Montboissier, juillet 1817

Livre troisième – chapitre 1 –  des  Mémoires d’Outre-Tombe * de  Chateaubriand

  « Depuis la dernière date de ces Mémoires, Vallée-aux-Loups, janvier 1814, jusqu’à la date d’aujourd’hui, Montboissier, juillet 1817, trois ans et six mois sont passés. Avez-vous entendu tomber l’Empire ? Non : rien n’a troublé le repos de ces lieux. L’Empire s’est abîmé pourtant ; l’immense ruine s’est écroulée dans ma vie, comme ces débris romains renversés dans le cours d’un ruisseau ignoré. Mais à qui ne les compte pas, peu importent les événements : quelques années échappées des mains de l’Éternel feront justice de tous ces bruits par un silence sans fin.
(…) J’ai vu de près les rois, et mes illusions politiques se sont évanouies, comme ces chimères plus douces dont je continue le récit (1). Disons d’abord ce qui me fait reprendre la plume : le cœur humain est le jouet de tout, et l’on ne saurait prévoir quelle circonstance frivole cause ses joies et ses douleurs. Montaigne l’a remarqué : « Il ne faut point de cause, dit-il, pour agiter notre âme : une resverie sans cause et sans subject la régente et l’agite. (2) »
Je suis maintenant à Montboissier, sur les confins de la Beauce et du Perche. Le château (3) de cette terre, appartenant à madame la comtesse de Colbert-Montboissier, a été vendu et démoli pendant la Révolution ; il ne reste que deux pavillons, séparés par une grille et formant autrefois le logement du concierge. Le parc, maintenant à l’anglaise, conserve des traces de son ancienne régularité française : des allées droites, des taillis encadrés par des charmilles, lui donnent un air sérieux ; il plaît comme une ruine.
Hier au soir je me promenais seul ; le ciel ressemblait à un ciel d’automne ; un vent froid soufflait par intervalles. À la percée d’un fourré, je m’arrêtai pour regarder le soleil : il s’enfonçait dans des nuages au-dessus de la tour d’Alluye (4), d’où Gabrielle, habitante de cette tour, avait vu comme moi le soleil se coucher il y a deux cents ans. Que sont devenus Henri et Gabrielle ? Ce que je serai devenu quand ces Mémoires seront publiés.
Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d’une grive perchée sur la plus haute branche d’un bouleau. À l’instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel ; j’oubliais les catastrophes dont je venais d’être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j’entendis si souvent siffler la grive. Quand je l’écoutais alors, j’étais triste de même qu’aujourd’hui ; mais cette première tristesse était celle qui naît d’un désir vague de bonheur, lorsqu’on est sans expérience ; la tristesse que j’éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l’oiseau dans les bois de Combourg m’entretenait d’une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n’ai plus rien à apprendre, j’ai marché plus vite qu’un autre, et j’ai fait le tour de la vie. Les heures fuient et m’entraînent ; je n’ai pas même la certitude de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les écrire, et dans quel lieu les finirai-je ?  Combien de temps me promènerai-je au bord des bois ?  Mettons à profit le peu d’instants qui me restent ; hâtons-nous de peindre ma jeunesse alors que j’y touche encore** : le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s’éloigne et qui va bientôt disparaître. »
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* GF Flammarion  ♦ Chronologie, présentation, notes, dossier et bibliographie  par Nicolas Perot
** Chateaubriand a 49 ans ; il est né le 4 septembre 1768 à Saint- Malo.

Notes
1)  Pendant toute la Restauration, Chateaubriand ambitionnera de jouer un rôle politique majeur. Première déconvenue : La Monarchie selon la Charte est saisie par la police et Chateaubriand est rayé de la listes des ministres d’État.
2)  Essais, III, 4.
3)  Les restes de ce château reconstruit en 1772 et détruit en 1795, sont encore dans l’état que décrit Châteaubriand. On les aperçoit depuis la nationale 20 entre Chartres et Bonneval. En 1805, Édouard de Colbert, héritier des Montboissier par sa femme, racheta la terre. Mme de Colbert-Montboissier était petite-fille de Malesherbes et, à ce titre, cousine par alliance de Chateaubriand. Chateaubriand et sa femme séjournèrent à Montboissier du 3 juillet au 2 août 1817.
4)  Alluyes, à trois kilomètres de Montboissier, sur le Loir, possède une imposante tour médiévale de 30 mètres de haut. La marquise d’Alluyes était la tante de Gabrielle d’Estrées, maîtresse d’ Henri IV.
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Le Rêve du 12 juin 2014 ou M. Hollande en bleu

