« Hyper réac la morale… » ?

27 avril 2008 – 8 avril 2018 – 14 avril 2019

Dixit un professeur d’école en formation à l’IUFM de Livry-Gargan (1) (Seine-Saint-Denis) qui juge le lexique des nouveaux programmes « hyper réac ». Il y a lu les mots « morale », « instruction civique », « éducation à la citoyenneté  » qui sont, pour lui, de vilaines notions hyper régressives et hyper répressives, forcément désastreuses pour des enfants nés au XXI ème siècle.

Préfèrerait-il laisser aux seuls curés, imams, rabbins et autres pasteurs, l’apprentissage aux enfants de commandements et de lois  » dictés  » par des dieux, par des prophètes, ou par un seul mais pas le même, et qui nous font la « morale » depuis des millénaires en nous infligeant leur obscurantisme dogmatique, leurs pouvoirs de « droit divin », la stigmatisation des femmes, les anathèmes, les menaces de mort aux « mécréants », aux « incroyants », les guerres de religion, le terrorisme des communautarismes fondamentalistes ? (2) etc.

N’aurait-il pas une petite idée de ce qu’un professeur d’école peut apprendre à ses élèves par son propre exemple, sa tenue, son langage, son calme et sa fermeté ? Ne pense-t-il pas qu’il peut assurer par sa bonne autorité, leur attention et leur concentration ? Ne pense-t-il pas qu’il peut prévenir les violences pendant les récréations pour en faire – comme il se doit – des moments paisibles ?

Ne pourrait-il pas savoir que son devoir d’enseignant est  d’encourager les élèves  à fournir chaque jour des efforts pour respecter le règlement scolaire, mieux se contrôler,  respecter les camarades de classe et les professeurs,   respecter les locaux, simplement parce que d’autres enfants après eux en auront besoin ? etc.

En fait, cet apprentissage de la tenue, de la politesse et du bon comportement, avec la sévérité nécessaire pour imposer le respect, c’est bien ce que réclament les collégiens « sensibles » d’Aubervilliers ; et les 18-21 ans des centres Défense Deuxième Chance ne les contrediront pas, quand ils reconnaissent qu’ils viennent tout juste d’apprendre à dire « bonjour » et à se lever le matin pour travailler …

Alors, instruction civique et morale,  éducation à la citoyenneté … mais avant 18 ans, ce serait quand même mieux … et cela ferait des millions d’euros d’économie !

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1 Panorama vidéo Ce que les professeurs des écoles reprochent au ministère de l’éducation nationale   Le Monde.fr 15.04.08
En 2016   Site ESPE  Créteil
2 C’est dire si le professeur laïque d’école, de collège et/ou de lycée peut mieux faire que le curé, l’imam, le rabbin , le pasteur …et tous les gourous sectaires. N’en déplaise au président.

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Questions sur le trafic de drogue

25 avril 2008    


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 Qui avait intérêt à ce que les filières de cannabis et de cocaïne de Sevran en Seine-Saint-Denis soient sauvegardées ? Qui a prévenu les trafiquants avant l’opération de police du mercredi 23 avril 2008 ?

Pour une fois, les réponses ne sont pas dans Le Canard enchaîné du 30 avril 2008 ; à la  page 5  des Canardages, rubrique Zig Zag, avec le titre   « On se came (sic) », il se contente de citer Le Monde du 26.04.08, et ironise (avec toute l’ambiguïté du titre) sur la déclaration du procureur de Bobigny :   « Nous disposions  de renseignements précis… »

Alors ? Le dessin de Sardon Opération antidrogue dans Le Monde, nous apporterait-il un début de réponse avec une autre question :   « Et si on fouillait les journalistes ? »

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 ???  Réponse de Virginie Despentes (Le Monde du 13.04.06) :  « Quand on arrive à Paris en venant de province et qu’on fréquente les gens riches, le premier truc qui choque, c’est que tout le monde a de la cocaïne ; c’est leur drogue, elle est partout (…) Dans certains milieux, je suis sûre que huit personnes sur dix marchent à la cocaïne, et sont modifiées par la cocaïne. Mais elles ne le diront pas, parce que c’est la France.  (…). Un mec comme X… (écrivain à la mode) ne va pas dire franchement combien il met dans sa coke. Si les gens connaissaient le budget coke de certains privilégiés et comparaient à ce qu’ils gagnent (…) X… claque dix smics par mois dans sa coke. Mais il ne va pas dire : je mets 10 000 euros dans la coke par mois (…) personne ne peut l’entendre. En plus, dans ces milieux, on angélise complètement la coke. Mais, moi, je n’ai jamais vu quelqu’un que ça rendait brillant sur le long terme. La cocaïne, ça fait juste des cons arrogants, bavards, très sûrs d’eux, agressifs, paranos, certainement pas géniaux (…). »???  

 

  Un an plus tard … Attention danger !                 

   Sevran  10 août 2009 : L ‘incendie avec deux départs de feu au 1er et au 7ème étage dans un immeuble des Beaudottes a fait cinq morts (deux enfants, un nourrisson et deux hommes) et 27 personnes intoxiquées.            

