries en bois.

C’est là que s’installe la Nation, et c’est là que tous les députés, sauf un, Martin Dauch, font sur la proposition de Mounier, le serment de ne se séparer que quand la Constitution sera faite.

C’est le grand légiste Target qui a rédigé le texte : « L’Assemblée nationale, considérant qu’appelée à fixer la Constitution du royaume, opérer la régénération de l’ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu’elle continue ses délibérations dans quelque lieu qu’elle soit forcée de s’établir, et qu’enfin, partout où ses membres sont réunis, là est l’Assemblée nationale.
« Arrête que tous les membres prêteront, à l’instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable ».

Ainsi, tous les élus du Tiers, à cette heure de grand péril, se lient les uns envers les autres et tous ensemble à la Nation d’une chaîne sacrée. Ils peuvent affronter la séance royale annoncée pour le 22 juin et le coup d’État ; ils portent en eux la double majesté de la Nation et du serment.

Le lendemain, 21 juin étant un dimanche, l’Assemblée ne siégea point ce jour- là. »…
(…)
Le vent de la Révolution commençait à souffler en tempête quand le roi, mené par les princes et le haut clergé, tenta de lui opposer son coup d’État du 23″.

……………………… la Révolution était en marche…

C’était dans la salle du jeu de paume……………..

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Pendant ce temps-là, le 15 juin 1789, le marquis de Ferrières (3), député de la noblesse, écrivait à sa femme pour lui dire … son ennui  !
« (…) dans le fond, c’est un triste métier que nous faisons. Il y a peu d’espoir que les Ordres se réunissent. On ne conçoit rien à la conduite de la Cour ; à celle de Necker. Plus je vais, et moins je connais même les membres qui composent notre chambre. Il y a trois brouillons qui mènent tout ; ce qui est certain, c’est qu’ils agissent d’après une impulsion étrangère (sic). (…)
Le Roi est à Marly : les uns disent pour quatre jours, les autres pour trois semaines. Cela rend Versailles encore plus ennuyeux. »(…)

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XXIème siècle
Château de Versailles 
juin 2015

Je suppose que c’est le même ennui que celui du marquis qui saisissait Catherine Pégard, présidente de Versailles depuis 2011, quand elle entrait dans la salle du jeu de paume.
Mais elle savait, en choisissant Anish Kapoor pour l’été 2015,  qu’en poussant la porte, il aurait une idée qui lui plairait (sic) : il eut celle de  reprendre son « Shooting into the corner » de 2009.
Et, parole de présidente, il paraît que cela « nous entraîne  dans une histoire cachée  » du 20 juin 1789 à Versailles.

C’est ainsi que « l’élite culturelle du ministère (sic) « , au temps des milliardaires Arnault, Pinault et leurs consorts, sous la mandature de F. Hollande, voudrait masquer la vérité historique de cette journée du serment de l’ Assemblée nationale.
… La Révolution de 1789 n’a plus la cote au « château » présidentiel.
Les pseudo génies de l’art contemporain hautement spéculatif, comme Anish Kapoor, sont leurs serviteurs zélés, avec leurs aberrations industrielles lourdingues, scatologiques et/ou pornographiques, que je nommerais Laids-Arts.

 

Salle du jeu de paume juin 2015 A. Kapoor

Photo Le Figaro.fr

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1 Jean Jaurès  Histoire socialiste de la Révolution française   Tome 1 La Constituante  1789-1791  pp.380-387    –  Éditions sociales

2 Salle des Menus Plaisirs du roi
Depuis 1987, l’Hôtel des Menus Plaisirs accueille  le Centre de Musique Baroque de Versailles (associé à l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles) qui a organisé, en 2014,  le fabuleux 250 ème anniversaire de Rameau (1683-1764).

