L’école primaire selon les exigences des pouvoirs religieux

    Note complétée le 25 mai 2012     

En cette période où l’on reprend la réflexion sur la semaine de 4 jours, il faut rester lucide, et considérer l’impact des enjeux de  pouvoir  (religieux et communautariste – politique- médiatique – financier – économique et syndical) sur le fonctionnement de notre école publique et laïque. Il faut discerner l’étroitesse d’esprit, les égoïsmes et la démagogie  qui ont imposé, depuis une quarantaine d’années,  le rétrécissement de la semaine scolaire avec le rallongement ad libitum  des vacances,  jusqu’ à 225 jours par an pour les 3-11 ans.

Malgré l’optimisme que l’on voudrait afficher, il apparaît que cette lourdeur aux couleurs de l’indifférence (voire de la satisfaction devant la médiocrité culturelle qui nivelle par le bas) des classes dirigeantes privilégiées, s’interposera une nouvelle fois, et mettra son veto sur toute volonté de  redonner aux plus jeunes du temps pour les apprentissages scolaires,  l’étude de notre belle  langue française,  le goût de la lecture, de la culture littéraire et scientifique.

Commençons  par  les égoïsmes communautaristes des pouvoirs religieux.

La mission d’information créée par la Commission des affaires culturelles et de l’éducation  sur les rythmes de vie scolaire en avril 2010 a déposé son rapport en décembre 2010 à l’Assemblée nationale*.
Les député(e)s de la mission ont reçu pour une audition le 8 juin 2010, Monseigneur Antoine Hérouard, secrétaire général de la Conférence des évêques de France**, et organisé une table ronde le 10 juin 2010, avec les représentants des confessions juive, musulmane et protestante : M. Charles Sulman, vice-président du Consistoire central des Israélites de France ; M. Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, Madame Isabeau Beigbeder, membre du Conseil scolaire de la Fédération protestante de France.

Que pensent-ils d’une réhabilitation de la semaine à 4 jours 1/2 ou à 5 jours – bref que pensent-ils de la semaine scolaire continue ?

♣ Monseigneur Hérouard pose, comme un coin immuable dans la semaine, la confiscation définitive du mercredi matin. C’est pour lui, le temps du catéchisme –  symbole pour l’église catholique de la liberté d’expression religieuse ; le catéchisme qui concerne 25% d’enfants du CE1 au CM2.
Et  dans un raisonnement en boucle, il ajoute que justement, le mercredi matin, les dames catéchistes « qui sont souvent des mères » ne travaillent pas. Pour Mgr Hérouard, « une organisation de la semaine scolaire sur quatre jours et demi serait susceptible de « reléguer » l’exercice de cette liberté dans le domaine privé, la réduisant à un choix personnel entre diverses formes d’occupation » ; car insiste-t-il « si le choix – évident pour des enfants – devait être fait entre le football et la catéchèse, cette liberté fondamentale deviendrait « illusoire ». 
♦♦♦ Exigence des évêques  : En clair, Mgr Hérouard prescrit la vacance du mercredi matin,  pour ne pas laisser le choix  aux garçons – afin de garantir les vocations de séminaristes et  la pérennité de sa catéchèse.                            

♣ M. Moussaoui présente un enseignement musulman concernant les 6-15 ans et durant de trois à cinq heures par semaine. « S’il dure plus de deux heures, il peut avoir lieu le mercredi et le samedi ou le dimanche. (…)  Ceci explique que les familles rigoristes tiennent beaucoup au mercredi, surtout dans le primaire » ; auxquelles on ajoutera « la majorité des familles musulmanes qui sont attachées au week-end de deux jours » Et M. Moussaoui rappelle aux députés «  quelques demandes de certains membres (sic) de la communauté musulmane pour que les élèves soient libérés pour la prière communautaire du vendredi 12h-13h30 l’hiver ; 13h-14h l’été. ***»

♣ Pour les protestants et les juifs, l’enseignement religieux n’interfère pas avec  la semaine continue, les premiers avec « l’école dominicale » pour les 7-15 ans,  et les seconds  avec « l’enseignement dit le « Talmud Torah »  le dimanche de 9h à 12h pour les 7-13 ans.»  ;  leurs deux religions ne mettent pas d’obstacle à une réflexion nationale.

Il reste que d’inquiétantes questions sont posées  :

♣ Combien les exigences de M. Moussaoui et de Mgr Hérouard, concernant l’école laïque,  pèseront-elles dans les délibérations des députés et dans les décisions gouvernementales ?

           Et sachant que le principe laïque est de tenir les élèves de  l’école primaire publique hors des communautarismes religieux, pour créer une égalité fraternelle entre eux :
♦ Pourquoi l’école laïque devrait-elle s’interdire de travailler le mercredi et/ou le samedi matin  ?
♦ Pourquoi devrait- elle se soumettre aux volontés des représentants de dieu(x) et de leurs dogmes ?
♦ Sommes-nous toujours dans l’Ancien Régime : «  au bon plaisir »  des  évêques, et de surcroît  « aux ordres » des imams ?

______________________________       

* Rapport d’information présenté par MM. Xavier Breton et Yves Durand – députés. Les extraits du rapport sont « entre guillemets » et les mots des intervenants en italique .
**
Direction nationale de l’Enseignement privé catholique aux frais de la République . Mgr Antoine Hérouard est «l’autre mininistre cultuel» de l’Éducation nationale,« l’Éminence grise » de l’actuel ministre, Vincent Peillon.
*** Exigence des imams :  suppression du mercredi matin plus suppression du samedi matin plus suppression du vendredi après-midi, ce qui équivaudrait à trois jours et demi d’école par semaine.  Décidément pour eux, il y aura  toujours trop de notre école laïque !