              La phase prévisible de la guerre entre chefs mafieux et de la terreur barbare qu’ils veulent instaurer dans leurs  « territoires (sic) »   se met-elle en place  ?

Selon le maire Stéphane Gatignon, cet immeuble, en partie brûlé, est  au centre d’un    « système carrément mafieux… C’est un trafic à grosse échelle qui met en jeu d’importantes sommes d’argent. »

extrait de l’article d’Yves Bordenave Incendie de Sevran : la piste d’un règlement de comptes est privilégiée     Le Monde 12.08.09

                    

 

Cf  note du 27 janvier 2008 : Cadres (privé / public) et cocaïne  / note du 13.06.08 : Ni le cannabis ni la cocaïne ne rendent intelligent  /  note du 5.10.08 : Du trafic de cannabis ? en (Ile-de-) France ?

     Roberto Saviano auteur de Gomorra (camorra– mafia napolitaine) sur France 5 – il est accueilli par François Busnel dans La grande Librairie le jeudi 27 novembre 2008 / à voir ou à revoir dimanche 30 novembre à 9h 50.  « …Toute la cocaïne française est traitée à travers les cartels italiens qui traitent avec les cartels d’Amérique du Sud … » R.S.     

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Arte THEMA  sur les deux autres mafias : n’drangheta (mafia calabraise) et cosa nostra  (mafia sicilienne)

                         Mafia et antimafia  16.12 2008 / 18.12.2008

1- Main basse sur l’Europen’drangheta  réalisatrice Agnès Gattegno

2- Halte à la mafiacosa nostra  réalisateur Jorge Amat / « Comment en Sicile, la société civile a commencé à se dresser contre la mafia et contre le pizzo (racket) ».

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Les collégiens sensibles d’Aubervilliers

21  avril  2008

Comme un douloureux écho à mes notes sur les Devoirs de l’Ecole,   Quarante ans plus tard,  et Une école  en vacance, l’enquête de Luc Bronner1 nous fait entendre   la violence ordinaire dans un collège  sensible.
La formule décrit déjà à elle seule l’insupportable et le  désespérable *   du quotidien des  adolescent(e)s au collège Jean-Moulin d’Aubervilliers.

Il faut savoir que chaque fois qu’un collège est fermé comme à Clichy-sous-Bois le 14 avril 2008 **ou que les professeurs débrayent  comme à Aubervilliers le 8 avril 2008, suite à des jets d’acide chlorhydrique  ou de mélanges explosifs,  c’est une  victoire sordide de délinquants lâches et illettrés sous l’emprise de l’alcool et de la drogue ; une victoire de la bêtise sur l’apprentissage scolaire ; une victoire de l’obscurantisme sur le savoir ; une victoire de l’économie souterraine sur le collège public, ses élèves et ses enseignants.

Ainsi c’est  leur loi  qui  gouvernerait, leur loi du silence  imposée  par des menaces intolérables. Leur loi du silence tellement assourdissante  qu’au rectorat de Créteil, on se contente de riposter à l’aide de logiciels2, qui comme chacun sait, impressionnent fort les récidivistes.

Face à cette pitoyable dérobade de l’administration orchestrée par le laxisme des ministres de l’Education nationale – néanmoins grands donneurs de leçons de morale devant la République -, la décision d’un professeur de français de faire écrire aux élèves une lettre à l’Inspecteur d’Académie***  et d’appeler un journaliste du Monde était une décision de bon sens.

Et les plus sensé(e)s et les plus sensibles sont  bien les collégiennes et  les collégiens qui expriment avec courage leur volonté de réussir leurs études, d’apprendre un métier, d’avoir un avenir. Demandent-ils l’impossible – comme dans le slogan de Sorbonne 1968 ? ou demandent-ils simplement que l’on respecte leurs droits, en instituant à nouveau dans leur collège la bonne autorité, celle qui les protègerait, celle qui leur permettrait de travailler dans le calme et la dignité ?

Quel sens M. Darcos donnera-t-il à la demande légitime de ces jeunes citoyens ?  S’il suit la « mise en place du volet  Education nationale de la dynamique  Espoir banlieues  ****, il se pourrait qu’il offre le collège Jean-Moulin à l’enseignement privé catholique. Et ce serait alors le signe précurseur de la privatisation des collèges.
Enseignement public, démocratisation, laïcité, échec et mat.  Désespérable !