3 Le marquis de Ferrières Correspondance inédite 1789, 1790, 1791  pp. 68-69 publiée et annotée par Henri Carré, Armand  Colin, 1932.  Les Classiques de la Révolution française sous la direction d’Albert Mathiez.
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par L’ingénue  21.10.2018
J’ai revu et réécrit les sept dernières lignes.

Qui réduit la Langue française au « slam » et au « crash » ?

note du 2 avril 2015  (re)mise en avant le 30 septembre 2016

après avoir lu sur le site Le Figaro.fr :
« En direct / tiens d’habitude c’est live !/
–  Rosetta doit se crasher à 12h38 sur la surface de la comète 67P  »
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♠ Ou comment ne plus avoir le mot en français sur le bout de la langue
Tout d’abord, il  y avait eu la première semaine, dite  «La Semaine de la Langue française et de la Francophonie » du 14 mars au 22 mars 2015.

Annoncée par la note de service du ministère de l’Éducation nationale n°2014-117 du 9 septembre 2014 qui  informait le monde enseignant des buts de cette semaine,  organisée autour du 20 mars 2015,  journée internationale de la francophonie.

Pour Mme Vallaud-Belkacem, nul doute que ladite semaine  devait « stimuler l’appropriation de la langue française » et qu’avec les dix mots de l’opération nationale (sic) « dis-moi dix mots », à savoir  « amalgame, bravo, cibler, grigri, inuit, kermesse, kitsch, sérendipité, wiki, et zénitude » les enseignants auraient  «  les outils de sensibilisation à la langue française « !

Il faut commencer par le mot sensibilisation  de la ministre. Avant son utilisation massive  par l’administration pour  en faire – par contresens – un mot gentil  donc magique, le mot en médecine signifie « déclencher une manifestation pathologique dans l’organisme ». L’administration kitsch de la ministre présuppose que l’apprentissage de la langue française serait synonyme de déplaisir ou de malaise !  Depuis des décennies, on pense (sic) rue de Grenelle que ni les enseignants ni les enfants ne savent plus faire l’effort d’enseigner ou d’apprendre,  alors on dit qu’il faut juste les sensibiliser  avec des mots  dont le choix saugrenu constitue un amalgame peu évocateur de la beauté de la langue française – les mauvaises langues diront que le français est le dernier souci de la ministre et de son cabinet.

En effet, dites-moi comment – aller chercher  wiki ( vite en Hawaïen) un grigri chez les Inuits ou cibler la sérendipité dans la zénitude pour qu’à la kermesse, devant l’amalgame un peu kitsch, on crie bravo , pourrait donner le goût et l’envie de s’exprimer en français ?
Mais la ministre persiste  dans sa sensibilisation avec  « des projets artistiques et littéraires développés dans le cadre de l’opération  »dix mots » en donnant comme exemple  le «slam»  (mot inconnu à la Délégation générale à la langue française) permettant à chacun de s’exprimer librement autour des dix mots susdits, à l’occasion de tournois ou de scènes ouvertes. »

On aura compris que la belle expression  improvisation poétique* n’était pas dans le vocabulaire de la ministre ! Elle lui préfère pour ladite semaine  le mot anglais slam qui signifie tout en délicatesse claquement ; c’est aussi la seconde syllabe de i-slam,  ce qui n’est pas non plus une explication pour nommer un projet poétique. Ainsi, rue de Grenelle, la paresse francophone le dispute à la négligence, voire à l’absurdité.

Enfin, si nous approchions la loupe

du mot sérendipité, c’est la copie francisée de serendipity qui signifie  un hasard heureux , une découverte fortuite, si bien que nos cousins québécois l’ont traduit fort intelligemment par fortuité  (joli mot utilisé entre autres par Beaumarchais) ; reste à savoir si Mme la ministre et son cabinet connaissent le sens du mot fortuit ?

et du mot zénitudeEn voilà un mot bien franchouillard issu de la beaufitude ou de la bobofitude ; on croirait entendre Mme Ségolème Royal, candidate à la Présidence de la République en 2007, dire sa « bravitude » sur la Grande Muraille de Chine ! Ce mot composé de zen défiguré par le suffixe tude est  aussi laid qu’ inutile puisque l’on a depuis longtemps comme outil de langage et de pensée dans la langue française,  le merveilleux mot   sérénité !