Note du 12 juin 2014 – complétée le 5 juillet 2014

♦ On connaissait l’Appel du 18 juin 1940, le Débarquement du 6 juin 1944, il y aura maintenant le Rêve du 12 juin 2014.

Dixit BFM TV : « François Hollande se rêve en bleu et espère (sic) un effet coupe du monde pour rebondir(sic) dans les sondages.»(12 juin 2014)

De même que le champion du PS définissait au Maroc sa charge de président par « gouverner c’est pleuvoir – (vu que prévoir, c’est difficile et  qu’il n’avait rien prévu), il nous gratifie désormais du magistral gouverner, c’est espérer gagner au foot !

Entre fantasme, pensée magique, fétichisme, superstition, espoir infantile et mièvrerie, le président fait un pari oiseux* sur une équipe de millionnaires – alors que la France va mal – malmenée par sa politique aussi mauvaise que la réputation de certains bleus.

Ainsi, M. Hollande veut se faire plaisir, sans travail ni fatigue, avec cette coupe du monde au Brésil, dans un pays où le peuple crie sa misère. Il espère que  les joueurs remporteront la coupe et que ce sera de bon augure pour lui.
Il rêve ! Mais pour nous la coupe est pleine et le cauchemar continue, avec la même question jusqu’en 2017 : quelle sera sa prochaine bourde**  ?

Mais, comme depuis le début de cette mandature présidentielle, tout n’est qu’impuissance et non-sens, laissons rêver M. Hollande au coup de pied dans un ballon qui garantira magiquement sa présence au second tour en 2017 !

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♠ 5 juillet 2014 ♠

Après avoir perdu son premier pari oiseux avec la défaite des bleus contre l’équipe allemande,  M. Hollande va  désormais occuper son temps, jusqu’en 2017, à jouer sa dernière carte avec ses fidèles petits valets de Terra Nova et de la presse – tous médias confondus.
 Son second pari oiseux est d’éliminer
définitivement son rival,  l’ex-président Sarkozy ; après des mois d’écoutes téléphoniques, il a été mis en garde à vue le 1er juillet et après une quinzaine d’heures d’interrogatoire par la police, il a été interrogé  à 2 h du matin par deux juges qui l’ont mis en examen*** ; tout cela sans qu’aucune charge  avec preuves n’ait été préalablement retenue contre lui.
Le président Hollande sera celui qui en plus du mariage homosexuel a fait  le pari du mur des cons du syndicat de la magistrature où, comme dans le fétichisme vaudou, il s’agit d’ épingler pour tuer.

Gagnera ? gagnera pas ? Son seul travail sera, comme pour l’éternel (sic) sondant nos cœurs et nos reins, de scruter les sondages du bon peuple de France que dans son petit jeu de pouvoir, il prend pour une bille.
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* oiseux : vers 1175 : du latin otiosus «oisif»
1/ (personnes). Qui ne fait rien, mène une vie inutile (→ fainéant); – par extension Humeur oiseuse et nonchalante.
2/ (choses). Qui ne sert à rien, ne mène à rien. →Inutile, stérile, vain. [Le grand Robert p. 2129]

** bourde :  v. 1180 : origine obscure, peut-être à rapprocher de l’ancien provençal « borda» vantardise.
1/ Mensonge fait pour abuser, pour tromper.→ Baliverne, calembredaine, invention, plaisanterie.
2/ (XVIII ème) Faute lourde, grossière.→ Erreur, faute, bêtise, bévue, blague, gaffe. [Le grand Robert p. 1605]

*** «(…) pour « corruption active », « trafic d’influence » et « recel de violation du secret professionnel » dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 juillet dans le cadre d’une enquête sur un trafic d’influence présumé.» Le Monde.fr avec AFP et Reuters |   

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