                            

1   » Des mots de collégiens sonnent l’alarme  » article de Luc Bronner du 19.04.08

2   Signa puis Sivis : système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire    » Incidents  en hausse mais difficiles à recenser (sic) » article de Luc Cédelle du 19.04.08

* néologisme très sensible de l’un d’entre eux

** Lire le témoignage de Jérôme Maufras : Moi, un prof à Clichy-sous-Bois

*** Mais en même temps sur le site de l’Inspection académique : « L’éducation en Seine-Saint-Denis« 

    on peut lire  au chapitre  « Consolider  notre plan d’action pour développer la citoyenneté et la sérénité de la vie scolaire «  : « En Seine-Saint-Denis, en appui sur un dispositif partenarial mis en place en 1992 et sur la convention de partenariat signée par le recteur avec les préfets de département le 20 septembre 2005, le plan général de prévention de la violence, établi l’an dernier [2006], est en cours de réalisation. » 

….seize ans donc pendant lesquels  se seront succédés préfets, recteurs, inspecteurs d’académie et   ministres de l’Education nationale ;  seize ans perdus,  d’un temps si précieux,  pour l’ avenir des collégiens nés entre 1980 et 1996…

   on est  informé  de la Campagne  » Pas d’école, pas d’avenir «  (Tiens, c’est ce que disent les lettres sensibles !)  du 12 au 25 mai 2008. 

**** cf ma note Le devoir  » Espoir banlieues  » du ministre  28 février 2008

L’Irakien et le Tibétain

  La perversion criminelle de la politique de MM Bush père et fils et des milliardaires de l’armement et du pétrole américain l’avait tellement abusé de mensonges, que le peuple américain avait fini par croire que bombarder Bagdad, c’était  bon pour les droits de l’homme des Irakiens

…Mais depuis la grande sensibilisation des citoyens américains aux droits de l’homme des Tibétains, telle qu’on l’a vue à San Francisco, et entendue dans une prise de parole de Barack Obama*, on pourrait s’attendre à un très prochain et spectaculaire élan de solidarité du peuple américain envers le peuple irakien au vu des souffrances qui lui sont infligées par l’occupation américaine depuis cinq terribles années.

 Pour le peuple tibétain sans pétrole, donc sans intérêt stratégique, le risque de  » se faire démocratiser  » à l’américaine est faible. La leçon de morale adressée au peuple chinois suffira.

                              

*  Si les Chinois ne prennent pas de mesures pour contribuer à empêcher le génocide au Darfour et pour respecter la dignité, la sécurité et les droits de l’homme des Tibétains, le président devrait boycotter la cérémonie d’ouverture, a dit le sénateur de l’Illinois, en déplacement en Pennsylvanie… “

Le soin par le jeu vidéo ou acharnement virtuel ?

 Sigmund Freud constaterait tout comme nous l’incroyable emprise « des univers oniriques * » des jeux vidéo sur les jeunes cerveaux. Les enfants sont fascinés et en redemandent tellement que la certitude de profits colossaux exacerbe l’imagination des adultes concepteurs. On voit ainsi leurs talents faire merveille pour parvenir à transformer nos paisibles bambins en patients (sic) pour le plus grand bonheur de modernes psychanalystes eux-mêmes  » accros  » aux jeux vidéo.

Les symptômes sont là. Fatigués, abrutis, grognons, opposants ou agressifs, les enfants ne réussissent plus à travailler à l’école, du coup ils se réfugient encore plus dans le virtuel.  Bref, la société marchande les dote d’un véritable  handicap socioculturel pour leur évolution et leur réussite scolaire. Qu’à cela ne tienne, la science (ou magie ?) psychanalytique partant du postulat que  » l’inconscient dans notre société est devenu très visuel « , invente  le soin par le jeu vidéo. D’où l’étrange raisonnement qui consiste à nous faire croire que d’imposer à l’enfant toujours plus de sollicitations audio-visuelles  lui  » permet de projeter à l’extérieur des choses qui sont difficiles à dire. » 

Finis le calme, les dessins, les jeux, les jouets, place à l’écran géant et aux bruits. Plus besoin d’avoir ses propres rêves, l’enfant vit et agit dans les cauchemars virtuels des adultes grâce à « toutes les consoles de jeux disponibles sur le marché « . Il accumule sans fin des images et des sons, refait mécaniquement toujours les mêmes gestes. Ce soin par le jeu video ne serait-il pas un acharnement virtuel  lui aussi, vers une véritable dépendance ? 

Avec l’illusion érigée en théorie que ces jeux vidéo-là correspondraient justement à l’univers émotionnel de cet enfant-là et  lui  serviraient d’exutoire. Avec l’illusion que toujours plus d’images animées excessivement lumineuses et sonores, induisant une incroyable surexcitation,  permettraient à l’enfant de se retrouver lui-même, dans sa propre vie et en sécurité affective, avec ses propres sensations et ses vrais sentiments.

En effet, il faut bien se poser la question : comment un enfant déjà fragilisé, réussira-t-il à se guérir aussi de l’emprise du virtuel, à échapper à sa tyrannie, pour que sa vie réelle toute simple  en famille, à l’école, lui apparaisse à nouveau comme une belle aventure, sa belle aventure ?  

                                                                                                    

*  citations de Michael Stora, psychanalyste, extraites de l’article de Séverine Fiévet : Le virtuel pour soigner les enfants en difficulté Le Monde 05.03.2008

 

        cf ma note L’exploit : dix jours sans télé ni jeux vidéo  du 24 mai 2008

        Concernant les 12-25 ans voir  Dans la spirale des jeux vidéo  (documentaire d’Heide Breitel rediffusé sur Arte le 20.06.2008).