♠♠ Et puis il y eut la seconde semaine à partir de la catastrophe aérienne du 24 mars 2015.

Là, on a bien compris que l’unique «Journée de la langue française dans les médias audiovisuels du 16 mars 2015 »  était définitivement oubliée par les journalistes et autres chroniqueurs qui allaient crachouiller, crachoter, postillonner,  bref, nous cracher dans les oreilles, à chaque bulletin d’information, le mot crash  dont l’équivalent français bien connu est écrasement .
Des centaines de fois, on aura entendu et lu ce mot crash qui finissait par donner envie de vomir tellement ceux qui le prononcent montraient leur arrogance, leur indifférence et leur muflerie devant l’événement tragique. Je n’insiste pas sur l’expression vulgaire que tous claironnaient fièrement : l’avion s’est crashé (alors que cette expression est formellement proscrite par la Délégation générale à la langue française). Là encore, il fallait retrouver nos cousins québécois pour lire et entendre écrasement ou l’avion s’est écrasé **- les mots simples  en français.

Ce mois de mars 2015 aura vu l’écrasement de l’A320 et ses 150 morts dans les Alpes françaises mais aussi l’écrasement délibéré de l’usage de la langue française nivelée par le bas par la volonté des ministères de l’Éducation nationale et de la Culture et du CSA et des médias publics et privés.

Après le claquement du «slam», l’écrasement du «crash» !
Deux femmes à l’Éducation et à la Culture ne font pas forcément le Printemps de la Langue française.
Leur « sensibilisation » nous fait  mal  !  À l’aide !

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* mais qui pourrait encore dire qu’avec « le slam » , il serait question de poésie ? Re(lire) la note sur le gagnant d’un concours de « Arte WebSlam »  !

** Ainsi on pouvait lire sur francetvinfo.fr/faits-divers/crash-d-un-a320 / Retrouvez ici l’intégralité de notre live #CRASH  /   à prononcer en français « anglaisé ridicule » sans état d’âme : notre live hashtag crash en crachant une dent !
Comme c’est original ! Succès garanti !

Alors que sur  tvanouvelles.ca/  on lisait :
Écrasement A320 Une boîte noire retrouvée / Écrasement en France L’appareil avait subi une grande révision à l’été 2013 /Écrasement d’un Airbus A320. En état de choc, Haltern pleure ses 16 étudiants /Écrasement A320. Les proches de victimes en larmes à Barcelone /Écrasement d’un Airbus. Germanwings est bien notée pour la sécurité/Écrasement d’avion en France. Les recherches s’annoncent difficiles/ Alpes françaises 150 morts dans l’écrasement d’un Airbus A320 / etc.
idem sur  ici.radio-canada.ca/nouvelles
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Apostille

J’écrivais déjà le 31.12.2012 « En guise de conclusion navrée, l’ambition culturelle du quinquennat de M. Hollande sera-t-elle de gaver la jeunesse de la culture vulgaire des ignorants de la langue française et autres haineux violents ?  … juste pour faire plaisir aux bourgeois [ précieux ridicules anglaisés] de Paris ? »

♠ Fin 2014,  M. Hollande marqua encore son attachement à la culture (avec un tout petit c) en offrant  un souper de gala, – à nos frais et chez nous, à l’Élysée-  à l’équipe du tournage d’une série télévisée dont faisaient partie Julie Gayet, sa favorite et Didier Morville alias Joey Starr, le violent qui nous donne dans ses «raps» ( en français scie – rabâchage – répétition – gargouillis refrain banal – vocifération – rengaine – couplet ressassé) des leçons de morale politique apprises (?) à la centrale de Fleury-Mérogis.
Rien de tel pour le PS qu’un passage en prison pour se refaire une virginité !  M. Morville , bientôt conseiller ou chef de cabinet de Mme Taubira ?
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Le « pichet » est-il un concept malin ?

