Mai 2008 : où en est la mixité scolaire ?

Le mois de mai 2008 fut rude dans Le Monde pour la gent masculine. Après l’article de Luc Bronner le 3 – Délinquance : le problème, c’est l’homme – nous eûmes le 28 celui de Martine Laronche – A l’école, les filles battent (sic) les garçonsCes statistiques, ces études sociologiques en renforcent d’autres. Les faits sont têtus ; les garçons n’arrivent pas à égaler les filles : elles travaillent mieux et plus, elles ont une meilleure maîtrise de leurs pulsions agressives.

Une révolution culturelle pourrait-elle enfin éclore ?  La mixité scolaire doit être repensée lucidement en terme d’égalité des droits et des devoirs entre les garçons et les filles. C’est elle en effet qui sera un des leviers de la nécessaire parité,  le nouvel humanisme du XXI ème siècle.

Depuis quatre décennies les garçons et les filles ne se quittent plus  ; c’est la mixité scolaire avec sa convivialité et ses émotions, mais aussi ses difficultés et ses injustices. Dans sa note du 24.10.2000 intitulée   A l’école, au collège et au lycée : de la mixité à l’égalité *, le ministre J. Lang exposait  » ce noble et difficile combat : libérer nos sociétés d’un de ses carcans les plus archaïques et parvenir à une parfaite égalité de conditions entre les hommes et les femmes. Parce qu’elle a en charge la formation de futurs citoyens, l’école est aux avant-postes. »

Suivait un document dont je recommande

– le chapitre 4 L’évaluation   où deux  »  scénarios  » évoquent  les stéréotypes d’enseignant dévalorisant la fille :  » Julie a fourni de gros efforts, travail sérieux. Continuez. » alors qu’elle a la même moyenne en mathématiques que le garçon :  » Christophe est en-dessous de ses possibilités. Pourrait être un élève brillant s’il travaillait plus régulièrement. «  ; et le conseil de classe refusant à la fille la 1ère scientifique qu’elle souhaitait, alors qu’avec la même moyenne, il l’accorde au garçon.

–  le chapitre 6 L’éducation à la santé, à la sexualité et à la prévention des violences sexistes et sexuelles où le  constat  stéréotypé  tel  que  » La consommation d’alcool est souvent considérée comme un rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte, communément accepté socialement pour et par les garçons.  » Questions : Faut-il pour autant banaliser une consommation régulière d’alcool  ? Faut-il interpréter différemment l’alcoolisation des garçons et des filles ?  » 

La réponse de M. Lang est un morceau d’anthologie du laxisme éducatif, de la déclaration d’impuissance  :  » La permissivité engendre les abus, les risques de violences, et met en danger la santé et la sécurité des adolescents. L’interdiction formelle induit des conduites de transgression. » Comme si les adolescents en apportant des bouteilles d’alcool, ne savaient pas déjà qu’ils transgressent ; comme si on ne pouvait pas, avec la bonne autorité protectrice qui est le devoir de l’enseignant et de l’éducateur, à la fois faire réfléchir et interdire –donc sanctionner !

Avec cette note de 2000, le ministre J. Lang gardait la même posture uniquement permissive héritée des  » enragés  » de 1968. Et pourquoi, le scénariste en chef de la rue de Grenelle n’évoquait-il  pas aussi la drogue ?  La consommation de cannabis, depuis ce temps-là, a atteint un jeune de 17 à 25 ans sur deux. M. Lang, pour l’alcool, la drogue, comme pour la laïcité ( tolérance du port d’insignes religieux, tel  le voile islamique), n’a pas été  » aux avant-postes « .

            Les lycéens, encore plus que les lycéennes, ont fragilisé leur santé,  gaspillé  leur précieuse jeunesse, temps fort d’apprentissage des savoirs et de la citoyenneté, détourné l’argent de leurs familles. Quant aux collégiennes et aux lycéennes, elles subissent en permanence des propos sexistes forcément insultants de la part des garçons. Voilà un bilan que l’histoire jugera.

Nul doute qu’il faille revoir un meilleur usage de la mixité, afin que les garçons puissent comprendre auprès des filles, la nécessité d’un travail  régulier sans excès de langage, de substances toxiques et de comportements violents et/ou perturbateurs, et que les filles puissent comprendre auprès des garçons, la nécessité de la confiance en soi et de l’ambition personnelle ;  tout cela grâce à la ferme volonté éducative de l’institution, dans un environnement scolaire à nouveau paisible.

          

* Bulletin Officiel du ministère de l’Education Ntionale et du ministère de la Recherche. HS n° 10 du 2 novembre 2000