 Sourions un peu avec le concept du « pitch », sorti des limbes anglaises par les médias français, pour dire « résumé ».

Et pour cela, ouvrons Le petit Bobu à la  traduction du mot pitch.

Aucune traduction des mots anglais pitcher/ to pitch/ a pitch  tirés du dictionnaire Harrap  ne devrait permettre un tel usage par les «intellectuels » des médias :

pitcher : cruche     emprunté sûrement au moyen âge au pichet français !

pitch : poix –  It is pitch-dark, il fait nuit noire – place habituelle d’un camelot – cr : terrain entre les guichets – hauteur d’un son. – degré de pente d’un toit.

To pitch : dresser (une tente). Lancer, jeter (au golf :  frapper la balle qui reste sur le green à l’endroit où elle est tombée.)  Hausser le ton de sa voix : to pitch one’s voice higher . Tomber sur la tête : to pitch on one’s head . (of ship) Tanguer. Se mettre à la besogne : pitch in. S’attaquer à : pitch into. Pitch-and-toss : Jeu de pile ou face.

Le plus proche phonétiquement en français serait le mignon pitchoun (enfant) hérité de notre langue d’oc et qui est un rayon de soleil dans tout ce pitch-dark.
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Mais  il fallait que la télévision française et non francophone récupère  le mot   !
France 3 qui prétend avoir gagné ses galons de télévision culturelle avec « Plus belle la vie » plombe les soirées familiales dans la délinquance banalisée, et, depuis un an, nous inflige Le Pitch (avec un i à l’envers, c’est plus chic).

Vous pouvez voir Le Pitch, et même le revoir, sur CULTURE BOX ,  le site de la culture de France Télévisions  !    Ce  CULTURE BOX ressemblerait plutôt à une boîte à bêtises, farces et attrape -nigauds en tous genres.

♦ Il faut savoir que Le Pitch est produit par la Direction Artistique de France 3 et l’agence Hub Id & Napoli.

♦ Voilà comment Hub nous présente son Pitch :

« Les films cinémas (sic) vus par ceux qui ne les ont pas vus. [On rit déjà !]
Le Pitch est le nouveau programme hebdomadaire de France 3 dédié au 7ème Art.
Vous aimez le cinéma (…) Alors Le Pitch est fait pour vous.
Le concept du programme : 3 téléspectateurs, 3 histoires, 3 films.
Le Pitch d’une durée de 4 minutes met en situation 3 téléspectateurs d’âges et de régions différentes filmés chez eux.
À partir du titre d’un film et d’un  Pitch d’une phrase, ils sont amenés à imaginer l’histoire du long métrage (…) »

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Après avoir vu une séquence, il m’a semblé que le mot le plus proche en anglais était pitcher : cruche qui donne au figuré, sot en français
On voudrait ridiculiser les téléspectateurs, leur faire dire autant de sottises et dégoûter à l’avance de voir les films, on ne ferait pas mieux.   C’était pitoyable.
On ne demandera pas combien, avec nos impôts et redevances, Hub et son agence sont rétribués pour un  concept aussi cruche !
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Montboissier, juillet 1817

Livre troisième – chapitre 1 –  des  Mémoires d’Outre-Tombe * de  Chateaubriand

  « Depuis la dernière date de ces Mémoires, Vallée-aux-Loups, janvier 1814, jusqu’à la date d’aujourd’hui, Montboissier, juillet 1817, trois ans et six mois sont passés. Avez-vous entendu tomber l’Empire ? Non : rien n’a troublé le repos de ces lieux. L’Empire s’est abîmé pourtant ; l’immense ruine s’est écroulée dans ma vie, comme ces débris romains renversés dans le cours d’un ruisseau ignoré. Mais à qui ne les compte pas, peu importent les événements : quelques années échappées des mains de l’Éternel feront justice de tous ces bruits par un silence sans fin.
(…) J’ai vu de près les rois, et mes illusions politiques se sont évanouies, comme ces chimères plus douces dont je continue le récit (1). Disons d’abord ce qui me fait reprendre la plume : le cœur humain est le jouet de tout, et l’on ne saurait prévoir quelle circonstance frivole cause ses joies et ses douleurs. Montaigne l’a remarqué : « Il ne faut point de cause, dit-il, pour agiter notre âme : une resverie sans cause et sans subject la régente et l’agite. (2) »
Je suis maintenant à Montboissier, sur les confins de la Beauce et du Perche. Le château (3) de cette terre, appartenant à madame la comtesse de Colbert-Montboissier, a été vendu et démoli pendant la Révolution ; il ne reste que deux pavillons, séparés par une grille et formant autrefois le logement du concierge. Le parc, maintenant à l’anglaise, conserve des traces de son ancienne régularité française : des allées droites, des taillis encadrés par des charmilles, lui donnent un air sérieux ; il plaît comme une ruine.
Hier au soir je me promenais seul ; le ciel ressemblait à un ciel d’automne ; un vent froid soufflait par intervalles. À la percée d’un fourré, je m’arrêtai pour regarder le soleil : il s’enfonçait dans des nuages au-dessus de la tour d’Alluye (4), d’où Gabrielle, habitante de cette tour, avait vu comme moi le soleil se coucher il y a deux cents ans. Que sont devenus Henri et Gabrielle ? Ce que je serai devenu quand ces Mémoires seront publiés.
Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d’une grive perchée sur la plus haute branche d’un bouleau. À l’instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel ; j’oubliais les catastrophes dont je venais d’être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j’entendis si souvent siffler la grive. Quand je l’écoutais alors, j’étais triste de même qu’aujourd’hui ; mais cette première tristesse était celle qui naît d’un désir vague de bonheur, lorsqu’on est sans expérience ; la tristesse que j’éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l’oiseau dans les bois de Combourg m’entretenait d’une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n’ai plus rien à apprendre, j’ai marché plus vite qu’un autre, et j’ai fait le tour de la vie. Les heures fuient et m’entraînent ; je n’ai pas même la certitude de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les écrire, et dans quel lieu les finirai-je ?  Combien de temps me promènerai-je au bord des bois ?  Mettons à profit le peu d’instants qui me restent ; hâtons-nous de peindre ma jeunesse alors que j’y touche encore** : le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s’éloigne et qui va bientôt disparaître. »
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* GF Flammarion  ♦ Chronologie, présentation, notes, dossier et bibliographie  par Nicolas Perot
** Chateaubriand a 49 ans ; il est né le 4 septembre 1768 à Saint- Malo.

Notes
1)  Pendant toute la Restauration, Chateaubriand ambitionnera de jouer un rôle politique majeur. Première déconvenue : La Monarchie selon la Charte est saisie par la police et Chateaubriand est rayé de la listes des ministres d’État.
2)  Essais, III, 4.
3)  Les restes de ce château reconstruit en 1772 et détruit en 1795, sont encore dans l’état que décrit Châteaubriand. On les aperçoit depuis la nationale 20 entre Chartres et Bonneval. En 1805, Édouard de Colbert, héritier des Montboissier par sa femme, racheta la terre. Mme de Colbert-Montboissier était petite-fille de Malesherbes et, à ce titre, cousine par alliance de Chateaubriand. Chateaubriand et sa femme séjournèrent à Montboissier du 3 juillet au 2 août 1817.
4)  Alluyes, à trois kilomètres de Montboissier, sur le Loir, possède une imposante tour médiévale de 30 mètres de haut. La marquise d’Alluyes était la tante de Gabrielle d’Estrées, maîtresse d’ Henri IV.
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